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D Comme Dollars – D as in Dollars

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Nous sommes assez satisfaits en ce moment: la plantation produit plus qu’assez pour alimenter l’huilerie et nous arrivons à presque tout évacuer dans les délais. Qui plus est l’huilerie tourne vraiment bien et absorbe environ 25% de production de plus que l’année passée grâce à des petits (et moins petits) réglages faits par notre directeur d’huilerie, en plus les taux d’extractions sont nettement meilleurs que ce que nous avions prévu.

Bref, tout devrait être  pour le mieux… ou presque, jugez-en par vous-même:
Le rail, qui assure la liaison entre Ilebo et Lubumbashi ne fonctionne plus ou quasi plus et ne peut donc plus acheminer les marchandises qui viennent par barge depuis Kinshasa sur le Kasaï. En fait il y a plusieurs barges qui sont à quai à Ilebo en attente de déchargement depuis plusieurs mois car les entrepôts sont pleins et il n’y a pas de wagons. Evidemment dans ces conditions les transporteurs ne remontent plus le Kasaï et, de ce fait, nous n’avons pas de barges pour évacuer l’huile que nous produisons. Les deux conséquences immédiates sont que, d’une part nous n’avons plus d’argent car nos clients ne paient qu’au moment du chargement des barges et, d’autre part, plus préoccupant, nous n’aurons bientôt plus de place pour stocker notre huile (nous en produisons 120 tonnes par jour pour le moment)… Ce qui pourrait nous obliger d’arrêter l’huilerie et de devoir jeter la production… Pour ne pas nous retrouver dans une situation d’arrêt forcé, nous faisons monter des barges à vide (et à grands frais) depuis Kinshasa en espérant ainsi retarder l’échéance d’un arrêt. Encore faut-il que ces barges arrivent jusqu’à nous car en pleine saison sèche les convois ont du mal à naviguer.

Comme si ces tracasseries logistiques n’étaient pas suffisantes pour nous occuper à plus que plein temps, les autorités congolaises ont décidé de choisir cette même  période pour revoir les obligations financières des opérateurs économiques; certaines sous le couvert de souci du “bien-être social” et d’autres clairement pour renflouer le trésor de plus en plus démuni. Ainsi récemment le gouvernement a publié un décret annonçant l’augmentation des salaires minimum, un compromis avec les syndicats disent-ils car l’augmentation n’est que de… 320%. Eh oui, avec effet rétroactif encore bien, nous devrions donc multiplier les salaires de quasi tous nos employés par 4,2. Interrogé sur la viabilité d’une telle mesure le ministre du travail aurait dit “ah, mais ces sociétés sont pleines d’argent”. La mesure ne s’applique toutefois pas au secteur publique, les fonctionnaires (qui ne sont souvent, de toutes façons, pas payés) restent eux sur l’ancien SMIG…

Pour ne pas être de reste, le Gouverneur du Kasaï a, lui aussi, publié le nouveau canevas des taxes provinciales et là non plus les décisions ne sont pas tristes. Ainsi il y a maintenant une nouvelle taxe de passage frontalier (de province à province) pour l’huile de palme industrielle. Sachant que nous sommes le seul producteur de la province ils auraient pu l’appeler taxe Brabanta… mais le Gouverneur, que j’ai appelé à se sujet, me certifie que la taxe ne vise pas particulièrement notre société… Le gouverneur a également décidé que pour le chargement et déchargement de marchandises dans notre port (privé) il y avait lieu de payer une taxe plus conséquente (car la précédente n’était que de 5x le coût de manutention), qui a maintenant été fixée à 3 euros/kg. Sachant que nous importons pas loin de 2.000 tonnes d’engrais et de nombreuses autres marchandises, cela représente un coût de plus de 6 millions d’euros en plus des taxes existantes qui sont déjà plus que conséquentes. Nous allons donc devoir négocier, mais en cette période pré-électorale ou les élus ne sont pas certains de garder leur poste et donc de pouvoir bénéficier de la manne des taxes, c’est la dernière ligne droite pour nous plumer. Espérons quand même ne pas devoir fermer boutique, car avec les nouveaux salaires minimum et les nouvelles taxes la viabilité de la société serait plus que compromise.

Ce ne serait rien si les autres organes de l’état n’étaient pas eux aussi en chasse pour des sources de paiements divers, ainsi les douanes nous sont tombées dessus en prétendant que nous avions illégalement importé du matériel en 2013 et qu’outre les amendes pour infraction au code douanier les pénalités pour paiement en retard (depuis 2013), qui sont de l’ordre de 300% par an, notre facture de quelques millions de dollars était payable avec effet immédiat. Comme toutes ces questions d’argent, ici tout est négociable et donc les douanes ont immédiatement proposé qu’un compromis soit trouvé (compte tenu évidemment d’un dessous de table “généreux”). Avant de faire cela nous nous sommes plongés dans nos archives et retrouvé quasi tous les dossiers incriminés qui se sont révélés être… tout à fait en ordre. La réaction des douanes? Eh bien il est de leur devoir de faire des contrôles pour le cas où et, compte tenu du travail qu’ils ont fait pour amener ces dossiers à notre attention il faut quand même payer les frais de mission des agents qui se sont consacrés à notre société… bienvenu au Congo!

