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Eau – Water

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L’eau ne manque pas ici, surtout en pleine saison des pluies où elle arrive en trombes, y compris dans la maison quand le vent la pousse entre les plaques du toit, en-dessous de la porte de notre chambre ou encore à travers les moustiquaires des fenêtres malencontreusement laissées ouvertes. Imaginez ce que cela doit être dans les maisons traditionnelles construites en pisé et en paille avec un sol en terre battue où les fortes pluies s’infiltrent de tous les côtés tandis qu’une dizaine de personnes vivent et dorment dans un espace qui fait moins de 15m². Les orages sont souvent accompagnés de fortes rafales de vent qui, régulièrement, emportent des toitures et autres objets qui ne sont pas bien arrimés. Ainsi un lit en bambou qui se trouvait sur notre terrasse s’est retrouvé accroché à la gouttière quelques mètres plus bas, le réservoir d’eau de notre “cercle” (qui fait quand même 1m³) s’est retrouvé sur le toit du bâtiment voisin et ne parlons pas des seaux et autres bassines oubliés à l’extérieur.

De plus, il y a les milliers de mètres cubes d’eau qui passent tous les jours dans le Kasaï dans la vallée devant la maison (y compris pendant la saison sèche) ainsi que dans les nombreux affluents qui traversent la plantation. Certes c’est une eau un peu plus… boueuse mais qui est disponible à tout moment et c’est cette eau là que nous utilisons pour notre huilerie.

Concernant ce dernier point, ouvrons une petite parenthèse : pour traiter nos régimes de palme nous avons besoin de vapeur et pour cela il nous faut de l’eau, propre de préférence, que nous prenons dans le Kasaï à défaut d’eau fournie par la “REGIDESO” (eh oui, c’est e vrai nom du service des eaux congolais, mais qui est absente à Mapangu) ou un forage (que nous n’avons pas). Evidemment cela nécessite toute une installation de traitement pour éliminer les impuretés, corriger l’acidité, etc. avec toutes sortes de produits floculants, clarifiants, etc. Bref, le pompage de l’eau lui-même représente peu de choses comparé à toute l’installation de traitement d’eau qu’il y a derrière avec sa multitude de pompes doseuses, mélangeurs, filtres et autres dispositifs dont je ne comprends pas toujours bien le fonctionnement. L’état n’est pas indifférent à notre installation, non pas pour nous aider éventuellement à étendre son utilisation vers la population voisine mais pour nous taxer. Le responsable du département des ressources hydriques vient donc régulièrement nous brandir un texte de loi disant que tous les “producteurs d’eau minérale, thermale et naturelle” doivent payer une redevance équivalente à 40% du coût de l’eau fourni par la REGIDESO dans notre localité. Dans notre cas, comme il n’y a pas de service d’eau municipal, le tarif a été fixé au modeste taux de 2,5 USD/m³ partant du principe que l’eau du Kasaï est naturelle et comme nous la pompons nous sommes assimilés à un producteur d’eau naturelle (c’est évident non?).

Je vous laisse faire le calcul, mais c’est cher payé pour de l’eau que nous devons pomper, traiter et ensuite rejeter dans la rivière. Vous devez certainement vous poser la question, “pourquoi ne pas utiliser un forage ?” La réponse est simplement que, outre le fait que la réalisation d’un forage ici est très couteux, nous serions encore toujours considéré comme un producteur d’eau “naturelle” et donc rien ne changerait…

Pour leur approvisionnement en eau, sauf quand il pleut et qu’il est possible de récolter de l’eau qui ruisselle des toitures (de préférence en tôles), les villageois vont puiser leur eau dans les rivières ou quelques rares “sources” qui sont généralement plus des points d’eau creusés dans le sable en bordure de rivière et qui permet de puiser une eau un peu plus claire car filtrée par le sable. Comme beaucoup ne se donnent pas la peine de faire bouillir ou de filtrer cette eau, il y a énormément de maladies intestinales et autres désagréments véhiculés par l’eau, d’autant plus que les villageois s’y retrouvent par centaines et pataugent tous dans l’eau même qu’ils sont en train de puiser.

Nous avons fait la tentative de réaliser des forages pour avoir une source d’eau “potable”, mais jusqu’à présent c’est un cuisant échec. Les deux premiers forages réalisés à grands frais par une entreprise spécialisée et qui sont descendus à plus de 200m de profondeurs sont secs. Nous avons fait une deuxième tentative avec une petite entreprise locale qui a réalisé un forage dans un des campements de Mapangu qui a de l’eau mais pour lequel la pompe est temporairement en panne et quatre autre forages qui sont tous secs… L’étape suivante serait de faire appel à une entreprise chinoise (les chinois sont omniprésents au Congo et en Afrique en général) qui est actuellement en train de réaliser des forages à Ilebo et qui aurait tout le matériel nécessaire pour atteindre l’eau à de grandes profondeurs… Affaire à suivre.

Notre eau de consommation à la maison vient d’une (soit-disant) source en contre-bas de la Cathédrale, eau que nous faisons bouiller, filtrer et encore une fois filtrer avant de l’utiliser pour tout ce qui concerne la consommation, y compris le brossage des dents. Pour ce qui est de la douche, il est vivement conseillé de garder la bouche bien fermée, donc les “chanteurs de salle de bain”, vous êtes avertis!

Lorsque nous rentrons en vacances, le fait de pouvoir boire l’eau du robinet sans risques (sauf peut-être le goût un peu chloriné) paraît presque miraculeux. Pour ne pas perdre nos bonnes habitudes nous filtrons également notre eau en Europe et ainsi éviton le risque d’oublier ces précautions essentielles quand nous rentrons à Mapangu.

Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,

Marc & Marie-Claude

There is no shortage of water here, especially in the rainy season when it comes in downpours, including in the house when the wind pushes it between the roof plates, under the door of our room or through the mosquito nets of the windows that are unfortunately left open. Imagine what it must be like in traditional houses built of adobe and straw with earth floors, where heavy rains infiltrate from all sides while about ten people live and sleep in an area of less than 15m². Thunderstorms are often accompanied by strong gusts of wind that regularly rip off roofs and lifts other objects that are not properly secured. For exmaple, a bamboo bed that was on our terrace found itself flung away and ended up hanging from the gutter a few meters below, or the water tank at our “club” (which holds about 1m³ water) found itself on the roof of the neighbouring building, not talking about the buckets and other basins left outside.

In addition, there are the thousands of cubic metres of water that pass through the Kasai valley in front of the house every day (including during the dry season) as well as the many tributaries that cross the plantation. For sure this water is a little more…. muddy, but it is available at all times and is the source of water we use for our oil mill.

With regard to the latter point, let us disgress for a moment : to treat our fruit bunches we need steam and for this we need water, preferably clean water, which we take from Kasai because there is no water supplied by “REGIDESO” (which is not available in Mapangu) or a borehole (which we do not have). Obviously this requires a whole treatment installation to remove impurities, correct acidity, etc. with all kinds of flocculants, clarifiers, etc. In short, the pumping of water itself represents little compared to the whole water treatment plant behind it, with its multitude of dosing pumps, mixers, filters and other devices whose operation I do not always understand well. The state is not indifferent to our installation, not to help us eventually extend its use to the neighbouring population but to tax us. The head of the water resources department therefore regularly comes to us with a legal text saying that all “producers of mineral, thermal and natural water” must pay a fee equivalent to 40% of the cost of water provided by REGIDESO in our locality. In our case, as there is no municipal water service, the tariff was set at the modest rate of 2.5 USD/m³ on the assumption that Kasai water is natural and as we pump it we have assimilated it to a natural water producer (obvious isn’t it?).

I’ll let you do the maths, but you can believe me when I say that our water bill is expensive, especially given that we have to pump, treat it and then discharge the water back into the river. You certainly have to ask yourself, “why not use a borehole?” The answer is simply that, apart from the fact that drilling here is very expensive, we would still still be considered a “natural” water producer and therefore nothing would change…

For their water supply, except when it rains and it is possible to collect water that runs off roofs (preferably sheet metal), the villagers will draw their water from rivers or a few “springs” which are generally more like water points dug in the sand along the river and which allows the water to be somewhat clearer because filtered by the sand. As many do not bother to boil or filter this water, there are many intestinal diseases and other health discomforts transmitted by the water, especially since the villagers find themselves wading through the very water they are drawing.

We have tried to drill boreholes to have a “drinking” water source, but so far it has been a major failure. The first two holes drilled at great expense by a specialized company and which have gone to more than 200m depth are… dry. We made a second attempt with a small local company, which drilled a first well in one of the Mapangu camps that has water but for which the pump is temporarily out of order, and subsequently four other wells that are all dry…. The next step would be to use a Chinese company (the Chinese are omnipresent in Congo and Africa in general) which is currently drilling in Ilebo and which would have all the necessary equipment to reach the water at great depths… To be continued.

Our home drinking water comes from a (so-called) spring below the Cathedral that we boil, filter and once again filter before using it for everything related to consumption, including tooth brushing. As for the shower, it is strongly recommended to keep your mouth closed, so the “bathroom singers”, you are warned!

When we come home for holidays it feels miraculous to be able to open the tap and drink straight from it. It may taste of chlorine but in theory there is no known health related risk. Probably out of habit, we are also using a water filter in Europe, which helps us remember no to drink untreated water when we come back to Mapangu.

We look forward to hearing from you soon,

Marc & Marie-Claude

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Maladies – Diseases

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Les régions tropicales sont connues pour les maladies diverses, inconnues dans les régions tempérées, qui peuvent affecter hommes, animaux et même les plantes.

La plus connue et aussi la plus dévastatrice est sans nul doute la malaria qui fait plus d’un demi million de victimes par an, dont une grande partie sont des enfants. Personne n’est épargné par les assauts du plasmodium , ni expatriés ni même congolais.  Tous les expatriés de Brabanta ont eu une ou plusieurs crises de malaria depuis que nous sommes arrivés dans la plantation il y a bientôt trois ans, tous sauf Marie-Claude et moi. La seule différence est que Marie-Claude et moi prenons religieusement notre infusion d’Artémisia annua pendant une semaine tous les mois, tandis que les autres prétendent ne pas en avoir besoin et pouvoir se soigner facilement avec des comprimés lorsqu’une crise se manifeste.

Même si son utilisation est “empirique”, nous essayons d’encourager les personnes de notre entourage à faire pousser et àutiliser la plante, mais les croyances de sorcellerie et autres gris-gris sont tellement ancrées dans la culture locale que la cause de la maladie est plus aisément associée à un mauvais sort qui leur aurait été jeté plutôt que le fait qu’ils n’ont pas ou mal utilisé l’Artémisia.

A Mapangu nous avons depuis plusieurs mois maintenant une épidémie de choléra qui affecte les habitants. Nous organisons des campagnes de sensibilisation pour expliquer qu’il est indispensable de bouillir l’eau de boissons et de veiller à une bonne hygiène, surtout des mains. A Mapangu cela semble porter ses fruits car le nombre de cas est en régression et nous n’avons plus eu de fatalités depuis plusieurs mois. Il n’en va pas de même pour la population de Dima, en aval de Mapangu le long du Kasaï, où le manque d’infrastructure médicale et surtout l’absence de sensibilisation fait que l’on nous rapporte de nombreux cas de décès chaque mois.

Le Congo est également affecté par des nouvelles épidémies d’Ebola, qui ont d’abord affecté les populations riveraines du fleuve Congo aux environs de Mbandaka et ensuite dans l’est près de Beni. La maladie est originaire du Congo où elle aurait été contracté par des populations consommant des animaux sauvages capturés en forêt et probablement mal cuits, le pays a donc une certaine expérience dans la gestion de ce genre d’épidémies, même si d’un point de vue matériel ils sont fortement tributaires d’aide extérieure. Les communications à l’intérieur du pays étant extrêmement difficiles à l’heure actuelle, il est peu probable que cette maladie puisse rapidement s’étendre jusqu’à chez nous, mais à tout hasard nous sommes équipés avec un pavillon d’isolation et l’équipement nécessaire. Tous nos points des rassemblements sont équipés de points de lavage des mains et des campagnes d’information sont régulièrement organisées parmi nos travailleurs.

Concernant ce dernier point, lors d’un appel matinal le chef de section a rappelé quelques mesures préventives aux travailleurs et avait pour cela assisté la veille à une petite séance de formation pour rafraîchir les connaissances de tous les responsables. Lors de cette séance de formation, il a été noté que les chauves-souris étaient l’un des vecteurs connus de la maladie et qu’il était donc recommandé de vérifier si les fruits récoltés n’avaient pas été mordus par les chauves-souris, même si les fruits étaient cueillis dans les arbres, comme par exemple les mangues. A l’appel matinal le chef de section a expliqué à ses travailleurs qu’il était dangereux de manger des mangues, même si on les cueillait dans les arbres, car celles-ci étaient à l’origine de la maladie Ebola…

A l’époque coloniale un des grands fléaux du Congo était la maladie du sommeil véhiculée par la mouche tsé-tsé. Des importantes campagnes d’éradication ont été menées tant à l’époque coloniale que par les autorités sanitaires du pays indépendant par la suite, au point que cette maladie semble quasi inconnue aujourd’hui et ne figure plus dans les statistiques médicales de notre hôpital.

Au niveau des plantes, surprenamment nos légumes aux potager sont relativement peu affectés par des maladies, ce qui est une bonne chose car nous n’utilisons strictement aucun moyen de lutte à l’exception de rotations, d’application de copieuses quantités de compost et d’une élimination manuelle des insectes trop intéressés par nos légumes.

Dans la plantation, par contre, nous avons une maladie non-identifiée qui s’attaque à nos palmiers et pour laquelle nous avons déjà eu droit à la visite d’un nombre impressionnant d’éminences de la phytopathologie qui sont tous, jusqu’à présent rentrés bredouilles. Après des recherches effectuées ici et en Europe, il semblerait que cette maladie encore inconnue (que nous appellerons “Maladie de Brabanta” car elle ne se retrouve pas dans les autres plantations du pays) aurait déjà été observée ici à l’époque où la plantation était aux mains des frères Lever, soit dans les années 1930. Toutes sortes d’études, d’essais et de théories ont été formulées à l’époque, mais sans jamais (semble-t-il) arriver à une conclusion et nous trouvons donc en quelque sorte à reprendre cette recherche après une pause de plus d’un demi siècle.

Pour le moment nous avons à nouveau un expert en visite sur la plantation qui va reprendre toutes les observations, résultats d’essais et littérature sur le sujet pour essayer d’en tirer un fil conducteur. Il est arrivé sur la plantation avec un arsenal de machines qui devrait nous permettre d’extraire des échantillons d’ADN dans les différents tissus des palmiers malades afin d’envoyer ceux-ci dans un laboratoire spécialisé de Grande-Bretagne où des analyses génomiques séquentielles seront réalisées, bref Brabanta est en quelque sorte en train de devenir un laboratoire de recherche du palmier, pas seulement dans le domaine phytosanitaire d’ailleurs, mais ça c’est pour un autre récit.

Nous vous écrivons ces lignes après avoir passé un agréable moment avec tous les autres expatriés qui sont venu fêter, en avance, mon anniversaire. Pour l’occasion Marie-Claude a préparé une tarte tatin aux pommes et poires qu’elle avait secrètement ramené dans ses bagages lors de notre retour de Kinshasa. Même si ce dessert ne pouvait être qu’exceptionnel dans notre coin de brousse, je crois qu’il aurait fait saliver plus d’un même dans un endroit ou les pommes et les poires peuvent se trouver dans la boutique du coin.

En espérant très bientôt avoir de vos nouvelles, nous vous envoyons nos salutations depuis la Toscane congolaise,

Marie-Claude et Marc

Tropical regions are known for various diseases, unknown in temperate regions, that can affect humans, animals and even plants.

The most famous and also the most devastating is undoubtedly malaria, which kills more than half a million people a year, many of whom are children. No one is spared the assaults of the plasmodium, neither expatriates nor even Congolese. All the expatriates in Brabanta have had one or more malaria attack since we arrived in the plantation almost three years ago, all but Marie-Claude and I. The only difference is that Marie-Claude and I take our Artemisia infusion religiously for a week every month, while the others claim not to need it and to be able to treat themselves easily with tablets when a bout of malaria affects them.

Even if its use is “empirical”, we try to encourage people around us to grow and use the plant, but beliefs of witchcraft and other spells are so deeply rooted in the local culture that the cause of the disease is more easily associated with a curse that has been cast on them than with the fact that they have not or not properly used Artemisia to prevent the disease.

In Mapangu we have had a cholera epidemic affecting the local population for several months now. We organize awareness campaigns to explain that it is essential to boil drinking water and to ensure a good hygiene, especially of the hands. In Mapangu this seems to be bearing fruit because the number of cases is decreasing and we have not had any fatality for several months. The same is not true for the population of Dima, downstream from Mapangu along the Kasai River, where the lack of medical infrastructure and especially the lack of awareness results in several fatal cases every month.

Congo is also affected by a new Ebola epidemics, which first affected populations along the Congo River around Mbandaka and now in the east of the country near Beni. The disease originated in Congo where it is believed to have been contracted by populations consuming wild animals caught in forests and probably undercooked, so the country has some experience in managing such epidemics, although materially they are heavily dependent on external assistance. Communications within the country are extremely difficult at the moment, so it is unlikely that this disease will spread quickly to our area, but we are nevertheless equipped with an isolation structure and the necessary equipment. All our muster points are equipped with water and soap for handwashing and information campaigns are regularly organised among our workers.

Concerning this last point, during an early morning call, the head of section reminded the workers of some of the most important preventive measures and had attended a short training session the day before where all section managers were given a refresher course on the subject of Ebola. During this training session, it was noted that bats were one of the known vectors of the disease and that it was therefore recommended to check whether the harvested fruit had not been bitten by bats, even if the fruit, such as mango, was plucked directly from the trees. At the muster call, the head of the section explained to his workers that it was dangerous to eat mangoes, even if they were picked from trees, because they were the cause of the Ebola disease…

In colonial times, one of the great scourges of Congo was the sleeping sickness carried by the tsetse fly. Major eradication campaigns were carried out both during the colonial era and by the health authorities of the independent country thereafter, to the point that this disease seems almost unknown today and no longer appears in the medical statistics of our hospital.

At the plant level, surprisingly our vegetables in the garden are relatively unaffected by diseases, which is a good thing because we do not use any means of control except rotation, application of copious quantities of compost and manual elimination of insects too interested in our vegetables.

In the plantation, on the other hand, we have an unidentified disease that attacks our palm trees and for which we have already had the the visit of an impressive number of prominent phytopathologists, all of whom have so far returned without conclusions. After research here and in Europe, it seems that this still unknown disease (which we will call “Brabanta disease” because it is not found in other plantations in the country) was already observed here when the plantation was in the hands of the Lever brothers, in the 1930s. All kinds of studies, essays and theories were formulated at the time, but without ever (apparently) reaching a conclusion and so we find ourselves in a way to resume this research after a break of more than half a century.

At the moment we have another expert visiting the plantation, who will take up all the observations, test results and literature on the subject to try to draw a common thread from it. He arrived on the plantation with an arsenal of machines that should allow us to extract DNA samples from the different tissues of diseased palm trees in order to send them to a specialized laboratory in Great Britain where sequential genomic analyses will be carried out. In short Brabanta is somehow becoming a palm research laboratory, in fact not only in the field of plant health, but that is for another story.

We are writing these lines after having spent a pleasant time with all the other expatriates who came to celebrate my birthday in advance. For the occasion, Marie-Claude prepared an apple and pear tarte tatin, for which she had secretly brought apples and pears in her luggage when we returned from Kinshasa. Even if this dessert could only be exceptional in our bush corner, I think it would have made more than one of us salivate even in a place where apples and pears can be found in the local shop.

We look forward to hearing from you soon and send our greetings from Congolese Tuscany,

Marie-Claude and Marc

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Aventures de Voyage – Travel Adventures

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Here we are back at home after a month of holidays spent mostly with our children and grand-daughter, it was fabulous. We were very fortunate because we had mostly nice sunny weather and were able to enjoy garden and walks almost every day. Our return to Kinshasa, where we spent a few days before returning home, was uneventful and quiet.

Our trip from Kinshasa to Mapangu via Ilebo was somewhat more animated or not as smooth as it could have been. It started off with news that the plane we were supposed to take had been requisitioned by the presidency to transport designated successor to some place in Bandundu. The plane was supposed to make a quick return flight and should have been back for a slightly later departure to Ilebo, however that was not taking into account the fact that this VIP would not necessarily  be ready to depart at the scheduled time and in fact was still being expected a good two hours later. Eventually we took another aircraft a few hours later as the airline operator decided this was a safer bet than waiting for the initial plane to return sufficiently early to enable it to make a return trip to Ilebo before sunset.

In Ilebo, where we arrived several hours later than expected, there was a huge crowd and music band (not for us but for some official that was flying with us in the plane). From there we continued our journey with our dugout canoe to our destination, however that was without counting on another surprise, the outboard engine stalled in the middle of the river… a little moment of solitude in the middle of the Kasai, which spans well over 1km from shore to shore and with a lot of current. Fortunately, we were close to an island which we were able to reach with the one paddle we had on board. On the island we unloaded some of the luggage and dismounted the defective engine on the sandbank. Fortunately our colleagues had requested that a spare engine be loaded in the canoe including the necessary tools to fasten it in position, a true miracle. However what they did not check is whether the spare engine was in good working order… We managed to get it started after reloading the other engine and luggage but without being able to get it more than idling and accompanied by a sound similar to the sound of a truck backing up, on the whole not really inspiring confidence… However even with an idling outboard it goes faster than with one paddle and we still managed to make it sound and safe to our port in Mapangu just before sunset.

Back at home there were good surprises: the garden has not deteriorated too much in our absence and Makala and Griezel are in good shape and obviously gave us a warm welcome. On the other hand, the floor of our bedroom was flooded as a result of heavy rains the previous day, but fortunately the bed was dry and we had a good first night, wow! We will definitely have the roof checked.

Some of our recent travel experiences remind me of a trip I made with a government official in the late eighties, quite different but given that we are talking about travel experiences we thought it was a good opportunity to share it on this occasion.

It was titled “Travelling with the Governor”:

The aircraft came to a stop on the tarmac and a band assembled as the stairs were rolled towards the aircraft. As the aircraft door opened, the band started to play a welcoming tune for the guest of honour, the Governor on an official visit in Mbandaka.

The Governor, who was seated across the aisle from me started rising and I then realised, as he was walking towards the door of the aircraft, that he had wetted his pants. I thought that this was after all a fair reward for what we had endured for the past half hour, while at the same time being sorry as I would not like the ridicule of standing with my wet pants on top of the stairs leading to a welcoming committee of hundreds of people.

I was happy to remain in my seat, as I had another two legs to fly before my final destination on a “routine” flight from Kinshasa to Gbadolite.

But let us step back in time to put events in context. We, my wife, Marie-Claude, and two children, Renaud and Emilie, had been living in Zaïre for a few years now, the last of which we had been based in Bili, not far from Gbadolite in the province of Equator, in the extreme north-west of the country. I had been posted here to run a leaf tobacco production operation for the local subsidiary of a Belgian company.

When I say that Bili is not far from Gbadolite, all is relative, it takes about 6-7 hours driving on dirt tracks and shabby bridges when it does not rain and much longer if the road happens to be wet, slippery and particularly muddy. Bili is a village of a few thousand people living mostly in locally build thatched huts with just a police station, a small hospital, a bar and a school. There is no shop or market, the only doctor of the hospital also runs the bar and if it had not been for some Italian nuns there probably would not be a true school.

Of course there is also the company I work for, employing somewhere in the region of 350 people in such roles as agronomy, extension work, drivers, mechanics, administration, house keepers, gardeners, etc. I am the only expatriate working here, so our two blond little kids and us were quite a sight and an attraction in this remote part of Africa. Our only communication with the outside world, except for driving to Gbadolite, which I will describe later on, was a wireless radio reaching some 200km. Not enough to have a direct line to the head office some 2,000km away in Kinshasa, but at least a possibility to call for help if need be and if someone is listening.

Bili is surrounded by tropical forest and people here can be described as gatherers and hunters.

Agriculture is limited to the extreme, with some cassava, bananas and maize being grown, but on a strict subsistence basis, with no surplus ever available for sale. People forage in the forest for berries, caterpillars, roots and other edible stuff as and when they need it. The only vegetable that we were able to find locally are cassava leaves, which is slightly reminiscent of spinach albeit with a bitter taste and not unpleasant if it is not the only vegetable you eat for three months in a row.

There are also some hunters with rifles made out of scavenged metal pipes and self-built firing mechanisms. Those that are not killed or maimed by their device exploding at the wrong end occasionally return with an antelope, a wild boar or some other game that will generally find its way to the expatriates such as us.

We immediately started to prepare our own vegetable garden with seeds that we wisely had brought with us from Europe, however even in tropical climates it takes a while to establish a garden and have the first crops to harvest.

The only link to the outside world is either taking a boat down the Ubangi and Congo rivers, an adventure that takes several weeks, or alternatively flying (either a small aircraft from our own airstrip or a larger one from the airport in Gbadolite). We have our own airstrip, for emergency use or the occasional visit of an important guest, which is suitable for small propeller aircrafts only and which has to be checked prior to landing for termite hills, whose development can be very quick and can topple an aircraft because of their concrete-like structure.

The other alternative, more frequently used, was to travel by road to Gbadolite, where President Mobutu had built an airport able to receive most aircrafts, including the Concorde. Flights were taking place almost daily between Gbadolite and Kinshasa at the time (now Gbadolite is all but abandoned), with stops in Mbandaka and Gemena. If not because of the number of passengers, although many government related people would travel to Gbadolite on state affairs, to supply the President with whatever he would fancy from the capital would be a sufficient reason to fly the Boeing 737 across the country. In order to attend meetings at the company’s headquarters in Kinshasa I would regularly take this flight, operated by Air Zaïre, with many adventures that I may describe on another occasion.

On one of my return flights from Kinshasa, I happened to be seated across the aisle from the governor of Mbandaka, returning himself undoubtedly from some important meetings in the capital.

Mbandaka is the first stop on route to Gbadolite, about an hour flying from Ndjili airport in Kinshasa.

This governor, whose name I cannot remember, had clearly taken example from his President and expected all except the President to bow to all his wishes. Maybe as an expatriate he indulged to an exception, probably also not knowing the purpose of my trip to Gbadolite, home town of the President. So he very proudly explained that he had requested all the important people of Mbandaka to be at the airport to welcome him on his arrival with music and dancers, as is due for an important personality.

Half way through the flight, one of the crew members came to inform the governor that landing in Mbandaka would have to be rescheduled for the return leg of the flight, because of an important thunderstorm just above the Mbandaka area. The governor became furious, how dare the pilot consider such thing as changing the flight plan without consulting him and that he was on the flight on state affairs that took full priority on any other matter, even a storm. After a lot of yelling, abuse and threats, the pilot decided that against his better judgement he would proceed with the approach of Mbandaka, after all except for the “Mundele” (me, the white guy) there was only the Governor and his aide on the aircraft and he would be the one uncomfortable (I did not count).

The approach of Mbandaka was horrendous. I do not travel well, in the sense that I am very sensitive to travel sickness, but somehow the swinging and shaking was so bad that I managed to get through it all without being sick. Items were thrown through the cabin, the crew were looking very unhappy strapped in their seats and at times it was difficult to tell if the aircraft was still flying the right way up.

The Governor however did not endure the experience well, he looked ashen and clearly was scared in the extreme. The champagne he had ordered he had tossed aside and I would not be surprised if the force of his grip destroyed the seat rests. I was not feeling happy myself, but it was not so much because of the concerns for the aircraft, which I had been told were designed to withstand extreme forces, but rather because I tried to resist to the mounting sickness.

Once we were close to landing, the weather conditions seemed to ease very suddenly and we ended up having a rather smooth landing. As announced by the Governor, there was a huge crowd, music and dancers waiting to welcome his return in Mbandaka. After a very short taxi, the aircraft stopped in front of the waiting crowd, stairs rolled in place and the door opened. The Governor clearly could not wait to get out of the aircraft and that is when I noticed that the trousers of his very smart abacost (the official dress imposed by Mobutu) was very wet also at the back, which made me conclude that the only possible source of this moisture were body fluids. So it is true that when one is very scared, some functions get out of control. Personally I would have preferred not to have to stand in front of a waiting crowd at the top of the stairs, but I presume he may not have realised his condition and in any event I thought it was a well-deserved consequence of his pretentious attitude.

We departed soon after for our final destination and the remaining two legs of the flight were extremely pleasant, almost as if nothing had happened. I had almost forgotten the adventure by the time we landed in Gbadolite where my wife and children were waiting.

We look forward hearing from you,

Marc & Marie-Claude

Sur le Kasaï – On the Kasai

Exercise

Nous voici de retour à la maison après un mois de vacances passées principalement avec nos enfants et notre petite-fille, c’était fabuleux. Nous avons pu profiter du jardin, passer du bon temps ensemble, discuter, cuisiner en famille faire des projets, nous relaxer et faire des promenades presque tous les jours. Notre retour à Kinshasa, où nous avons passé quelques jours avant de rentrer chez “à la base”, c’est déroulé sans incident et dans le calme.

Notre voyage de Kinshasa à Mapangu en passant par l’Ilebo était un peu plus animé ou disons pas aussi fluide qu’il aurait pu l’être. Tout a commencé par la nouvelle que l’avion que nous étions censés prendre avait été réquisitionné par la présidence pour transporter son dauphin quelque part au Bandundu. L’avion devait effectuer un aller-retour rapide et aurait dû être disponible pour un départ un peu plus tardif vers Ilebo ( ceci sans tenir compte du fait que ce VIP ne serait pas nécessairement prêt à décoller à l’heure prévue et qu’en fait il était toujours attendu plus de deux heures plus tard). Finalement, nous avons pris un autre avion quelques heures plus tard que prévu, car l’opérateur aérien a décidé que c’était un pari plus sûr que d’attendre que l’avion initial revienne suffisamment tôt pour lui permettre d’effectuer un voyage de retour à Ilebo avant le coucher du soleil.

A Ilebo, où nous sommes arrivés nettement plus tard que prévu, il y avait une foule énorme et une fanfare (pas pour nous mais pour un officiel qui voyageait aussi dans l’avion). De là, nous avons poursuivi notre voyage avec notre pirogue jusqu’à notre destination, mais sans compter sur une autre surprise: le moteur hors-bord a calé au milieu de la rivière…. un petit moment de solitude au milieu du Kasaï, qui s’étend bien au-delà de 1km de rivage à rivage et avec beaucoup de courant. Heureusement, nous étions près d’une île que nous avons pu atteindre avec la seule pagaie que nous avions à bord. Sur l’île, nous avons déchargé une partie des bagages et démonté le moteur défectueux sur le banc de sable. Heureusement, nos collègues avaient demandé qu’un moteur de rechange soit chargé dans la pirogue, y compris les outils nécessaires pour le fixer en place, un vrai miracle. Cependant, ce qu’ils n’ont pas vérifié, c’est si le moteur de secours était en bon état de fonctionnement…. Nous avons réussi à le faire démarrer et après avoir rechargé l’autre moteur et les bagages à bord sommes repartis à “petits bouillons” car nous ne pouvions le faire fonctionner que au ralenti et accompagné d’un son similaire à celui d’un camion en marche arrière, ce qui ne nous inspirait pas vraiment confiance…. Mais, même un moteur hors-bord au ralenti,  va plus vite qu’une pagaie et nous avons tout de même réussi à atteindre notre port de Mapangu sains et saufs juste avant le coucher du soleil.

De retour chez nous, il y a eu des bonnes surprises : le jardin ne s’est pas trop détérioré en notre absence et Makala et Griezel sont en bonne forme et nous ont évidemment bien accueillis. Par contre, le sol de notre chambre était inondé suite à de fortes pluies , heureusement le lit était au sec et nous avons passé une bonne première nuit, wow ! Nous allons certainement faire vérifier le toit.

Certaines de nos expériences de voyage récentes m’en rappellent un autre  fait avec un représentant du gouvernement à la fin des années 80, bien différent, mais étant donné que nous parlons d’expériences de voyage, nous avons pensé que c’était une bonne occasion de les partager à cette occasion.

Appelons cela: “Voyager avec le gouverneur” :

L’avion s’est immobilisé sur le tarmac et une fanfare s’est assemblée pendant que l’escalier roulait vers l’avion. Alors que la porte de l’avion s’ouvrait, le groupe a commencé à jouer un air de bienvenue pour l’invité d’honneur, le gouverneur en visite officielle à Mbandaka.

Le Gouverneur, qui était assis juste à côté de moi de l’autre côté du couloir, s’est levé et je me suis aperçu, alors qu’il marchait vers la porte de l’avion, qu’il avait mouillé son pantalon. J’ai pensé que c’était, après tout, une juste récompense pour ce que nous avions enduré grâce à lui pendant la dernière demi-heure de vol… Tout en étant désolé car je n’aimerais pas être ridiculisé en me présentant debout avec mon pantalon mouillé en haut d’un escalier d’où m’attend un comité d’accueil d’une centaine de personnes.

J’étais heureux de rester à ma place, car j’avais encore deux étapes à parcourir avant ma destination finale sur un vol “de routine” de Kinshasa à Gbadolite.

Mais revenons dans le temps pour replacer les événements dans leur contexte. Nous, mon épouse Marie-Claude et nos deux enfants, Renaud et Emilie, vivions au Zaïre depuis quelques années, dont la dernière était basée à Bili, non loin de Gbadolite dans la province de l’Equateur, à l’extrême nord-ouest du pays. J’y avais été affecté  afin de gérer la production de tabac pour la filiale locale d’une société belge.

Quand je dis que Bili n’est pas loin de Gbadolite, tout est relatif, cela prend environ 6-7 heures de route sur des pistes et des ponts délabrés quand il ne pleut pas et beaucoup plus si la route est humide, glissante et particulièrement boueuse. Bili est un village de quelques milliers d’habitants vivant pour la plupart dans des huttes en chaume construites localement, avec juste un poste de police, un petit hôpital, un bar et une école. Il n’y a ni magasin ni marché, le seul médecin de l’hôpital tient aussi le bar et sans quelques religieuses italiennes, il n’y aurait probablement pas eu de véritable école.

Bien sûr, il y a aussi l’entreprise pour laquelle je travaille, qui emploie environ 350 personnes dans des fonctions telles que l’agronomie, la vulgarisation, les chauffeurs, la mécanique, l’administration, les femmes de ménage, les jardiniers, etc. Nous sommes les seuls expatriés qui travaillent et vivent ici, alors nos deux petits enfants blonds et nous représentons une grande attraction dans cette partie reculée de l’Afrique. Notre seule communication avec le monde extérieur, à l’exception de la route vers Gbadolite, était une radio dont le rayon était de quelques 200 km. Pas assez pour avoir une communication directe vers le siège social à Kinshasa à environ 2 000 km, mais offrant au moins la possibilité d’appeler à l’aide en cas de besoin et si quelqu’un écoute.

Bili est entourée d’une forêt tropicale et les gens qui y vivent peuvent être décrits comme des cueilleurs et des chasseurs.

L’agriculture est limitée à l’extrême, avec un peu de manioc, de bananes et de maïs cultivés, mais sur une stricte base de subsistance, sans qu’aucun surplus ne soit jamais disponible pour la vente. Les gens cherchent dans la forêt des baies, des chenilles, des racines et d’autres produits comestibles au fur et à mesure qu’ils en ont besoin. Les seuls légumes que nous pouvions trouver localement étaient les feuilles de manioc, qui rappellent légèrement les épinards, mais avec un goût amer et pas désagréable si ce n’est pas le seul légume que l’on mange pendant trois mois de suite.

Il y a aussi des chasseurs avec des fusils faits de tuyaux de métal récupérés et des mécanismes de tir construits par les chasseurs eux-mêmes. Ceux qui ne sont pas tués ou mutilés par leur appareil explosant au mauvais bout reviennent parfois avec une antilope, un sanglier ou un autre gibier qui trouvera généralement son chemin, entre autres, vers des expatriés comme nous.

Nous avons immédiatement commencé à préparer notre propre potager avec des semences que nous avions sagement prévu d’emmener d’Europe, mais même dans les climats tropicaux, il faut du temps pour établir un jardin et avoir les premières récoltes.

Le seul lien avec le monde extérieur est soit de descendre en bateau les rivière et fleuve Ubangi et Congo, une aventure qui prend plusieurs semaines, soit de voler en avion (soit un petit avion de notre propre piste d’atterrissage ou un plus grand de l’aéroport à Gbadolite). Nous avons notre propre piste d’atterrissage, pour une utilisation d’urgence ou la visite occasionnelle d’un invité important, qui convient uniquement aux petits avions à hélices et doit être vérifiée avant l’atterrissage dans l’éventualité d’une malencontrueuse termitière, dont le développement peut être très rapide et qui peut endommager un avion en raison de leur structure comparable au béton.

