Une semaine sans avoir une surprise, je crois que cela n’existe pas ici au Congo, et les bonnes surprises sont plus rares, si vous voyez ce que je veux dire. Pourtant cela arrive et cette semaine ce fut le cas dans un domaine tout à fait surprenant.
Précédemment nous vous avions déjà expliqué que tout notre approvisionnement pour l’usine et la plantation (pièces de rechange, carburant et lubrifiants, engrais, matériel agricole, véhicules, etc.) vient principalement de Kinshasa par barge. Ce voyage dure au minimum 3 semaines, pendant lesquelles beaucoup de choses peuvent se passer. Ainsi nous avons des barges qui se sont échouées, d’autres qui sont tombées en panne et puis surtout des choses qui disparaissent, surtout quand il s’agit de produits en vrac tels que de l’huile, du carburant, du ciment, engrais et j’en passe. Pour parer aux “disparitions”, nous mettons en place toutes sortes de mesures préventives, dont le jaugeage des barges dans lesquelles les huiles et carburant sont pompées. Ainsi la semaine passée nous avons reçu une commande de 100m3 de gasoil en vrac dans une barge et la (bonne) surprise fut de découvrir que nous avons reçu un volume plus grand que prévu (généralement nous avons des pertes pouvant aller jusqu’à plus de mille litres), comme quoi les bonnes surprises sont possibles.
Une autre bonne surprise concerne notre huilerie. Il faut savoir que dans les huileries industrielles comme la nôtre il est considéré normal d’obtenir des taux d’extraction de l’ordre de 22% d’huile et une toute bonne huilerie peut pousser cela jusqu’à 23 voire même 23,5%. Alors voilà, depuis le début de ce mois nous obtenons en moyenne 24,5% d’huile de nos régimes et si l’on pouvait éliminer quelques pertes il serait même possible de pousser cela jusqu’à 25%. Ces résultats, même s’ils nous mettent en tête du groupe, soulèvent évidemment des questions, un tel taux est-il réellement possible. En parallèle, il semblerait que les rendements aux champs ont fortement baissé, normal pour cette saison, car il y a moins de régimes, mais les agronomes trouvent que la baisse est un peu trop marquée. Ainsi depuis les dernières semaines il y a une joute entre le directeur agronomique et le directeur industriel, qui tourne autour des mesures du pont bascule. En effet, des pesées incorrectes au pont bascule pourraient expliquer pourquoi les rendements des champs sont (trop) bas et les taux d’extraction (trop) élevé. Chacun mène ses enquêtes, invoque des erreurs chez l’autre, etc. afin de déterminer si les chiffres sont plausibles ou non. En fin de compte, ce qui importe c’est la quantité d’huile que nous produisons, mais chaque département veut pouvoir prétendre au mérite des résultats obtenus. Affaire à suivre…
Il n’y a pas qu’en interne que les “chefs” veulent contester les résultats. Ainsi nous devons chaque année nous acquitter de taxes sur nos instruments de mesure et de stockage. Comme expliqué dans un message précédent, rien n’échappe à nos inspecteurs, ainsi même un mètre pliant ou un verre gradué font l’objet d’une taxe. Cette semaine nous avons vu débarquer le patron des inspecteurs, prétendant que les relevés avaient été inexacts et qu’une amende devait être payée pour fausse déclaration. L’élément principal du litige concerne les 62 manomètres que nous avons déclaré, alors que l’inspecteur estime que nous en avons omis 58, passibles chacun d’une taxe de 50 dollars + 40% d’amende, soit environ 4.000 dollars. Pour un tel montant le “chef” n’hésite pas de se déplacer en personne jusqu’à Mapangu. Mais voilà, après vérification il semblerait que nous avons déclaré un nombre correct de manomètres, mais que ceux-ci ont été transcrit dans leur PV comme étant des baromètres. Il est évident que le baromètre n’a pas sa place dans une usine, mis à part peut-être un dans le bureau du directeur, mais comme les manomètres n’apparaissent pas dans leur PV il y a manifestement fraude. L’erreur, qui est de leur chef, ayant été constatée, le “chef” devrait retourner à Ilebo les mains vides, sans compter les frais de voyage et de logement qu’il a encouru pour rien. Cela n’est évidemment pas “possible”, donc essai de négocier un règlement “à l’amiable” de la part du “chef” des inspecteurs et refus de notre directeur financier. Finalement nous finissons par payer quelque chose pour éviter la défaite totale de notre inspecteur et “entretenir” de bonnes relations.
Nous avons le même genre de débat avec la commission des eaux et de l’énergie, qui veut que nous payions une taxe sur notre consommation d’eau, que nous pompons dans la rivière, traitons pour la purifier avant de l’utiliser comme vapeur dans l’huilerie avant de la rejeter après traitement dans la rivière. En principe la taxe est à payer sur l’eau consommée quand elle est fournie par la régie des eaux, mais voilà ici il n’y a pas de réseau d’eau publique, donc en principe pas de taxe à payer, c’est sans compter les besoins des autorités locales qui ne souhaitent pas passer à côté de ce manque à gagner. Je vous passe les détails, mais cette discussion qui remonte jusqu’au ministre de l’agriculture traîne depuis des mois et ne semble pas avoir d’ issue , sauf si nous lâchons du “leste”…
Il y en a beaucoup d’autres comme cela, tous plus ou moins dans la même veine (taxe de production, taxe de déboisement, taxe de reboisement, taxe pour l’entretien des routes, taxe fluviale, taxe de chargement de barge, taxe de déchargement de barge, taxe de manutention, taxe sur les lieux de stockage, etc.) ce qui nous occupe tous les jours et aiguise nos capacités de négociation.
Comme la saison des pluies est revenue, nous profitons de la saison pour planter des arbres (comme expliqué dans des nouvelles précédentes) mais aussi des hévéa (arbres à caoutchouc) sur environ 6 hectares pour réaliser ce que nous appelons un jardin de bois à grande échelle (JBGE) qui servira à tester le potentiel de cette culture ici à Mapangu et servira de matériel de greffe si cette culture devait être développée ici. Cette plantation se fait en savane, à côté de notre piste d’aviation et d’un essai de palmiers à huile sur 200 hectares qui donne des résultats très prometteurs. Sur base de ces essais il est fort probable que toute extension de la plantation se fasse en savane plutôt que de replanter des anciennes palmeraies, où le travail d’extirpation des anciens palmiers est long et onéreux.
Aujourd’hui est aussi un jour festif, que nous avons passé à faire nos tâches habituelles du dimanche de boulangerie, préparation de Kombutcha et yaourt, etc., mais pas de balade dominicale aujourd’hui. En effet hier j’ai eu la maladresse de me fouler la cheville en jouant au volley avec des collègues. Rien de grave, mais suffisamment présente pour éviter de faire des excès. Côté gastronomie, le repas de capitaine et chou-fleur (pas du jardin celui-là) était arrosé de pétillant de Kombucha rosé (au thé d’hibiscus) et le point d’orgue était une tatin de mangue vertes, avec de la vraie crème fraîche, je vous laisse saliver pendant que je déguste.
A la maison il y a aussi de petits changements, notre évier de la cuisine (en métal inox) commençait à se déchirer de manière trop importante pour encore envisager une réparation (même ici) et nous l’avons remplacé par un évier en béton fait sur mesure, réalisé et signé par notre maçon Mr. Triphon. Nous avons aussi quelques étagères de plus et un jardin qui se fleurit de plus en plus, bref on continue de s’installer le mieux possible.
A très bientôt vous lire,
Marc et Marie-Claude
Nouvel évier en construction – New sink buing built
Evier fini – Sink finished
Signature évier – Sink signature
Le pain de la semaine – This week’s bread
Tatin de mangues vertes – Green mango tatin
Pétillant de Kombutcha rose – Pink Kombutcha fiz
La bougie – The candle
Préparation du JBGE – Preparation of the LSWG
One week without a surprise is something that is not conceivable here in Congo, and the good surprises are rather few, if you see what I mean. However it does happen and this week we had one most surprising good surprise.
Previously we already explained that all our supplies for the factory and the plantation (spare parts, fuel and lubricants, fertilisers, farming equipement, vehicles, etc.) mainly come by barge from Kinshasa. This trip takes at lest three weeks, during which many things can happen. We had barges getting stranded on sand banks, other that broke down and mainly things that disappear, especially with bulk loads such as oil, fuel, cement and others. To avoid these “losses” we put in place all sorts of preventive measures, amongst which gauging of the barges for oil and fuel, to make sure the level has not “changed” between loading and unloading. Last week we received our monthly load of 100m3 of fuel and the (good) surprise was that we received more fuel than expected (usually we have short falls that cans be in the thousand litres), just to say that unexpected things can also be positive.
Another good news relates to our factory. You must know that in a palm oil factory it is considered normal to have an extraction rate of about 22% oil from fresh fruit bunches and for a very good oil factory it can reach 23 or even 23.5%.In our case, since the beginning of this month, we have an average of 24.5% and if we could resolve some of the losses that still take place we could even reach 25%. These results, even if they put us at the top of the group’s factories, obviously raise a lot of questions, is such a rate really possible? In parallel it appears that our plantation yields have significantly dropped, which is normal for this season because of the reduced number of fruit bunches, but our agronomists feel that the drop is too significant. As a result we have an ongoing battle between the agronomic director and the technical director, debating whether the weighing bridge is not underestimating the weights. If the bridge does records incorrect weights, it could explain why the extraction rate is (spectacularly) good and the perceived yields of fruit bunches (too) low. Each one is conducting his own investigations and raises possible mistakes made by the other, to decide if the recorded numbers are right or wrong. In the end all that matters is the amount of oil being produced and sold, but each one would like to claim his rightful contribution to the results. Matter to be further investigated…
The contest of the “chiefs” is not limited to internal company matters. Each year we have to pay taxes on our measurement and storage equipemnt. As explained in a prior posting, nothing escapes our inspectors and even folding meters and graduated flasks are subject to taxation. This week the “chief” inspector showed up claiming we had not declared all our measuring devices and that we had to pay a fine in addition to the unpaid taxes. The main item being contested are 58 undeclared pressure gauges, which represents a potential tax and fine of more than 4,000 dollars. After some research it appeared that we had declared 62 gauges, but the inspector mistakenly wrote these items down as barometers (which has absolutely no place in an oilery, except perhaps one in the director’s office). For such an amount the “chief” was eager to come personnally to Mapangu and unwilling to return to Ilebo empty handed, in addition to which he had already spent some of the expected bounty on “travel and accommodation” expenses. After a lengty battle between the “chief” and our CFO, we finally paid something to the chief inspector to avoid a loss of face and “maintain” our good relationship.
We have had the same kind of battle with the water & energy commission, that wants us to pay taxes for water consumption, which we pump in the river, treat in our plant, use to generate steam in the factory and return to the river after treatment. In theory this tax is due for water supplied by the water board, but this body has no distribution network in Mapangu, hence the need to do it ourselves. This does not stop local authorities from trying to perceive moneys and despite discussions that go all the way up to the minister of agriculture (supporting our claim) the battle remains unresolved unless we give something to help the commission to “survive”…
There are many others like that, some more legitimate than others (production levy, tax otn deforestation, tax on tree planting, tax for road maintenance, river tax, barge loading levy, barge unloading levy, handling levy, storage tax, etc.) which keeps us busy every day and sharpens our negotiation skills.
As the rain season has returned, we use the opportunity to plant trees (as explained in a prior posting) including Hevea (rubber trees) on about 6 hectares to establish a Large Scale Wood Garden (LSWG), which will test the potential for a rubber plantation in Mapangu and serve as grafting material should this ever take place. This plantation takes place on savana land, next to our airstrip and a 200 hectare oil palm trial showing high potential. On the basis of these trials it is most likely that future plantation extensions will take place on savana land rather than replanting old plantations, where the work to remove old trees is long and costly.
Today is also a celebration day, which we spent doing our usual Sunday chores such as bread baking, Kombutcha brewing, Yoghurt, etc. but no Sunday walk this time because I sprained my ankle playing volley with colleagues yesterday afternoon. Nothing bad, but present enough to warrant some caution. On the gastronomy side, the meal of Capitaine fish and cauliflower (not from the garden unfortunately) was accompanied by some pink Kombutcha fiz and concluded by a green mango tatin with real fresh cream, I leave you to your imagination while a savour the real thing.
At home we also have some improvements, our kitchen sink (in stainless metal) was cracking from all sides and past repair (even here). We replaced it with a far more practical one made from concrete by our own bricklayer, Mr. Triphon. We also have some additional shelves and our garden in gaining in flowers and plants of all sorts, in short we continue to settle in as best as we can.
We hope to hear from you soon,
Marc et Marie-Claude