Nous, Marie-Claude et moi, passons cette fin de semaine à Kinshasa, où nous sommes arrivés via Ilebo vendredi après-midi. Nous ne restons ici que quelques jours, le temps pour moi de rencontrer quelques uns de nos clients et fournisseurs et faire acte de présence auprès de nos collègues kinois, tandis que Marie-Claude assure notre ravitaillement pour le mois à venir. Nous repartirons à Mapangu avec notre avion de fin de mois ce mardi matin.
Nous avons laissé nos poilues aux bons soins de nos cuisiniers, mais sans les oublier: Marie-Claude a pour mission de ramener leurs vaccins annuels car il est évident qu’à Mapangu il n’y a pas de vétérinaire digne de ce nom et encore moins de possibilité d’y acheter des produits fiables vu le manque de réfrigération faute de courant. Lorsque l’on parle de vaccins, c’est évidemment au vaccin contre la rage auquel on pense en premier lieu, même si le risque de transmission est plutôt faible car il n’y a quasi pas d’animaux potentiellement porteurs dans les environs de la Cathédrale. En fait, parlant d’animaux, malgré les énormes étendues inhabitées qui entourent la plantation et au-delà, il n’y a pratiquement plus de faune sauvage dans notre région, à l’exception d’oiseaux.
En remontant le Kasaï vers Ilebo, nous longeons des zones forestières inhabitées sur de nombreux kilomètres, mais jusqu’à présent aucun de nous n’a jamais vu autre chose que quelques oiseaux et même ceux-ci sont plutôt rares compte tenu des étendues sauvages que l’on traverse. Il faut dire qu’ici tout ce qui bouge est un repas potentiel et même si cela ne se mange pas la tendance est plutôt d’attraper et de tuer d’abord et puis de décider si la proie a une utilité quelconque. Certains animaux commes les perroquets gris et certains petits singes, ont la chance d’être attrapés vivants car, malheureusement, il y a un marché pour ce genre d’animaux à Kinshasa et pour l’exportation (illégale).
Les perroquets doivent être plus difficiles à attraper car il n’est pas rare de les voir dans la plantation, par contre les seuls singes que nous avons vu sont ceux qui ont encore pu être attrapés quelque part dans la forêt et qui sont baladés au bout d’une corde attachée autour de la taille ou boucanés pour la cuisine. Les singes qui sont tués mais pas encore boucanés sont généralement transportés d’une manière assez horrible avec le bout de la queue passée à travers du cou du singe pour former une sorte d’anse par laquelle le tenir. Les seuls singes que nous avons ainsi vu passer sont de petite taille, mais à Kinshasa il y aurait un sanctuaire pour les bonobonos sauvés du commerce de contrebande qui est, semble-t-il, encore florissant malgré tout ce qui peut se lire à ce sujet dans la presse.
A la Cathédrale, malgré le fait que nous occupons un ilôt de nature de 20 hectares entouré de la plantation, les seuls mamifères que nous avons autour de la maison sont des chauve-souris et rongeurs (souris et rats), mis à part notre chien et chat évidemment. Il y a de temps en temps un serpent qui s’égare près de la maison, mais sinon la faune sauvage est exclusivement composée d’oiseaux dont la quantité et la variété semble avoir augmenté depuis que nous sommes installés dans la maison (peut-être parce que nous avons interdit les collets et autres pièges). Il y a toute une serie des petits passereaux dont des petits oiseaux avec une queue kilométrique qui rend leur vol bien compliqué, des oiseaux mouches, des hirondelles, des perdrix, des pintades, des gardes-boeufs, des rapaces, des corbeaux et nous avons même eu la visite occasionelle de marabouts et de cigognes noires.
Le long des berges du Kasaï, y compris près du bureau, je vois régulièrement des calaos et des martins pêcheurs, mais à part cela, même lorsque nous traversons la savane qui compte des dizaines de milliers d’hectares inoccupés, il n’y a pas une antilope ou autre forme d’occupation animale à voir. Il faut dire que cette “savane” était autrefois de la forêt qui a été défrichée et brûlée par les villageois pour y faire des cultures (maïs et manioc) pour être ensuite abandonné une fois que le sol était épuisé. Cela n’empêche pas les populations voisines d’y mettre le feu plusieurs fois par an pour essayer ainsi de capturer les quelques animaux qui auraient réussi à y survivre et ainsi perpétuer la végétation herbeuse parsemée de quelques arbustes plus résistants aux feux. Outre la chasse impitoyable, c’est sans doute les feux généralisés en saison sèche qui ont conduit à l’élimination quasi totale de la faune sauvage dans la région, les oiseaux ayant eux seuls la possibilité d’y échapper.
Paradoxalement, dans les zones limitrophes de la plantation (dont l’existance est souvent décriée comme facteur de destruction de la biodiversité) nous observons une plus grande variété d’animaux et de plantes, sans doute grace au fait que nous protégeons celles-ci contre les feux pour préserver nos palmiers. Dans certaines parties de la plantation où les grands arbres sont trop espacés, nous avons installé des nichoirs et perchoirs destinés aux rapaces car dans les zones protégées de la plantation les rongeurs ont trouvé un refuge idéal qui, de plus, regorge de nourriture bien grasse…
A défaut d’animaux sauvages, nous avons des cochons, chèvres, moutons et bovidés qui vagabondent à travers la plantation, pas vraiment la même chose mais une source de protéines renouvelable plus facile à gérer.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
We, Marie-Claude and I, are spending the week-end in Kinshasa, where we arrivfed on Friday afternoon via Ilebo. We are staying just a few days, for me to meet some of our customers and suppliers and show that I still exist (and care) for the employees of our small office here. Meanwhile Marie-Claude is restocking our supplies for the coming month. We will return to Mapangu with our monthly Mapangu flight on Tuesday morning.
We left our hairy friends in the good hands of our housekeepers, but not forgotten because Marie-Claude has been assigned the task of bringing back their annual jabs as obviously in Mapangu there is neither a vet nor a trustworthy supplier of veterinary supplies given the lack of power and thus refrigeration. Talking about vaccines, it is obviously the rabies one that matters most, even though the risk is relatively low given that our pets hardly go anywhere near any other animals that could transmit the disease. Indeed, despite the huge inhabited areas surrounding the plantation and beyond there is hardly any wildlife left, except for birds.
Travelling upriver on the Kasai towards Ilebo, we pass large forested areas spreading for several kilometres with no population, but until now none of us has ever seen any kind of animals other than a few birds and even these animals are rather scarce for such a wild looking area. It must be said that here anything that moves is a potential meal and even if it is not edible the trend is to capture or kill first and then decide if it is of ny use. Certain animals such as grey parrots and some kinds of small monkeys are “lucky” enough to be caught alive because, unfortunately, there is a market for these kind of animals in Kinshasa and for (illegal) export.
The parrots are clearly harder to catch because we can often see or hear them flying in the plantation, whereas the only monkeys I have seen are either those that were caught somewhere in the forest and taken to their final destination with a leash tight around there waste, while most of the monkeys we see are either in the form of dried bush meat or dead animals with the end of the tail passed through the neck to form a kind of handle to carry them. In Mapangu we have ony seen rather small kinds of monkeys come by, while in Kinshasa there is a sanctuary where Bonobos caught from smugglers are brought to be taken care of and presumably released in the wild at some point. Despite the efforts to stop the illegal trade of wild animals, here the business seems to be flourishing.
At the Cathedral, despite being in the middle of a 20 hectare reserve surrounded by the plantation, the only mammals that we have around the house are bats and rodents (mice and rats), besides our dog and cat of course. Once in a while there will be a snake venturing in or around the house, but otherwise all we gat to see are birds, whose quantity and variety seems to have increased since we got here (maybe because we have stopped people from hunting or trapping them). There is a variety of small birds, some with a huge tail that makes it difficult for them to fly, humming birds, swallows, partridges, guinea fowl, inyange, birds of prey, crows and the occasional visit of a marabout or black crane.
Along the Kasai river, including close to the office, I regularly see hornbills and kingfishers, but other then that, even when going through the vast expanses of the savana which must be tens of thousands of hectares, there is not an antilope or any other kind of animal to be seen. This “savana” is man-made, it used to be forest that was felled and burned to enable local village people to grow their crops (corn and cassava) and subsequently abandonned when the soil was exhausted. This however does not stop neighbouring populations to set fire to the whole area several times a year with the purpose to catch whatever few animals might still have survived and in doing so maintain just a grass cover sprinkled with a few bushes that are resisting the fires. Besides the unrelenting hunting of any living creature, the systematic fires during the dry season have led to the complete disappearance of wild life, with only the birds having a chance to escape.
Paradoxically, in the nature areas that have been preserved on the border of the plantation (whose responsibility is often decried in the erosion of biodiversity), because fires are not allowed in order to protect the nearby palm trees, there is a much grater variety of plants and animals to be found. In some parts of the plantation where the number of remaining large trees is too small, we have installed nesting boxes and perches in order to attract birds of prey because these areas protected from fire have become the refuge for all sorts of rodents which have taken a liking in the oil-rich palm fruits and kernels…
The lack of wild life is compensated by porcs, goats, sheep and cattle that roam the plantation, not quite the same thing but a renewable source of protein that is easier to manage.
We look forward hearing from you,
Marc & Marie-Claude