Pour garder les bonnes habitudes, voici quand même quelques nouvelles du Congo, même si le dernier envoi était tout récent.
Depuis ce matin tous mes collègues expatriés ont été dispatchés dans différentes directions, un au Maroc, un au Portugal, deux en France et un en Côte d’Ivoire. La semaine prochaine j’ai un collègue qui revient de congé du Ghana pour reprendre le pilotage à distance de l’usine et de la construction et la semaine d’après notre directeur agronomique revient à Kinshasa pour reprendre le pilotage à distance des activités agronomiques et assurer mon intérim.
Nos vacances seront un peu spéciales car au vu des évènements au Kasaï je vais devoir rester en liaison permanente avec les équipes et ne donc pas pouvoir zapper complètement les activités de la plantation pendant que nous nous dorons sur une plage ou autre activité similaire.
Comme tout le monde est parti, j’ai pu abandonner ma chambre d’hôtel et squatter l’appartement d’un collègue où je suis accompagné de nos poilues Makala et Griezel. C’est aussi plus agréable de pouvoir faire sa popote plutôt que devoir prendre tous les repas au restaurant, surtout quand c’est en solitaire à une table.
Pendant la semaine je prendrai les fauves avec moi au bureau durant la journée, ce qui a l’avantage de limiter le nombre et la durée des visites car les congolais ne sont généralement pas des grands amateurs de chiens, surtout quand ils sont grands et poilus comme Makala.
A la plantation tout est calme et les activités se poursuivent plus ou moins normalement. Nous restons à l’écoute des évènements dans la région et en particulier la progression des combats entre milices et militaires, mais les nouvelles se voulaient assez rassurantes car d’une part les autorités auraient accepté de restituer la dépouille du chef coutumier qui avait été tué lors d’un affrontement avec la police il y a déjà de nombreux mois de cela et d’autre part parce que le gouvernement a annoncé que la famille du défunt chef coutumier pouvait nommer un successeur.
Il faut savoir que l’origine du conflit dans le Kasaï vient du fait que le gouvernement a essayé d’imposer un chef coutumier plutôt que d’accepter l’héritier légitime, cardiologue de profession et opposant au régime. Dans un affrontement entre autorités et population, suite à une bavure le cardiologue (qui est normalement basé en Afrique du Sud) a été tué et sa dépouille gardée par les autorités. Depuis la situation s’est graduellement dégradée avec des incartades militaires en réponse aux attaques de milices coutumières qui ont couté la vie à près de 500 personnes.
Notre seule crainte pour le moment est que les militaires qui assiègent la ville de Luebo, aux mains des milices coutumières, n’usent de trop de violence et créent ainsi un motif pour des revanches ou autres actions punitives. Aux activités militaires se mêlent toutes sortes de mesures traditionnelles mises en place par les sorciers fétichistes de chaque tribu, ainsi les notables de Mapangu nous ont garanti que la plantation ne courait aucun risque car le plus grand sorcier Lele (tribu de Mapangu) avait jeté un sort sur toute personne malfaisante qui pénètrerait sur le territoire. Nous sommes évidemment tout à fait rassurés… Les autorités ont également proposé de stationner des militaires sur la plantation et plus particulièrement autour de l’usine, ce que nous avons poliment décliné car d’une part ce sont les militaires la principale cible des milices et d’autre part il est notoire que les militaires congolais ne laissent généralement rien d’indemne derrière eux.
A Kinshasa nous avons aussi eu une semaine un peu difficile car le hasard fait que cette semaine que nous devions réduire l’effectif de notre personnel kinois de moitié suite au transfert de la direction de Brabanta et plantation. Ce n’est jamais une mesure agréable à prendre et il était d’autant plus difficile de rassurer le personnel restant compte tenu de la tension palpable créée par l’évacuation de la plantation.
Encore deux petites semaines et je pourrai rejoindre Marie-Claude pour souffler un peu. En attendant nous vous souhaitons de très joyeuses fêtes de Pâques.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
In order to stay with the habit, here are some news items from Congo although the last posting was very recent.
Since this morning, all my expatriate colleagues have been dispatched in various directions, one to Morocco, one to Portugal, two to France and one to Ivory Coast. Next week I have a colleague returning from holidays in Ghana to remotely pilot the factory and construction operations and the week after our agriculture director returns to Kinshasa to manage the field operations from Kinshasa and ensure my interim.
Our holidays will be somewhat special because the circumstances in the Kasai require that I stay in permanent contact with the teams and thus not be able to complete switch off while basking in the sun of the beach or doing some other similar activity.
As everybody is gone, I have been allowed to squat the apartment of one of my colleagues where I am staying with our two furry companions Makala and Griezel. It is also more pleasant to be able to do my own cooking rather than having to take every meal in a restaurant on my own.
During the week I will take the beasts with me to the office, which has the advantage of very much limiting the number of visitors or duration of their stay as Congolese are generally not great dog fans, especially when they are large and hairy such as Makala.
On the plantation everything is quiet and activities continue more or less as usual. We keep an ear on the ground regarding the events in the region and in particular progress of the battles between military and militia, but news seems to be somewhat reassuring as firstly the authorities have apparently agreed to return the body of the traditional chief who had been killed in a stand-off with police some time ago and secondly the government announced that the successor to the deceased traditional chief could be chosen by his family.
As background, one must know that the conflict has started as a result of an attempt from the government to impose their own traditional chief rather than accepting the legitimate heir, an outspoken opponent to the current regime. In a stand-off with the authorities the legitimate heir, a cardiologist working in South Africa, was killed and his body taken by the authorities. Since then the situation has gradually deteriorated with alternating incursions of militia, police and/or army, which has resulted in about lives lost to date (including two foreign UN experts).
Our main fear at the moment is the outcome of Luebo, which the militia are controlling but is besieged by the military and if excess force is used it will be an excuse for retaliatory attacks and other punitive strikes. Next to the strong military presence the local sorcerers are taking all sorts of measures to protect their tribes, the same goes for Mapangu where local elders have guaranteed our safety because their greatest Lele sorcerer (traditional tribe of Mapangu) has thrown a curse on any person entering their territory with bad intensions. We are obviously completely reassured… Authorities have also offered to station soldiers on the plantation and in particular around the factory, which we have politely declined because firstly they are the main militia target and secondly because Congolese military generally leave nothing untouched behind.
In Kinshasa it has also been a somewhat difficult week because it so happened that this week we had to fire about half the office staff as a result of moving the management staff to the plantation. It is never easy but even more difficult to reassure the remaining staff given the palpable tension resulting from the evacuation process.
Two small weeks to go and I will be able to join Marie-Claude for some rest. Meanwhile we wish you a very Happy Easter.
We look forward hearing from you,
Marc & Marie-Claude