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Les rapaces les plus fréquents dans les environs de Mapangu sont les milans, on en trouve un peu partout dans la plantation où ces oiseaux se nourrissent probablement de petits rongeurs, eux, attirés par les fruits et noix de palme qui sont disponibles en grande quantité dans toute la région. Il y a d’autres sortes de rapaces aussi mais moins fréquents dont de petits faucons et une espèce d’aigle huppé parfois mêlé à un groupe de milans.
Il m’arrive régulièrement de déranger un milan posé sur le bord de la route qui parfois précède tout juste la voiture l’accompagnant en planant avant de finir par bifurquer et disparaître dans la palmeraie pour se percher ou poursuivre sa chasse.
Une autre sorte de rapaces tout aussi présente à Mapangu sont les agents de l’état qui essayent de faire payer la plantation pour toutes sortes de taxes, amendes, participations et collations diverses. Du fait que le pays est toujours sans gouvernement beaucoup si pas tous les services de l’état se retrouvent sans budget et doivent donc se débrouiller pour trouver des moyens de fonctionnement, alors quelle meilleure proie que la Brabanta qui doit forcément regorger de moyens financiers cachés.
Peu importe que nous soyons localisés au milieu du pays, nous (Mapangu) avons depuis peu été dotés de deux nouveaux services de l’état (payants), l’un étant le service de quarantaine animale et végétale (donc rien àvoir avec une éventuelle crainte de voir Ebola se propager dans le pays), et l’autre étant le service de contrôle des visas et carnets de vaccination des étrangers. Peu importe si à l’arrivée en RDC le visiteur doit présenter un visa et carnet de vaccination en ordre pour pouvoir entrer dans le pays, service du reste gratuit, ici à Mapangu il y a un agent de l’état chargé de vérifier ces documents contre paiement (évidemment).
La justification de ces services est assez vague. Au départ tout ce qui concerne les contrôles frontaliers était de la responsabilité de l’état, mais vu la taille du pays et le nombre incalculable de zones potentielles où les gens peuvent entrer et sortir de celui-ci, l’état a décidé de déléguer les responsabilités frontalières aux provinces. Évidemment certaines provinces n’ont pas de frontières avec des pays voisins et pour ne pas perdre l’opportunité de bénéficier de ressources potentielles liées aux taxes frontalières, rien de plus simple que de décréter qu’à partir de maintenant la frontière n’est plus nationale mais provinciale ouvrant ainsi la porte à une multitude de taxes potentielles telles que taxes d’importation et d’exportation, taxe de transport transfrontalier, taxe de contrôle sanitaire frontalier, taxe de quarantaine (même sur des engrais et produits phyto, puisqu’ils relèvent du ministère de l’agriculture) et évidemment (comme nous l’avons découvert la semaine passée) taxe sur le contrôle des visas et carnets de vaccination des étrangers.
Les prétentions des autorités locales ne se limitent bien évidemment pas aux aspects transfrontaliers, ce sont juste des petites opportunités supplémentaires pour arrondir les fins de mois. Ainsi nous payons évidemment des taxes de production, de chargement, de déchargement, de pollution, de contrôle de qualité, de certification de conformité, et la longue liste continue. Évidemment ce serait trop simple de limiter cela à la seule perception des taxes car celles-ci sont “officielles” et donc payées par voie bancaire sans opportunité pour les agents locaux de prendre leur dîme. Alors ils essayent de déceler des prétendues irrégularités telles un paiement qui aurait été perçu en retard ou dont le montant n’est pas tout à fait correct, etc. pour pouvoir réclamer des pénalités qui, selon les grilles nationales, peuvent aller jusqu’à 320% par mois de retard. Ainsi on nous réclame actuellement l’équivalent de 5 millions de dollars de soi-disant amendes, négociables bien entendu, avec à la clef le paiement d’une somme plus ou moins conséquente comme frais de “mission” pour l’agent responsable afin de fermer les yeux sur nos prétendues “fautes”.
Le seul réel avantage que nous avons par rapport aux sociétés basées dans des grandes villes est le fait que nous sommes fort isolés et qu’il est donc difficile d’arriver jusqu’à Mapangu sans être certain de pouvoir repartir avec quelque chose en poche. Nos concurrents, dont la direction est basée à Kinshasa, nous disent qu’il ne se passe pas un jour sans qu’ils soient harassés pour de prétendues irrégularités et où parfois on finit par payer quelque chose pour pouvoir faire du vrai travail plutôt que d’avoir un dialogue de sourds avec des rapaces de l’administration. Dans mon cas j’essaye de déléguer le plus possible ce genre de problèmes au secrétaire général, directeur financier ou directeur des relations publiques de la société et, peut-être le plus important, aller le moins souvent possible à Kinshasa.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
The most frequent birds of prey in the vicinity of Mapangu are kites, which are found just about everywhere in the plantation, where these birds probably feed on small rodents, attracted by the fruits and palm nuts that are available in large quantities throughout the region. There are other kinds of birds of prey as well, but less frequent, including small falcons and a species of crested eagle sometimes mixed with a group of kites.
I regularly disturb kites on the side of the road, which sometimes glides just in front of the car for a while, before eventually veering off and disappearing into the palm grove to perch or continue hunting.
Another kind of raptors also present in Mapangu are state agents who try to make the plantation pay for all kinds of taxes, fines, fees and other claims. Because the country is still without a government, many if not all state services are without a budget and must therefore manage to find other financial means to operate, then what better prey than Brabanta, which must necessarily be overflowing with hidden financial resources.
Regardless of whether we are located in the middle of the country, we (Mapangu) have recently been equipped with two new state services (fee based, of course), one being the animal and plant quarantine service (therefore nothing to do with a possible fear of Ebola spreading in the country), even though we neither import nor export any kind of animals or plants. The other being the control service for foreigners’ visa and vaccination certificates. It does not matter if on arrival in the DRC the visitor must present a visa and vaccination booklet in order to enter the country, a service that is free of charge, here in Mapangu there is a state agent in charge of checking these documents against payment (obviously) of a fee that seems to be based on a rather creative interpretation of some state law.
The justification for these services is rather vague. Initially everything related to border controls was the responsibility of the state, but given the size of the country and the countless potential areas where people can enter and leave it, the state decided to delegate border responsibilities to the provinces. Obviously, some provinces do not have borders with neighbouring countries and in order not to lose the opportunity to benefit from potential resources related to border taxes. Nothing could be simpler than to decide that, from now on, the border is no longer national but provincial, thus opening the door to a multitude of potential taxes such as import and export taxes, cross-border transport tax, border health control tax, quarantine tax (even on fertilizers and phyto products, since they fall under the Ministry of Agriculture) and of course (as we discovered last week) tax on the control of visas and vaccination records for foreigners.
The claims from local authorities are obviously not limited to cross-border aspects, they are just small additional opportunities to make ends meet. Thus we cannot avoid paying taxes for production, loading, unloading, pollution, quality control, conformity certification, and the long list goes on. Obviously, it would be too simple to limit this to the collection of taxes alone, because they are “official” and therefore paid by bank transfer without any opportunity for local agents to take their fair share. So they try to detect alleged irregularities such as a payment that has been received late or whose amount is not quite correct, etc. in order to be able to claim penalties which, according to national grids, can go up to 320% per month in case of delayed payment of the penalties. Thus, we are currently being asked to pay the equivalent of $5 million in so-called fines, negotiable of course, with the payment of a more or less substantial sum as “mission” costs for the agent in charge in order for them to close their eyes regarding our alleged “faults”.
The only real advantage we have over companies based in large cities is the fact that we are very isolated and it is therefore difficult to get to Mapangu. Agents therefore think twice before coming here without being sure that we can leave with something in their pockets, but that does obviously not bear on those that are stationed here. Our competitors, whose management is based in Kinshasa, tell us that not a day goes by without them being harassed for alleged irregularities and where often they end up paying something to be able to do real work rather than having a dialogue of the deaf with raptors in the administration. In my case, I try to delegate as many of these problems as possible to the company’s secretary general, CFO or public relations director and, perhaps most importantly, I go to Kinshasa as little as possible.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude