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L’eau ne manque pas ici, surtout en pleine saison des pluies où elle arrive en trombes, y compris dans la maison quand le vent la pousse entre les plaques du toit, en-dessous de la porte de notre chambre ou encore à travers les moustiquaires des fenêtres malencontreusement laissées ouvertes. Imaginez ce que cela doit être dans les maisons traditionnelles construites en pisé et en paille avec un sol en terre battue où les fortes pluies s’infiltrent de tous les côtés tandis qu’une dizaine de personnes vivent et dorment dans un espace qui fait moins de 15m². Les orages sont souvent accompagnés de fortes rafales de vent qui, régulièrement, emportent des toitures et autres objets qui ne sont pas bien arrimés. Ainsi un lit en bambou qui se trouvait sur notre terrasse s’est retrouvé accroché à la gouttière quelques mètres plus bas, le réservoir d’eau de notre “cercle” (qui fait quand même 1m³) s’est retrouvé sur le toit du bâtiment voisin et ne parlons pas des seaux et autres bassines oubliés à l’extérieur.
De plus, il y a les milliers de mètres cubes d’eau qui passent tous les jours dans le Kasaï dans la vallée devant la maison (y compris pendant la saison sèche) ainsi que dans les nombreux affluents qui traversent la plantation. Certes c’est une eau un peu plus… boueuse mais qui est disponible à tout moment et c’est cette eau là que nous utilisons pour notre huilerie.
Concernant ce dernier point, ouvrons une petite parenthèse : pour traiter nos régimes de palme nous avons besoin de vapeur et pour cela il nous faut de l’eau, propre de préférence, que nous prenons dans le Kasaï à défaut d’eau fournie par la “REGIDESO” (eh oui, c’est e vrai nom du service des eaux congolais, mais qui est absente à Mapangu) ou un forage (que nous n’avons pas). Evidemment cela nécessite toute une installation de traitement pour éliminer les impuretés, corriger l’acidité, etc. avec toutes sortes de produits floculants, clarifiants, etc. Bref, le pompage de l’eau lui-même représente peu de choses comparé à toute l’installation de traitement d’eau qu’il y a derrière avec sa multitude de pompes doseuses, mélangeurs, filtres et autres dispositifs dont je ne comprends pas toujours bien le fonctionnement. L’état n’est pas indifférent à notre installation, non pas pour nous aider éventuellement à étendre son utilisation vers la population voisine mais pour nous taxer. Le responsable du département des ressources hydriques vient donc régulièrement nous brandir un texte de loi disant que tous les “producteurs d’eau minérale, thermale et naturelle” doivent payer une redevance équivalente à 40% du coût de l’eau fourni par la REGIDESO dans notre localité. Dans notre cas, comme il n’y a pas de service d’eau municipal, le tarif a été fixé au modeste taux de 2,5 USD/m³ partant du principe que l’eau du Kasaï est naturelle et comme nous la pompons nous sommes assimilés à un producteur d’eau naturelle (c’est évident non?).
Je vous laisse faire le calcul, mais c’est cher payé pour de l’eau que nous devons pomper, traiter et ensuite rejeter dans la rivière. Vous devez certainement vous poser la question, “pourquoi ne pas utiliser un forage ?” La réponse est simplement que, outre le fait que la réalisation d’un forage ici est très couteux, nous serions encore toujours considéré comme un producteur d’eau “naturelle” et donc rien ne changerait…
Pour leur approvisionnement en eau, sauf quand il pleut et qu’il est possible de récolter de l’eau qui ruisselle des toitures (de préférence en tôles), les villageois vont puiser leur eau dans les rivières ou quelques rares “sources” qui sont généralement plus des points d’eau creusés dans le sable en bordure de rivière et qui permet de puiser une eau un peu plus claire car filtrée par le sable. Comme beaucoup ne se donnent pas la peine de faire bouillir ou de filtrer cette eau, il y a énormément de maladies intestinales et autres désagréments véhiculés par l’eau, d’autant plus que les villageois s’y retrouvent par centaines et pataugent tous dans l’eau même qu’ils sont en train de puiser.
Nous avons fait la tentative de réaliser des forages pour avoir une source d’eau “potable”, mais jusqu’à présent c’est un cuisant échec. Les deux premiers forages réalisés à grands frais par une entreprise spécialisée et qui sont descendus à plus de 200m de profondeurs sont secs. Nous avons fait une deuxième tentative avec une petite entreprise locale qui a réalisé un forage dans un des campements de Mapangu qui a de l’eau mais pour lequel la pompe est temporairement en panne et quatre autre forages qui sont tous secs… L’étape suivante serait de faire appel à une entreprise chinoise (les chinois sont omniprésents au Congo et en Afrique en général) qui est actuellement en train de réaliser des forages à Ilebo et qui aurait tout le matériel nécessaire pour atteindre l’eau à de grandes profondeurs… Affaire à suivre.
Notre eau de consommation à la maison vient d’une (soit-disant) source en contre-bas de la Cathédrale, eau que nous faisons bouiller, filtrer et encore une fois filtrer avant de l’utiliser pour tout ce qui concerne la consommation, y compris le brossage des dents. Pour ce qui est de la douche, il est vivement conseillé de garder la bouche bien fermée, donc les “chanteurs de salle de bain”, vous êtes avertis!
Lorsque nous rentrons en vacances, le fait de pouvoir boire l’eau du robinet sans risques (sauf peut-être le goût un peu chloriné) paraît presque miraculeux. Pour ne pas perdre nos bonnes habitudes nous filtrons également notre eau en Europe et ainsi éviton le risque d’oublier ces précautions essentielles quand nous rentrons à Mapangu.
Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude
There is no shortage of water here, especially in the rainy season when it comes in downpours, including in the house when the wind pushes it between the roof plates, under the door of our room or through the mosquito nets of the windows that are unfortunately left open. Imagine what it must be like in traditional houses built of adobe and straw with earth floors, where heavy rains infiltrate from all sides while about ten people live and sleep in an area of less than 15m². Thunderstorms are often accompanied by strong gusts of wind that regularly rip off roofs and lifts other objects that are not properly secured. For exmaple, a bamboo bed that was on our terrace found itself flung away and ended up hanging from the gutter a few meters below, or the water tank at our “club” (which holds about 1m³ water) found itself on the roof of the neighbouring building, not talking about the buckets and other basins left outside.
In addition, there are the thousands of cubic metres of water that pass through the Kasai valley in front of the house every day (including during the dry season) as well as the many tributaries that cross the plantation. For sure this water is a little more…. muddy, but it is available at all times and is the source of water we use for our oil mill.
With regard to the latter point, let us disgress for a moment : to treat our fruit bunches we need steam and for this we need water, preferably clean water, which we take from Kasai because there is no water supplied by “REGIDESO” (which is not available in Mapangu) or a borehole (which we do not have). Obviously this requires a whole treatment installation to remove impurities, correct acidity, etc. with all kinds of flocculants, clarifiers, etc. In short, the pumping of water itself represents little compared to the whole water treatment plant behind it, with its multitude of dosing pumps, mixers, filters and other devices whose operation I do not always understand well. The state is not indifferent to our installation, not to help us eventually extend its use to the neighbouring population but to tax us. The head of the water resources department therefore regularly comes to us with a legal text saying that all “producers of mineral, thermal and natural water” must pay a fee equivalent to 40% of the cost of water provided by REGIDESO in our locality. In our case, as there is no municipal water service, the tariff was set at the modest rate of 2.5 USD/m³ on the assumption that Kasai water is natural and as we pump it we have assimilated it to a natural water producer (obvious isn’t it?).
I’ll let you do the maths, but you can believe me when I say that our water bill is expensive, especially given that we have to pump, treat it and then discharge the water back into the river. You certainly have to ask yourself, “why not use a borehole?” The answer is simply that, apart from the fact that drilling here is very expensive, we would still still be considered a “natural” water producer and therefore nothing would change…
For their water supply, except when it rains and it is possible to collect water that runs off roofs (preferably sheet metal), the villagers will draw their water from rivers or a few “springs” which are generally more like water points dug in the sand along the river and which allows the water to be somewhat clearer because filtered by the sand. As many do not bother to boil or filter this water, there are many intestinal diseases and other health discomforts transmitted by the water, especially since the villagers find themselves wading through the very water they are drawing.
We have tried to drill boreholes to have a “drinking” water source, but so far it has been a major failure. The first two holes drilled at great expense by a specialized company and which have gone to more than 200m depth are… dry. We made a second attempt with a small local company, which drilled a first well in one of the Mapangu camps that has water but for which the pump is temporarily out of order, and subsequently four other wells that are all dry…. The next step would be to use a Chinese company (the Chinese are omnipresent in Congo and Africa in general) which is currently drilling in Ilebo and which would have all the necessary equipment to reach the water at great depths… To be continued.
Our home drinking water comes from a (so-called) spring below the Cathedral that we boil, filter and once again filter before using it for everything related to consumption, including tooth brushing. As for the shower, it is strongly recommended to keep your mouth closed, so the “bathroom singers”, you are warned!
When we come home for holidays it feels miraculous to be able to open the tap and drink straight from it. It may taste of chlorine but in theory there is no known health related risk. Probably out of habit, we are also using a water filter in Europe, which helps us remember no to drink untreated water when we come back to Mapangu.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude