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Quand on parle de d’huile de palme ou de palmiers à huile la question de déforestation est généralement un des sujets qui y est associé avec des images d’orang-outang en détresse et tout et tout. Même ici en Afrique on illustre parfois les messages décriant la déforestation avec celle de ces grands primates attachants alors que, pour ceux qui ne le sauraient pas, l’orang-outang est plutôt rare par ici. Cela ne veut toutefois pas dire que le problème de déforestation n’est pas à l’ordre du jour en Afrique et en particulier dans la province du Kasaï où se trouve implantée notre plantation de Brabanta.
La plantation où nous habitons a été établie par les frères Lever au début des années 1900 et il est plus que probable qu’à l’époque bon nombre d’arbres ou de parties de forêts on fait les frais de la mise en place d’une palmeraie industrielle, même si le palmier à huile est natif de la région. Mais à côté de cela nous sommes aussi à côté d’énormes étendues de “savane” (rien qu’à proximité de la plantation nous estimons qu’il y a plus de 9.000 hectares de zone herbeuse) avec seulement quelques arbustes éparpillés par ci par là, qui selon certains étaient précédemment des forêts qui ont disparu à la suite d’incendies volontaires provoqués par les villageois pour attraper le gibier, mais pas pour y planter quoi que ce soit et certainement pas de palmiers.
Selon les dires des personnes qui connaissent mieux le pays que nous, il y aurait actuellement en RDC pas loin de 100.000 hectares de palmeraies datant du début du siècle dernier qui sont abandonnées où au mieux les palmiers survivants sont utilisées pour la production de petites quantités d’huile artisanale. Avec un tel potentiel de réhabilitation, ce serait un non-sens économique de vouloir remplacer de la forêt avec des plantations compte tenu du coup de défrichement énorme nécessaire.
En revenant de Kinshasa dans notre petit avion, nous survolons à relativement basse altitude une contrée parsemée de petits villages isolés vivant manifestement encore exclusivement d’agriculture extensive pour leur seule consommation (maïs et manioc) avec exceptionnellement des bassins où il y a peut-être un peu de pisciculture ou de riziculture. Toutes ces cultures se font sur brûlis ce qui depuis notre petit avion montre des grandes plages de forêts noircies avec des squelettes d’arbres aux reflets blanchâtres qui jonchent le sol. Au rythme ou cela va, je ne serais pas surpris si le voyageur qui survolera cette contrée dans 4 ou 5 ans ne verra plus ou quasi plus de forêts, les superficies décimées en cette fin de saison sèche sont inquiétantes et sans perspective de changement car les villages concernés sont manifestement isolés et sans alternative.
Il en va de même autour de notre plantation où pas un jour ne passe sans que depuis notre point de vue de la Cathédrale au sommet de la colline nous ne puissions voire des volutes de fumées dans toutes les directions. L’orée de la forêt que nous pouvions voir depuis la Cathédrale lors de notre arrivée il y a un peu plus de 3 ans est maintenant difficile à distinguer sans prendre des jumelles, mais il faut espérer que c’est peut-être notre vue qui baisse et que la forêt est toujours présente…
Nous avons récemment fait faire une étude d’impact environnemental et social de la plantation dans le cadre de notre démarche pour l’obtention d’un certificat de durabilité. Des “experts” environnementaux sont venu sur place pour faire une étude de la faune et de la flore afin de déterminer dans quelle mesure la présence de la plantation pourrait affecter leur développement ou même survie. Nos spécialistes ne sont restés que quelques jours et ont effectué leurs visites selon l’horaire de Kinshasa, c’est à dire sur le terrain dès 9h du matin (s’il ne pleut pas) et de retour à la maison de passage au plus tard à 18h avec une pause de midi de deux heures. Cela leur à toutefois permis d’inventorier toute la faune et la flore présente dans et autour de la plantation et grâce à leur expertise ont pu voir des animaux qu’aucun de nous n’ont pu distinguer depuis toutes les années de présence à Brabanta. Rassurez-vous, ils n’ont pas vu d’orang-outang, mais l’inventaire des animaux observés comporte néanmoins des gorilles, éléphants, jaguars, antilopes et même des autruches. Je ne vais pas énumérer tous les genres d’animaux qui ont été inventoriés, mais sachez que la liste comporte pas moins de 30 mammifères, dont plusieurs espèces rares. Nos “experts” ne veulent pas perdre la face et reconnaître que certaines observations étaient le résultat d’un copié collé d’un autre rapport, à l’exception des autruches qu’ils ont accepté comme erreur, et notre rapport final comporte donc une liste d’animaux que beaucoup payeraient pour venir observer. Plutôt que de développer notre palmeraie nous devrions peut-être organiser des safaris…
En attendant nous nous battons pour essayer d’empêcher les gens de venir faire des feux dans les quelques îlots de verdure qui persistent dans notre concession et qui parfois, surtout quand ils sont allumés en début de soirée pour échapper à la vigilance de nos gardiens, débordent dans la plantation et endommagent les palmiers. Cette année nous n’avons heureusement “perdu” que 500 palmiers, mais ils ne sont pas vraiment perdus car les palmiers sont très résilients et finiront pas reprendre un aspect normal après environ une année.
Afin de combattre la déforestation, nous avons essayé encore une fois de mettre en place une pépinière de reboisement et espérons dans les prochains mois planter pas moins de 10.000 arbres de toutes sortes dans les zones qui doivent être protégées ou qui méritent d’être reboisées.
Nous espérons recevoir de vos nouvelles et vous souhaitons une excellente semaine de rentrée,
Marc & Marie-Claude
When we talk about palm oil or oil palms, the issue of deforestation is usually one of the subjects associated with it, with images of orangutans in distress and all that. Even here in Africa, messages decrying deforestation are sometimes illustrated with those of these great endearing primates, while for those who do not know, orangutans are rather rare here. However, this does not mean that the problem of deforestation is not on the agenda in Africa and in particular in Kasai province where our Brabanta plantation is located.
The plantation where we live was established by the Lever brothers in the early 1900s and it is more than likely that at that time many trees or parts of forests were being damaged by the establishment of an industrial palm grove, even if the oil palm tree was native to the region. But besides that we are also next to huge expanses of “savannah” (just near the plantation we estimate that there are more than 9,000 hectares of grassy area) with only a few shrubs scattered here and there, which according to some were previously forests that disappeared as a result of bush fires organised by the neighbouring villagers to catch game, but not to plant anything and certainly not palm trees.
According to people who know the country better than we do, there are currently in the DRC almost 100,000 hectares of palm groves dating from the beginning of the last century that are abandoned, or where at best the surviving palm trees are used for the production of small quantities of artisanal oil. With such a potential for rehabilitation, it would be an economic nonsense to want to replace forest with plantations given the huge clearing effort and costs involved.
Coming back from Kinshasa in our small plane, we flew at a relatively low altitude over an area dotted with small isolated villages that obviously still live exclusively on subsistance agriculture (based on maize and casava) with exceptionally ponds where there may be a little fish farming or rice growing. All these crops are grown on slash-and-burn, which from the vantage point of our small plane shows large areas of blackened soil with skeletons of trees with whitish reflections strewn all over the ground. At the rate at which it is going, I would not be surprised if the traveller who flies over this region in 4 or 5 years’ time will no longer see any forests, the areas decimated at the end of the dry season are worrying and without any prospect of change because the villages concerned are clearly isolated and without alternatives.
The same is true around our plantation where not a day passes without seeing, from the Cathedral at the top of the hill from volutes of smoke in all directions. The edge of the forest that we could see from the Cathedral when we arrived a little over 3 years ago is now difficult to distinguish without taking binoculars, but we must hope that it is perhaps our view that is declining and that the forest is still present….
We recently had an environmental and social impact study of the plantation carried out as part of our process to obtain a sustainability certificate. Environmental “experts” came to the site to study the fauna and flora in order to determine to what extent the presence of the plantation could affect their development or even survival. Our specialists stayed only a few days and organised their field visits according to Kinshasa’s schedule, i.e. on the ground from 9am (if it did not rain) and back to the guest house by 6pm at the latest with a two-hour lunch break. However, this allowed them to inventory all the fauna and flora present in and around the plantation and thanks to their expertise they were able to see animals that none of us have been able to see or even imagine since all the years of presence in Brabanta. Don’t worry, they haven’t seen an orangutan, but the inventory of animals observed includes gorillas, elephants, jaguars, antelopes and even ostriches. I will not list all the types of animals that have been inventoried, but the list includes no less than 30 mammals, including several rare species. Our “experts”, not wanting to lose face and acknowledge that some observations were the result of a copy and paste of another report, with the exception of ostriches, which they accepted as a mistake, and so our final report includes a list of animals that many would pay to come and observe. Rather than developing our palm grove we should perhaps organize safaris…
In the meantime, we are fighting to try to prevent people from making fires in the few islands of greenery that persist in our concession and that sometimes, especially when they are lit in the early evening to escape the vigilance of our guards, overflow into the plantation and damage the palm trees. This year we have fortunately “lost” only 500 palms, but they are not really lost because the palms are very resilient and will eventually regain a normal appearance after about a year.
In order to combat deforestation, we have once again tried to set up a reforestation nursery and hope in the coming months to plant no less than 10,000 trees of all kinds in areas that need protection or deserve to be reforested.
We look forward to hearing from you and wish you a great start to the new school year,
Marc & Marie-Claude