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Il est difficile d’imaginer un lieu où tout est parfait ou même presque parfait, ce serait probablement un endroit ou l’on doit s’ennuyer. Ce qui est certain c’est qu’à beaucoup de points de vue le Congo est sans conteste à l’autre bout du spectre, ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose pour tout, même si les aspects positifs sont parfois plus difficiles à discerner. Par exemple le fait de ne pas avoir de super marché ou même de petite épicerie dans le coin est certes une complication pour l’ approvisionnement en fruits et légumes, mais lorsque, comme nous, ces produits proviennent majoritairement de notre propre jardin ils sont plus frais, garantis sans produits chimiques et tellement meilleurs que les mêmes produits provenant de contrées distantes et inconnues. Soyons honnêtes, si nous avions un petit épicier pas trop loin de la maison nous ferions probablement moins d’efforts pour faire pousser toutes sortes de légumes et de fruits, en particulier ceux dont les résultats sont parfois frustrants. Certains des légumes que nous récoltons maintenant dans le jardin sont le résultat de plusieurs essais et surtout de longues explication répétées encore et encore à notre jardinier qui semble à chaque fois avoir compris et puis fait exactement le contraire.
L’exemple le plus marquant fut notre souhait de mettre des tuteurs aux plants de tomates et, plus compliqué, de les égourmander. J’ai expliqué longuement au jardinier que je souhaitais qu’il trouve des tuteurs de 2m de hauteur pour mettre au pied de chaque plante afin de pouvoir les attacher. Par sécurité, j’ai demandé au jardinier de me répéter l’instruction afin d’être certain que la procédure soit bien comprise et il m’a répété exactement ce que j’avais demandé de faire, donc tout était clair. Vous imaginerez donc la surprise lorsqu’à la prochaine visite au potager on découvre au pied de chaque plant de tomate un tuteur de 20cm de hauteur… Le jardinier m’a expliqué que, comme demandé, il avait coupé un stick de 2m et avait ensuite coupé celui-ci en dix morceaux pour les dix plants de tomate… Quand je lui ai expliqué encore une fois que l’idée était d’attacher le plant de tomate en hauteur et qu’il fallait donc un stick de 2m pour chaque plant il m’a dit “merci”. Après plusieurs itérations du même genre, nous avons fini par installer un tuteur de démonstration, attaché le plant de tomate et montré comment enlever les gourmands. Nous n’y sommes pas encore tout à fait et il faut répéter l’opération chaque fois que des nouveaux plants de tomate sont mis en terre (avec chaque fois un “merci” pour l’explication), mais dans l’ensemble nous n’avons plus de plants de tomate qui traînent au sol et dans la vaste majorité des cas les gourmands sont enlevés régulièrement. Résultat, nous avons des tomates tout à fait honorables de manière régulière, donc merci au jardinier.
Hors du jardin c’est un peu la même chose, par exemple les chauffeurs de tracteurs ont l’interdiction de prendre des passager sur les ailes de leur tracteur et ils n’ont pas non plus le droit de prendre des non-travailleurs dans leur remorque, en particulier les enfants qui ne demandent évidemment pas mieux. Lorsque nous surprenons un tracteur avec une ou plusieurs personnes sur leur tracteur, la réponse est généralement du style “ce ne sont pas des passager, ce sont des travailleurs…” ou quand il y a des enfants dans la remorque la réponse est souvent dans la veine de “je ne les avais pas vu, ce sont des diables…”. Après avoir expliqué longuement pourquoi ils ne pouvaient prendre personne sur le tracteur et pas d’enfants dans la remorque à cause des risques d’accident, de non-intervention de l’assurance, etc. la réponse est presque toujours “merci!”.
Un exemple récent de “non-compréhension” a eu lieu lorsque notre pirogue est partie chercher un passager à Ilebo ce vendredi. Peu après le départ le piroguier a appelé le chef de garage pour lui signaler que le moteur hors-bord était tombé en panne et qu’il n’arrivait pas à le redémarrer. Le chef de garage a demandé au piroguier s’il avait bien pris le moteur de réserve comme instruit, ce que le piroguier à confirmé. Pas de problèmes donc, il suffit de changer de moteur et de continuer le voyage, sauf que le moteur de réserve est en panne “depuis”… “Pourquoi avez-vous pris le moteur de réserve en panne?” – “Parce que vous nous avez dit de prendre le moteur de réserve, chef!”… La pirogue est rentrée à la pagaie (heureusement avec le courant) et une voiture a été envoyée braver la route (ou ce qu’il en reste) pour accueillir notre voyageur à Ilebo. Quand nous avons expliqué le fond de notre pensée au piroguier, il nous a répondu “merci!”.
Une des choses qui ne tourne pas tout à fait rond chez nous c’est l’évacuation des huiles par barge. Les problèmes sont multiples et nous les avons déjà relatés dans de précédentes lettres, mais nous avons atteint un nouveau sommet car toutes nos cuves sont pleines et il n’y a donc plus de choix sinon d’arrêter l’usine… Pour encore gagner une journée ou deux de production nous avons décidé de remplir des bidons d’huile, mais ce sont des bidons de 5 litres et nous devons libérer au moins 100 tonnes d’huile par journée de production, soit 22.000 bidons à raison de 3.000 bidons par conteneur donc plus de 7 conteneurs et tout cela à la main. Heureusement ici les gens n’ont pas peur de travailler la nuit s’il le faut (ils sont mieux payés) et nous avons donc mis la barre très haut en visant le remplissage de plus de 20.000 bidons par jour… “Merci!”.
En espérant bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude
It is difficult to imagine a place where everything is perfect or even almost perfect, it would probably be a place where one must be bored. What is certain is that in many ways Congo is undoubtedly at the other end of the spectrum, which may not be a bad thing for everything, even if the positive aspects are sometimes more difficult to discern. For example, not having a super market or even a small grocery store in the area is certainly a complication for the supply of fruit and vegetables, but when, like us, these products come mainly from our own garden they are fresher, guaranteed without chemicals and so much better than the same products from distant and unknown countries. Let’s be honest, if we had a small grocery store not too far from home we would probably make fewer efforts to grow all kinds of vegetables and fruits, especially those whose results are sometimes frustrating. Some of the vegetables we now harvest in the garden are the result of several trials and especially long explanations repeated over and over again to our gardener who gave the impression of having understood and then done exactly the opposite.
The most striking example was our desire to put stakes on tomato plants and, more complicated, to remove the suckers. I explained at length to the gardener that I wanted him to find 2m stick to put at the foot of each plant so that he could then attach them. For safety’s sake, I asked the gardener to repeat the instruction to make sure that the procedure was well understood and he repeated exactly what I had asked him to do, so everything was clear. You will therefore imagine my surprise when, at the next visit to the vegetable garden, a 20cm stick is discovered at the foot of each tomato plant… The gardener explained to me that, as requested, he had cut a 2m stick and then cut it into ten pieces for the ten tomato plants… When I explained to him again that the idea was to attach the tomato plant to keep it upright and that he needed a 2m stick for each plant, he said “thank you”. After several iterations of the same kind, we finally installed a demonstration stake, tied the tomato plant and showed how to remove the suckers. We are not quite there yet and it is necessary to repeat the operation each time new tomato plants are planted (with each time a “thank you” for our explanation), but on the whole we no longer have tomato plants lying around on the ground and in the vast majority of cases the suckers are removed regularly. As a result, we have quite honourable tomatoes on a regular basis, so thank you to the gardener.
Outside the garden it is a little bit the same thing, for example tractor drivers are forbidden to take passengers on the wings of their tractor and they are also not allowed to take non-workers in their trailer, especially children who obviously love to join for a ride. When we surprise a tractor with one or more people on their tractor, the answer is usually like “they are not passengers, they are workers…” or when there are children in the trailer the answer is often in the vein of “I didn’t see them, they are little devils…”. After explaining at length why they cannot take anyone on the tractor and no children in the trailer because of the risk of accidents, non-intervention by the insurance company, etc. the answer is almost always “thank you!
A recent example of “misunderstanding” occurred when our pirogue went to Ilebo this Friday to pick up a passenger. Shortly after departure, the boatman called the garage manager to inform him that the outboard engine had failed and that he could not restart it. The garage manager asked the boatman if he had taken the spare engine as instructed, which the boatman confirmed. No problem then, just change the engine and continue the trip, except that the spare engine is down “actually has been broken since”…. “Why did you take the spare engine while knowing it was out of order?” – “Because you told us to take the spare engine, sir!”…. The pirogue paddled back (fortunately with the current) and a car was sent to brave the road (or what was left of it) to welcome our traveller in Ilebo. When we explained the substance of our thinking to the piroguer, he replied “thank you!”.
One of the things that is not quite right with us is the evacuation of oils by barge. The problems are many and we have already reported them in previous letters, but we have reached a new peak because all our tanks are full and there is no choice but to stop the mill…. To save another day or two of production we have decided to fill oil cans, but they are 5-litre cans and we must release at least 100 tonnes of oil per day of production, or 22,000 cans at a rate of 3,000 cans per container, so more than 7 containers and all this by hand. Fortunately here people are not afraid to work at night if necessary (they are better paid) and so we have set the bar very high by aiming to fill more than 20,000 cans a day…. “Thank you!”..
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude