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Après quelques jours en Belgique (4 pour moi et un peu plus pour Marie-Claude, qui était partie un peu en avance), nous voici de retour à Mapangu où les choses sont calmes car il y a peu de production et tout le monde se prépare aux fêtes de fin d’année et aux élections. A notre arrivée à Mapangu, il y avait tout un comité de réception avec danses et youyous, mais qui ne nous était pas destiné car dans notre avion voyageait aussi une candidate députée qui vient mener sa campagne électorale. Parmi le comité d’accueil il y avait surtout des enfants, qui auraient dûs être à l’école… Mais tous les moyens sont bons pour gonfler les foules et donner une impression plus marquée de l’engouement de la population.
A la maison nous avons retrouvé tout en ordre sauf Makala qui dégageait une odeur pestilentielle, sans doute parce qu’elle a profité de notre absence et d’une surveillance plus “relâchée” pour aller se rouler dans quelque chose de peu recommandable. Nous avons donc décidé que le moment était venu de lui donner une “coupe maison” ( à laquelle je me suis attaqué) et ensuite un bon shampoing en espérant ainsi ne plus défaillir et/ou avoir les yeux qui piquent chaque fois qu’elle vient amoureusement se coucher près de nous. Griezel, notre chat, est par contre moyennement impressionnée car elle n’est pas complètement certaine que c’est le même chien qu’elle côtoie dans la maison.
Mais venons-en au sujet du jour, la “motivation”. Pour sa séance de coupe Makala sait qu’à la clef elle aura une petite récompense si elle est sage et calme, dans son cas un petit morceau de biltong ou viande séchée très fortement appréciée par notre canin. Quant à moi, un petit morceau de chocolat est juste ce qu’il faut. Une de nos préoccupation dans la gestion de nos travailleurs est d’arriver à ce que le travail soit bien fait et de préférence dans les temps. La tendance est souvent de sanctionner ceux qui ne font pas du bon boulot voire licencier ceux qui créent délibérément du tort comme détourner du carburant, casser leur matériel ou simplement s’absenter sans raison valable pour des périodes prolongées. Mais cette approche, même si nécessaire, crée un climat de répression qui n’est pas toujours le plus efficace et certainement pas le plus agréable, donc outre le bâton nous réfléchissions à des moyens que nous pouvons utiliser comme carotte.
Une fois par an nous offrons une récompense aux meilleurs travailleurs sous forme de bidons d’huile et/ou de promotions, mais un an c’est long et il est difficile de motiver quelqu’un, surtout ici, sur base d’une récompense potentielle en fin d’année. Pour pallier à cela, nous avons depuis peu introduit un système de distinction mensuelle pour les 60 meilleurs travailleurs dans toute la société sous forme d’une casquette au logo de Brabanta. Cela peut paraître peu de chose et ne motiverait peut-être pas l’employé moyen en Europe, mais ici ce n’est pas tant la valeur de la casquette que le statut qu’elle confère qui en fait une récompense très prisée et il suffit de voir ceux qui arborent fièrement leur couvre-chef pour comprendre que ce petit bout de tissu et de plastique est loin d’être anodin. Dans cette optique nous essayerons probablement d’alterner avec d’autres objets bien visibles comme des t-shirts, imperméables ou sacs pour ne pas trop diminuer la valeur symbolique de ceux-ci.
La motivation ne s’arrête pas à nos travailleurs car c’est le terme qui est également utilisé pour pudiquement parler des dessous de table qui sont sollicités par les “autorités” pour que nos dossiers ne restent pas au fond d’un tiroir ou soient traités favorablement. Ainsi un juge n’aura aucune honte à demander une “motivation” pour accepter de traiter un dossier voire simplement entendre un témoin pour lequel il n’a sinon pas de temps. Peu importe si on est dans son droit ou non, sans motivation rien ne se passe et plus l’on gravit les échelons d’autorité plus les “motivations” deviennent conséquentes allant de l’équivalent de quelques euro pour un subalterne à plusieurs dizaines de milliers d’euro quant il faut avoir l’attention d’un représentant du gouvernement.
Je dois avouer avoir développé une certaine aversion pour ce terme et que quand un collègue vient me parler d’affaires en cours avec les autorités locales, territoriales, provinciales ou même nationales, j’appréhende le moment ou sort l’aspect “motivation”. J’ai découvert que refuser de considérer une “motivation” peut avoir des conséquences indésirables si pas franchement désagréables, ainsi récemment le chef du parquet du territoire a menacé de faire arrêter un des expatriés pour un motif tout à fait futile et faux, la seule vraie raison étant que je n’avais pas accédé à sa demande de lui donner “quelque chose” lors de son passage à Mapangu (durant lequel il ne s’était pas privé de nous créer toutes sortes d’ennuis). Heureusement les ambitions de notre chef de parquet ont pu être réglées, non pas en “motivant” celui-ci mais en faisant appel à sa hiérarchie qui a évidemment demandé à être “motivée” elle aussi…
Nous avons rapporté nos propres motivations de Belgique, à savoir des réserves de bon chocolat, spéculoos et (pour ceux qui connaissent) des “müeslikoeken” de Mariman. Marie-Claude a même été chercher des pralines au CocoaTree, un endroit qui vaut sans conteste le détour car de loin les meilleurs pralines que nous ayons jamais goûté. Nous sommes donc parfaitement équipés pour nous motiver mutuellement avant, pendant et après les fêtes qui arrivent à grands pas.
Nous espérons très bientôt vous lire.
Salutations de la Toscane congolaise,
Marc & Marie-Claude
After a few days in Belgium (4 for me and a little longer for Marie-Claude, who had left a little earlier), here we are back in Mapangu where things are calm because there is little production and everyone is preparing for the end of year holidays and elections. When we arrived in Mapangu, there was a whole reception committee with dances and youyous, but it was not intended for us because on our plane there was also a candidate MP who is starting her campaign. Among the welcoming committee were mainly children, who should have been at school… but any means is good to inflate the crowds and give a more marked impression of the enthusiasm of the population.
At home we found everything in order except Makala which gave off a pestilential smell, probably because she took advantage of our absence and a more “relaxed” surveillance to go roll in something not very recommendable. So we decided that the time had come to give her a “homemade haircut” (which I tackled) and then a good shampoo in the hope that we would no longer faint and/or have itchy eyes every time she comes to sit lovingly near us. Griezel, our cat, is on the other hand, moderately impressed with the hair cut because she is not completely sure that it is the same dog she shares the house with.
But let’s come to the subject of the day, “motivation”. For her trimming session Makala knows that at the end she will have a small reward if she behaves and stays calm, in her case a small piece of biltong or dried meat, very much appreciated by our canine companion. As for me, a little piece of chocolate is just what it takes.
One of our concerns in managing our workers is to ensure that the work is well done and preferably on time. The tendency is often to punish those who do not do a good job or even dismiss those who deliberately create harm, such as diverting fuel, breaking equipment or simply taking time off for no good reason for extended periods. But this approach, even if necessary, creates a climate of repression that is not always the most effective and certainly not the most pleasant, so besides the stick we were thinking about ways we can use as a carrot.
Once a year we offer a reward to the best workers in the form of oil cans and/or promotions, but a year is a long time and it is difficult to motivate someone, especially here, on the basis of a potential reward at the end of the year. To compensate for this, we have recently introduced a monthly distinction system for the 60 best workers throughout the company in the form of a cap with the Brabanta logo. This may seem like a small thing and may not motivate the average employee in Europe, but here it is not so much the value of the cap as the status it confers that makes it a very prized reward and it is enough to see those who proudly wear their headwear to understand that this little piece of fabric and plastic is far from insignificant. In this perspective we will probably try to alternate with other clearly visible objects such as t-shirts, raincoats or bags so as not to diminish their symbolic value too much.
The motivation does not stop with our workers because it is the term that is also used to modestly talk about the bribes that are requested by the “authorities”, to ensure for example that our files do not remain at the bottom of a drawer or are treated favourably. Thus, a judge will have no shame in asking for a “motivation” to agree to handle a case or even simply to hear a witness for whom he or she otherwise has no time. Regardless of whether you are within your rights or not, without motivation nothing happens and the higher you move up the authority ladder, the more consequent the “motivations” becomes, ranging from the equivalent of a few euros for a subordinate to several tens of thousands of euros when you need to have the attention of a government representative.
I must admit that I have developed a certain aversion to this term and that when a colleague comes to talk to me about ongoing business with local, territorial, provincial or even national authorities, I apprehend the moment when the “motivation” aspect comes out. I have discovered that refusing to consider a “motivation” can have undesirable consequences if not frankly unpleasant, so recently the head of the territorial prosecutor’s office threatened to have one of the expatriates arrested for a completely futile and false motive, the only real reason being that I had not accepted his request to give him “something” during his visit to Mapangu (during which he had created all kinds of problems for us). Fortunately, the ambitions of our Chief Prosecutor could be resolved, not by “motivating” him but by appealing to his hierarchy, which obviously asked to be “motivated” as well…
We have brought our own motivations from Belgium, namely reserves of good chocolate, speculoos and (for those who know) Mariman’s “müeslikoeken”. Marie-Claude even went to the “CocoaTree” shop to get pralines, a place that is definitely worth a visit because by far the best chocolates we have ever tasted. We are therefore perfectly equipped to motivate each other before, during and after the holidays that are fast approaching.
We look forward to hearing from you soon.
Greetings from Congolese Tuscany,
Marc & Marie-Claude
2 replies on “Motivation”
Bonjour,
j’ai été ravi de lire vos nouvelles, Mapangu me rappelle mon enfance, mon défunt papa travaillait à l’ONATRA, et pendant les vacances, nous profitions du bateau entre Kinshasa et Ilebo. Brabanta était mon village préféré … Les belles années 70 …
Une bonne vie à Mapangu.
Aimé, Bruxelles
Bonjour Aimé,
merci pour votre message.
Les choses ont bien changé depuis les années 70, il y a toutefois encore des bateaux qui naviguent entre Kinshasa et Ilebo et la région est magnifique. Il faut espérer que les autorités prendront un jour leurs responsabilités et feront ce qui est nécessaire pour développer cette contrée, et le pays en général, dont le potentiel est énorme.
Bien à vous,
Marc