La nuit, dans cette partie du monde, tombe brutalement et laisse peu de place à la transition. Un moment il fait clair et l’on profite d’un coucher de soleil radieux et un quart d’heure plus tard il fait noir. Il en va de même le matin, nous commençons l’appel dans le noir, à la lueur de lampes de poche et puis tout d’un coup, sans prévenir, il fait clair et les éclairages n’ont plus de raison d’être.
Ici la nuit est noire, sauf évidemment quand la lune est présente. Il n’y a absolument pas de pollution de lumière avec au mieux ici et là la lueur d’un feu (autour duquel il y a probablement tout un groupe de personnes), les phares d’un véhicule qui s’est attardé en plantation et au loin les lampes de l’usine qui tourne 24h sur 24 pour le moment. Ici nous avons redécouvert la voie lactée, qui n’est quasi plus visible en Belgique à cause de l’abondance d’éclairage nocturne dans les villes, routes, zones industrielles, etc., et réalisons à nouveau combien le ciel est riche en constellations et autres astres célestes que nous ne pouvons qu’admirer sans connaissance de ce qu’ils représentent (pas d’étoile polaire de ce côté de l’hémisphère).
Vu l’obscurité quasi totale dès le coucher du soleil, la vie s’arrête en dehors des camps et villages et les rares personnes qui se trouveraient encore sur les routes sont généralement équipés de lampes de poches, certes pour éclairer leur chemin (qu’ils connaissent généralement bien) mais aussi pour s’assurer de ne pas marcher sur un serpent ou autre animal moins sympathique. Pour cela la technologie du “led” est révolutionnaire car les lampes ont une autonomie nettement plus importante et permettent ainsi aux gens de s’éclairer de manière quasi continue.
Quand je circule sur les pistes, après une journée un peu longue au bureau, une visite nocturne à l’usine ou un verre chez un collègue, les images le long de la route sont parfois extraordinaires. Ainsi hier, en revenant de la fête d’anniversaire de l’un de nos cadres congolais, j’ai tout d’un coup vu une cinquantaine de paires d’yeux et quelques sourires tous groupés ensemble sur le côté de la route et ce n’est qu’après les avoir dépassé que j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un groupe de personnes en train de suivre un match de foot sur une petite télévision et que seul le reflet de l’écran sur les blancs des yeux et dents avaient été visibles de mon angle. Vision extraordinaire et féerique qui n’a duré qu’un bref instant, mais illustre tout à fait le genre de situations qui se présentent.
L’obscurité peut aussi surprendre, ainsi cela arrive régulièrement que lorsque je sors le soir sur la terrasse, tout d’un coup j’entends une voix toute proche qui dit “bonsoir patron”. Il s’agit de notre garde de nuit qui reste respectueusement juste en-dehors de la lumière de la maison et qui est ainsi absolument invisible dans la nuit noire, sauf s’il allume sa lampe de poche pour signaler sa position, souvent à moins de 5m de là où je me trouve.
La nuit, c’est aussi un concert de bruits et de mouvements assez magiques. Nous avons évidemment toutes sortes de chauve-souris qui hantent les environs (les plus petites nichent dans la toiture de la maison) et qui s’approchent furtivement des zones éclairées de la terrasse, sans doute pour y capturer les insectes attirés par la lumière. Généralement il faut profiter des quelques minutes qui suivent le coucher du soleil pour les apercevoir car après nous ne pouvons que les deviner.
A la tombée du jour il y a toutes sortes d’animaux (oiseaux principalement) qui manifestent leur présence, ainsi près de la maison nous avons une colonie de pintades sauvages que nous ne voyons quasi jamais (sauf quand elles se font débusquer des hautes herbes par un chien) mais qui font un tintamarre tout à fait distinctif lorsque le jour se termine. Ajoutez à cela la multitude de grillons et autres insectes musiciens dont le concert est parfois assourdissant et vous avez une idée de ce que nous entendons. Mis à part le rare tracteur qui rentre tardivement au garage, il n’y a que quelques bruits bien distinctifs comme le rire d’un groupe de personnes ou le son d’une “cloche”, mais pas de bourdonnement continuel comme nous le connaissons en Europe avec un trafic permanent sur les routes jamais très éloignées et les zonings industriels qui fonctionnent nuit et jour.
Malheureusement pas près de notre maison, où il n’y a pas de point d’eau, mais lorsque je rentre du bureau en fin de journée, c’est au bruit que je sais que la rivière est toute proche à cause du vacarme provoqué par les grenouilles et crapauds de toutes sortes. De même, c’est après le coucher du soleil que l’on peut brièvement voir les engoulevents qui s’envolent à l’approche de la voiture. Nous en avons récemment recueilli un qui s’était cogné au grillage du tennis, magnifique petit oiseau avec des grands yeux curieux.
