A peu de choses près, ici c’est le train train du metro-boulot-dodo habituel, lever avant le jour, rapide petit déjeuner, appel en plantation, bureau (ou usine, ou plantation, ou surprise), déjeuner (et parfois rapide sieste), bureau (ou usine, ou plantation, ou surprise) et enfin courte soirée avant le dodo. Il est vrai que presque tous les jours il y a des surprises ou des légers changements au programme et donc pas trop de monotonie dans la routine.
Pour le moment c’est la pluie ou plutôt les eaux de ruissellement qui continuent de nous jouer des tours. Mapangu s’étend de jour en jour et lorsque les gens construisent des cases la végétation tout autour des habitations est scrupuleusement éliminée car les gens veulent une surface propre facile à balayer, un peu comme nos cours en pavés ou asphalte, qui ne laissent pénétrer que peu ou pas d’eau lors de pluies. A l’origine cette préférence pour une terre nue plutôt que de l’herbe ou un jardin est sans doute motivée par la crainte de serpents, mais dans une cité comme Mapangu avec 35.000 habitants cela fait beaucoup d’eau qui s’accumule et se retrouve autour ou à côté de notre usine en contre-bas.
Ces flots d’eau ne seraient rien avec nos crachins européens, mais ici quand il pleut “IL PLEUT” et ce sont de milliers de mètres cubes d’eau qui dévalent la pente emportant tout sur leur passage, y compris des tonnes de sable, creusant des ravins impressionnants. Ainsi nous avons récemment dû évacuer plusieurs maisons de travailleurs qui ont été englouties dans le ravin, nous avons un pont sur la route principale vers l’ouest de la plantation dont les fondations ont été minées et qui risque de s’écrouler et enfin la passerelle que nous avons aménagée entre les nouveaux bureaux et l’usine est déjà partie deux fois avec les pluies.
Quand je dis passerelle, certaines précisions sont nécessaires, il ne s’agit pas de quelques planches placées au-dessus d’un fossé. Le “fossé” en question est plutôt un mini canyon de 10-15m de profondeur dans lequel s’engouffrent des milliers de mètres cubes d’eau provenant de la cité et des surfaces au-dessus de l’usine. La première passerelle que nous avoins construite était composée de pylônes en acier enfoncés à plus de 8m de profondeur de part et d’autre du ravin et sur lesquels nous avions posé un conteneur de 40′ (12m) dont les deux extrémités avaient été ouvertes pour créer une sorte de pont couvert. Une structure qui pèse quand même plus de 4 tonnes et que nous avons dû positionner avec une grue. Deux jours plus tard, suite à une “petite” pluie, nous avions retrouvé le conteneur 20m plus loin dans le fond de la ravine…
Forts de cette expérience, nous avons changé d’approche et placé un tube en acier de 1,5m de diamètre (en fait une ancienne chaudière) sur un lit de grosses pierres et blocs de béton et recouvert le tout avec environ 50 camions de terre (250 tonnes de terre) que nous avons tassée avec un engin à chenilles de 20 tonnes. Notre nouveau pont a tenu… 24 heures, le tube s’est retrouvé dans le fond de la ravine et TOUTE la terre était partie en une seule pluie, en fait le trou est devenu plus grand que ce qu’il était au départ… Notre directeur technique me dit avoir pensé à une solution alternative mais tout cela commence à devenir un peu trop coûteux à mon goût.
A la maison les pluies ne nous laissent pas toujours tranquilles non plus. Surtout lorsqu’il y a un peu de vent, ce qui est plutôt la norme avec les pluies d’ici, l’eau pénètre par les fenêtres, mais surtout provoque la pourriture des châssis, dont plusieurs ont déjà dû être remplacés ou réparés depuis que nous sommes là. Pour parer à cela nous avons fait placer de petits auvents (appelés pompeusement “marquises” par les gens de Mapangu) pas des plus élégants mais assez efficaces et qui, nous l’espérons, nous éviterons des inondations à chaque “ondée”.
Mais revenons à nos moutons ou plutôt au sujet de ces nouvelles, les écoles. L’éducation et les écoles de la région sont très très élémentaires et l’un des sujets sur lesquels j’essaye de progresser presque tous les jours. Nous avons 17 écoles dans la plantation, dont deux que nous avons construites et équipées, deux écoles de village que nous avons remises en état grâce à l’aide de personnes qui se reconnaîtront dans ce message et plusieurs que nous aidons d’une manière ou d’une autre avec du matériel, de petites réparations, etc. Nous accueillons des stagiaires dans tous nos départements, également en provenance d’écoles de villes voisines comme Ilebo et Idiofa et mettons des locaux électrifiés à la disposition des classes d’informatique. Mais pour le moment cela reste une goutte dans l’océan des besoins et nous devons faire plus. Bientôt nous recevrons des manuels scolaires et du matériel qui a été rassemblé grâce à vous en continuant à faire des actions ponctuelles comme sponsoriser des étudiants qui décrochent parce qu’ils ne sont plus en mesure de payer leur minerval ou frais de dossiers, ce qui nous permet dans une certaine mesure de limiter les abus des professeurs (mal payés) qui utilisent les élèves pour travailler dans leur jardin, puiser de l’eau à la source ou transporter du matériel de construction sur des kilomètres.
Pour faire un peu plus en soutenant d’autres aspects de la vie locale, il nous est venu l’idée de vendre des produits d’artisanat local à ceux que cela pourrait intéresser et utiliser la recette de ces ventes intégralement pour les écoles sous forme de matériel scolaire, réparations et soutien d’élèves en difficulté. L’artisanat local se sont des tapis (voir message précédent), masques, boîtes et autres objets de décoration que nous pourrions ramener lors de nos retours de congé. Si vous êtes intéressé par ces objets pour vous ou comme cadeaux originaux, faites-nous signe. Si vous souhaitez voir des exemples de boîtes ou tapis, demandez-nous quand nous serons en Belgique.
Le départ de l’avion ce vendredi depuis Mapangu est lui aussi une illustration de l’organisation congolaise. L’avion en provenance de Kinshasa devait faire escale à Ilebo après avoir pris les passagers à Mapangu, seul petit hic… pour les quatre passagers il restait un seul siège… Pas de problèmes, nous dit le pilote, nous allons mettre les enfants ensemble sur le même siège. Les trois enfants en question, arrivés de Kinshasa, étaient en fait des adolescents taiile “basketteurs”. Je présume que certains passagers étaient assis dans le couloir… rien de tel pour bouleverser un petit peu la routine!
A très bientôt vous lire,
Marc et Marie-Claude
Cité de Mapangu – Mapangu township
Masques – Masks
Pipe
Petit déjeuner de lux – Luxurious breakfast
Nouvelle table basse – New coffee table
Rideaux de l’atelier – Workshop curtains
Auvents – Canopies
Except for a few details, here things are very much the usual routine, up well before sun rise, quick breakfast, roll call in the plantation, office (or factory, or plantation, or surprise), lunch (sometimes with a short nap), office (or factory, or plantation, or surprise) and finaly short evening before bed time. It is true that most days we have surprises or slight changes to the program and therefore no monotony in the routine.
At the moment rains or rather the accumulated water thereof that continue to keep us on our toes. Mapangu is extending almost daily and when people build the dwelling the vegetation around the house must disappear because people want a clean surface that is easy to sweep, somewhat like our yards that are paved or surfaced with concrete, and where hardly any water can seep through when it rains. At the start, this preference for bare earth was probably needed to protect the house against snakes and other creeping creatures, but in a township such as Mapangu with 35,000 inhabitants, it means a lot of water that accumulates and needs to find a way, naturally towards our factory located below on the river bank.
These water flows would be nothing with our European drizzles, but here when it rains “IT RAINS” and thousands of cubic metres of water rush down the hill taking everything with it, including tonnes of sand, creating impressive ravines. As a result we recently had to evacuate a number of worker houses, which disappeared into the ravine, one of the bridges on the main road to the west of the plantation has been undermined to the point of collapse and the passage we created between the new offices and the factory has been swept away twice already because of the rain.
The “passage” needs some explanations, this is not just a few pieces of wooden board laid across a ditch. The “ditch” has rather become a mini canyon some 10-15m deep in which thousands of cubic metres of water coming from the township and areas above the factory come roaring down. The first “passage” we created was composed of steel pillars that we drove about 8m into the ground on either side of the ravine and on which we placed a 40′ (12m) container of which both ends had been opened, creating a kind of covered bridge. Two days later, after a “small” rain, the container was found 20m further in the bottom of the ravine…
Based on this first (unsuccessful) experience, we changed tack and placed a large steel tube with a diameter of 1.5m (and old boiler) on a bed of rocks and concrete blocks and covered it all with about 50 truck loads of earth (250 tonnes of earth), which was then compacted with a 20 tonne crane on tracks. A beautiful piece of engineering. Our new “passage” held for… 24 hours, the tube was found in the bottom of the ravine and the WHOLE VOLUME of compacted earth had gone, in fact I believe the hole became larger than it was when we started… Our technical director told me he had a new plan, we shall see but this “passage” is starting to cost us slightly too much to my liking.
At home the rains do not leave us alone either. Especially when there is some wind, which is the case on most rainy days, water is blown through the cracks of the windows and the wet wood tends to rot away very quickly under our climate. We had to repair or replace several window frames since we got here. To prevent this as much as possible we placed small canopies above the windows, not the most elegant but quite efficient and, we hope, will avoid the puddles of water inside the house every time it rains.
But let’s come back to our business or rather the title of this posting, schools. Education and schools in the region are very very basic and one of the areas where I am trying to make a difference almost every day. We have 17 schools in the plantation, two which were built and furnished by Brabanta, two village schools that we renovated with the help of people who will recognise themselves in this posting and several others where we have helped in various ways with equipment and small repairs. We take in quite large numbers of trainees, including students from neighbouring towns such as Ilebo and Idiofa and provide access to rooms with power for the computer training classes. But this all is still a drop in the ocean of needs and we need to do more. Soon we will receive school manuals and material which was collected with your help, on top of which we have provided some specific help to students about to quit because they are no longer able to pay their school fees, which also helps prevent to some extent the corruption of (poorly paid) teachers who use the students to work in their fields, fetch water from the river or carry building materials for many kilometres.
To do more, while supporting other local activities, we have come to the idea of selling local art products to those of you who would be interested and use all the proceeds to acquire school material, repairs and support of students without financial means. Local art includes carpets (see previous posting), masks, boxes and other artefacts that we could bring back with us when going on holidays. If you are interested by these kind of objects as decoration, gifts or other purposes, let us know. If you want to see some examples of boxes, ask us when we are back in Belgium!
The plane’s departure from Mapangu last Friday was an adventure in itself. The plane, coming from Kinshasa and due to make a stop in Ilebo after picking up the Mapangu passangers, however there was a small kink in the cable… for the 4 passengers due to travel from Mapangu there was only 1 seat… No problem, says the pilot, the children will share one same seat. The three children where in fact teenagers of my size… I assume that some passengers ended up sitting in the aisle, but it arrived safe and sound at destination… nothing better to give some spice to the routine!
Marie-Claude has finished the terrace cushions, made curtains for the workshop and placed the new coffee table that she had made out of a slice of wood, thus the house is becoming nicer and welcoming every day, to persuade you to come and visit…
We hope to read from you soon,
Marc et Marie-Claude