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Sécurité – Security

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Dans la plantation, quand il est question de sécurité c’est plutôt de gardiennage qu’il s’agit car nous ne sommes pas dans une région où il n’est pas vraiment question d’insécurité, sauf bien entendu comme l’année dernière, quand des milices armées s’approchaient un peu trop de Mapangu. Mais cela est maintenant de l’histoire ancienne.

Il est vrai qu’ici tout le monde est armé… de machettes, y compris des petits enfants qui sont à peine plus grand que le couteau qu’ils manient, et quand celles-ci sont bien aiguisées cela peut représenter des armes redoutables. Les armes à feu sont très rares et généralement réservées à la police et l’armée, même si nous croisons occasionnellement un chasseur avec son poupou dans ou aux alentours de la plantation.

Nos agents de sécurité, nous en avons près de 230 qui travaillent dans la plantation, sont chargés de surveiller, contrôler les allées et venues (surtout au niveau de l’huilerie et des bureaux, et de protéger les biens de la société contre le vol. A la tête de notre département de sécurité nous avons un agent qui est aussi OPJ et qui a donc la compétence d’arrêter des personnes prises en flagrant délit de vol dans la plantation. Mais après c’est la justice congolaise qui prend le relais et la c’est plus une question de savoir qui paye et combien pour connaître la “vérité”.

Depuis peu, nous avons décidé d’élargir notre équipe d’agents de sécurité avec un groupe de femmes. Celles-ci ont suivi une formation de quelques semaines et sont postées aux barrières, bureaux, magasins et autres endroits où les entrées et sorties doivent être consignées. Depuis quelques semaines j’ai l’impression d’être un peu comme Kadhafi car les deux agents de sécurité qui ont été affectés à mon bureau sont des femmes, qui ne payent as de mine mais filtrent très efficacement les visiteurs et enregistrent scrupuleusement mes allées et venues du bureau…

A chaque lieu de passage les allées et venues de toute personne ou véhicule est consignée dans un registre, ainsi que la charge éventuellement contenue dans le véhicule ou portée par la personne. Donc pas possible pour moi d’aller faire un tour au bureau, à l’huilerie ou au garage sans que mon nom et l’heure à laquelle je suis entré ou sorti ne soit inscrit.. De même quand quelqu’un sort du magasin, du garage ou du périmètre de l’huilerie, qui sont entièrement clôturés avec un seul accès gardé en permanence, avec quelque chose (morceau de bois, pièce de rechange, bidon d’huile, etc.) cette sortie doit être consignée et autorisée. Je ne vous dis pas le nombre de bons que nous devons signer pour, parfois, autoriser la sortie d’un objet qui vaut moins que le papier et l’encre utilisé pour l’inscrire.

A certains postes clefs, comme la caisse, l’huilerie ou le parc à véhicules, nos agents de sécurité sont secondés par des policiers qui sont eux équipés d’une arme à feu (généralement une vieux fusil automatique qui ne fonctionne peut-être même pas). Au moment de la paie nous faisons également venir une équipe de policiers d’Ilebo pour quelques jours, ils ne sont pas nécessairement beaucoup plus vaillants que les policiers de la place mais ont l’avantage de ne pas être issus du village local et donc théoriquement moins susceptibles de plaider la cause de leurs frères plutôt que de défendre les biens de la société.

Les vols ici concernent principalement le carburant (essence et gasoil) qui sont siphonnés dans les réservoirs de véhicules pour ensuite être revendus sur le marché local, et les fruits des palmiers qui sont eux utilisés pour fabriquer de l’huile artisanale qui elle aussi est vendue sur les marchés locaux. Pour le carburant nous essayons de nous protéger en le colorant et ainsi pouvoir le distinguer du carburant légitime qui circule dans les parages, mais malgré cela il y a un trafique énorme avec des centaines de litres de carburant coloré qui sont saisis tous les jours et que la justice libère “faute de preuves” car nous ne prenons pas nécessairement les voleurs sur le fait… à moins de payer quelque chose au procureur pour le “motiver”. Pour les fruits de palmier, la meilleure parade est d’évacuer la récolte dès qu’elle a été coupée, car une fois livrée à l’huilerie il est très difficile de ressortir ceux-ci du périmètre gardé. Malgré cela nos équipes de gardiens trouvent parfois des caches de plusieurs tonnes de régimes ou de fruits en attente de la nuit pour être amenés vers des “malaxeurs” (nom donné aux unités d’extraction d’huile artisanales).

A la maison nous avons aussi toute une équipe de gardiens, mais les plus efficaces sont sans aucun doute les chiens, Makala chez nous et Django (un Rhodesian Ridgeback assez impressionnant) chez un des agronomes qui habite près de chez nous. La nuit (et une bonne partie de la journée) les gardiens sont installés sur des paillasses de fortune ou fauteuils et dorment…

Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles.

Meilleures salutations,

Marc & Marie-Claude

Lever du jour – Early morning

Appel – Muster

Equipes de sécurité – Security team

In the plantation, when it comes to security, it is more a question of guarding because we are not in a region where there is any real insecurity, except of course as was the case last year, when armed militias were approaching Mapangu a little too close. But that is now history.

It is true that everyone here is armed… with machetes, including small children who are barely bigger than the knife they handle, and when they are properly sharpened these can be mighty weapons. Firearms are very rare here and generally reserved for the police and army, although we occasionally meet a hunter with his “poupou” (a gun made from a pièce of metal plumbing pipe) in or around the plantation.

Our security guards, we have nearly 230 of them working in the plantation, are responsible for monitoring and controlling the comings and goings (especially in the oil mill and offices), and protecting the company’s property against theft. At the head of our security department we have an agent who is also an sworn police officer and who therefore has the competence to arrest people caught stealing from the plantation. But from then on it is the Congolese justice system that takes over and then becomes a question of who pays and how much to know the “truth”.

Recently, we decided to expand our team of security guards with a group of women. They have been trained for a few weeks and are posted at gates, offices, stores and other places where entrances and exits must be recorded. For a few weeks now I feel like Gaddafi because the two security guards who have been assigned to my office are women, who do not appera very impressive but filter visitors very efficiently and scrupulously record my comings and goings from the office…

At each place of passage, the comings and goings of any person or vehicle is recorded in a register, as well as any load contained in the vehicle or carried by the person. So it is not possible for me to go to the office, the oil mill or the garage without my name and the time I entered or left being recorded… Similarly, when someone leaves the store, garage or perimeter of the oil mill, which are completely enclosed with only one permanently guarded access, with something (piece of wood, spare part, oil can, etc.) this exit must be recorded and authorized. I will spare you from the crazy number of BLs we have to sign to, sometimes, authorize the release of an object that is worth less than the paper and ink used to write it.

At certain key positions, such as the cash register, oil mill or vehicle fleet, our security guards are reinforced by police officers who are equipped with a firearm (usually an old automatic rifle that may not even work). At the time of payment we also bring a team of police officers from Ilebo for a few days, they are not necessarily much braver than the local police officers but have the advantage of not being from the local village and therefore theoretically less likely to plead their brothers’ case rather than defend the company’s property.

Thefts here mainly concern fuel (petrol and diesel) which is siphoned from vehicle tanks and then sold on the local market, and palm fruits which are used to make artisanal oil which is also sold on local markets. For fuel we try to protect ourselves by colouring it and thus be able to distinguish it from the legitimate fuel that circulates in the area, but despite that there is a huge traffic with hundreds of litres of coloured fuel being seized every day and subsequently released “for lack of evidence” by the judge because we do not necessarily catch thieves in the act… unless we pay something to the prosecutor to “motivate” him. For palm fruits, the best way to avoid this is to evacuate the crop as soon as it has been cut, because once it has been delivered to the oil mill it is very difficult to remove them from the guarded perimeter. Despite this, our teams of guards sometimes find caches of several tons of diets or fruits waiting overnight to be taken to local mills

At home we also have a whole team of guards, but the most efficient are undoubtedly the dogs, Makala in our house and Django (a rather impressive Rhodesian Ridgeback) in one of the agronomists who lives near us. At night (and a good part of the day) the guards are installed on makeshift benches or armchairs and sleep…

We look forward to hearing from you soon.

Best regards,

Marc & Marie-Claude

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Mondanités – Socialising

Nouvelles non publiées du 19 août – Forgotton posting of 19 August

English version below

A l’occasion de visites, surtout quand il s’agit de visiteurs qui viennent du siège du groupe à Fribourg, il est nécessaire d’organiser les choses de manière à ce que tout le monde puisse rencontrer et parler avec les visiteurs. Outres des discussions en tête à tête, c’est l’occasion de rassembler les troupes pour un repas, un verre ou une réunion un peu plus formelle et c’est ce qui se passe depuis vendredi soir,jusqu’à présent,chez nous, sachant qu’en parallèle nous sommes en pointe de production et que tout (doit) tourne(r) 24h sur 24h pour perdre le moins possible de la récolte.

Nos visiteurs du moment sont le directeur agronomique palmier et la responsable des ressources humaines, qui sont ici pour une semaine pour faire le point sur l’état actuel et futur de la plantation d’un point de vue technique, financier et humain. Dès leur arrivée nous avons organisé une petite réunion avec l’équipe agronomique pour confirmer le programme de la semaine. Hier (samedi) nous avons eu une première soirée avec l’équipe agro expat et locaux avec pleins de petits trucs “faits maison” et qui s’est terminée à une heure tout à fait indécente, mais heureusement ce matin nous pouvions faire la grâce matinée (nous sommes restés au lit jusqu’à au moins 7 heures).

Aujourd’hui déjeuner à la cathédrale avec tous les expatriés, poulet yassa, riz, salade maison, quatre quart amélioré, café, bla bla bla… suivi de jeux de pétanque et après-midi relax. Nous avons d’ailleurs découvert que que notre collègue malgache et ses enfants sont de loin les plus compétents au jeu de boules, même lorsque notre seul collègue français a essayé de montrer ses capacités dans ce sport de précision. Cela nous a principalement permis de passer une après-midi conviviale et de parler d’autres choses que travail et problèmes logistiques.

Les reste de la semaine (jusque jeudi) continuera d’être un mélange de séances de travail, visites au champs et usines et rencontres sociales nous laissant moins de temps que d’habitude pour se relaxer à la maison après le travail et ne me permettant probablement pas de faire beaucoup de vélo cette semaine.

C’est la première visite à Mapangu pour notre responsable des ressources humaines, à qui on a vanté les splendides paysages de la plantation mais qui, comme notre neveu qui était ici en stage à la même période l’année dernière, devra probablement se contenter de vues brumeuses ne laissant que deviner ce qui pourrait y avoir comme décor au-delà de quelques centaines de mètres (visibilité que nous avons actuellement pendant la plus grande partie de la journée). Donc, pas de vues spectaculaires de la vallée du Kasaï ou des terrasses derrière la maison et peu de soleil pendant la journée. Par contre, grâce à cela il fait plutôt frais et même,agréable, y compris en milieu de journée.

Du fait de toutes ces activités, dont la plupart se passent à la Cathédrale, nous n’avons pas trop de temps pour vous relater plus longuement les événements de ces jours, mais sachez que nous allons bien et que nous apprécions beaucoup vos messages.

A très bientôt,

Marc & Marie-Claude

 

During visits, especially when visitors come from the group’s headquarters in Fribourg, it is necessary to organise things in such a way that everyone can meet and talk with the visitors. Besides the face-to-face discussions, this is the opportunity to gather the troops for a meal, a drink or a more formal meeting and this is what has been happening since Friday evening, most of these at home, knowing that in parallel we are in peak production and that everything (must) run 24 hours a day in order to lose as little of the harvest as possible.

Our current visitors are the agronomic director for oil palm and the human resources manager, who are here for a week to review the current and future state of the plantation from a technical, financial and human point of view. As soon as they arrived we organised a small meeting with the agronomic team to confirm the week’s programme. Yesterday (Saturday) we had a first evening with the expat and local agro team with lots of little “homemade” stuff and which ended at a quite indecent hour, but fortunately this morning we were able to have a lie-in (we stayed in bed until at least 7am).

Today lunch at the Cathedral with all expatriates, yassa chicken, rice, house salad, improved cake, coffee, blah blah blah… followed by petanque games and a relaxed afternoon. We have discovered that our Malagasy colleague and his children are by far the most competent at this ball game, even when our (only) French colleague tried to show his skills in this precision sport. This mainly allowed us to spend a friendly afternoon and talk about other things than work and logistical problems.

The rest of the week (until Thursday) will continue to be a mix of work sessions, field and mill visits and social gatherings, leaving us less time than usual to relax at home after work and probably not allowing me to bike much this week.

This is the first visit to Mapangu for our human resources manager, to whom we praised the splendid landscapes of the plantation but who, like our nephew who was here on training at the same time last year, will probably have to be content with foggy views that let only guess what could be the scenery beyond a few hundred meters (visibility that we currently have for most of the day). So, no spectacular views of the Kasai valley or the terraces behind the house and little sun during the day. On the other hand, thanks to that it is rather cool and pleasant, including in the middle of the day.

Because of all these activities, most of which take place at the Cathedral, we do not have too much time to tell you more about the events of these days, but know that we are well and we appreciate your messages very much.

See you very soon,

Marc & Marie-Claude

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Protéines – Proteins

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Il y a quelques jours nous avons reçu une demande d’aide pour transporter des cartons de nourriture arrivés par barge et destinés à lutter contre la malnutrition des enfants. Un don de l’Allemagne, si j’ai bien compris, en réponse aux informations qui sont diffusées dans les médias internationales concernant la situation critique de la population en RDC et dans la province du Kasaï en particulier. Ces informations nous laissent un peu perplexe car dans notre région je n’ai pas encore vu un seul enfant souffrant visiblement de malnutrition et nous savons à quoi cela ressemble pour avoir côtoyé ce fléau pendant des années en Haïti. La province du Kasaï est très grande (environ trois fois la taille de la Belgique), sans routes dignes de ce nom et comme nous nous trouvons dans l’extrême nord de la province il n’est pas impossible que dans le sud, près de la frontière angolaise, la situation soit fort différente. Mais dans ce cas il y a lieu de se demander pourquoi les deux tonnes de compléments alimentaires sont débarqués à Mapangu, même si cela fera sans aucun doute beaucoup de bien aux enfants de la région (s’ils en reçoivent une partie).

Dire que nous ne voyons pas de malnutrition ne veut pas dire que l’alimentation de la population locale est bonne et équilibrée, loin de là. L’alimentation de base consiste en pâtées de maïs ou de manioc, parfois complémentée avec des épices (oignons) ou concentré de tomates et exceptionnellement agrémenté d’un peu de viande ou de poisson boucané (séché au feu et qui a plus le goût de fumée qu’autre chose, donc peu importe donc s’il s’agit de poisson, “viande” ou autre chose). Il n’est pas nécessaire d’expliquer que dans le maïs et le manioc on est loin de trouver tous les éléments nutritifs nécessaires au développement équilibré du corps humain, ce qui fait qu’une fois sevrés le développement des enfants est souvent freiné principalement par un manque de protéines.

Traditionnellement les protéines étaient obtenues par la chasse et la pêche et ce qui sauve sans nul doute la population locale est la présence de la rivière Kasaï dont les poissons n’ont heureusement pas encore tout à fait disparus (probablement parce que les techniques de pêche sont fort rudimentaires). La faune terrestre quant à elle a été totalement décimée à l’exception des petits rongeurs qui font maintenant les frais de la “chasse” qui est réalisée en mettant le feu à la brousse. Rien n’échappe aux besoins de nourriture de la population locale, ainsi même les petits oiseaux mouches qui viennent butiner les fleurs autour de la Cathédrale sont des proies potentielles pour les catapultes de nos gardiens si nous ne les arrêtons pas.

Les autres proies et sources de protéines très prisées, en partie parce qu’elles sont plus faciles à attraper, sont les larves et les insectes. Pour cela le palmier et en particulier les palmiers malades que nous sommes obligés d’extirper sont une source providentielle de larves de divers gros coléoptères fort prisés, même par certains expatriés. Grillés ils sont comparables à des lardons mais, même si pas mauvais de goût, je ne suis pas un grand fan de ce genre de mets. Nous soutenons toutefois un projet “Farms for Orphans” (farmsfororphans.org) en leur fournissant des morceaux de stipes (troncs) de palmiers qui servent de base alimentaire pour l’élevage de larves dans des orphelinats dans les environs de Kinshasa. Les pensionnaires des orphelinats y élèvent des larves dans des bacs pour avoir une base de protéines alimentaires et, si le projet se développe avec succès, pourrait même devenir une source de revenus pour les orphelinats.

Les carences alimentaires et surtout le manque de protéines dans l’alimentation des enfants n’a peut-être pas d’effet très visible sur le développement physique de ceux-ci, mais il est fort probable que les conséquences pour le développement intellectuel de la jeunesse ne soient pas positives. Ajouter à cela le fait que les écoles du coin sont tout sauf performantes explique probablement le fait que nous avons énormément de difficultés à trouver des travailleurs qui soient en mesure d’apprendre à maîtriser des tâches un peu plus spécialisées. Heureusement il y a parfois des miracles, ainsi nous avons un jeune garçon qui est sorti de l’école de la mission il y a quelques années et qui est maintenant responsable du laboratoire de l’huilerie avec des compétences impressionnantes, même au dire des visiteurs étrangers spécialisés en la matière.

Pour le moment la région se trouve dans une sorte de cercle vicieux car suite aux carences alimentaires la population, et les jeunes enfants en particulier, est très sensibles aux maladies et à la malaria. La mortalité infantile en particulier est très élevée et pour compenser cela, la famille moyenne compte généralement 6-7 enfants vivants par femme (ici la polygamie est monnaie courante), sur base d’une dizaine de naissances. En conséquence, il est d’autant plus difficile de nourrir correctement une telle progéniture, qui donc passe à côté d’un développement optimal et la boucle est bouclée…

Ce manque de sources de protéines est d’autant plus paradoxal que la plantation est entourée de savanes (nous estimons les superficies à environ 9.000 hectares) où il n’y a absolument aucune activité agro-pastorale, ni culture de quelque sorte que ce soit, ni élevage, juste des feux de brousse de temps en temps pour attraper les petits rongeurs et oiseaux qui arrivent à y survivre. Les solutions potentielles sont donc bien présentes et réalisables car en saison des pluies les haricots y poussent très bien (nous avons fait un champ expérimental) et il ne manque pas de points d’eau dans le fond des vallées pour abreuver des animaux en cas d’élevage. La raison pourrait se trouver dans des incessantes disputes territoriales entre les différents villages qui fait que les terres sont laissées à l’abandon et vides… pour le moment.

Nous espérons comme d’habitude avoir de vos nouvelles à vous aussi.

A bientôt,

Marc & Marie-Claude

Appel – Muster

Kasaï

Départ pour Kinshasa – Departure for Kinshasa

A few days ago we received a request for help to transport boxes of food arrived by barge to fight child malnutrition. A donation from Germany, if I understood correctly, in response to information in the international media about the critical situation of the population in the DRC and Kasai province in particular. This information leaves us a little confused because in our region I have not yet seen a single child visibly malnourished and we know what it looks like as we have been exposed to this scourge for years in Haiti. The province of Kasaï is very large (about three times the size of Belgium), without roads worthy of the name and as we are in the far north of the province it is not impossible that in the south, near the Angolan border, the situation is very different. But in this case, it is worth asking why the two tons of food supplements are landed in Mapangu, even if it will undoubtedly do a lot of good for the children in the region (provided they benefit from at least part of the shipment).

To say that we do not see malnutrition does not mean that the food supply of the local population is good and balanced, far from it. The basic diet consists of corn or manioc pâté, sometimes supplemented with spices (onions) or tomato paste and exceptionally supplemented with a little smoked meat or fish (dried by fire and which tastes more smoky than anything else, so it doesn’t matter if it’s fish, “meat” or something else). It is not necessary to explain that maize and cassava do not contain all the nutrients necessary for the balanced development of the human body, as a consequence, once weaned a child’s development is often impaired by a lack of protein.

Traditionally, proteins were obtained by hunting and fishing and what undoubtedly saves the local population is the presence of the Kasai River, whose fish have fortunately not yet completely disappeared (probably because fishing techniques are very rudimentary). The terrestrial fauna has been totally decimated, with the exception of small rodents, which now bear the brunt of the “hunting” that is carried out by setting fire to the bush. Nothing escapes the food needs of the local population, so even the small humming birds that come to eat from the flowers around the Cathedral are potential prey for our watchmen’s catapults if we do not stop them.

Other highly prized prey and protein sources, in part because they are easier to catch, are larvae and insects. For this reason, the palm tree and in particular the sick palm trees that we are forced to pull out are a providential source of larvae of various large beetles that are highly prized, even by some expatriates. Grilled they are comparable to bacon but, even if not bad in taste, I am not a big fan of this kind of food. However, we support a “Farms for Orphans” project (farmsfororphans.org) by providing them with chunks of palm tissue (trunks) as a base for larvae breeding in orphanages near Kinshasa. Residents of the orphanages raise larvae in bins to consume as protein source and, if the project develops successfully, could even become a source of income for the orphanages.

Dietary deficiencies and especially the lack of protein in children’s diets may not have a very visible effect on their physical development, but it is most likely that the consequences for the intellectual development of youngsters are unfavourable. Add to this the fact that the local schools are anything but efficient, and we have an explaination why we experience difficulties in finding workers who can learn to master more specialized tasks. Fortunately, there are sometimes miracles, so we have a young boy who completed his local schooling a few years ago and is now in charge of the oil mill laboratory with impressive skills, even according to foreign visitors who specialize in this field.

At the moment our region is in a kind of vicious circle because as a result of dietary defficiencies the population, especially young children, are very vulnerable to diseases and malaria in particular. Infant mortality in particular is very high and to compensate for this, the average family generally has 6-7 living children per woman (here polygamy is common), based on about ten births. As a result, it is all the more difficult to properly feed such a progeny, which therefore misses optimal development and the loop is closed…

The lack of protein sources is all the more paradoxical as the plantation is surrounded by savannah (we estimate the area at about 9,000 hectares) where there is absolutely no agro-pastoral activity, no cultivation of any kind, no livestock, just bush fires from time to time to catch the small rodents and birds that manage to survive there. The potential solutions are therefore very real and feasible because in the rainy season the beans grow very well (we have made an experimental field) and there is no lack of water points at the bottom of the valleys to water animals in case of breeding. The reason could be found in incessant territorial disputes between the different villages, which means that the land is abandoned and empty… for the time being.

As usual, we hope to hear from you as well.

See you soon,

Marc & Marie-Claude

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Animaux – Animals

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Dans notre contrée en particulier et dans le pays en général la faune sauvage a été très sérieusement éliminée et la vue d’un animal sauvage devient rare pour ne pas dire exceptionnelle. Il paraît que dans la grande forêt du Mai Ndombe, province qui se trouve de l’autre côté du Kasaï vers le nord du pays, il y a encore un bon nombre de singes, petites antilopes et autres animaux vivant dans les zones arboricoles, mais le Kasaï représente une barrière difficilement franchissable pour ces animaux qui ne se voient plus de notre côtéde la rivière.

Et pourtant, il y a quelques jours en revenant de notre pépinière peu après le lever du soleil dans la savane je suis tombé sur une meute de six jeunes coyotes qui avaient l’air d’être en bonne santé, donc qui trouvent de quoi se nourrir dans cette savane qui nous paraît dépourvue de toute vie. Evidemment dans les hautes herbes il est difficile d’apercevoir les souris, rats et autres petits rongeurs qui constituent probablement une part important de la diète de ces canidés. A défaut de zèbres, buffles, antilopes et autres animaux sauvages que l’on imagine tout à fait déambuler dans les vastes zones de savane qui nous entourent, on pourrait au moins s’attendre à voir des troupeaux de vaches et de boeufs, mais ici il n’y a absolument rien et je ne saurais dire pourquoi.

En aval de Mapangu, il y aurait, paraît-il, encore quelques hippopotames qui hantent le Kasaï et, peu de temps avant notre arrivée à Mapangu il y a un peu moins de trois ans, un groupe de touristes (nous ignorions que des touristes pouvaient venir jusqu’ici) auraient eu leur pirogue renversée pour s’être approché trop près de ces mastodontes des rivières. Certains disent que parfois les hippos remontent jusque Mapangu et sur d’anciennes cartes coloniales que j’ai retrouvées notre zone figure comme étant une réserve d’hippopotames, mais nous ne les avons encore jamais vu.

Les animaux sauvages qui défilent encore régulièrement sur la route traversant Mapangu sont les singes, malheureusement pas souvent encore vivants, car ils sont fort appréciés dans la tambouille même s’il est reconnu que ces singes sont probablement à l’origine des épidémies d’Ebola qui émergent régulièrement dans le pays.

A ce propos, ouvrons une petite parenthèse. Toutes les semaines, en plantation le directeur agronomique organise une “minute” HSE (Health, Safety & Environment) durant lesquelles un sujet ayant trait à la santé, la sécurité ou l’environnement est abordé avec les travailleurs pour leur meilleure compréhension des mesures de précautions prises dans la plantation. Un des récents sujets était justement la maladie Ebola et la veille tous les responsables s’étaient réunis pour recevoir une petite présentation sur le sujet afin de s’assurer qu’ils maîtrisent celui-ci lors de la communication aux travailleurs à l’occasion de l’appel. Lors de cette présentation, l’origine “sauvage” de la maladie a été évoquée et, entre autres, il a été observé que des chauves-souris pourraient également être un vecteur de la maladie et qu’il fallait donc éviter de les manger (ici tout se mange) mais aussi de faire attention aux fruits (comme les mangues) qui auraient été grignotées par ces animaux. Lors de la communication à l’appel, le lendemain matin, j’ai entendu le chef de section expliquer à ses travailleurs qu’il fallait éviter de manger des mangues car elles pouvaient être une source de la maladie Ebola, oubliant de mentionner que les vecteurs principaux étaient des animaux. Ici il n’y a pas beaucoup de mangues, mais je ne serais pas étonné si beaucoup de travailleurs éviterons à l’avenir de manger de ces fruits de peur de contracter l’Ebola.

Les seuls animaux sauvages encore relativement fréquents dans nos contrées sont les calaos et les perroquets gris. Les perroquets gris sont très prisés et partent en grand nombre vers Kinshasa pour être vendus sur les marchés, mais heureusement nous les entendons presque tous les jours dans la plantation, donc ils ne sont pas encore tout à fait décimés.

Alors que c’est tout à fait contraire à nos principes, comme vous le savez nous avons hérité d’un perroquet gris qui avait été acheté par un de nos collègues et qu’il n’a pas pu emporter avec lui lors de son départ de plantation. Ce perroquet, dénommé Théo, semble être fort heureux de son nouveau foyer et est très bavard. Un de ces premiers exploits a été d’appeler le gardien, que j’ai vu arriver au grand galop avant de réaliser que ce n’était pas nous mais Théo qui l’avait hélé. Depuis Théo a fortement agrandi son vocabulaire et ses imitations de bruits, il dit “bonjour Théo”, “Crakoucas” (c’est Marie-Claude qui lui a appris cela), il imite à la perfection le miaulement du chat et le grincement de la porte de la cuisine, il a un rire très convaincant et mis à part toute une série de monologues que nous ne comprenons pas toujours dispose d’un impressionnant répertoire de sifflements et imitation de bruits divers. Bref, nous n’avons pas besoin de radio pour nous divertir pendant nos repas qui sont abondamment commentés et sonorisés par notre ami Théo. Théo vient volontiers manger certaines délicatesses que nous lui présentons à la main, mais préfère sinon rester sagement dans sa vaste cage, même quand la porte reste ouverte. Il faut dire qu’il a repéré qu’un félin hante les parages et estime peut-être plus prudent de garder une barrière de grillage entre lui et ce prédateur potentiel.

Voilà, comme d’habitude nous espérons recevoir de vos nouvelles.

