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Dans la plantation, quand il est question de sécurité c’est plutôt de gardiennage qu’il s’agit car nous ne sommes pas dans une région où il n’est pas vraiment question d’insécurité, sauf bien entendu comme l’année dernière, quand des milices armées s’approchaient un peu trop de Mapangu. Mais cela est maintenant de l’histoire ancienne.
Il est vrai qu’ici tout le monde est armé… de machettes, y compris des petits enfants qui sont à peine plus grand que le couteau qu’ils manient, et quand celles-ci sont bien aiguisées cela peut représenter des armes redoutables. Les armes à feu sont très rares et généralement réservées à la police et l’armée, même si nous croisons occasionnellement un chasseur avec son poupou dans ou aux alentours de la plantation.
Nos agents de sécurité, nous en avons près de 230 qui travaillent dans la plantation, sont chargés de surveiller, contrôler les allées et venues (surtout au niveau de l’huilerie et des bureaux, et de protéger les biens de la société contre le vol. A la tête de notre département de sécurité nous avons un agent qui est aussi OPJ et qui a donc la compétence d’arrêter des personnes prises en flagrant délit de vol dans la plantation. Mais après c’est la justice congolaise qui prend le relais et la c’est plus une question de savoir qui paye et combien pour connaître la “vérité”.
Depuis peu, nous avons décidé d’élargir notre équipe d’agents de sécurité avec un groupe de femmes. Celles-ci ont suivi une formation de quelques semaines et sont postées aux barrières, bureaux, magasins et autres endroits où les entrées et sorties doivent être consignées. Depuis quelques semaines j’ai l’impression d’être un peu comme Kadhafi car les deux agents de sécurité qui ont été affectés à mon bureau sont des femmes, qui ne payent as de mine mais filtrent très efficacement les visiteurs et enregistrent scrupuleusement mes allées et venues du bureau…
A chaque lieu de passage les allées et venues de toute personne ou véhicule est consignée dans un registre, ainsi que la charge éventuellement contenue dans le véhicule ou portée par la personne. Donc pas possible pour moi d’aller faire un tour au bureau, à l’huilerie ou au garage sans que mon nom et l’heure à laquelle je suis entré ou sorti ne soit inscrit.. De même quand quelqu’un sort du magasin, du garage ou du périmètre de l’huilerie, qui sont entièrement clôturés avec un seul accès gardé en permanence, avec quelque chose (morceau de bois, pièce de rechange, bidon d’huile, etc.) cette sortie doit être consignée et autorisée. Je ne vous dis pas le nombre de bons que nous devons signer pour, parfois, autoriser la sortie d’un objet qui vaut moins que le papier et l’encre utilisé pour l’inscrire.
A certains postes clefs, comme la caisse, l’huilerie ou le parc à véhicules, nos agents de sécurité sont secondés par des policiers qui sont eux équipés d’une arme à feu (généralement une vieux fusil automatique qui ne fonctionne peut-être même pas). Au moment de la paie nous faisons également venir une équipe de policiers d’Ilebo pour quelques jours, ils ne sont pas nécessairement beaucoup plus vaillants que les policiers de la place mais ont l’avantage de ne pas être issus du village local et donc théoriquement moins susceptibles de plaider la cause de leurs frères plutôt que de défendre les biens de la société.
Les vols ici concernent principalement le carburant (essence et gasoil) qui sont siphonnés dans les réservoirs de véhicules pour ensuite être revendus sur le marché local, et les fruits des palmiers qui sont eux utilisés pour fabriquer de l’huile artisanale qui elle aussi est vendue sur les marchés locaux. Pour le carburant nous essayons de nous protéger en le colorant et ainsi pouvoir le distinguer du carburant légitime qui circule dans les parages, mais malgré cela il y a un trafique énorme avec des centaines de litres de carburant coloré qui sont saisis tous les jours et que la justice libère “faute de preuves” car nous ne prenons pas nécessairement les voleurs sur le fait… à moins de payer quelque chose au procureur pour le “motiver”. Pour les fruits de palmier, la meilleure parade est d’évacuer la récolte dès qu’elle a été coupée, car une fois livrée à l’huilerie il est très difficile de ressortir ceux-ci du périmètre gardé. Malgré cela nos équipes de gardiens trouvent parfois des caches de plusieurs tonnes de régimes ou de fruits en attente de la nuit pour être amenés vers des “malaxeurs” (nom donné aux unités d’extraction d’huile artisanales).
