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Troubles en l’Air / in the Air

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Nous sommes arrivés à Kinshasa ce vendredi pour aller passer la semaine qui vient au Ghana où aura lieu de conseil d’administration de Brabanta et afin de profiter de l’occasion pour y visiter une plantation sœur du groupe Socfin.
Grand luxe, le propriétaire de la compagnie d’aviation qui fait la liaison Ilebo-Kinshasa a demandé au pilote de faire escale à Mapangu pour nous embarquer afin de nous éviter de devoir rejoindre Ilebo en pirogue. C’était d’autant plus agréable que vendredi matin le temps était plutôt pluvieux et donc loin d’être les conditions les plus agréables pour rester assis dans une pirogue pendant 3 heures. En fait, il s’avère que le pilote aurait de toutes façons fait escale chez nous à cause d’un problème technique pour lequel quelques explications s’imposent.
L’avion que nous utilisons est un Let 410, avion de fabrication tchèque équipé de deux turbo propulseurs et, dans ce cas-ci, de réservoirs de carburant supplémentaires sous forme de cylindres situés à l’extrémité des ailes. En principe, ces réservoirs extrêmes servent à alimenter les réservoirs principaux situés dans les ailes lorsque le niveau de ceux-ci le nécessite et cela se fait à l’aide d’une pompe électrique située entre les réservoirs. Seulement voilà, pour une raison encore inconnue une des pompes (celle située dans l’aile gauche pour être précis) a cessé de fonctionner et arrivé à Ilebo l’avion s’est retrouvé, d’une part, déséquilibré, d’autre part, avec une quantité insuffisante de carburant dans l’un des réservoirs principaux. Afin de résoudre cette situation il était nécessaire de transférer manuellement le carburant d’un réservoir vers l’autre et le matériel pour faire cela, ainsi que le carburant de réserve si nécessaire, est stocké chez nous à Mapangu. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais vous imaginerez certainement pourquoi la compagnie aérienne préfère ne pas garder du matériel à Ilebo, où les autorités ne sont pas même capable de maintenir l’aéroport dans des conditions de sécurité adéquates.
Bref, pour résoudre ce problème de déséquilibre, l’avion devait faire escale chez nous et utiliser la pompe que nous gardons dans notre magasin pour d’abord essayer de transférer du carburant d’un réservoir à l’autre et ensuite de compléter les réservoirs avec du carburant que nous gardons en réserve pour des cas pareils. C’est donc “un morceau de chance” que le propriétaire de la compagnie ait eu cette gentille attention car imaginez que nous ayons comme prévu été à Ilebo en pirogue (sous la pluie) pour prendre l’avion à Ilebo pour ensuite revenir atterrir à Mapangu pour une escale technique… Cela aurait été pour le moins frustrant!
Le vol c’est ensuite déroulé sans incidents. En fait, malgré la présence de beaucoup de nuages et même de pluie pendant le vol, celui-ci a été particulièrement calme et agréable. Je ne vous cacherai pas que par mesure de prudence je prends malgré tout quelques comprimés de Vertigo pour être 100% certain de ne pas être dérangé par les éventuels soubresauts de l’aéronef.
Arrivés à Kinshasa, où l’un de nos collègues devait immédiatement poursuivre sa route vers l’aéroport international afin d’y prendre l’avion pour Bruxelles, nous avons appris qu’il y avait des manifestants sur les routes et que le trafic (généralement déjà compliqué à Kinshasa) était cauchemardesque. Nous avons effectivement mis près d’une heure et demi pour rejoindre le bureau alors qu’en temps normal ce trajet ne prend guère plus qu’une demi heure même quand il y a beaucoup de monde sur la route, car le bureau n’étant pas très loin de l’aéroport national.
Les troubles en ville trouvaient eux-aussi leur origine dans des problèmes d’avion, plus sérieux et tragiques ceux-ci. En effet le jour précédent l’Antonov transportant la voiture blindée du Président, son chauffeur privé et une partie de sa garde rapprochée c’est écrasé sans survivants, y compris l’équipage de quatre ukrainiens. Les partisans du Président y ont vu une malveillance de la part de l’ancien pouvoir et quoi de plus logique que de bloquer la ville en brûlant des pneus et bloquant la circulation. Il y aurait entre 11 et 18 victimes dans le crash de l’avion présidentiel, le nombre est imprécis car on sait qu’il y avait officiellement 11 passagers et hommes d’équipage, mais comme toujours il y avait certainement des passagers non-officiels (femmes, enfants, amis, etc.) dont le nombre reste très vague. Mais ce que les gens en ville déplorent le plus, apparemment, c’est la perte de la voiture blindée et du chauffeur privé du Président. La voiture, un engin de 7 tonnes, serait trop abimée pour être récupérée… à mon avis c’est un « under-statement », même si ici les épaves automobiles qui seraient à nos yeux totalement irrécupérables finissent quand même par rouler d’une manière ou d’une autre.
Presque toutes les compagnies aériennes opérant en RDC semblent utiliser des pilotes russes ou ukrainiens, d’une part parce que les avions utilisés sont souvent originaires d’Europe de l’est (Let, Antonov, …) et donc connus de ces pilotes et d’autre part parce que leurs prétentions salariales sont plus raisonnables que celles des pilotes d’Europe occidentale. Etonnamment, il y a souvent des copilotes congolais mais pas de pilotes, mystère qu’il nous reste à élucider…
Demain nous voyagerons sur des lignes togolaises et ghanéennes, nous vous raconterons…

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

We arrived in Kinshasa on Friday to spend the coming week in Ghana where the Brabanta board meeting will be held and to take the opportunity to visit a sister plantation of the Socfin group.
The owner of the airline operating the flight between Ilebo and Kinshasa kindly asked the pilot to stop in Mapangu to board us so that we would not have to go to Ilebo by dugout canoe. It was all the more pleasant as Friday morning the weather was rather rainy and therefore far from being the most pleasant conditions to be sitting in a canoe for 3 hours. In fact, it turns out that the pilot would have stopped in Mapangu in any case because of a technical problem for which some explanations are necessary.
The aircraft we use is a Let 410, a Czech manufactured aircraft equipped with two turbo propellers and, in this case, additional fuel tanks in the form of cylinders located at the tip of the wings. In principle, these extreme tanks are used to supply the main tanks located in the wings when the level of the wings requires it and this is done by means of an electric pump located between the tanks. However, for a still unknown reason, one of the pumps (the one located in the left wing to be precise) stopped working and when it arrived in Ilebo the plane found itself unbalanced on the one hand and with an insufficient quantity of fuel in one of the main tanks on the other hand. To solve this it was necessary to manually transfer the fuel from one tank to the other and the equipment to do this, as well as the spare fuel if necessary, is stored with us in Mapangu. I will not go into details, but you will certainly imagine why the airline prefers not to keep equipment in Ilebo, where the authorities are not even able to maintain the airport in adequate safety conditions.
In short, to solve the problem of tank imbalance, the aircraft had to stop over at our place and use the pump we keep in our store to first try to transfer fuel from one tank to another and then to supplement the tanks with fuel that we keep in reserve for such cases. Imagine if we had nevertheless been to Ilebo to catch our flight and then land for a technical stopover in Mapangu, we wouldn’t have really found this the most effective solution.
The flight then proceeded without incident, in fact despite the presence of many clouds and even rain during the flight, it was particularly calm and pleasant. I will not hide from you that as a precautionary measure I still take a few Vertigo tablets to be 100% sure that I will not be disturbed by any jolts of the aircraft.
When we arrived in Kinshasa, where one of our colleagues had to immediately continue his journey to the international airport to fly to Brussels, we were told that there were demonstrators on the roads and that the traffic (which is usually already complicated in Kinshasa) was nightmarish. It took us almost an hour and a half to get to the office, whereas normally this journey takes little more than half an hour even when there are a lot of people on the road because the office is not very far away.
The troubles in the city also had their origin in plane problems, which were more serious and tragic. Indeed, the day before, the Antonov carrying the President’s armoured car, his private driver and part of his close guard crashed without survivors, including the crew of four Ukrainians. The President’s supporters saw it as malicious act on the part of the former government and what could be more logical than to block the city by burning tires and blocking traffic. There would be between 11 and 18 victims, the number is imprecise because we know that there were officially 11 passengers and crew, but as always there were certainly unofficial passengers (women, children, friends, etc.) whose number remains very vague. But what people in the city apparently deplore most is the loss of the President’s armoured car and private driver. People are sad to hear that the car, a 7-ton machine, would be too damaged to be recovered… in my opinion it is an “under-statement”, even if here the car wrecks that seem unrecoverable still end up driving one way or another.
Almost all airlines operating in the DRC seem to use Russian or Ukrainian pilots, partly because the aircrafts used are often from Eastern Europe (Let, Antonov,…) and therefore known to these pilots and partly because their salary expectations are more reasonable than those of Western European pilots. Surprisingly, there are often Congolese co-pilots but no pilots, a mystery that remains to be solved.
Tomorrow we will travel on Togolese and Ghanaian lines, we will tell you about it….

We look forward hearing from you soon,

Marc & Marie-Claude

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