Marc & Marie-Claude

Encore notre vue – More of our view

Entrainement à Kinshasa – Training in Kinshasa

In our region in particular and in the country in general, wildlife has been very seriously hunted down and the sight of a wild animal is becoming rare if not exceptional. It seems that in the large forest of Mai Ndombe, a province on the other side of the Kasai towards the north of the country, there are still a good number of monkeys, small antelopes and other animals living in the less populated areas, but the Kasai river represents a barrier that is difficult to cross for these animals, who have all but disappeared from our side of the river.

And yet, a few days ago, coming back from our nursery shortly after sunrise in the savannah, I came across a pack of six young coyotes who seemed to be in good health, which means they can find enough food in this savannah that appears to be devoid of all life to the passer by. Obviously in the tall grass it is difficult to see mice, rats and other small rodents which are probably an important part of the diet of these canines. Despite the absence of zebras, buffaloes, antelopes and other wild animals that one could imagine living in the vast savannah areas that are surrounding us, we could at least expect to see herds of cows and oxen, but here there is absolutely nothing and I can’t say why.

Downstream from Mapangu, it seems that there are still a few hippos haunting the Kasai river and, shortly before our arrival in Mapangu a little less than three years ago, it is reported that a group of tourists (we did not know that tourists could come this far) had their canoe attacked by hippos for coming too close to these river mastodons. Some say that sometimes hippos come upriver as far as Mapangu and on old colonial maps that I found, our area is shown as a hippopotamus reserve, but we have never seen them here yet.

The wild animals that still regularly come along the road through Mapangu are monkeys, unfortunately not often still alive, because they are highly appreciated in the cooking pot even though it is known that these monkeys are probably at the origin of the Ebola epidemics that regularly emerge in the country.

On this subject, let’s take a short break. Every week, in the plantation, the agronomic director organizes a HSE (Health, Safety & Environment) minute, a short presentation during which a subject related to health, safety or the environment is discussed with the workers for their better understanding of the precautionary measures taken in the plantation. One of the recent topics was precisely Ebola disease and the previous day all the managers had gathered to receive a short presentation on the subject to make sure that they mastered the main issues when talking about Ebola during the muster call. During this presentation, the “wild” origin of the disease was mentioned, among other things, it was observed that bats could also be a vector of the disease and that it was therefore necessary to avoid eating them (here everything is eaten) but also to pay attention to the fruits (such as mangos) that would have been nibbled on by these animals. During the muster presentation, the next morning, I heard the section chief explain to his workers that they should avoid eating mangoes because they could be a source of Ebola disease, forgetting to mention that the main vectors were animals. There are not many mangoes here, but I would not be surprised if many workers will avoid eating the few fruits available in the future for fear of contracting Ebola.

The only wild animals still relatively common in our region are hornbills and grey parrots. Grey parrots are very popular and get shipped in large numbers to Kinshasa where they are sold on the local markets, but fortunately we hear them almost every day in the plantation, so they are not yet completely decimated.

While this is completely contrary to our principles, as you know, we inherited a grey parrot that was bought by one of our colleagues and that he was unable to take with him when he left the plantation. This parrot, named Theo, seems to be very happy with his new home and is very talkative. One of his first first exploits was to call the security guard, whom I saw coming at a full gallop before realizing that it wasn’t us but Theo who had been hailing him. Since then Theo has greatly expanded his vocabulary and noise imitations, he says “hello Theo”, “Crakoucas” (it was Marie-Claude who taught him that), he imitates perfectly the cat’s meowing and the creaking of the kitchen door, he has a very convincing laugh and apart from a whole series of monologues that we do not always understand has an impressive repertoire of whistles and imitation of various sounds. In short, we don’t need radio to entertain us during our meals, which are extensively commented and entertained by our friend Theo. Theo likes to come and eat some of the delicacies we present to him by hand, but otherwise prefers to stay quietly in his vast cage, even when the door remains open. It must be said that he has noticed that a feline is haunting the area and may consider it more prudent to keep a fence between him and this potential predator.

That’s it, as usual we look forward to hearing from you.

Marc & Marie-Claude