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Nous essayons de fournir un logement à tous nos travailleurs et à ce jour nous avons plus de 1.000 maisons disponibles dans la plantation, ce qui est malgré tout encore loin du compte puisque nous avons environ 2.700 travailleurs. Heureusement une bonne partie de nos travailleurs sont originaires des villages qui se trouvent en bordure de la plantation où ils disposent de leur propre maison. A l’exception des cadres et de certains agents de maîtrise qui disposent de maisons équipées d’eau et d’électricité, la majorité des maisons sont des constructions simples en briques adobes (terre crue pressée et séchée) enduites de ciment et toit en tôles d’environ 10m², ce qui est considéré comme vaste comparé aux maisons des villages qui ne font souvent pas plus de 5-6m². Mis à part les jours de pluie, la maison sert principalement pour dormir et toute autre activité (cuisine, repas, toilette, etc.) se passe à l’extérieur, mais même ainsi il est difficile d’imaginer comment ces maisons sont souvent occupées par 8-9 personnes qui, pour des raisons de “sécurité” (superstition entre autres) dorment toutes portes et fenêtres fermées. A l’extérieur de la maison la cuisine est généralement aménagée dans une paillote dont les murs et le toit prennent rapidement une couleur noirâtre à cause de la fumée permanente qui est dégagée par le bois, pas toujours sec, utilisé pour la cuisine. Initialement nous avions construit des maisons avec une petite cuisine intégrée, mais nous nous sommes rapidement rendu compte que celle-ci n’était pas utilisée, si ce n’est pour y stocker du bois et des aliments, car elle enfumait toute la maison et son contenu. Les maisons sont également équipées d’une latrine extérieure, parfois commune pour plusieurs habitations. Ici aussi nous avons initialement essayé d’installer des toilettes avec fosse septique mais le manque d’eau et la non-compréhension de leur mode de fonctionnement fait que celles-ci devaient être débouchées presque chaque semaine. J’ai le vague espoir de convaincre les gens d’utiliser des toilettes sèches, qui ont l’avantage de ne pas générer d’odeurs et de ne pas attirer les mouches comme c’est le cas pour les latrines, mais nous faisons face à un blocage culturel que je n’ai pas encore réussi à surmonter, sauf peut-être au bureau où l’utilisation de toilettes sèches semble finalement avoir été acceptée.
Dans les villages, la majorité des maisons sont en fait des huttes qui doivent être reconstruites chaque année ou presque. Les maisons sont construites avec des sticks de bois plantés dans le sol entre lesquels sont tissés des branches plus fines et les espaces restants sont colmatés avec de la boue. Le toit de ces maisons est confectionné avec des palmes qui sont tissées en panneaux que les gens ici appellent des rameaux et qui sont relativement étanches si plusieurs couches sont superposées. Le sol est évidemment en terre battue et quand la maison est construite sur une légère pente il n’est pas rare que l’eau de ruissellement passe à travers la maison. Les portes et volets des maisons sont faits avec des pétioles de palmiers attachés les uns aux autres avec des lianes qui sont aussi utilisées comme charnières. Certaines maisons dans les villages sont un petit peu plus grandes et composées de deux pièces, mais même dans ces cas-là il est difficile d’imaginer une famille nombreuse passant la nuit confortablement dans un aussi petit espace. Il n’y a évidemment pas de “salle d’eau” et pour tout ce qui concerne les ablutions, collecte d’eau et lessives les filles et femmes du ménage se déplacent jusqu’au cours d’eau le plus proche (parfois à une heure de marche) d’où elles reviennent avec des bidons de 25 litres d’eau sur la tête dès qu’elles ont 12-13 ans, les plus jeunes ont des charges plus petites, mais malgré tout disproportionnées compte tenu de leur âge. Dans les camps ou villages à l’intérieur de la plantation il y a généralement une grande citerne que nous approvisionnons tous les jours avec un tracteur, mais celle-ci est généralement vide après quelques heures et l’eau qu’elle contient n’est pas potable sans être bouillie ou traitée.
Curieusement, les hommes portent rarement leur charge sur la tête. Lorsqu’ils portent un bidon d’eau c’est généralement sur l’épaule ou, par exemple lorsque nous déchargeons des sacs d’engrais (qui font généralement 50 kg) ils sont portés sur les épaules, mais rarement sur la tête. Selon certains de nos collègues que j’ai interrogé à ce sujet, c’est une question de physionomie ou de volonté de Dieu qui fait que depuis la nuit des temps les femmes peuvent porter des charges sur la tête, mais pas les hommes qui sont trop “faibles” pour cela. Cette croyance justifie sans doute le fait que souvent lorsque l’on croise un couple sur la route, la femme porte une charge sur la tête, un bébé dans le dos et parfois même encore un enfant en bas âge dans les bras marchant derrière un homme qui ne porte rien du tout, c’est la volonté du tout puissant que les choses soient ainsi…
Mais revenons au sujet des villages, principalement ceux qui entourent la plantation. Les villages sont strictement mono-ethniques, c-à-d que seuls des personnes de la même tribu peuvent y construire une maison. Cela n’empêche évidemment pas “d’acheter” une femme dans un village voisin, ce qui du reste est considéré favorablement car cela resserre les liens entre deux tribus différentes. Ainsi autour de la plantation nous avons des villages “Lele”, “Shokwe”, “Luba”, etc. qui soit disant sont connus pour être paresseux pour les uns, et agressifs ou entrepreneurs pour les autres. Dans la plantation les choses sont différentes car les villages ou camps que nous avons construit sont occupés par les travailleurs en fonction de leur lieu de travail et non leur origine ethnique. Comme dans les villages traditionnels, chaque village ou camp de la plantation désigne son chef de camp qui est chargé d’y maintenir l’ordre et la propreté, bien que sur ce dernier point il y ait encore beaucoup de travail à faire, mais sera le sujet d’un autre récit car c’est matière à saga…
Finalement il y a les sites sur lesquels nous habitons, composés de quelques maisons seulement sur une plus grande étendue de terrain et évidemment organisés différemment, mais nos collègues congolais parlent du camp Cathédrale, camp directeur, camp usine ou camp assistants pour désigner les maisons où sont installées les expatriés car nous sommes effectivement éparpillés sur 4 locations différentes, quoi que pour le moment il n’y a pas d’expatrié résidant au camp directeur (où les DG précédents avaient choisi de résider).
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et vous souhaitons une bonne semaine en espérant avoir de vos nouvelles très bientôt.
Bien à vous,
Marc & Marie-Claude
We are trying to provide housing for all our workers and to date we have more than 1,000 houses available in the plantation, which is still far from enough since we have about 2,700 workers. Fortunately, a good part of our workers come from the villages on the edge of the plantation where they have their own house. With the exception of managers and some supervisors who have houses equipped with water and electricity, the majority of houses are simple constructions made of adobe bricks (pressed and dried mud) coated with cement and a sheet metal roof of about 10m², which is considered vast compared to village houses which often do not exceed 5-6m². Apart from rainy days, the house is mainly used for sleeping and all other activities (cooking, eating, washing, etc.) take place outside, but even so it is difficult to imagine how these houses are often occupied by 8-9 people who, for reasons of “security” (superstition among others) sleep with all doors and windows closed. Outside the house the kitchen is usually set up in a straw hut whose walls and roof quickly turn blackish because of the permanent smoke released by the wood, not always dry, used for cooking. Initially we had built houses with a small fitted kitchen, but we quickly realized that it was not used, except to store wood and food, because it smoked the whole house and its contents. The houses are also equipped with an outdoor latrine, sometimes common for several houses. Here too we initially tried to install toilets with septic tanks, but the lack of water and the lack of understanding of how they work meant that they had to be unblocked almost every week. I have vague hopes of convincing people to use dry toilets, which have the advantage of not generating odours and attracting flies as is the case with latrines, but we are facing a cultural blockage that I have not yet managed to overcome, except perhaps in the office where the use of dry toilets seems to have finally been accepted.
In the villages, the majority of the houses are actually huts that have to be rebuilt almost every year. The houses are built with wooden sticks planted in the ground between which thinner branches are woven and the remaining spaces are filled with mud. The roofs of these houses are made of palms that are woven into panels, which are relatively waterproof if several layers are superimposed. The ground is obviously of hardened soil and when the house is built on a slight slope it is not uncommon for runoff water to pass through the house. The doors and shutters of the houses are made with palm stems attached to each other with vines,which are also used as hinges. Some houses in the villages are a little larger and have two rooms, but even in these cases it is difficult to imagine a large family spending the night comfortably in such a small space. There is obviously no “bathroom” and for all matters relating to ablutions, water collection and washing, the girls and women in the household move to the nearest water point (sometimes within an hour’s walk) from where they return with 25-litre water cans on their heads as soon as they are 12-13 years old, the youngest ones have smaller charges, but despite this are disproportionate for their age. Most of the villages or camps inside the plantation are equiped with a large tank that we fill with water every day with a mobile cistern, but is water is usually used up in a matter of a few hours and is not suitable for consumption without being boiled first.
Strangely enough, men rarely carry their loads on their heads. When they carry a can of water it is usually on their shoulders or, for example, when we unload bags of fertilizer (which usually weigh 50 kg) they are carried on their shoulders, but rarely on their heads. According to some of our colleagues I have asked about this, it is a question of God’s will and that since time immemorial women can carry loads on their heads, but not men who are too “weak” for that. This belief probably justifies the fact that often when we meet a couple on the road, the woman carries a load on her head, a baby on her back and sometimes even a small child in her arms walking behind a man who carries nothing at all, it is the will of the almighty that things should be like this…
But let’s come back to the villages, mainly those around the plantation. The villages are strictly mono-ethnic, i.e. only people of the same tribe can build a house there. This obviously does not prevent men from “buying” a woman in a neighbouring village, which is considered positively because it strengthens the ties between two different tribes. Thus around the plantation we have villages that are “Lele”, “Shokwe”, “Luba”, etc. which, according to the tribe are supposedly known to be lazy for some, and aggressive or entrepreneurial for others. In the plantation things are different because the villages or camps we have built are occupied by the workers according to their place of work and not their ethnic origin. As in traditional villages, each village or camp on the plantation designates its camp chief who is responsible for maintaining order and cleanliness, although on the latter point there is still a lot of work to do, but will be the subject of another story because it is a matter of a saga…
Finally there are the sites where we live, composed of only a few houses on a larger area of land and obviously organized differently, but our Congolese colleagues speak of the Cathedral camp, director camp, factory camp or assistant camp to designate the houses where expatriates and senior staff are residing because we are indeed scattered over 4 different locations, although for the time being there is no expatriate residing at the director’s camp (where the previous GMs had chosen to reside).
We hope these words will find you well and we wish you a very pleasant week, looking forward to hear from you.
Best regards,
Marc & Marie-Claude