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Définition d’une île – bout de terre entouré d’eau, ou une chose considérée comme ressemblant à une île, en particulier isolée, détachée ou entourée.
En général, le seul moyen d’accéder à une île est par voie des eaux ou des airs, bien que certaines îles soient reliées à la terre continentale par un pont. Mapangu répond plutôt bien à cette définition, surtout en ce moment avec toutes ses routes d’accès quasi impraticables. Les seuls moyens d’accès sont soit par les airs, soit par l’eau (la rivière Kasaï dans notre cas).
Comme pour le moment le gouvernement est supposé déployer tout le matériel pour les élections prévues dans une semaine et que (j’oserais dire comme d’habitude) les choses n’ont pas réellement été planifiées d’avance, on est en droit de se demander comment cela va se dérouler vu les routes coupées. Une grande partie du matériel électoral est dispatché à travers le pays au moyen de camions militaires, mais il semblerait que ces camions et surtout leurs chauffeurs aient rarement eu à circuler sur autre chose que des routes plus ou moins asphaltées. Les forces armées congolaises, tout comme Brabanta, sont équipées de camions russes Kamaz, ce qui fait que, tout naturellement, quand un des camions militaires est tombé en panne pas loin de la plantation, ils sont venus “pleurer” chez nous pour être dépannés. Plus surprenante fut la demande de fournir un chauffeur pour reprendre le volant du camion, car il semblerait que le chauffeur (militaire) attitré en était à sa première expérience de roulage sur une (mauvaise) piste et que les autorités étaient inquiètes de ne pas voir arriver le camion à bon port dans les temps. Nous avons dépanné le camion, mais j’ai toutefois poliment décliné de fournir un chauffeur car il est certain qu’en cas de moindre problème (accident ou autre) notre pauvre chauffeur se retrouverait au cachot pour avoir pris les commandes d’un engin militaire (ce qui est bien entendu strictement illégal).
Pour circonvenir les problème des routes, nous essayons de temps en temps d’envoyer des marchandises par route jusqu’au port de Dibaya, situé en aval sur la rivière Kasaï, d’où une baleinière amène les colis jusque Mapangu. Mais même la route jusque Dibaya semble s’être détériorée au point de rendre cette solution peu praticable, car certaines commandes envoyées par camion mettent plus longtemps qu’une barge au départ de Kinshasa pour nous atteindre. Comme l’envoi par camion coûte près de dix fois plus cher que le fret fluvial, il y a peu d’intérêt de risquer le voyage par la route.
Mis à part les voyageurs qui n’ont pas le choix et qui sont prêts à affronter de longues heures assis à l’arrière d’une moto ou à l’arrière d’un véhicule surchargé et de passer plusieurs nuits en brousse, le seul moyen un petit peu fiable pour arriver ou partir d’ici est l’avion. Celui que nous affrétons chaque mois est extrêmement sollicité, par des agents de la société qui doivent aller à ou venir de Kinshasa, des personnes extérieures qui n’ont pas le courage d’affronter l’aventure via la piste et surtout le fret (fonds et vivres) nécessaires pour alimenter la plantation. En cette période de fin d’année, notre avion est rempli comme un œuf: beaucoup partent en congé, il faut faire les provisions habituelles jusqu’à l’avion suivant fin janvier plus des “extras festifs” et il y a beaucoup de déplacements liés aux élections.
Heureusement, comme une île, nous avons l’option navigable qui est surtout utile pour l’expédition de nos huiles vers Kinshasa, mais aussi pour nous approvisionner avec toutes les marchandises non périssables, lourdes ou encombrantes comme les engrais (2.000 tonnes par an), les grosses pièces pour l’huilerie et le garage, le carburant (100 à 150.000 litres par mois) et les lubrifiants.
Les aspects de notre “île” qui pèsent sans doute le plus, surtout pour les (plus jeunes) expatriés célibataires est le fait d’être coincés pendant cinq mois d’affilé avec quasi aucun moyen de distraction mis à part un repas ou un drink de temps en temps avec les autres expatriés. Il n’est pas possible de passer un week-end en ville, car il n’y a qu’un vol par semaine entre Kinshasa (pour celui ou celle qui apprécie un séjour à Kinshasa) et Ilebo (ou Mapangu) et pour cela il faut débourser près de 800 dollars pour l’avion, sans compter les frais de séjour à Kinshasa (classée comme la ville la plus chère d’Afrique et la troisième ville la plus chère du monde pour les expatriés).
Donc, paradoxalement, malgré le fait de vivre au centre d’un vaste continent, les conditions de vie ressemblent étrangement à celles que nous imaginerions avoir sur une île… Sans la mer et la plage. Les paysages sont toutefois superbes et cette isolation nous permet de vivre de façon autonome tout en sachant que de temps en temps nous avons l’opportunité de rejoindre la “civilisation” et de prendre conscience et d’apprécier les différences de ces mondes si éloignés.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Pépinière de palmiers – Palm nursery
Matin en brousse – Morning in the bush
Photo souvenir
Transport du matériel électoral – Transport of election material
Definition of island – a piece of land surrounded by water, a thing regarded as resembling an island, especially in being isolated, detached, or surround
In general, the only way to reach an island is by water or air, although some islands are connected to the mainland by a bridge. Mapangu fits this definition quite well, especially at this time with all its access roads almost impassable. The only means of access is either by air or water (the Kasai River in our case).
Since at the moment the government is supposed to deploy all the equipment for the elections scheduled in a week from now and (I would dare say as usual) things have not really been planned in advance, we have reason to wonder how it will turn out given the impassable roads. Much of the election material is dispatched across the country by military trucks, but it would appear that these trucks and especially their drivers have rarely had to travel on anything other than more or less paved roads. The Congolese armed forces, like Brabanta, are equipped with Russian Kamaz trucks, which means that, quite naturally, when one of the military trucks broke down not far from the plantation, they came to seek help from our mechanics. More surprising was the request to provide a driver to take the truck further on its journey, as it would seem that the assigned (military) driver was in his first experience of driving on a (bad) track and that the authorities were worried that the truck would not arrive safely on time. We repaired the truck, but I politely declined to provide a driver because it is certain that in the event of any kind of problem (accident or other) our poor driver would find himself in prison for taking control of a military device (which is of course strictly illegal).
To circumvent the road problems, we occasionally try to send goods by road to the port of Dibaya, located downstream on the Kasai River, from where a small cargo ship brings the packages to Mapangu. But even the road to Dibaya seems to have deteriorated to the point of making this solution impractical, as some truck orders take longer than a barge from Kinshasa to reach us. Since trucking is almost ten times more expensive than river freight, there is little point in risking sending our stuff by road.
Apart from travellers who have no choice and are ready to face long hours sitting in the back of a motorcycle or in the back of an overloaded vehicle and spend several nights in the bush, the only slightly reliable way to get to or from here is by plane. The one we charter every month is extremely solicited, by agents of the company who have to go to or come from Kinshasa, by outsiders who do not have the courage to face the adventure via the track and especially the freight (funds and food) necessary to feed the plantation. At the end of the year, our plane is filled like an egg as many go on holiday, we need to make the usual provisions until the next plane at the end of January plus “festive extras” and there is a lot of travel related to the elections.
Fortunately, as an island, we have the navigable option which is mainly useful for shipping our oils to Kinshasa, but also for sourcing all non-perishable, heavy or bulky goods such as fertilizers (2,000 tons per year), large spare parts for the oil mill and garage, fuel (100 to 150,000 litres per month) and lubricants.
The aspects of our “island” that probably weighs the most, especially for the (younger) single expatriates, is being stuck for five months in a row with almost no means of entertainment except a meal or drink from time to time with the other expatriates. It is not possible to spend a weekend in the city, because there is only one flight per week between Kinshasa (for those who enjoy a stay in Kinshasa) and Ilebo (or Mapangu) and for that you have to pay nearly 800 dollars for the plane, not to mention the cost of staying in Kinshasa (classified as the most expensive city in Africa and the third most expensive city in the world for expatriates).
So, paradoxically, despite being in the centre of a vast continent, living conditions are strangely similar to those we would imagine having on an island… Without the sea and the beach. However, the landscapes are superb and this isolation allows us to live independently while knowing that from time to time we have the opportunity to join “civilization” and to become aware and appreciate the differences of these worlds so far apart.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude