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Nous avons tous le souvenir d’histoires avec des sorcières et/ou sorciers aux grands chapeaux et nez crochus qui préparent des potions magiques dans de grands chaudrons avec de la bave de crapaud, des racines de mandragore et d’autres ingrédients extraordinaires. Dans notre histoire nombre de ces sorciers terminent sur des bûchers car ils sont considérés comme maléfiques et que seul le feu peut venir à bout de telles créatures.
Ici dans le Kasaï (comme dans beaucoup d’autres contrées africaines) la sorcellerie est encore une réalité de tous les jours, les gens (même éduqués) croient fermement dans les pouvoirs magiques de certaines personnes, que certains œufs (premier œuf, tout petit, d’une poule) sont pondus par des coqs et ont donc un pouvoir magique et que l’usage des grigris peuvent avoir un effet dramatique sur la vie des hommes, animaux et plantes qui nous entourent. Les sorciers et/ou sorcières d’ici prennent toutes les formes allant du petit enfant qui sait à peine marcher jusqu’aux animaux comme les hiboux ou les caméléons et sont présumés avoir un pouvoir de vie et de mort sur ceux et celles qui les entourent. Tout comme dans les pays occidentaux au temps de nos ancêtres, il n’est pas bon d’être soupçonné de sorcellerie ici car généralement ces personnes n’ont d’autre choix que de fuir ou d’espérer la protection des autorités pour ne pas périr massacrés à coups de pierres, bâtons et/ou machettes.
Nous entendons malheureusement régulièrement des nouvelles de personnes qui ont été retrouvées mortes parce que soupçonnées d’actes magiques malveillants. Il y a quelque temps nous avons trouvé le cadavre d’un jeune homme émacié dans la plantation et après enquête il est apparu que ce garçon avait été tué par des villageois à la demande de la mère de celui-ci car elle le soupçonnait d’être à l’origine maléfique de ses problèmes de santé. Soupçons qui auraient été prouvés par la réaction agressive du garçon lorsque sa mère l’aurait confronté avec ses conclusions. Il va sans dire que la mère et les villageois n’ont pas été réellement inquiétés par la justice car les autorités auraient confirmé le caractère maléfique de la victime.
Un autre exemple est celui d’un couple de personnes âgées qui ont été tués et ensuite brûlés dans leur maison suite au décès suspicieux d’une jeune femme dans une maison voisine. Les proches de la jeune femme ont considéré que la seule explication pour cette mort ne pouvait être que magique et l’indifférence du couple de vieux démontrait leur rôle maléfique dans ce drame. Avant même que la jeune fille ne soit enterrée les deux personnes l’avaient rejointe dans l’au-delà dans des conditions plutôt dramatiques et, ici aussi, ni police ni justice n’ont vraiment trouvé à redire sur les actions de la population locale.
Un troisième exemple plus récent, qui heureusement ne s’est pas terminé de manière aussi dramatique, concerne l’un de nos travailleurs qui nous a appelé à l’aide car il était poursuivi par des villageois pour la mort (par sorcellerie) d’une personne. La personne décédée était partie en forêt pour couper du bois et l’arbre qu’il était en train de couper lui est tombé dessus avec conséquences mortelles. Il est évident que si l’arbre est tombé du mauvais côté c’est forcément parce que quelqu’un a provoqué cela et dans ce cas-ci c’est notre travailleur qui s’est retrouvé accusé. Heureusement ces moments de folies passent assez vite et notre travailleur peut à nouveau se promener au village sans craintes.
Dans un autre registre, ici il est coutumier de faire des sacrifices lors de cérémonies de consécration afin d’assurer le succès ou le bon fonctionnement de l’objet de la consécration. Le type de sacrifice dépend de l’importance de l’objet et sera généralement fait avec un coq ou un bouc. Dernièrement, nous souhaitions réaliser un forage pour alimenter notre hôpital avec de l’eau potable. Pour cela le responsable du forage a demandé au Chef Coutumier de faire une cérémonie traditionnelle afin d’assurer le succès du forage. Le médecin chef de l’hôpital a été invité à participer à la cérémonie mais a refusé car il avait peur (n’étant pas originaire de cette région) que le chef coutumier profite de cette occasion pour lui jeter un mauvais sort. Il m’a d’ailleurs certifié que quelqu’un devait vouloir lui jeter un sort car récemment il avait souffert d’une infection au pied qui ne pouvait s’expliquer que par de la magie…
Lorsque nous avions dû évacuer la plantation à cause des menaces des milices Kamuina Nsapu il y a deux ans, les notables de Mapangu m’avaient contacté à Kinshasa pour me demander de bien vouloir autoriser la sortie de caisse d’un montant assez significatif pour financer une cérémonie traditionnelle afin de protéger Mapangu et les installations de Brabanta. Quand j’ai demandé ce que cela comportait, on m’a affirmé que vu la gravité de la menace ils allaient effectuer un sacrifice humain, mais que l’argent ne servirait que pour la bière et les autres dépenses. Quand j’ai refusé, on m’a expliqué que cela n’avait rien d’inhabituel car pour la consécration de l’huilerie de Brabanta il y avait aussi eu un sacrifice humain et que la preuve de son efficacité était faite puisque l’huilerie produisait de l’huile de bonne qualité…
Il y a probablement beaucoup de choses que nous ne savons pas et que , peut-être, préférons continuer à ne pas savoir, mais pour nos collègues congolais, il n’y a pas de doutes, magie et sorcellerie sont bien réelles et efficaces.
Nous espérons bientôt lire vos expériences occultes.
Marc & Marie-Claude
We all remember stories with witches with big hats and crooked noses preparing magic potions in large cauldrons with toad slime, mandrake roots and other extraordinary ingredients. In our history many of these wizards end up being burned because they are considered evil and only fire can defeat such creatures.
Here in Kasai (as in many other African countries) witchcraft is still a daily reality, people (even educated) firmly believe in the magical powers of some people and that the use of grigris can have a dramatic effect on the lives of the men, animals and plants around us.. For example it is commonly accepted that some eggs (first (very small) egg of a hen) are laid by roosters and therefore have magical power. Wizards and/or witches here take all forms from the little child who barely knows how to walk to animals like owls or chameleons and are presumed to have a power of life and death over those around them. Just as in Western countries in the time of our ancestors, it is not good to be suspected of witchcraft here because generally the suspected people have no choice but to flee or hope for the protection of the authorities in order not to perish massacred with stones, sticks and/or machetes.
Unfortunately, we regularly hear about people who have been found dead because they were suspected of malicious magical acts. Some time ago we found the body of an emaciated young man in the plantation and after investigation it appeared that this boy had been killed by villagers at the request of his mother because she suspected him of being evil cause of her health problems. Suspicions that would have been proven by the boy’s aggressive reaction when his mother confronted him with her belief that he had magical powers. It goes without saying that the mother and the villagers were not really worried by the justice system because the authorities allegedly confirmed the evil nature of the victim.
Another example is that of an elderly couple who were killed and then burned in their homes following the suspicious death of a young woman in a neighbouring house. The young woman’s relatives considered that the only explanation for her death could only be magical and the indifference of the old couple demonstrated their evil role in this tragedy. Even before the girl was buried, the two people had joined her in the afterlife in rather dramatic conditions and, here too, neither the police nor the courts really found fault with the actions of the local population.
A third more recent example, which fortunately did not end so dramatically, concerns one of our workers who called us for help because he was being pursued by villagers for the death (by witchcraft) of a person. The deceased had gone into the forest to cut wood and the tree he was cutting fell on him with deadly consequences. It is obvious that if the tree fell on the wrong side it is necessarily because someone caused this and in this case it was our worker who was accused. Fortunately, these moments of madness pass quickly enough and our worker can walk around the village again without fear.
In another respect, it is customary here to make sacrifices during consecration ceremonies in order to ensure the success or proper functioning of the object of the consecration. The type of sacrifice depends on the importance of the object and will usually be made with a cock or goat. Recently, we wanted to drill a borehole to supply our hospital with drinking water. To this end, the person in charge of drilling asked the Customary Chief to hold a traditional ceremony to ensure the success of the drilling. The hospital’s chief medical officer was invited to attend the ceremony but refused because he was afraid (not being from this region) that the locals would use this opportunity to cast a curse on him. He also assured me that someone must want to cast a spell on him because recently he had suffered from a foot infection that could only be explained by magic…
When we had to evacuate the plantation because of threats from the Kamuina Nsapu militias two years ago, the Mapangu elders contacted me in Kinshasa to ask me for a significant amount of cash to finance a traditional ceremony to protect Mapangu and the Brabanta facilities. When I asked what it meant, I was told that given the seriousness of the threat, they would make a human sacrifice, but that the money would only be used for beer and other expenses. When I refused, it was explained to me that this was not unusual because for the consecration of the Brabanta oil mill there had also been a human sacrifice and that the proof of its effectiveness was made since the oil mill produced good quality oil…
There are probably a lot of things we don’t know and that, perhaps, we prefer not to know anymore, but for our Congolese colleagues, there are no doubts, magic and witchcraft are very real and effective.
We hope to read your occult experiences soon,
Marc & Marie-Claude