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A quelques très petites exceptions près, toute la plantation se trouve sur du sable de couleur dorée qui, lorsqu’il est sec et poudreux donne la parfaite illusion de dunes au bord de la mer ou dans le désert. Heureusement il ne fait jamais vraiment sec ici, car même en saison sèche les matinées sont brumeuses et humides et l’alimentation assez régulière en eau de pluie permet malgré tout le développement d’une végétation assez luxuriante si laissée en paix. Tout comme la plage, le sable se retrouve partout dans la maison, les chaussures, la voiture, le bureau, ce n’est pas parce qu’il y est soufflé par le vent mais plutôt insidieusement accroché aux semelles des chaussures, bas de pantalon ou pattes des chiens. Je suis surpris par la quantité de sable qu’il faut balayer hors de mon bureau tous les jours, mais cela s’explique sans doute par les nombreux visiteurs qui entrent et sortent lorsque je suis présent.
Cette abondance de sable implique de nombreux défis, dont un plutôt important qui concerne l’alimentation hydrique et minérale des palmiers. Les sols étant relativement pauvres en matière organique, l’eau et les éléments nutritifs ont tendance à rapidement percoler vers les couches profondes et être difficiles d’accès surtout pour les jeunes palmiers. Pour compenser cela, nous essayons de maximiser la matière organique dans la plantation en faisant d’une part, pousser diverses sortes de plantes de couverture (principalement des légumineuses pour leur apport en azote) d’autre part, en redistribuant les sous-produits de l’huilerie tels que les rafles (régimes de fruits qui ont été débarrassés de leurs fruits) et fibres (restant après avoir pressé les fruits) dans la plantation. Comme nous utilisons également une partie des fibres pour alimenter les chaudières de l’huilerie afin d’assurer son alimentation en vapeur, il n’y a évidemment pas assez de matière organique pour alimenter toute la plantation donc seule une petite partie (environ 7%) bénéficie de ces rafles et fibres.
Compenser le manque d’eau est beaucoup plus difficile car il n’est économiquement pas envisageable d’irriguer la plantation dont le déficit hydrique n’est problématique que certaines années. Nous essayons de limiter l’évaporation en veillant à ce que le sol soit le moins exposé possible de plus les palmiers ont tendance à développer un enracinement profond qui permet d’aller puiser de l’eau et des éléments nutritifs assez loin.
Pour essayer de limiter le lessivage des éléments nutritifs, même si cela demande plus de mains d’œuvre, nous appliquons de l’engrais dans les parties de la plantation qui ne reçoivent pas assez de matière organique en fractionnant les applications le plus possible. Nous faisons également des essais avec des engrais enrobés qui se diffusent lentement dans le sol et devraient ainsi mieux profiter aux palmiers, mais cela ne se fait pas encore de manière généralisée car c’est une option plus coûteuse.
Une autre influence du sable est son effet sur la mécanique car étant assez fin il a tendance à pénétrer partout provquant ainsi l’usure des pièces en mouvement façon papier émeri. Malheureusement la solution n’est pas d’augmenter la lubrification car les petits grains de sable viennent alors se coller dans l’huile ou la graisse et accélérant ainsi leur travail d’usure. J’en ai fait les frais avec mon vélo qui après quelques semaines a commencé à faire des grincements et craquements sinistres, d’abord attribué à un mauvais réglage du changement de vitesse. En fait, j’ai découvert que le sable a trouvé son chemin à l’intérieur de l’axe de la roue et complètement rongé celui-ci ainsi que les roulements à billes avec le résultat que la roue ne peut plus tourner sans ballotter d’un côté à l’autre. Cette situation me frustre un petit peu car lors de nos derniers congés j’avais ramené le vélo en Belgique justement pour faire vérifier toutes les pièces mobiles et les techniciens ont effectivement remplacé la chaîne et les pignons qui s’étaient eux aussi fortement usés à cause du sable, mais semblent avoir oublié de vérifier l’état des axes et en particulier celui de la roue arrière, chose que je ne pourrai malheureusement pas faire arranger ici. Je vais donc devoir profiter du passage de l’un de nos visiteurs pour renvoyer la roue en Belgique en espérant que cette fois elle sera réparée correctement car malheureusement je vais devoir suspendre à nouveau mes déplacements en bicyclette sous peine de détruire irrévocablement l’axe.
L’on pourrait espérer qu’avec tout ce sable, au moins pour la construction nous n’avons pas trop de difficultés, mais ce serait oublier qu’au Congo le sous-sol appartient au gouvernement (et leur interprétation du sous-sol commence dès la surface du sol), donc pas question de ramasser du sable sans, d’une part, s’acquitter des taxes et droits appropriés et, d’autre part, payer le prix officiel fixé par l’autorité des mines. Heureusement jusqu’à présent nous ne devons pas payer de taxe sur le sable que nos cantonniers enlèvent des drains et autres zones d’accumulation sur les routes, dans la mesure ou celui-ci est laissé sur place sur un tas que les prochaines pluies auront tôt fait de disperser. Pour consolider les routes, mais aussi pour les surfaces du terrain de tennis ou de volley, nous utilisons des petites termitières qui poussent un peu partout comme des champignons. La matière de ces termitières a l’avantage de se compacter assez bien lorsqu’elle est humide, mais surtout comme elle poussent au-dessus du niveau du sol celles-ci ne sont pas taxables…
Nous vous souhaitons une excellente semaine en espérant recevoir de vos nouvelles aussi,
Marc & Marie-Claude
With a few very small exceptions, the entire plantation is on golden sand which, when dry and powdery, gives the perfect illusion of dunes by the sea or in the desert. Fortunately it is never really dry here, because even in the dry season the mornings are foggy and humid and the fairly regular supply of rainwater still allows the development of a rather lush vegetation if left in peace. Just like the beach, sand is found everywhere in the house, shoes, car, office, it is not because it is blown by the wind but rather insidiously attached to the soles of shoes, trousers or dogs’ paws. I am surprised by the amount of sand that has to be swept out of my office every day, but this is probably due to the many visitors who come in and out when I am present.
This abundance of sand presents many challenges, including a rather important one concerning the water and mineral supply of palm trees. As soils are relatively low in organic matter, water and nutrients tend to percolate rapidly to the deep layers and are difficult to access, especially for young palm trees. To compensate for this, we try to maximize organic matter in the plantation by growing various kinds of cover crops (mainly legumes for their nitrogen supply) on the one hand, and by redistributing oil mill by-products such as empty fruit bunches and fibre (remaining after pressing the fruit) in the plantation on the other hand. As we also use part of the fibres to feed the oil mill’s boilers to ensure its steam supply, there is obviously not enough organic matter to feed the whole plantation, so only a small part (about 7%) benefits from these empty fruit bunches and fibres.
Compensating for the lack of water is much more difficult because it is not economically feasible to irrigate the plantation, whose water deficit is only problematic in certain years. We try to limit evaporation by ensuring that the soil is as little exposed as possible, and palm trees tend to develop deep roots that allow them to draw water and nutrients from the deeper layers in the ground.
To try to limit nutrient leaching, even if it requires more labour, we apply fertilizer to those parts of the plantation that do not receive enough organic matter by splitting applications as much as possible. We are also testing with coated fertilizers that release the nutrients slowly through the soil and should thus better benefit palm trees, but this is not yet widespread because it is a more expensive option.
Another influence of sand is its effect on the mechanics because being quite fine it tends to penetrate everywhere causing wear and tear of moving parts like emery paper. Unfortunately, the solution is not to increase lubrication because the small grains of sand then stick to the oil or grease and accelerate their wear work. I know firts hand what it can do with my bike, which after a few weeks started squeaking and creaking sinisterly. I first assumed this was due to a bad gear shift setting. In fact, I discovered that the sand had found its way inside the wheel axle and completely eaten away at it as well as the ball bearings with the result that the wheel can no longer rotate without tossing from one side to the other. This situation frustrates me a little bit because during our last holidays I brought the bike back to Belgium precisely to have all the moving parts checked and the technicians actually replaced the chain and sprockets which had also worn out badly because of the sand, but seem to have forgotten to check the condition of the axles and in particular that of the rear wheel, something that I unfortunately could not have fixed here. I will therefore have to take advantage of the passage of one of our visitors to send the wheel back to Belgium in the hope that this time it will be repaired correctly and unfortunately I will have to suspend my bicycle trips for the time being as otherwise it will irrevocably destroy the axle.
One could hope that with all this sand, at least for construction we do not have too many difficulties, but that would be forgetting that in Congo the subsoil belongs to the government (and their interpretation of the subsoil starts from the surface of the ground), so there is no question of collecting sand without, on the one hand, paying the appropriate taxes and fees and, on the other hand, paying the official price set by the mining authority. Fortunately so far we do not have to pay any sand tax that our roadmen remove from drains and other accumulation areas on the roads, as long as it is left on site on a pile that the next rains will soon disperse. To consolidate the roads, but also for the surfaces of the tennis or volleyball court, we use small termite mounds that grow everywhere like mushrooms. The material of these termite mounds has the advantage of compacting quite well when it is wet, but especially as they grow above ground level they are not taxable….
We wish you an excellent week and hope to hear from you too,
Marc & Marie-Claude