A la maison nous avons aussi toute une équipe de gardiens, mais les plus efficaces sont sans aucun doute les chiens, Makala chez nous et Django (un Rhodesian Ridgeback assez impressionnant) chez un des agronomes qui habite près de chez nous. La nuit (et une bonne partie de la journée) les gardiens sont installés sur des paillasses de fortune ou fauteuils et dorment…
Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles.
Meilleures salutations,
Marc & Marie-Claude
Lever du jour – Early morning
Appel – Muster
Equipes de sécurité – Security team
In the plantation, when it comes to security, it is more a question of guarding because we are not in a region where there is any real insecurity, except of course as was the case last year, when armed militias were approaching Mapangu a little too close. But that is now history.
It is true that everyone here is armed… with machetes, including small children who are barely bigger than the knife they handle, and when they are properly sharpened these can be mighty weapons. Firearms are very rare here and generally reserved for the police and army, although we occasionally meet a hunter with his “poupou” (a gun made from a pièce of metal plumbing pipe) in or around the plantation.
Our security guards, we have nearly 230 of them working in the plantation, are responsible for monitoring and controlling the comings and goings (especially in the oil mill and offices), and protecting the company’s property against theft. At the head of our security department we have an agent who is also an sworn police officer and who therefore has the competence to arrest people caught stealing from the plantation. But from then on it is the Congolese justice system that takes over and then becomes a question of who pays and how much to know the “truth”.
Recently, we decided to expand our team of security guards with a group of women. They have been trained for a few weeks and are posted at gates, offices, stores and other places where entrances and exits must be recorded. For a few weeks now I feel like Gaddafi because the two security guards who have been assigned to my office are women, who do not appera very impressive but filter visitors very efficiently and scrupulously record my comings and goings from the office…
At each place of passage, the comings and goings of any person or vehicle is recorded in a register, as well as any load contained in the vehicle or carried by the person. So it is not possible for me to go to the office, the oil mill or the garage without my name and the time I entered or left being recorded… Similarly, when someone leaves the store, garage or perimeter of the oil mill, which are completely enclosed with only one permanently guarded access, with something (piece of wood, spare part, oil can, etc.) this exit must be recorded and authorized. I will spare you from the crazy number of BLs we have to sign to, sometimes, authorize the release of an object that is worth less than the paper and ink used to write it.
At certain key positions, such as the cash register, oil mill or vehicle fleet, our security guards are reinforced by police officers who are equipped with a firearm (usually an old automatic rifle that may not even work). At the time of payment we also bring a team of police officers from Ilebo for a few days, they are not necessarily much braver than the local police officers but have the advantage of not being from the local village and therefore theoretically less likely to plead their brothers’ case rather than defend the company’s property.
Thefts here mainly concern fuel (petrol and diesel) which is siphoned from vehicle tanks and then sold on the local market, and palm fruits which are used to make artisanal oil which is also sold on local markets. For fuel we try to protect ourselves by colouring it and thus be able to distinguish it from the legitimate fuel that circulates in the area, but despite that there is a huge traffic with hundreds of litres of coloured fuel being seized every day and subsequently released “for lack of evidence” by the judge because we do not necessarily catch thieves in the act… unless we pay something to the prosecutor to “motivate” him. For palm fruits, the best way to avoid this is to evacuate the crop as soon as it has been cut, because once it has been delivered to the oil mill it is very difficult to remove them from the guarded perimeter. Despite this, our teams of guards sometimes find caches of several tons of diets or fruits waiting overnight to be taken to local mills
At home we also have a whole team of guards, but the most efficient are undoubtedly the dogs, Makala in our house and Django (a rather impressive Rhodesian Ridgeback) in one of the agronomists who lives near us. At night (and a good part of the day) the guards are installed on makeshift benches or armchairs and sleep…
We look forward to hearing from you soon.
Best regards,
Marc & Marie-Claude