Je ne vous parlerai pas des autres “services” qui viennent avec des attentes ou objectifs similaires, il y en a beaucoup et nous avons l’impression de passer plus de temps à discuter le bien fondé de toutes ces demandes que de faire produire la plantation qui est la base des ressources financières tant convoitées…

Au moins, nous ne pouvons pas prétendre nous ennuyer dans notre Toscane congolaise où l’ambiance reste bonne et où chaque jour apporte son lot de surprises agréables et parfois moins agréables, mais” il faut de tout pour faire un monde”. Nous profitons aussi des bons moments, entre autres en faisant des petites choses spéciales à la maison comme des crèmes glaces aux fruits de la passion ou des crêpes aux pommes (ce matin au petit déjeuner) ou encore des petits plats comme Marie-Claude sait les faire, même au milieu de la brousse. Cette après-midi nous irons également rejoindre nos collègues pour faire quelques passes de volley-ball pour quand même aussi faire un peu d’exercice.

Nous espérons très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Griezel aime les odeurs fortes – Griezel likes strong smells

Automne? – Autumn?

Coucher brumeux – Hazy sunset

We are quite satisfied at the moment: the plantation produces more than enough to feed the oil mill and we manage to transport most of the harvest on time to the mill. What’s more, the oil mill runs really well and absorbs about 25% more production than last year thanks to small (and less small) adjustments made by our oil mill manager, and the extraction rates are much better than we expected.

In short, everything should be for the best… or almost, judge for yourself:
The rail, which is the only transport link between Ilebo and Lubumbashi no longer or almost no longer transports goods that come by barge from Kinshasa on the Kasai river. In fact there have been several barges waiting to be unloaded at the port of Ilebo for several months, because the warehouses are full and there are no wagons. Obviously in these conditions the carriers do not venture up the Kasaï river any more and, as a result, we do not have barges to evacuate the oil we produce. The two immediate consequences are that, on the one hand we no longer have any money because our customers only pay when the barges are loaded and, on the other hand, more worryingly, we will soon have no room to store our oil (we produce 120 tons a day for the moment)… This could force us to stop the oil mill and have to throw away the harvest… In order not to find ourselves in a situation of forced stoppage, we are chartering empty barges (at great expense) from Kinshasa in the hope of delaying the deadline of a stoppage. These barges still have to reach us because in the middle of the dry season the convoys have trouble making their way on the river.

As if these logistical hassles were not enough to keep us busy more than full time, the Congolese authorities decided to choose the same period to review the financial obligations of economic operators; some under the guise of “social welfare” and others clearly to bail out the increasingly deprived treasury. Thus recently the government issued a decree announcing the increase of minimum wages, a compromise with the unions, they say, because the increase is only of… 320%. Yes, with retroactive effect as well, we might therefore have to multiply the salaries of almost all our employees by 4.2. When asked about the viability of such a measure, the Minister of Labour would have said “ah, but these companies are full of money”. However, the measure does not apply to the public sector; civil servants (who are often not paid anyway) remain on the old minimum wage…

Not to be left out, the Governor of the Kasai province has also published the new outline of provincial taxes and there again the decisions are… mind boggling. Thus there is now a new border crossing tax (province to province) for industrial palm oil. Knowing that we are the only producer in the province they could have called it Brabanta tax… but the Governor, whom I called on this subject, assured me that the tax does not specifically target our company… The governor also decided that for the loading and unloading of goods in our (private) port it was necessary to pay a more substantial tax (because the previous one was only 5x the cost of handling), which has now been fixed at 3 euros/kg. Knowing that we import not far from 2.000 tons of fertilizer and many other goods, this represents a cost of more than 6 million euros in addition to the existing taxes which are already more than significant. We will therefore have to negotiate, but in this pre-election period when elected representatives are not sure whether they will keep their positions and therefore stay in a position where they can “use” the taxes, this is the last straight line to pluck private companies like ours. Let us hope that we do not have to close the shop, because with the new minimum wages and the new taxes the viability of the company would be more than compromised.

It would of less relevance if the other departments of the state were not also on the hunt for various sources of payments. So, for example, the customs authorities came upon us claiming that we had illegally imported goods in 2013 and that in addition to fines for customs code violations we would have to pay late payment penalties (since 2013), which are in the order of 300% per year. Our invoice for this infringement is only a few million dollars, obviously payable with immediate effect. Like all these money issues, everything here is negotiable and therefore the customs officer immediately proposed that a compromise be found (obviously taking into account a “generous” bribe). Before starting any kind of discussion, we went into our archives and found almost all the incriminated files that turned out to be… quite in order. Customs reaction? Well, it is their duty to carry out controls just in case and, given the work they have done to bring these files to our attention, we still have to pay the expenses incurred by the agents, who have devoted themselves to our company… welcome to Congo!

I will not talk to you about other “services” that come with similar expectations or objectives, there are many of them and we feel that we spend more time discussing the merits of all these demands than making sure the plantation produces as well as possible, which after all is the basis for the coveted financial resources…

At least we can’t pretend to be bored in our Congolese Tuscany where the atmosphere remains good and where each day brings its share of pleasant and sometimes less pleasant surprises, but “it takes everything to make a world”. We also enjoy the good times, among other things by doing special things at home like ice creams with passion fruit or apple pancakes (this morning for breakfast) or other small dishes for which Marie-Claude knows has the secret, even in the middle of the bush. This afternoon we will also join our colleagues to do some volleyball to make sure we get some exercise done.

We hope hear from you soon,

Marc & Marie-Claude

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