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Dans notre contrée en particulier et dans le pays en général la faune sauvage a été très sérieusement éliminée et la vue d’un animal sauvage devient rare pour ne pas dire exceptionnelle. Il paraît que dans la grande forêt du Mai Ndombe, province qui se trouve de l’autre côté du Kasaï vers le nord du pays, il y a encore un bon nombre de singes, petites antilopes et autres animaux vivant dans les zones arboricoles, mais le Kasaï représente une barrière difficilement franchissable pour ces animaux qui ne se voient plus de notre côtéde la rivière.
Et pourtant, il y a quelques jours en revenant de notre pépinière peu après le lever du soleil dans la savane je suis tombé sur une meute de six jeunes coyotes qui avaient l’air d’être en bonne santé, donc qui trouvent de quoi se nourrir dans cette savane qui nous paraît dépourvue de toute vie. Evidemment dans les hautes herbes il est difficile d’apercevoir les souris, rats et autres petits rongeurs qui constituent probablement une part important de la diète de ces canidés. A défaut de zèbres, buffles, antilopes et autres animaux sauvages que l’on imagine tout à fait déambuler dans les vastes zones de savane qui nous entourent, on pourrait au moins s’attendre à voir des troupeaux de vaches et de boeufs, mais ici il n’y a absolument rien et je ne saurais dire pourquoi.
En aval de Mapangu, il y aurait, paraît-il, encore quelques hippopotames qui hantent le Kasaï et, peu de temps avant notre arrivée à Mapangu il y a un peu moins de trois ans, un groupe de touristes (nous ignorions que des touristes pouvaient venir jusqu’ici) auraient eu leur pirogue renversée pour s’être approché trop près de ces mastodontes des rivières. Certains disent que parfois les hippos remontent jusque Mapangu et sur d’anciennes cartes coloniales que j’ai retrouvées notre zone figure comme étant une réserve d’hippopotames, mais nous ne les avons encore jamais vu.
Les animaux sauvages qui défilent encore régulièrement sur la route traversant Mapangu sont les singes, malheureusement pas souvent encore vivants, car ils sont fort appréciés dans la tambouille même s’il est reconnu que ces singes sont probablement à l’origine des épidémies d’Ebola qui émergent régulièrement dans le pays.
A ce propos, ouvrons une petite parenthèse. Toutes les semaines, en plantation le directeur agronomique organise une “minute” HSE (Health, Safety & Environment) durant lesquelles un sujet ayant trait à la santé, la sécurité ou l’environnement est abordé avec les travailleurs pour leur meilleure compréhension des mesures de précautions prises dans la plantation. Un des récents sujets était justement la maladie Ebola et la veille tous les responsables s’étaient réunis pour recevoir une petite présentation sur le sujet afin de s’assurer qu’ils maîtrisent celui-ci lors de la communication aux travailleurs à l’occasion de l’appel. Lors de cette présentation, l’origine “sauvage” de la maladie a été évoquée et, entre autres, il a été observé que des chauves-souris pourraient également être un vecteur de la maladie et qu’il fallait donc éviter de les manger (ici tout se mange) mais aussi de faire attention aux fruits (comme les mangues) qui auraient été grignotées par ces animaux. Lors de la communication à l’appel, le lendemain matin, j’ai entendu le chef de section expliquer à ses travailleurs qu’il fallait éviter de manger des mangues car elles pouvaient être une source de la maladie Ebola, oubliant de mentionner que les vecteurs principaux étaient des animaux. Ici il n’y a pas beaucoup de mangues, mais je ne serais pas étonné si beaucoup de travailleurs éviterons à l’avenir de manger de ces fruits de peur de contracter l’Ebola.
Les seuls animaux sauvages encore relativement fréquents dans nos contrées sont les calaos et les perroquets gris. Les perroquets gris sont très prisés et partent en grand nombre vers Kinshasa pour être vendus sur les marchés, mais heureusement nous les entendons presque tous les jours dans la plantation, donc ils ne sont pas encore tout à fait décimés.
Alors que c’est tout à fait contraire à nos principes, comme vous le savez nous avons hérité d’un perroquet gris qui avait été acheté par un de nos collègues et qu’il n’a pas pu emporter avec lui lors de son départ de plantation. Ce perroquet, dénommé Théo, semble être fort heureux de son nouveau foyer et est très bavard. Un de ces premiers exploits a été d’appeler le gardien, que j’ai vu arriver au grand galop avant de réaliser que ce n’était pas nous mais Théo qui l’avait hélé. Depuis Théo a fortement agrandi son vocabulaire et ses imitations de bruits, il dit “bonjour Théo”, “Crakoucas” (c’est Marie-Claude qui lui a appris cela), il imite à la perfection le miaulement du chat et le grincement de la porte de la cuisine, il a un rire très convaincant et mis à part toute une série de monologues que nous ne comprenons pas toujours dispose d’un impressionnant répertoire de sifflements et imitation de bruits divers. Bref, nous n’avons pas besoin de radio pour nous divertir pendant nos repas qui sont abondamment commentés et sonorisés par notre ami Théo. Théo vient volontiers manger certaines délicatesses que nous lui présentons à la main, mais préfère sinon rester sagement dans sa vaste cage, même quand la porte reste ouverte. Il faut dire qu’il a repéré qu’un félin hante les parages et estime peut-être plus prudent de garder une barrière de grillage entre lui et ce prédateur potentiel.
