A force d’être entourés en permanence par des centaines de milliers de palmiers et d’organiser nos journées, semaines, mois et même années en fonction des besoins de nos palmiers, tout ce qui a trait à l’huile de palme devient de la routine pour tous à Mapangu, mais pas nécessairement évident pour les personnes extérieures.
Ainsi quand nous parlons du K10, S8 ou V13, vous penserez à une référence de variété ou un jeu de combat naval alors qu’en fait il s’agit de l’identification des blocs de la plantation, qui sont eux-même subdivisés en parcelles identifiées par les lettres a, b, c, etc. C’est ainsi que sont identifiées les lieux où sont envoyées les équipes de travailleurs tous les matins. Le principe est que la plantation a été quadrillée avec des divisions d’Ouest en Est désignées par les lettres A, B, C, etc. et les divisions du Nord vers le Sud désignées par les chiffres 1, 2, 3, etc. donc même quelqu’un qui ne connaît pas trop la plantation peut deviner que le Y13 sera plutôt dans l’extrême sud-est de la plantation, tandis que le bloc A3 sera inversement dans le nord-ouest. Cela marche très bien sur le terrain plus ou moins plat, mais dans les terrasses… l’orientation dépend essentiellement de l’expérience ou d’une bonne carte. Ainsi nous avons tous sur notre téléphone une carte avec géolocalisation qui nous permet de ne pas se perdre dans les terrasses, ce qui est rare, mais même après plusieurs années on s’y réfère quand même de temps en temps pour retrouver son chemin.
Il y a beaucoup d’autres expressions qui pourraient dérouter un visiteur non averti, par exemple si l’on vous dit de prendre la prochaine 250, il s’agit en fait de la prochaine route car les blocs (hors terrasses) sont tous plantés sur des largeurs de 250m. D’autres expressions sont plus techniques, par exemple voler un régime ne se réfère pas au vol (larcin), même si c’est un phénomène de plus en plus fréquent dans la plantation, mais à la coupe d’un régime sans couper sa palme soutenante. Les palmes sont en effet importantes pour la croissance et la production du palmier et si l’on devait chaque fois couper la palme derrière laquelle se trouve le régime à récolter le palmier ne pourrait pas avoir les ressources nécessaires pour une croissance et production optimale. Il y a aussi le critère de fruit détaché ou détachable qui est utilisé pour déterminer la maturité d’un régime, où la présence d’un tel fruit est un signe que le régime est prêt à être récolté. Toutes les semaines les coupeurs passent dans toutes les parcelles et examinent chaque palmier pour identifier et couper les régimes murs.
Mais tout ce travail ne serait rien sans pouvoir ensuite traiter tous les régimes récoltés pour en extraire de l’huile. Le principe d’extraction de l’huile est assez simple à la base, il suffit de presser les fruits pour faire sortir l’huile de la pulpe du fruit et ensuite la filtrer et la stocker. Les villageois utilisent pour cela ce qui est communément appelé un malaxeur, généralement fabriqué avec un fût qui est chauffé avec un feu en-dessous et une structure en bois qui permet de malaxer et presser les fruits pour recueillir l’huile dans le bas du fût. Au niveau industriel c’est évidemment un peu plus sophistiqué car nous traitons jusqu’à 500 tonnes de régimes par jour dont il faut d’abord séparer les fruits du régime avant de pouvoir les presser, suivi par le processus de clarification de l’huile (éliminer les impuretés, l’eau, etc.) avant de pouvoir stocker l’huile dans des grands tanks. Les caractéristiques principales pour la qualité d’une huile sont sa teneur en eau et son acidité, cette dernière étant généralement causée par des fruits trop mûrs ou un délai trop important entre le moment de la récolte et l’usinage.
Malgré les efforts de récupération et de recyclage d’huile dans l’usine, une petite partie de l’huile reste dans les eaux de condensation et autres effluents qui sont stockés dans de grands bassins ou lagunes. Cette huile finit par remonter à la surface, donc nous récupérons aussi des quantités non négligeables d’huile dans les lagunes. Mais celle-ci n’est pas contrôlée d’un point de vue de qualité donc nous la considérons comme une huile non-alimentaire qui est utilisée exclusivement pour la production de savons ou autres utilisation industrielles.
Pour le moment la capacité de notre huilerie est insuffisante pour absorber toute la production de la plantation, car malgré le fait que la production des palmiers se poursuit toute l’année, celle-ci est fortement concentrée sur quelques mois : de juin à septembre et tout ce qui ne peut pas être usiné durant ces mois de forte production doit être jeté car il n’est pas possible de conserver les régimes au-delà d’un jour ou deux après que ceux-ci aient été coupés. Une extension de l’huilerie est donc nécessaire et va être mise en œuvre prochainement, mais sachant qu’il faut un minimum de deux ans et demi (ici au Congo en tout les cas) pour réaliser de tels travaux, nous aurons encore trois saisons de pointe où une partie de notre récolte servira à fabriquer du compost, car ne pas récolter les palmiers n’est pas une option…
Nous venons de préparer tout un lot d’huile de palme brute en bidons destinée aux marchés de Bruxelles et de Paris, donc peut-être aurez-vous l’occasion de goûter l’huile de Brabanta même si vous n’avez pas l’occasion de venir jusqu’ici.
Petite note de Marie-Claude: elle peut tout à fait remplacer l’huile de friture (pas plus de 180°C). C’est ce que nous employons à la maison et, mine de rien, c’est une des huiles les plus durables surtout quand on a pas déboisé pour la produire comme dans les pays sous la loupe de lobbys divers. C’est une plante pérenne pour commencer, donc sa durée de vie productive dure 25 à 30 ans et non une seule saison comme pour les autres plantes oléagineuses, elle utilise moins d’engrais (substitués en partie par les sous-produits de l’usinage, rafles débarrassées des noix et fibres post-extraction) et pas de pesticides (cela zigouillerait l’insecte pollinisateur).
Pour le moment les températures sont très agréables, un peu comme quand on a un été en Belgique 🙂 mais beaucoup plus humide. Bon il y a, quand même 27°C dans le salon au moment où je vous écrit, mais c’est l’heure la plus chaude de la journée et toute la semaine, au réveil nous avions maximum 24°, souvent moins, ce matin 22,3°C.
Ce matin nous avons petit déjeuné sur la terrasse sur “une île “car, nous, n’étions pas dans la brume mais tout le reste du paysage l’était, ce qui laissait libre cours à notre imagination quant à ce qu’il y avait derrière le blanc: montagne, mer … ;). Malheureusement à midi c’est rarement possible car de toutes petites mouchettes convoitent nourriture, boisson, humidité sur la peau,etc. Rendant ce moment de détente supposé nettement moins plaisant donc nous nous replions sur notre salon salle à manger abrité de portes moustiquaires magnétiques très efficaces.
Sur ce nous vous quittons, merci de nous lire et à bientôt,
Marc et Marie-Claude
By constantly being surrounded by hundreds of thousands of palm trees and organising our days, weeks, months and even years according to the needs of our palm trees, everything about palm oil becomes routine for everyone in Mapangu, but not necessarily obvious to outsiders.
So when we talk about K10, S8 or V13, you will think of a plant variety or a naval combat game, when in fact it is the identification of the plantation blocks, which are themselves subdivided into plots identified by the letters a, b, c, etc…. This is how the different parts of the plantation are identified and enables us to direct workers every morning to their assigned field. The numbering is based on a mesh with divisions from west to east designated by the letters A, B, C, etc. and divisions from north to south designated by the numbers 1,2,3, etc. so even someone who is not familiar with the plantation can guess that the Y13 will rather be in the extreme southeast of the plantation, while block A3 will be inversely in the northwest. It works very well on flat terrain, but in the terraces… finding one’s way depends essentially on experience or a good map. So we all have a map with geolocation on our phone which helps not getting lost in the terraces, which is rare, but even after two years I am still happy to refer to it from time to time.
There are many other expressions that could confuse an uninformed visitor, for example if you are told to take the next 250, it is in fact the next road because the blocks (excluding terraces) are all planted on widths of 250m. Other expressions are more technical, for example stealing a fruit bunch does not refer to theft, even though it is increasingly becoming a problem in the plantation, but harvesting a fruit bunch without cutting its supporting palm. Palms are indeed important for the growth and production of the palm tree, and if the supporting palm is cut every time a fruit bunch is harvested it would not have the necessary resources for optimal growth and production. There is also the detached or detachable fruit criterion that is used to determine the maturity of a fruit bunch, where the presence of such fruit is a sign that the fruit bunch is ready to be harvested. Every week the cutters pass through all the plots and examine each palm tree to identify and cut the ripe fruit bunches.
But all this work would be nothing without then being able to process the harvested fruit bunches to extract oil. The basic principle of oil extraction is quite simple, just squeeze the fruit to remove the oil from the pulp of the fruit and then filter and store it. To this end villagers use what is commonly called a “malaxeur”, usually made with a drum that is heated with a fire underneath and a wooden structure that allows the fruits to be mashed and pressed to collect the oil in the bottom of the drum. At an industrial level it is obviously a little more sophisticated because we treat up to 500 tons of fruit bunches per day, the fruits of which must first be separated from the bunch before they can be pressed, then clarifying the oil (eliminating impurities, water, etc.) before the oil can be stored in large tanks. The main characteristics for the quality of crude palm oil are its water content and acidity, which is usually caused by overripe fruits or too much time between harvesting and processing.
Despite efforts to recover and recycle every drop of oil in the mill, a small portion of it remains in condensate water and other effluents that are stored in large ponds or lagoons. This oil eventually rises to the surface where we are able recover significant quantities. But as it is not controlled from a quality point of view, so we consider it as a non-food oil that is used exclusively for the production of soaps or other industrial uses.
For the time being, the capacity of our oil mill is insufficient to absorb all the plantation’s production, because despite the fact that palm trees continue to produce all year round, production is highly concentrated over a few months: from June to September and anything that cannot be milled during these months of high production must be discarded because it is not possible to keep the fruits for more than a day or two after they have been cut. An extension of the oil mill is therefore necessary and will be implemented soon, but knowing that it takes a minimum of two and a half years (here in Congo in any case) to carry out such work, we will have three more peak seasons where part of our harvest will be used to make compost, because not harvesting palm trees is not an option…
We have just prepared a whole batch of palm oil in containers for the markets in Brussels and Paris, so maybe you will have the opportunity to taste Brabanta oil even if you don’t have the opportunity to come here.
Marie-Claude’s little note: palm oil can be used as frying oil (no more than 180°C). That’s what we use at home and, well, it’s one of the most durable oils, especially when its plantation does not require any deforestation, as is the case here, despite the negative magnifying glass of various lobbies. It is a perennial plant to begin with, so its productive lifespan lasts 25 to 30 years and not a single season as for other oilseed plants, it uses less fertilizer (partly substituted by the by-products of the milling process, such as empty fruit bunches and fibres) and no pesticides (this would destroy the pollinating insect).
At the moment the temperatures are very pleasant, a bit like when you have a warm summer in Belgium:) but much more humid. Well, it is 27°C in the living room as I am writing to you, but it’s the hottest hour of the day and all week long, when we wake up we had a maximum of 24°C, often less, this morning 22.3°C.
This morning we had breakfast on the terrace on “an island “because we were not in the mist but the rest of the landscape was, which gave free rein to our imagination as to what was behind the white screen: mountains, sea…;). Unfortunately at noon it is rarely possible to use the terrace because tiny little flies covet food, drink, moisture on the skin, etc…. Making this supposedly pleasant moment of relaxation much less enjoyable, we therefore take refuge inside the house, sheltered from the insects with very effective magnetic screen doors.
On this we leave you, please read us and see you soon,
Marc and Marie-Claude