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Saturation

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A force de ne pas entretenir ou réparer les choses finissent par ne plus fonctionner aussi bien qu’avant ou même ne plus fonctionner du tout. Sur ce dernier point, les congolais ont une énorme qualité, ils arrivent à faire fonctionner, certes parfois seulement à moitié et souvent mal, ce que nous considérerions comme irrémédiablement mort. Il suffit pour cela de regarder certains véhicules qui circulent à Kinshasa que l’on imaginerait plutôt à la casse et même là il n’y aurait peu ou pas de candidats pour y récupérer des pièces. Il en va un peu de même pour certains de nos véhicules qui continuent de fonctionner tant bien que mal avec, pour certains, plus de temps passé au garage que sur la route. L’état de nos véhicules est le résultat de l’âge, certains ont été achetés d’occasion il y a 10 ans, les routes ou plutôt le manque de routes sur lesquelles les véhicules doivent fonctionner, et les chauffeurs qui, souvent, n’avaient jamais vu de véhicule et donc encore moins conduit quoi que ce soit comme engin avant l’arrivée de Brabanta. Les hommes (et femmes) que nous recrutons pour conduire nos tracteurs et camions sont formés par les meilleurs chauffeurs que nous avons (pas toujours des spécialistes eux-mêmes) et une fois capables de se débrouiller nous leur achetons un permis de conduire et le tour est joué…
Vous imaginerez que les résultats n’affichent pas toujours “sans-fautes” et dans certains cas nous devons nous résoudre à la défaite et rechercher de nouveaux candidats chauffeurs, mais en période de pointe (dont nous venons de sortir) le nombre de véhicules dépasse souvent le nombre de chauffeurs disponibles, ce qui nous oblige de faire travailler ceux-ci pendant de longues heures, parfois jusqu’à saturation. En effet il est possible de travailler, exceptionnellement, des journées de 14 voire même 16 heures. Ce n’est bon ni pour les travailleurs (même s’ils sont heureux d’être payés des heures supplémentaires) ni pour les véhicules qui subissent les conséquences d’un chauffeur fatigué.
Et puis il y a les impondérables, ainsi cette semaine un de nos camions a pris feu dans la cabine, probablement un court-circuit ou quelque chose du genre, c’était le soir et le chauffeur était seul et il a essayé d’éteindre le feu en jetant du sable sur le feu, mais avec les plastiques, mousses et autres matières inflammables de la cabine le feu a rapidement pris le dessus. Heureusement nous sommes équipés de gros extincteurs à poudre un peu partout dans la plantation, extincteurs dûment contrôlés tous les ans par un organisme agréé… sauf qu’ils ne marchent pas, sur quatre extincteurs essayés un seul a fini par marcher après que le feu ait détruit entièrement la cabine du camion. Le fournisseur nous a dit qu’il viendrait rapidement faire une enquête…
Il n’y pas que les chauffeurs qui saturent, en effet l’huilerie arrive elle-aussi à ses limites, en particulier en ce qui concerne notre capacité de stockage d’huile. Mais pour cela il faut dépeindre le contexte dans lequel nous travaillons. Notre huile est vendue principalement à Kinshasa à des industriels qui l’utilisent pour faire de l’huile de table, des sauces, mayonnaises, margarines, savons et détergents. L’huile est transportée en vrac dans des barges qui viennent la chercher dans notre port situé juste en-dessous de l’huilerie. Le principe serait que les barges montent depuis Kinshasa avec des marchandises jusqu’à Ilebo, où elles devraient être déchargées dans des wagons à destination de l’est du pays. Seulement voilà, le rail est dans un état de délabrement tel qu’il devient difficile d’y faire circuler des trains, en fait il est dit qu’un train sur deux déraille au moins en partie et comme il n’y a qu’une seule voie le trafic se trouve interrompu jusqu’à plusieurs semaines d’affilée. Les barges qui arrivent à Ilebo sont dans l’incapacité d’être délivrées de leurs marchandises, ce parfois, pendant plusieurs mois et tant que celles-ci n’ont libérées elles ne peuvent évidemment pas venir prendre notre huile. Le problème va plus loin car, compte tenu des temps d’attente interminables au déchargement, une grande partie des transporteurs ne viennent plus avec leurs barges sur le Kasaï. Donc non content de devoir attendre des mois pour que les barges soient déchargées, leur nombre est tellement réduit que nous sommes obligés de, soit doubler notre capacité de stockage, soit, ce que nous faisons pour le moment, faire monter des barges à vide pour éviter l’arrêt de nos activités. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes au Congo et faire monter une barge à vide ne veut pas dire qu’elle arrivera (une des barges que nous avions contracté s’est échoué en route vers Mapangu) ou arrivera dans les temps annoncés (une autre barge que nous avons contracté a maintenant plus de 6 semaines de retard sur le programme prévu). Nous nous sommes donc retrouvés dans une situation où notre capacité de stockage atteinte, enfin presque car nous avons décidé de stocker de l’huile dans une citerne normalement réservée pour de l’huile non-alimentaire et nous avons rempli des bidons en plastique de 5 litres que nous avions encore en stock, 40.000 bidons quand même. Cela nous a permis d’avoir les quelques jours de plus nécessaires pour éviter un arrêt complet des opérations avant que la prochaine possibilité d’évacuation ne se présente.
Comme vous pouvez en juger, nous ne manquons pas de diversité de soucis et de sources de stress, mais grâce à cela nous ne voyons pas le temps passer et, en fait, nous manquons de temps pour faire un tas de choses comme monter la piscine que nous avons acheté et qui est en pièce détachées dans notre remise depuis un mois. Je vais essayer de m’y atteler cet après-midi…

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

By not maintaining or repairing things, they end up not working as well as before or even not at all. On this last point, the Congolese have an enormous quality, they manage to make it work, to be honest sometimes only halfway and often badly, but for items which we would consider irremediably dead. All you have to do is look at some of the vehicles that circulate in Kinshasa, which in Europe you would rather imagine being scrapped or shredded and even then there would be few or no candidates to pick up parts. The same is true for some of our own vehicles, which continue to operate as best they can, with some spending more time in the garage than on the road. The condition of our vehicles is the result of age, some were bought second-hand 10 years ago, the roads, or rather the lack of them, on which the vehicles must operate, and drivers who, often, had never seen a vehicle and therefore even less driven anything mechanical before the arrival of Brabanta. The men (and women) we recruit to drive our tractors and trucks are trained by the best drivers we have (not always specialists themselves) and once they are able to handle it, we buy them a driving licence and that’s it…
You will imagine that the results are not always “flawless” and in some cases we have to give in to defeat and look for new candidate drivers, but in peak periods (which we have just had) the number of vehicles often exceeds the number of drivers available, which forces us to make them work for long hours, sometimes until they become saturated. Indeed, it is possible to work, exceptionally, days of 14 or even 16 hours. This is not good for workers (even if they are happy to be paid overtime) or for vehicles that suffer the consequences of a tired driver.
And then there are the imponderables, so this week one of our trucks caught fire in the cabin, probably a short circuit or something like that, it was evening and the driver was alone and he tried to put out the fire by throwing sand on the fire, but with the plastics, foams and other flammable materials in the cabin the fire quickly took over. Fortunately we are equipped with large powder extinguishers all over the plantation, extinguishers duly controlled every year by an approved body… except that they do not work, out of four extinguishers tested only one ended up working after the fire completely destroyed the truck’s cabin. The supplier told us that he would come quickly to investigate….
It is not only the drivers who saturate, the same goes for the oil mill, which is reaching its limits, particularly with regard to its oil storage capacity. But for that to happen, we have to describe the context in which we work. Our oil is mainly sold in Kinshasa to industrialists who use it to make edible oil, sauces, mayonnaises, margarines, soaps and detergents. The oil is transported in bulk in barges that pick it up at our port just below the oil mill. The principle would be that the barges would travel from Kinshasa with goods to Ilebo, where they would have to be unloaded into wagons bound for the east of the country. However, the rail is in such a state of disrepair that it is becoming difficult to operate trains on it, in fact it is said that at least one in two trains derails at least in part and since there is only one track, traffic is interrupted for several weeks in a row. The barges that arrive in Ilebo are unable to be off-load their goods, sometimes for several months and as long as they have not been released they obviously cannot come and take our oil. The problem goes further because, given the endless waiting times at unloading, a large proportion of carriers no longer come with their barges up the Kasai river. So not only do we have to wait months for the barges to be unloaded, their number is also so small that we are forced to either plan to double our storage capacity or, as we are doing at the moment, to contract empty barges from Kinshasa to prevent our activities from stopping. But we must not forget that we are in Congo and contracting an empty barge does not mean that it will arrive (one of the barges we contracted ran aground on the way to Mapangu) or will arrive on time (another barge we contracted is now more than 6 weeks late). So we found ourselves in a situation where our storage capacity was reached, to the point that we decided to store oil in a tank normally reserved for non-food oil and we also filled 5-litre plastic cans that we still had in stock (as illustrated in our post of last week), 40,000 cans that is… This allowed us to have the extra few days needed to avoid a complete shutdown of operations before the next evacuation opportunity presented itself.
As you can see, we don’t lack a diversity of concerns and sources of stress, but because of that we don’t see time passing and, in fact, we don’t have time to do a lot of things like setting up the pool we bought and which has been in parts in our shed for a month. I’m going to try to start working on it this afternoon….

We look forward hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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