L’autre alternative, plus fréquemment utilisée, consistait à se rendre par la route à Gbadolite, où le Président Mobutu avait construit un aéroport capable d’accueillir la plupart des avions, y compris le Concorde. Des vols avaient lieu presque quotidiennement entre Gbadolite et Kinshasa à l’époque (maintenant Gbadolite est pratiquement abandonné), avec des escales à Mbandaka et Gemena. Ce n’est pas à cause du nombre de passagers, bien que de nombreuses personnes liées au gouvernement se rendaient à Gbadolite pour des affaires d’État, mais bien parce que les vols devaient fournir au président tout ce dont il avait besoin en provenance de la capitale, une raison suffisante pour faire voler le Boeing 737 à travers tout le pays. Pour assister aux réunions au siège de la compagnie à Kinshasa, je prenais régulièrement ce vol, opéré par Air Zaïre, avec de nombreuses aventures que je pourrais décrire à une autre occasion.

Sur l’un de mes vols de retour de Kinshasa,donc, j’étais assis de l’autre côté du couloir du gouverneur de Mbandaka, revenant sans doute lui-même de quelques réunions importantes dans la capitale.

Mbandaka est le premier arrêt sur la route de Gbadolite, à environ une heure de vol de l’aéroport de Ndjili à Kinshasa.

Ce gouverneur, dont je ne me souviens plus du nom, avait clairement pris exemple sur son président et s’attendait à ce que tout le monde, sauf le président, se soumette à tous ses souhaits. Peut-être qu’en tant qu’expatrié, j’étais une exception et ne connaissant probablement pas non plus le but de mon voyage à Gbadolite, la ville natale du Président, il m’a jugé digne de conversation. Il a donc très fièrement expliqué qu’il avait demandé à toutes les personnes importantes de Mbandaka d’être à l’aéroport pour l’accueillir à son arrivée avec musique et danseurs, comme il se doit pour une personnalité importante.

Au milieu du vol, l’un des membres de l’équipage est venu informer le gouverneur que l’atterrissage à Mbandaka devrait être reporté pour le retour du vol, en raison d’un orage important juste au-dessus de la région de Mbandaka. Le gouverneur est devenu furieux, comment le pilote ose-t-il envisager de changer le plan de vol sans le consulter et qu’il était sur ce vol pour des affaires de l’État qui avaient priorité absolue sur toute autre question, même une tempête. Après beaucoup de cris, d’insultes et de menaces, le pilote a décidé qu’il allait poursuivre l’approche de Mbandaka, après tout, à l’exception du “mundele” (moi, le blanc), il n’y avait que le gouverneur et son assistant dans l’avion et c’était lui qui serait le plus inconfortable (je ne comptais pas).

L’approche de Mbandaka était horrible. Je ne voyage pas bien, en ce sens que je suis très sensible au mal des transports, mais d’une certaine façon, le balancement et les tremblements étaient si extrêmes que j’ai réussi à surmonter tout cela sans être malade. Des objets ont été projetés dans la cabine, l’équipage avait l’air très malheureux, tout sanglés qu’ils étaient, et il était parfois difficile de dire si l’avion volait toujours dans la bonne direction.

Le gouverneur n’a pas bien supporté l’expérience, il avait l’air cadavérique et avait clairement une trouille faramineuse. Le champagne commandé avait été jeté de côté et je ne serais pas surpris que la force de sa poigne ait détruit les accoudoirs du siège. Je ne me sentais pas heureux moi-même, mais ce n’était pas tant à cause des soucis pour l’avion, dont on m’avait dit qu’il était conçu pour résister à des forces extrêmes, que parce que j’essayais de résister à la nausée croissante.

Une fois proches de l’atterrissage, les conditions météorologiques ont semblé s’améliorer très soudainement et nous avons fini par avoir un retour au sol plutôt en douceur. Comme a annoncé par le gouverneur, une foule immense, de la musique et des danseurs attendaient son retour à Mbandaka pour l’accueillir. Après un très court taxi, l’avion s’est arrêté devant la foule en attente, les escaliers se sont mis en place et la porte s’est ouverte. Le Gouverneur avait clairement hâte de sortir de l’avion et c’est alors que j’ai remarqué que le pantalon de son très chic abacost (la tenue officielle imposée par Mobutu) était aussi très mouillé à l’arrière, ce qui m’a fait conclure que la seule source possible de cette humidité était des fluides corporels. Il est donc vrai que lorsque l’on a très peur, certaines fonctions deviennent incontrôlables. Personnellement, j’aurais préféré ne pas avoir à me tenir devant une foule en attente en haut de l’escalier, mais je suppose qu’il n’a peut-être pas réalisé son état et, de toute façon, je pensais que c’était une conséquence bien méritée de son attitude prétentieuse.

Nous sommes partis peu après pour notre destination finale et les deux dernières étapes du vol ont été extrêmement agréables, presque comme si rien ne s’était passé. J’avais presque oublié l’aventure au moment où nous avons atterri à Gbadolite où ma femme et mes enfants m’attendaient.

Nous nous réjouissons d’avoir de vos nouvelles,

Marc et Marie-Claude