Voilà, comme d’habitude nous espérons recevoir de vos nouvelles.
Marc & Marie-Claude
Encore notre vue – More of our view
Entrainement à Kinshasa – Training in Kinshasa
In our region in particular and in the country in general, wildlife has been very seriously hunted down and the sight of a wild animal is becoming rare if not exceptional. It seems that in the large forest of Mai Ndombe, a province on the other side of the Kasai towards the north of the country, there are still a good number of monkeys, small antelopes and other animals living in the less populated areas, but the Kasai river represents a barrier that is difficult to cross for these animals, who have all but disappeared from our side of the river.
And yet, a few days ago, coming back from our nursery shortly after sunrise in the savannah, I came across a pack of six young coyotes who seemed to be in good health, which means they can find enough food in this savannah that appears to be devoid of all life to the passer by. Obviously in the tall grass it is difficult to see mice, rats and other small rodents which are probably an important part of the diet of these canines. Despite the absence of zebras, buffaloes, antelopes and other wild animals that one could imagine living in the vast savannah areas that are surrounding us, we could at least expect to see herds of cows and oxen, but here there is absolutely nothing and I can’t say why.
Downstream from Mapangu, it seems that there are still a few hippos haunting the Kasai river and, shortly before our arrival in Mapangu a little less than three years ago, it is reported that a group of tourists (we did not know that tourists could come this far) had their canoe attacked by hippos for coming too close to these river mastodons. Some say that sometimes hippos come upriver as far as Mapangu and on old colonial maps that I found, our area is shown as a hippopotamus reserve, but we have never seen them here yet.
The wild animals that still regularly come along the road through Mapangu are monkeys, unfortunately not often still alive, because they are highly appreciated in the cooking pot even though it is known that these monkeys are probably at the origin of the Ebola epidemics that regularly emerge in the country.
On this subject, let’s take a short break. Every week, in the plantation, the agronomic director organizes a HSE (Health, Safety & Environment) minute, a short presentation during which a subject related to health, safety or the environment is discussed with the workers for their better understanding of the precautionary measures taken in the plantation. One of the recent topics was precisely Ebola disease and the previous day all the managers had gathered to receive a short presentation on the subject to make sure that they mastered the main issues when talking about Ebola during the muster call. During this presentation, the “wild” origin of the disease was mentioned, among other things, it was observed that bats could also be a vector of the disease and that it was therefore necessary to avoid eating them (here everything is eaten) but also to pay attention to the fruits (such as mangos) that would have been nibbled on by these animals. During the muster presentation, the next morning, I heard the section chief explain to his workers that they should avoid eating mangoes because they could be a source of Ebola disease, forgetting to mention that the main vectors were animals. There are not many mangoes here, but I would not be surprised if many workers will avoid eating the few fruits available in the future for fear of contracting Ebola.
The only wild animals still relatively common in our region are hornbills and grey parrots. Grey parrots are very popular and get shipped in large numbers to Kinshasa where they are sold on the local markets, but fortunately we hear them almost every day in the plantation, so they are not yet completely decimated.
While this is completely contrary to our principles, as you know, we inherited a grey parrot that was bought by one of our colleagues and that he was unable to take with him when he left the plantation. This parrot, named Theo, seems to be very happy with his new home and is very talkative. One of his first first exploits was to call the security guard, whom I saw coming at a full gallop before realizing that it wasn’t us but Theo who had been hailing him. Since then Theo has greatly expanded his vocabulary and noise imitations, he says “hello Theo”, “Crakoucas” (it was Marie-Claude who taught him that), he imitates perfectly the cat’s meowing and the creaking of the kitchen door, he has a very convincing laugh and apart from a whole series of monologues that we do not always understand has an impressive repertoire of whistles and imitation of various sounds. In short, we don’t need radio to entertain us during our meals, which are extensively commented and entertained by our friend Theo. Theo likes to come and eat some of the delicacies we present to him by hand, but otherwise prefers to stay quietly in his vast cage, even when the door remains open. It must be said that he has noticed that a feline is haunting the area and may consider it more prudent to keep a fence between him and this potential predator.
That’s it, as usual we look forward to hearing from you.
Marc & Marie-Claude