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Non, nous ne partons pas en vacances, même si nous aurions beaucoup aimé être avec la famille pour les fêtes de fin d’année… L’année prochaine peut-être?
Mais cela n’empêche qu’ici aussi les écoles ont fermé leurs portes après les examens clôturant le premier trimestre de l’année académique.
Même si c’est très basique comparé à nos écoles en Europe, certaines écoles ont malgré tout la réputation d’être meilleures que d’autres et attirent donc des élèves venant parfois de loin, jusqu’à plusieurs journées de marche. Pendant le trimestre, ceux-ci logent à l’école dans des pensionnats où ils sont chargés de toutes les tâches ménagères (cuisine, collecte d’eau, lessive, etc.) en plus de leurs études et doivent malgré tout, bien évidemment, payer pour ce privilège.
Même en étant considérées meilleures, ces bonnes écoles sont souvent obligées de se débrouiller avec des moyens limités et de se montrer, donc, extrêmement créatives. Par exemple, j’ai visité une classe où se donnent des cours d’informatique aux élèves de l’enseignement secondaire, école qui ne dispose pas d’électricité et plus grave encore pas d’ordinateur… Le professeur est, par contre, un artiste talentueux (en plus, espérons-le, de maîtriser les questions informatiques) car au tableau il y a une énorme image d’un écran d’ordinateur avec les différents icônes que nous sommes habitués de voir sur notre machine. En guise d’ordinateur, les élèves disposent d’un clavier en bois qui illustre les différentes touches et pour le reste … De beaucoup d’imagination. Ces élèves ne sont pas totalement coupés du monde informatique car nombreux sont ceux qui disposent d’un téléphone portable, parfois même un “smart phone” avec lequel ils peuvent se familiariser avec toute une série de fonctions, mais il n’en reste pas moins que les cours d’informatique restent très théoriques.
Chaque année nous accueillons une centaine de stagiaires de tous bords (menuiserie, électricité, mécanique, santé, etc.) y compris une vingtaine de candidat(e)s informaticien(ne)s que nous installons un peu partout à côté des secrétaires, comptables, magasiniers et autres employés dotés d’un ordinateur. Imaginez les premiers jours lorsque ces futurs informaticiens sont confrontés à un clavier dont les touches ne sont pas statiques et dont l’actionnement provoque des changements à l’écran de l’ordinateur. La première fois qu’ ils ou elles découvrent l’utilisation d’une souris, l’utilisation d’une feuille de calcul, le traitement d’images et le miracle de l’impression d’un document. En quelques semaines de stage le monde de ces élèves est bouleversé car ils ont enfin pu mettre en pratique ce qui jusque là s’était résumé à quelques captures d’écrans statiques sur le tableau noir. De façon assez surprenante (ou peut-être pas) la plupart des stagiaires en informatique arrivent très rapidement à maîtriser le maniement d’un ordinateur sans aide et nous sommes en droit de nous demander comment ils pourront accepter de reprendre les cours sans machine le trimestre suivant.
Depuis quelque temps nous avons aménagé deux salles “informatiques” pour des écoles de Mapangu dans le but principal de leur donner un accès à une source de courant où ils peuvent brancher les rares ordinateurs que les écoles arrivent à obtenir, via l’éducation nationale, des sources privées ou des machines cédées par la société. N’allez pas imaginer des salles informatiques extraordinaires, nos moyens étant limités ce sont des conteneurs dans lesquels nous installons des points d’éclairage et des prises, et au-dessus desquels sont placées des toitures en paille ou en tôles pour limiter la chaleur à l’intérieur.
Mais revenons à nos moutons, les vacances scolaires. A la fin du trimestre, les quelques semaines de vacances sont une occasion pour les élèves pensionnaires de retourner dans leurs foyers, à pied avec généralement une valise sur la tête. Ainsi en cette période de fin d’année nous croisons de nombreux groupes d’adolescents qui partent bagages sur la tête pour plusieurs journées de marche afin de rejoindre leur village et y aider aux tâches ménagères et dans les champs en échange des lourds efforts financiers que les parents doivent faire pour payer les frais de scolarisation de leur progéniture. De fait, outre les frais de nourriture du pensionnat, chaque élève doit payer des frais d’inscription et de minerval chaque trimestre en plus du matériel scolaire, ce qui correspond à peu près à l’équivalent d’un salaire mensuel minimum. Donc le parent qui a trois enfants à l’école dépense l’entièreté de son salaire en frais scolaires et quand il a six ou sept enfants (comme c’est la moyenne ici) il n’y a généralement qu’une partie des enfants qui vont à l’école et les autres (les filles généralement) restent à la maison pour aider aux champs, chercher de l’eau et participer aux tâches ménagères.
Les enfants qui vont à l’école ne sont pas dispensés pour autant des travaux “d’intérêt publique” et doivent puiser de l’eau pour les professeurs, faire les travaux d’entretien dans le jardin des professeurs ou de l’école et participer aux travaux de construction et d’entretien des bâtiments. La punition officielle pour une arrivée tardive en classe est de 20 briques adobes par jour, que l’élève doit façonner, sécher et livrer au stock de l’école. Ces briques sont généralement destinées à la construction ou réfection des salles de classe, mais certains professeurs n’hésitent pas à les vendre à des personnes extérieures avec de surcroît la livraison assurée par les élèves.
A la fin des vacances, c’est le trafic inverse qui se voit sur les routes, avec les élèves qui reviennent sac sur la tête vers l’école. Une différence majeure toutefois est que les filles ont le crâne rasé, une exigence surtout des écoles catholiques qui aurait été introduite par les ecclésiastes blancs pour des raisons variables selon les sources. Certains disent que c’est pour s’assurer que les élèves ne reviennent pas avec des poux, ce qui n’est pas trop un risque avec les garçons qui ont presque d’office le crane rasé à tout age, d’autres disent que c’est pour éviter la rivalité entre les coiffures parfois extravagantes dont les filles et femmes congolaises aiment se parer composées de mèches, perles et autres éléments qui s’attachent aux vrais cheveux. Toujours est-il que quand les vacances sont finies la plus grande partie des jeunes filles qui vont à l’école n’ont plus un poil sur le caillou. Comme elles ont en général un port de reine (grâce entre autres, aux bidons d’eau balancés sur le sommet du crâne dès qu’un enfant sait marcher) cela nuit en rien à leur élégance naturelle.
Nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année, assorties de vacances ou non, en espérant, comme d’habitude, recevoir de vos nouvelles.
A très bientôt,
Marc & Marie-Claude
On se prepare – We are getting ready
Non, ce n’est pas un BBQ mais la désinfection des outils de coupe.
No, it is not a BBQ, but desinfection of cutting tools.
Départ pour le bureau – Leaving for the office
Griezel se repose sous l’oeil bienveillant d’un masque barbu.
Griezel resting under the watchful eye of a bearded mask.
Palmier biscornu – Odd palm tree
C’est Noël – It’s Christmas
Cliquez ici pour nos Vœux – Click here for our Wishes
No, we are not going on holiday, even though we would have liked to be with our family for Christmas and New Year… Maybe next year?
But this does not prevent schools here from closing too after the first end of term exams of this academic year.
Even if very basic compared to our schools in Europe, some of the local schools still have a reputation for being better than others and therefore attract students from far away, up to several days’ walk. During the term, they stay at school in boarding houses where they are responsible for all household tasks (cooking, water collection, laundry, etc.) in addition to their studies and must, despite everything, of course, pay for this privilege.
Even if they are considered better, these good schools are often forced to get by with limited resources and therefore need to be extremely creative. For example, I visited a computer class for secondary school students, a school that does not have electricity and, even more importantly, no computer… The teacher is, on the other hand, a talented artist (in addition, let’s hope, to mastering computer knowledge) because on the board he drew a huge image of a computer screen with the different icons that we are used seeing on our machines. Instead of a computer, the students have a wooden keyboard that illustrates the different keys and for the rest… a lot of imagination. These students are not totally cut off from the IT world because many have a mobile phone, sometimes even a “smart phone” with which they can familiarize themselves with a whole series of functions, but the fact is that computer courses remain very theoretical.
Every year we welcome about a hundred trainees from all walks of life (carpentry, electricity, mechanics, health, etc.) including about twenty computer candidates that we install everywhere we can, next to secretaries, accountants, warehouse workers and other employees equipped with a computer. Imagine the first few days when these future computer “experts” are confronted with a keyboard whose keys are not static and whose operation causes changes to the computer screen. The first time they discover the use of a mouse, the use of a spreadsheet, image processing and the miracle of printing a document. In a few weeks of internship the world of these students is turned upside down because they have finally been able to put into practice what had until then been reduced to a few static screenshots on the blackboard. Surprisingly enough (or perhaps not) most computer trainees very quickly master the use of a computer without help and we are entitled to wonder how they will be able to accept to resume classes without a machine the following term.
Recently we have set up two “computer” rooms for schools in Mapangu with the main aim of giving them access to a power source where they can connect the few computers that schools can obtain, via national education, from private sources or machines donated by the company. Don’t imagine extraordinary computer rooms, our means being limited they are set up containers in which we install lighting points and sockets, and above which roofs made of straw or sheet metal are placed to limit the heat inside.
But let’s get back to our business, the school holidays. At the end of the term, the few weeks of holidays are an opportunity for the boarding students to return to their homes, usually on foot with a suitcase on their heads. Thus in this end-of-year period we meet many groups of teenagers who leave with their belongings on their heads for several days of walking to reach their village and help with household chores and in the fields in exchange for the heavy financial efforts that parents must make to pay the school fees of their offspring. In fact, in addition to the boarding school food costs, each student must pay tuition fees each term in addition to the cost of school supplies, which is roughly equivalent to a minimum monthly salary. So a parent with three children in school spends all of his salary on school fees and when he has six or seven children (as is the average here) only part of the children can attend school and the others (usually girls) stay at home to help in the fields, fetch water and participate in household tasks.
Children who go to school are not exempt from “public service” work and must collect water for teachers, do maintenance work in the teachers’ or school’s garden and participate in the construction and maintenance of buildings. The official punishment for a late arrival in class is 20 adobe bricks per day, which the student must shape, dry and deliver to the school stock. These bricks are generally intended for the construction or renovation of classrooms, but some teachers do not hesitate to sell them to outsiders with the additional delivery service provided by the students, in order to earn a little extra.
At the end of the holidays, the traffic on the roads goes the opposite way, with students returning with bags on their heads to school. A major difference, however, is that girls have shaved heads, a requirement especially of Catholic schools that would have been introduced by white clergymen for reasons that vary according to sources. Some say it’s to make sure that students don’t come back with lice, which isn’t too much of a risk with boys who almost automatically have their heads shaved at any age, others say it’s to avoid the rivalry between the sometimes extravagant hairstyles that Congolese girls and women like to have with with wicks, pearls and other elements that attach themselves to real hair. However, when the holidays are over, most of the girls who go to school no longer have any hair and save for a hat or a scarve cannot attach any adornments to their head. As they usually have a queen’s port (thanks in part to the burdens that are carried on the head as soon as a child, and especially girls, can walk) this does not affect their natural elegance.
We wish you a Merry Christmas and a Happy New Year, with or without holidays, and we look forward to hearing from you as usual.
See you very soon,
Marc & Marie-Claude