Nous aussi prenons le rythme des nuits ici et allons généralement nous coucher relativement peu de temps après le coucher du soleil (tout est relatif bien entendu) pour nous lever bien avant l’aube. Nuits qui deviennent fort agréables car la fraîcheur annoncée semble effectivement être arrivée avec des températures nocturnes de 24° et parfois une petite brise, l’idéal pour bien dormir.
Nous n’avons pas beaucoup de petits potins à partager, si ce n’est que Makala et Griezel (le petit chat) semblent avoir réalisé que la cohabitation était inévitable et que malgré sa taille réduite Griezel dispose de griffes qui méritent un certain respect de la part de Makala.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Night, in this part of the world, falls very suddenly and leaves little space for transition. One moment there is light and one enjoys a glorious sunset, and a quarter of an hour later it is pitch dark. The same happens in the morning, we start the roll call in the dark with torches to help us, and then suddenly it is light and one wonders how come a few minutes earlier it was impossible to move without a light.
Here night is black, except of course when the moon shines. There is absolutely no light pollution, with at best a distant fire (around which, probably, a number of people are gathered), lights from a late vehicle returning to camp and the distant glow of the factory now running non-stop during the night. We rediscovered the Milky Way, no longer visible in Belgium because of the abundant light coming from urban areas, roads and industrial areas, while here we discover again how rich the sky is with stars and constellations, most of which unknown to us. We can only admire the wonders of the sky with no knowledge of the stars’ s names on this side of the hemisphere the Polar star is not part of the sky.
Given the almost absolute darkness as soon as the sun has set, life quickly stops outside the camps and villages and the few people still on the road are doing so with torches to lead there way in otherwise known territory. The lights are essentially used to avoid walking on a snake or another unpleasant animal and the “led” technology is helping immensely as their low consumption allows people to have light throughout the night despite poor quality (Chinese) batteries.
When I head home after a late day at the office, a night-shift visit at the factory or a drink with colleagues, images along the road are sometimes extraordinary. For example last night, returning from a birthday party of one of our Congolese managers, I suddenly saw about fifty pairs of eyes and a few white smiles grouped together, with otherwise nothing visible. It is only after having passed the sight that I realised that it was a group of people packed together to wath a football match on a small televison screen and all I had seen was the reflection of the televison screen on the white of their eyes and teeth. An amazing sight that only lasted a split second but very well illustrates the kind of sights that can occur along the road.
Darkness can also surprise, it is not unusual that being on the terrace I suddenly here a nearby voice saying “good evening boss”, which is not Marie-Claude’s… In fact it is our night watch standing respectfully just outside the light of the house, but yet only 5 meters aways and totally invisible, except when he switches on his torch to show his position.
As previously described by Marie-Claude, night is also a concert of sounds and magical movements. We obviously have a great variety of bats that haunt the surroundings (the smaller ones actually living in our roof) and that briefly approach the lighted areas, probably to catch the insects attracted by these same lights. Most of the time it is only during the few minutes between sundown and night that we can actually see the different kinds of bats flying around the house, because afterwards it is guesswork at best.
At dusk there is a whole range of animals making themselves known (birds mainly), close to the house we have a colony of wild guineafowls, which are almost invisible (except when chased by a dog), but making a very recognisable racket at sunset. Added to that are a variety of grasshoppers and other musical insects, whose concert is sometimes deafening and you have an idea of our evenings here. Except a rare tractor heading back late to the garage, there are only a few distinctive noises such as people laughing or the ring of a “bell”, but no continuous hum that we know in Europe with its permanent road traffic never far away from an industrial area that never stops.
Unfortunately not around our house, where we have no open water, but when I head home late I can tell when I am approaching a river or another water point because of the clamour of frogs and toads of all kinds. Likewise it is after sundown that you can briefly see the nightjars flying away in the lights of the approaching car. We recently rescued one that got caught in the fence of the tennis court, magnificent little bird with huge curious eyes.
We also adopt to the night rythm here and usually go to bed not much after sundown (all being relative of course) to wake well before sunrise. Nights that become very pleasant because the announced coolness of the dry season has effectively arrived with night temperatures of 24° and sometimes even a little breeze, ideal to sleep wonderfully.
We do not have much gossip to share, except that Makala and Griezel (the small cat) seem to have realised that they had no option but to live together and despite its small size, Griezel has claws that force a certain respect from the much larger Makala.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude