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Dans notre Toscane congolaise nous avons de superbes paysages de vallées, forêts, savanes et évidemment palmeraies dont certaines, qui n’ont pas été replantées, avec de grands palmiers entourés d’une recrue forestière là ou les villageois n’ont pas brûlé la végétation pour faire leurs champs. C’est plus par obligation que par tradition que la population locale cultive principalement du maïs et du manioc pour se nourrir, car la tradition ici serait plutôt basée sur la chasse et la cueillette, mais à force de chasser et de cueillir sans limites il ne reste plus grand chose pour ne pas dire rien. Nous sommes entourés d’énormes espaces de savane qui s’étendent sur des milliers d’hectares avec par ci par là un petit bosquet d’arbres qui ont survécu et quelques zones plus ou moins marécageuses en bordure de cours d’eau où la végétation naturelle a plus ou moins persisté, probablement parce qu’elle est plus difficile à brûler et/ou cultiver.
Quand on découvre pour la première fois ces espaces gigantesques, la première image qui surgit est celle de troupeaux d’antilopes, zèbres et autres animaux sauvages ou, à défaut, d’élevages de bovidés, de chèvres ou divers animaux domestiques. Mais non, ces espaces sont presque totalement vides et quand, par miracle, une petite antilope est repérée, les villageois organisent des battues ou mettent le feu à la brousse dans l’espoir d’attraper la pauvre créature pour en faire un bon repas. Dire qu’il n’y a absolument pas de vie sauvage serait un mensonge car nous apercevons occasionnellement des outardes, perdrix ou pintades, une civette de temps à autres et à deux reprises j’ai aperçu des coyotes qui doivent forcément se nourrir de quelque chose. Même en l’absence de (grand) gibier, les villageois mettent régulièrement le feu à la savane dans l’espoir d’y attraper quelques rongeurs, serpents ou autres petits animaux qui pourraient agrémenter la farine de maïs ou de manioc qui constitue l’aliment de base de tous les jours.
Près de notre plantation il y a un petit troupeau d’une dizaine de têtes de bétail, mais il se cantonne aux environs du village ou dans la plantation même pour y manger les légumineuses que nous y plantons comme couvre-sol. Curieusement, il n’y a quasi pas de cultures en savane, car tous les champs sont faits en forêt sur des sols fraîchement défrichés et donc de plus en plus éloignés compte tenu de la destruction graduelle des zones boisées. Il est vrai que les pluies sont imprévisibles et que les terrains forestiers paraissent plus humides, mais nous avons observé une augmentation de la pluviométrie aux abords de notre plantation, comme si la présence d’une végétation verte permanente (palmiers et plantes de couverture) avait créé un micro-climat plus humide. Dans les abords immédiats nous avons d’ailleurs fait des essais de culture de haricots qui ont très bien donnés malgré le fait qu’ils avaient été semés en début de saison sèche. La culture des palmiers a également augmenté la présence de certains insectes typiques des palmiers dont les larves sont très prisées par la population locale. Heureusement nous n’avons pas trop de palmiers attaqués, car certains sont capables de tuer le palmier soit par le creusement de nombreuses galeries qui finissent par toucher le méristème apical, soit parce qu’ayant repéré la présence de ces larves (qui émettent une sorte de couinement très audible) les consommateurs de celles-ci n’hésitent pas à tailler le palmier pour en retirer les larves, qui sont, il est vrai, bien grosses et nourrissantes.
Parlant de créatures inhabituelles, il y a quelques jours nous avions une petite bête dans la maison qui devait être une sorte de limace mais non baveuse et qui ne semblait pas toucher le sol lorsqu’elle se déplace. Nous avons essayé de faire une petite vidéo pour vous montrer comment elle lévite.
Une autre sorte de “créature” assez fréquente sur nos routes sont des grosses boules de feuilles qui sautillent et s’enfuient à l’approche des véhicules. En fait se sont des petits enfants qui viennent cueillir des lianes de Mucuna ou Pueraria (plante que nous utilisons comme couvre-sol dans la plantation) pour nourrir leurs cochons d’inde ou lapins et qui s’enfuient avec un grosse boule de lianes accrochées à un bâton qu’ils portent sur l’épaule et qui de derrière ressemble à une grosse boule de branches et de feuilles sur des petites jambes. Outre les plantes pour nourrir les petits animaux de la maison, à certaines saisons la plantation est envahie par les enfants qui viennent récolter de petits champignons blancs qui foisonnent sur les rafles (restes des régimes après usinage) que nous étalons dans la plantation comme matière organique. Lorsque les véhicules transportent les rafles vers la plantation il arrive évidemment qu’une de ces rafle tombe sur la route et de nuit cela ressemble furieusement à un hérisson, mais malheureusement nous n’avons encore jamais vu de hérisson ou porc-épic vivant ou même mort par ici. Les seules créatures sauvages qu’il y a encore parfois dans les zones boisées sont quelques pangolins dont la chair est très prisée (malheureusement, le seul que nous avons vu de nos yeux a été repêché dans notre citerne d’eau de pluie), des civettes (dont celle près de la Cathédrale, croisée par notre stagiaire à deux reprises lors de son retour pour le déjeuner) et de petits singes, mais ceux-ci aussi sont très convoités comme nourriture et se font de plus en plus rares.
C’est tout pour cette semaine, mais comme d’habitude nous espérons bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
In our Congolese Tuscany we have superb landscapes of valleys, forests, savannahs and obviously palm groves, some of which have not been replanted, with large palm trees surrounded by a forest regrowth when the villagers did not burn the vegetation to make their fields. It is more by obligation than by tradition that the local population cultivates mainly corn and cassava for food, because the tradition here would rather be based on hunting and gathering, but as a result of hunting and gathering without limits there is not much left to gather or hunt, that is not to say nothing. We are surrounded by huge areas of savannah that extend over thousands of hectares, with here and there a small grove of trees that have survived and some more or less marshy areas along rivers where natural vegetation has somewhat persisted, probably because it is more difficult to burn and/or cultivate.
When one first discovers these gigantic spaces, the first image that emerges is that of herds of antelopes, zebras and other wild animals or, failing that, of cattle, goats or other domestic animals. But no, these spaces are almost completely empty and when, by miracle, a small antelope is spotted, the villagers organize drives or set fire to the bush in the hope of catching the poor creature to make a good meal of it. To say that there is absolutely no wildlife would be a lie because we occasionally see bustards, partridges or guinea fowls, a civet from time to time and twice I have seen coyotes that have to eat something. Even in the absence of (large) game, villagers regularly set fire to the savannah in the hope of catching a few rodents, snakes or other small animals that could flavour the corn or cassava flour that is the staple food of daily life
Near our plantation there are some small herds of cattle, but these are confined in the vicinity of the village or in the plantation itself, where these consume the cover crop that grows below the palm trees. Curiously, they never venture in the savannah, where people neither cultivate any crops, prefering to make their fields in the forest on freshly cleared land and therefore further and further away due to the gradual destruction of forested areas. It is true that rains are unpredictable and forest lands appear moister, but we have observed an increase in rainfall around our plantation in the savannah, as if the presence of permanent green vegetation (palm trees and cover plants) had created a more favourable microclimate. In the immediate vicinity of our savannah plantation we also tried to grow beans, which worked very well despite the fact that they had been sown close to the start of the dry season. Palm cultivation has also increased the presence of some palm-specific insects, whose larvae are highly prized by the local population. Fortunately we do not have too many palm trees attacked by insects because some are able to kill the palm tree either by digging many galleries that eventually affect the apical meristem, or because having detected the presence of these larvae (which emit a kind of very audible squeaking) consumers of these do not hesitate to cut the tree open to remove the larvae.
Speaking of unusual creatures, a few days ago we had a little beast in the house that must have been a kind of slug but not drooling and that didn’t seem to touch the ground when it moved. We tried to make a short video to show you how it levitates.
Another kind of “creature” that is quite common on our roads are large balls of leaves that jump and run away as the vehicles approach. In fact, they are small children who come to pick vines from Mucuna or Pueraria (a plant that we use as ground cover in the plantation) to feed their guinea pigs or rabbits and run away with a large ball of vines hung on a stick that they carry on their shoulders and that looks like a large ball of branches and leaves on small legs from behind. In addition to the plants to feed the small animals at home, at some periods of the year the plantation is invaded by children who come to harvest small white mushrooms that abound on the empty fruit bunches (remains of the fruit bunches after milling) that we spread in the plantation as organic matter. When the vehicles transport these empty fruit bunches into the plantation, it is obvious that some of these fall on the road and at night it looks furiously like a hedgehog, but unfortunately we have never seen anything like a hedgehog or porcupine around here before. The only wild creatures that are still sometimes found in the woodlands are a few pangolins whose flesh is highly prized (unfortunately, the only one we have seen with our own eyes was fished out of our rainwater tank), civets (including one near the Cathedral, seen by our trainee twice on his return for lunch) and small monkeys, but these too are highly prized food produce and are becoming increasingly rare.
This is it for this week, as usual hoping to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude
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