Vivre ici à Mapangu, dans le confort de la maison du DG, permet néanmoins de réaliser combien de choses que nous considérons essentielles et normales en Europe prennent une toute autre signification en brousse. J’ai du mal à imaginer le tollé que cela ferait si pour une raison ou une autre notre alimentation en eau, gaz ou électricité était coupée pour plus de quelques heures en Belgique. Ici, nous vous avons déjà fait le point sur l’eau dans des nouvelles précédentes et le gaz n’en parlons pas, même si nous avons le privilège d’avoir une cuisinière avec du gaz en bouteille pour nous permettre de cuire quand il n’y a pas de courant.
Mapangu est une cité où il n’y a ni électricité, ni eau, ni égouts, ni ramassage d’immondices, ni rien du tout en fait, ce sont juste des maisons (la plupart construites en pisé avec un toit de paille) avec un trou servant de latrine à l’écart dans la parcelle. Les parcelles sont petites de 100 à 200m² et ne permettent pas d’y cultiver grand chose à part quelques épices. Même les maisons avec un toit en tôles ne disposent pas de gouttières qui auraient permis de récolter les eaux de pluie et comme les parcelles sont soigneusement balayées plusieurs fois par jour, la surface du sol ne permet pas à l’eau de pénétrer avec les conséquences d’érosion que cela engendre.
Mais nous nous écartons car le sujet du jour est l’électricité. A Mapangu il n’y a pas et il n’y a jamais eu de réseau électrique, mis à part quelques lignes qui avaient été installées jadis par Unilever pour alimenter les maisons de ses cadres. Pourtant la technologie ne s’est pas arrêtée pour autant et rares sont les personnes qui n’ont pas un téléphone portable (qui doit être chargé) ou même un petit téléviseur avec une antenne satellite pour regarder les informations (?) ou un film. Quelques personnes un peu mieux nanties ont investi dans un ou deux panneaux solaires plus une batterie et offrent ainsi un service payant pour recharger les téléphones ou venir voir une émission ou un film. Les affaires doivent être assez lucratives car ceux qui se sont lancés dans ce business ont maintenant souvent un arsenal de panneaux solaires et plusieurs batteries. Toutefois ces solutions n’apportent pas une réponse au besoin d’éclairage à la maison qui est généralement résolu avec des lampes de poches dont il faut renouveler les piles à un rythme effréné car les piles (d’origine chinoise) durent rarement plus d’une nuit. Compte tenu du nombre de piles et de la population, il doit y avoir une montagne de piles usagées qui sont probablement abandonnées par ci par là et vont un jour se révéler être un gros problème de pollution… mais je m’écarte du sujet encore une fois!
Pour aider nos travailleurs, nous avons commencé à distribuer des lampes solaires Wakawaka, dont j’avais fais la découverte grâce à mon meilleur ami en Belgique, et qui ont changé la vie des gens ici. La lampe Wakawaka, pour ceux qui ne la connaissent pas, est une petite lampe de la taille d’un gros gsm équipée d’un panneau solaire de deux spots leds et de deux prises USB. Non seulement elle éclaire particulièrement bien et pendant longtemps avec une charge solaire gratuite, mais en plus elle permet de charger un téléphone ou autre petit appareil avec un câble USB. Au total nous avons maintenant distribué plus d’un millier de ces lampes à des prix subsidiés et même nos travailleurs dont les capacités de calcul sont limitées ont découvert qu’en peu de temps les économies faites sur l’achat de piles ou la recharge de leur téléphone remboursent l’achat d’une telle lampe. Nous ne fournissons ces lampes qu’à nos employés, mais vous pouvez imaginer que le commerce parallèle n’a pas traîné et on en trouve maintenant à Ilebo, Idiofa, Kikwit et même Kinshasa, associé au nom de Brabanta car curieusement nous sommes (encore) les seuls à les importer.
Lors de sa visite à Mapangu, le gouverneur du Kasaï, ayant entendu parler de la fameuse lampe, n’a pas tardé à demander lui aussi de pouvoir en acheter (soit-disant pour que sa femme ne soit pas dans l’obscurité pendant la nuit).
Ces lampes ne sont évidemment pas une solution universelle et pour nos maisons c’est utile pour faire un besoin la nuit, mais cela ne fait pas tourner le congélateur ou la bouilloire. Pour le moment nous avons à la maison notre source principale de courant venant d’un générateur avec une batterie qui prend le relais pendant la nuit. Il en va de même à Mapangu ou le générateur de l’usine alimente aussi toutes les maisons des agents de cadre et de maîtrise qui habitent aux alentours. Seulement voilà, avoir de l’électricité à la maison permet de faire des petits commerces tels que service de froid (certains agents ont 3-4 congélateurs à la maison), friture (il y a un nombre assez impressionnant de vendeurs de beignets autour de l’usine), et évidemment la charge d’appareils de toutes sortes. Bref, ce qui devait arriver arriva et malgré les précautions de fusibles et autres sécurités (que nos amis congolais sont maîtres à contourner) le générateur de service de l’usine a été surchargé et faute d’intervention du machiniste qui était “en promenade” le générateur et le moteur ont grillé… Nous essayons de trouver d’urgence un nouveau générateur, mais même si nous en trouvons un à Kinshasa il faudra près d’un mois pour qu’il puisse être acheminé ici par barge (ce sont des bêtes de 5-6 tonnes) et installé. En attendant nous avons prêté un des générateurs de la Cathédrale (nous en avons encore un petit qui permet de faire tourner le strict minimum d’appareils nécessaires) qui pourra alimenter les postes d’urgence (hôpital, serveur, ordinateurs, pont bascule et laboratoire) jusqu’à l’arrivée du remplaçant. Espérons quand même que celui-ci va survivre car après cela nous n’avons plus de solution de dépannage…
Nous continuons d’espérer que nous trouverons un fournisseur capable d’installer et d’entretenir une installation solaire pour la maison, ce serait tellement mieux que de dépendre d’une machine buveuse de gasoil.
Oh, dernière chose, nous ne pouvons pas nous empêcher de partager une photo de notre petite-fille Lynn qui devient très mignonne et qui n’a plus besoin de son aide respiratoire.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Générateur, gros mais pas infaillible – Generator, big but not unbreakable
Lynn!
Nouvelle terrasse – New terrace
Vue le matin – Morning view
Living here in Mapangu, in the comfort of the DG’s home, nonetheless makes it possible to realise how many things that we consider essential and normal in Europe take on a completely different meaning in the bush. I can hardly imagine the uproar that this would cause if for some reason our water, gas or electricity supply were cut off for more than a few hours in Belgium. Here, we’ve already reported on water in previous news stories and don’t mention gas, even though we have the privilege of having a cooker with bottled gas to allow us to cook when there’s no electricity.
Mapangu is a city where there is no electricity, no water, no sewers, no garbage collection, and nothing at all in fact, there are just houses (mostly built in adobe with a straw roof) with a hole serving as a latrine some distance from the house in the plot. The plots are small from 100 to 200m² and do not allow to cultivate much except some spices. Even houses with sheet metal roofs do not have gutters that would have made it possible to collect rainwater and since the plots are carefully swept several times a day, the soil surface does not allow water to penetrate with the resulting erosional consequences.
But we disgress because the subject of the day is electricity. In Mapangu there is no and never has been a power grid, except for a few lines that were installed by Unilever to supply the houses of its managers. Yet the technology has not stopped, and few people don’t have a mobile phone (which has to be charged) or even a small TV with a satellite antenna to watch the news (?) or a film. Some somewhat better-off people have invested in one or two solar panels plus a battery and offer a paid service to recharge phones or to watch a program or film. The business must be quite lucrative because those who have started this venture now often have an arsenal of solar panels and several batteries. However, these solutions do not provide an answer to the need for lighting at home, which is usually solved with flashlights whose batteries have to be replaced at a frenetic pace, because batteries (of Chinese origin) rarely last more than one night. Given the number of batteries and the population, there must be a mountain of used batteries that are probably abandoned here and there and will one day turn out to be a big pollution problem… but I’m off the topic again!
To help our workers, we started to distribute Wakawaka solar lamps, which I discovered thanks to my best friend in Belgium, and which changed the lives of people here. The Wakawaka lamp, for those who don’t know it, is a small lamp the size of a large mobile phone equipped with a solar panel with two LED spotlights and two USB sockets. Not only does it light up particularly well and for a long time with a free solar charge, but it also allows you to charge a phone or other small device with a USB cable. All in all, we have now distributed more than a thousand of these lamps at subsidized prices, and even our workers with limited computing capabilities have discovered that in a short period of time, savings on battery purchases or the recharging of their phones, such a lamp quickly pays for itself. We only supply these lamps to our employees, but you can imagine that parallel trade has not lingered and we now find them in Ilebo, Idiofa, Kikwit and even Kinshasa, associated with the name of Brabanta because curiously we are (still) the only ones to import them.
During his visit to Mapangu, the governor of Kasai, having heard about the famous lamp, was quick to ask if he could purchase one himself (so that his wife would not be in the dark at night).
These lamps are obviously not a universal solution and for our homes it is useful to make a pit stop at night, but it does not run the freezer or kettle. At the moment our main source of power comes from a generator with a battery that takes over during the night. The same goes for Mapangu, where the factory generator also supplies power to all the houses of the management and supervisory staff who live nearby. However, having electricity at home makes it possible to run some private businesses such as cold storage service (some agents have 3-4 freezers at home), frying (there are quite an impressive number of doughnut vendors around the factory), and of course the loading of all kinds of appliances. In short, what was supposed to happen happened and despite the precautions of fuses and other safety hurdles (that our Congolese friends are masters to circumvent) the service generator of the factory was overloaded and for lack of intervention of the operator who was “temporarily away” the generator and the engine packed up and are beyond repair… We are trying to find a new generator as a matter of urgency, but even if we find one in Kinshasa, it will take almost a month for it to be transported here by barge (5-6 tons) and installed. In the meantime, we lent one of the generators of the Cathedral (we still have a small one that allows us to run the bare minimum of equipment needed) which will be able to power the emergency stations (hospital, server, computers, weighbridge and laboratory) until the replacement arrives. Let’s hope that this one will survive because after that we don’t have any more stand-by solution…
We continue to hope that we will find a supplier who is able to install and maintain a solar system for the house, it would be so much better than depending on a diesel engine.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude