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La langue officielle du Congo est le Français, mais aussi un nombre d’autres langues comme le Lingala ou le Swahili sont parlées plus que le français dans des grandes parties du pays. Ici à Mapangu beaucoup de personnes parlent plutôt le Kikongo ou le Kilele et ne comprennent pas nécessairement (bien) le Français ni même le Lingala. De plus, même les personnes qui semblent bien maîtriser le Français ne le comprennent pas nécessairement pour autant et cela nous amène parfois à des situations de confusion ou d’incompréhension tant dans la vie privée que pour le travail. Ce qui arrive aussi de manière assez fréquente est l’usage d’un mot dont la signification peut être diamétralement différente selon les cultures ou qui est utilisé parce qu’il semble bien sonner dans le contexte de la conversation.
Ainsi un mot qui revient fréquemment dans la conversation est “déjà” qui pour nous signifie qu’un acte ou une chose est déjà accomplie comme “je suis déjà arrivé” ou “le carburant est déjà épuisé” ou encore moins plaisant mais fréquent “patron, c’est déjà cassé”. Ici toutefois ce mot “déjà” est utilisé beaucoup plus largement pour indiquer une notion temporelle proche tant dans le passé que dans l’avenir. Ainsi quand nous recevons l’information que “le véhicule est déjà en route”, ce qui pour nous sous-entend que le dit véhicule a effectivement pris son départ, peut vouloir dire que le départ est imminent, le chauffeur est “déjà” présent (ou attendu à tout moment) et sauf imprévu tel que panne, manque de carburant ou autre contre-temps de dernière minute devrait effectivement se mettre en route dans les moments qui suivent. Cette interprétation différente de la nôtre n’est pas limitée aux personnes dont l’éducation est limitée car je me suis entendu dire par un collègue qu’il était déjà en possession de mon passeport avec le nouveau visa, alors qu’en vérité le passeport était encore avec les autorités et que contrairement aux attentes de recevoir dans la même journée il a fallu attendre encore plus d’une semaine pour que le passeport soit effectivement dans les mains de mon collègue.
Une autre expression que nous entendons presque tous les jours est “la prise d’air” qui est l’explication pour tout arrêt brusque d’un moteur que celui-ci soit effectivement le résultat d’une prise d’air au niveau de l’alimentation en carburant, une panne sèche ou un colmatage du filtre à carburant.
Certaines expressions ou utilisations de mots sont plutôt drôles, ainsi notre domestique est venu un jour nous demander de l’aide car il y avait un problème avec la toilette dans une des maisons voisines, en effet lorsqu’il appuyait sur le bouton de chasse celle-ci refusait “d’éjaculer”. A une autre occasion, après avoir reçu un bélier du chef coutumier, le chef du personnel m’a demandé si j’avais l’intention “d’immoler” celui-ci (il parlait du bélier pas du chef coutumier). Une autre expression assez courante est de “faire les pieds” qui veut dire que l’on se déplace à pied plutôt qu’à bord d’un véhicule, moto ou même vélo.
Une autre observation intéressante, qui ne relève toutefois pas de langage proprement dit, concerne les conditions d’écolage ou de présence au travail. L’on peut comprendre qu’en cas d’abondante pluie, orage ou autre événement climatique extrême les travailleurs ou élèves ne se présentent pas à l’heure car ils ne disposent pas toujours d’imperméables ou autre moyen de protection contre la pluie. Mais ici le retard, l’absence ou le non fonctionnement d’une école est fréquemment justifié par le fait que “la pluie menace”, même si pour finir il ne tombe pas une goutte de pluie. Il faut dire que les orages ici peuvent être assez violent et les plus gros dégâts sont souvent le résultat de coups de vents violents plutôt que de précipitations abondantes. Il y a aussi le danger des coups de foudre car, contrairement à ce qui nous a toujours été expliqué, celle-ci ne frappe pas nécessairement les points culminants. Nous avons ainsi eu des dégâts de foudre à des endroits ou les bâtiments et/ou arbres voisins beaucoup plus hauts n’ont pas été touchés. Quelque part c’est une constatation heureuse pour nous car la Cathédrale se trouve au sommet d’une colline et offre une cible parfaite pour les éclairs et pourtant nous avons jusqu’à présent échappé aux gros dégâts alors que le générateur qui se trouve dans une petite cahute entourée d’arbres a déjà été touché. Par précaution les responsables des générateurs ont d’ailleurs pour mission d’arrêter ceux-ci et de débrancher les câbles en cas d’orage proche.
Un dernier terme sur lequel nous interrogeons souvent est celui de “baleinière”, nom que l’on donne aux embarcations en bois fabriquées en planches plutôt que troncs évidés comme les pirogues. Il est évident que dans la rivière Kasaï il n’y a pas et il n’y a jamais eu de baleines, donc on est en droit de se demander d’où vient cette expression dans une contrée fort éloignée des océans ou autres lieux ou sévissent les cétacés.
Sur cette interrogation nous vous laissons en espérant bien entendu avoir de vos nouvelles, y compris des suggestion sur l’origine de la baleinière.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

The official language of Congo is French, but also a number of other languages such as Lingala or Swahili are spoken more than French in large parts of the country. Here in Mapangu many people speak more Kikongo or Kilele and do not necessarily (well) understand French or even Lingala. Moreover, even people who seem to have a good command of French do not necessarily understand it and this sometimes leads us to situations of confusion or misunderstanding both in private life and at work. What also happens quite frequently is the use of a word whose meaning may be diametrically different according to cultures or which is used because it seems to sound good in the context of the conversation.
So a word that comes up frequently in the conversation is “already” which for us means that an act or thing is already done such as “I have already arrived” or “the fuel is already exhausted” or even less pleasant but frequent “boss, it’s already broken”. Here, however, this word “already” is used much more widely to indicate a close temporal notion both in the past and in the future. So when we receive information that “the vehicle is already on the road”, which for us implies that the said vehicle has actually started, may mean that the departure is imminent, the driver is “already” present (or expected at any time) and unless unforeseen events should occur such as breakdown, lack of fuel or other last minute inconvenience, said vehicle should actually start its journey in the following moments. This interpretation, which is different from ours, is not limited to people whose education is limited because I was told by a colleague that he was already in possession of my passport with the new visa, whereas in reality the passport was still with the authorities and that, contrary to expectations of receiving it on the same day, it took more than a week for the passport to be actually in the hands of my colleague.
Another term we hear almost every day is “air intake”, which is the explanation for any sudden stop of an engine whether it is actually the result of an air intake in the fuel supply, a dry run or a clogged fuel filter.
Some expressions or words uses are rather funny, so one day our house keeper came to us for help because there was a problem with the toilet in one of the neighbouring houses, in fact when he pressed the flushing button it refused to “ejaculate”. On another occasion, after receiving a ram from the customary chief, our head of human resources asked me if I intended to “immolate” it (he was talking about the ram not the customary chief). Another fairly common expression is “doing the feet”, which means walking rather than riding a vehicle, motorcycle or even bicycle.
Another interesting observation, which is not strictly speaking a matter of language, concerns the conditions of schooling or presence at work. It is understandable that in the event of heavy rain, storms or other extreme weather events, workers or students do not show up on time because they do not always have raincoats or other means of protection against rain. But here the delay, absence or non-operation of a school is often justified by the fact that “rain threatens”, even if in the end not a drop of rain falls. It must be said that thunderstorms here can be quite violent and the greatest damage is often the result of strong gales rather than heavy rainfall. There is also the danger of lightning strikes because, contrary to what has always been explained to us, it does not necessarily strike the highest points. We have had lightning damage in places where neighbouring buildings and/or trees much higher up have not been affected. Somehow this is a happy observation for us because the Cathedral is on top of a hill and offers a perfect target for lightning and yet we have so far escaped any major damage while the generator in a small hut surrounded by trees has already been hit. As a precaution, the generator managers are responsible for stopping the generators and disconnecting the cables in the event of a nearby storm.
A final term we often question is “whaleboat”, the name given to wooden boats made of planks rather than hollow trunks like the traditional dugout canoes. It is obvious that in the Kasai River there are no whales and there have never been any, so one may wonder where this expression comes from in a country far from the oceans or other places where cetaceans are found.
On this question we leave you hoping of course to hear from you, including suggestions on the origin of the whaleboat terminology.
Until soon,
Marc & Marie-Claude

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