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RSPO

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Les plantations de palmier à huile font l’objet de beaucoup de publicité négative allégeant généralement que ces activités sont à l’origine de déforestations massives, qu’elles privent les populations autochtones de leurs terres ancestrales ou encore que l’huile de palme est malsaine et à bannir d’un régime alimentaire sain. Nous sommes bien placés pour distinguer le vrai du faux de ces allégations, mais certains diront que notre point de vue ne peut pas être objectif et je ne vais donc pas entrer ici dans un débat sur le vrai et le faux, même si en passant je ne pourrai pas m’empêcher de donner quelques éléments factuels pour expliquer notre démarche.
Pour le moment, il est généralement accepté que le meilleur moyen de démontrer que les activités de plantation de palmier à huile ne sont pas plus mauvaises que toute autre production agricole commerciale, c’est d’obtenir une certification qui confirme que les activités sont menées de manière durable en respectant l’environnement, les populations locales et les règles générales d’éthique. Pour le palmier à huile la certification la plus généralement acceptée s’appelle RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), celle-ci a été développé au départ pour les plantations d’Asie du sud-est, mais s’étend actuellement également à l’Afrique où le groupe SOCFIN s’est d’ailleurs engagé à l’obtenir pour toutes ses plantations africaines en plus des engagements déjà pris depuis plusieurs années de ne pas déboiser, de ne pas utiliser de feu pour préparer les zones de plantation et de prendre des mesures pour protéger les zones naturelles dans ses concessions.
Obtenir la certification RSPO n’est pas une mince affaire et est extrêmement onéreuse, entre autres parce que les normes (basées au départ sur la réalité du terrain asiatique) exigent de respecter des règles qui dans certains cas sont quasi impossibles ici. Par exemple tous les déchets comme les filtres à huile usagés, produits périmés et autres déchets considérés comme nuisibles doivent être enlevés et détruits par des sociétés agréées… qui n’existent pas au Congo. Il y a aussi l’exigence de fournir des logements adéquats ce qui veut dire maisons en matériaux durables équipés d’eau et d’électricité, exigence logique avec la base observée en Asie mais utopique dans un pays où la majorité de nos travailleurs viennent de villages voisins dont les maisons sont des paillotes voire exceptionnellement des constructions en briques adobe avec toiture en paille, et où l’idée même d’avoir l’électricité ou l’eau est loin des préoccupations premières des habitants. Pour nous conformer aux normes “asiatiques” il nous faudrait construire plus de 1.000 maisons et je ne parle même pas du budget nécessaire pour l’électrification et la distribution d’eau. En fait les villages des travailleurs dans la concession sont approvisionnés en eau par une citerne centrale remplie par un tanker mobile tous les jours. Nous essayons également de réaliser des forages pour avoir une eau plus adaptée aux besoins domestiques, mais, outre le fait que ces forages coûtent “la peau des fesses”, sur les 6 forages réalisés jusqu’à ce jour il n’y en a qu’un seul qui est opérationnel. Pour mémoire nous sommes dans une zone sableuse où il est nécessaire de forer jusqu’à plus de 200m pour trouver de l’eau… Chez nous à la maison, tout comme dans les camps, il y a un tracteur qui vient avec une citerne nous ravitailler en l’eau tous les jours. Cette eau provenant d’une petite rivière où les villageois font également leur lessive, ablutions et plus… Est filtrée après l’hydrophore et strictement limitée aux douches, nettoyage de la maison et autres activités d’entretien. Pour notre eau de consommation nous avons des porteuses d’eau qui vont remplir des bidons à une petite source située à quelques kilomètres de la maison, eau que nous faisons bouillir et filtrons deux fois avant de la consommer.
Mais revenons à la certification RSPO, certes, nous faisons face à certaines difficultés, mais il y a d’autres aspects qui devraient être moins difficiles à mettre en œuvre, même ici. Ainsi il est par exemple nécessaire d’avoir des descriptions détaillées de toutes les opérations et d’assurer la formation du personnel dans l’application de ces procédures. En théorie c’est assez logique et simple à appliquer, si ce n’est qu’ici les instructions écrites ou même verbales ne sont pas comprises et qu’il est donc nécessaire de faire toutes ces formations par la pratique. Démontrer comment récolter un régime ou trier un déchet n’est pas trop ardu (encore que, pour le deuxième exemple, il est parfois difficile d’avoir tous les types de déchets sous la main pour faire la démonstration), mais quand il s’agit de faire comprendre les principes de base de la RSPO (qui sont supposés être connus de tous les travailleurs) je crois que tous mes cheveux seront blancs ou partis avant que cela n’arrive…
Un autre aspect important de la certification est de s’assurer que tous les travailleurs soient équipés adéquatement pour le travail qu’ils doivent faire, c.-à-d. avoir bottes, casques, gants, lunettes, masques, etc. selon le travail qu’ils font. Distribuer les équipements de protection individuels n’est pas la plus grande difficulté car en général les employés aiment recevoir une panoplie d’équipements, certain étant même portés fièrement le dimanche pour aller au culte, mais l’utilisation de ces équipements au travail est une autre paire de manches car ils se plaignent alors qu’ils ont trop chaud, que les équipements de protection les empêchent de bien faire leur travail, etc.
Une autre exigence de RSPO est de régulièrement faire contrôler tous les équipements pour s’assurer qu’ils soient conformes aux normes nationales. Au Congo la norme nationale est généralement assez simple et quasi universelle, il suffit de payer le montant repris dans la grille officielle (plus les “frais” de mission) et ne pas demander plus car les préposés au contrôle 1) n’ont généralement pas connaissance des normes qu’ils sont supposés appliquer, 2) ne disposent d’aucun matériel ou équipement de mesure et 3) souvent ne connaissent même pas le matériel à contrôler ou son fonctionnement. Ainsi nous payons religieusement le contrôle technique de tous nos véhicules, le certificat de navigabilité de notre pirogue et baleinière ou contrôle de sécurité de nos installations industrielles, mais mis à part quelques petits coups de marteau donnés à l’une de nos citernes pour voir si la tôle était solide… depuis que nous sommes ici je n’ai jamais vu un seul contrôle actuellement fait, excepté pour nos extincteurs et nous savons maintenant ce que cela vaut (voir nos nouvelles précédentes: “Saturation”).
Je ne vais pas vous gâcher le plaisir en passant en revue toutes les exigences de la RSPO, mais sachez que la liste est encore longue et que c’est donc un processus qui prend beaucoup de temps, d’énergie et de ressources. Cela est d’autant plus vrai que seules deux organisations sont habilitées à “auditer” les plantations africaines pour leur certification RSPO et que chaque visite est donc facturée à un prix défiant toute concurrence…
Pour le moment nous sommes les seuls occupants de la “Cathédrale” car nos voisins sont soit en vacance soit partis, enfin seuls… c’est sans compter la troupe de gardiens, jardiniers et autres cuisiniers qui hantent les lieux, en fait nous avons compté il y a 16 personnes qui travaillent dans le “compound” de la Cathédrale, donc nous ne sommes pas “vraiment” seuls.
Ah, une dernière petite nouvelle, Edwige notre chouette a repris sa liberté. Elle devenait de plus en plus résistante à nos manipulations, démontrant qu’elle avait repris des forces et les moyens de se défendre et plutôt que de risquer de la blesser en l’attrapant pour lui donner sa dose d’huile, de viande et d’eau nous avons estimé qu’elle serait plus à l’aise de faire cela de ses propres moyens dans la nature. A la faveur d’une nuit bien claire nous l’avons mise sur la terrasse d’où elle a pris son envol pour disparaître dans la nuit et découvrir son nouveau territoire.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Prosper (en bleu – in blue)
Essais de semis de Jacaranda – Jacarada sowing trials
Griezel observant des perdrix – Griezel watching partridges
Bouquet du jardin – Flowers from the garden

Oil palm plantations are the subject of much negative publicity, generally claiming that these activities cause massive deforestation, that they deprive indigenous populations of their ancestral lands or that palm oil is unhealthy and should be banned from a good diet. We are well placed to distinguish between the true and the false from these allegations, but some will say that our point of view cannot be objective and I will therefore not enter into a debate here on what is true and what is not, even if in passing I will not be able to avoid giving some factual elements to explain our approach.
For the time being, it is generally accepted that the best way to demonstrate that oil palm plantation activities are not worse than any other commercial agricultural production is to obtain certification that confirms that the activities are carried out in a sustainable manner that respects the environment, local populations and general ethical rules. For oil palm, the most generally accepted certification is called RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), which was initially developed for plantations in South-East Asia, but is now also being extended to Africa, where the SOCFIN group has undertaken to obtain it for all its African plantations. This is in addition to the commitments already made for several years not to clear forests, not to use fire to prepare planting areas and to take measures to protect natural areas in its concessions.
Obtaining RSPO certification is not an easy task and is extremely expensive, partly because the standards (based initially on the reality on the Asian context) require compliance with rules that in some cases are almost impossible here. For example, all waste such as used oil filters, expired chemical products and other waste considered harmful must be removed and destroyed by authorized companies… that do not exist in Congo. There is also the need to provide adequate housing, which means houses made of sustainable materials equipped with water and electricity, a logical requirement when looking at the average housing standard in some places, but utopian in a country where the majority of our workers come from neighbouring villages whose houses are straw huts or even exceptionally adobe brick constructions with straw roofs, and where the very idea of having electricity or water is far from the first concerns of the inhabitants. To comply with “Asian” standards we would have to build more than 1,000 houses and I am not even talking about the budget needed for electrification and water distribution. In fact, the workers’ villages in the concession are supplied with water by a central cistern filled by a mobile tanker every day. We are also trying to drill boreholes to provide water better adapted to domestic needs, but, in addition to the fact that these boreholes cost a fortune, of the 6 boreholes drilled to date only one is operational. For the record, we are in a sandy area where it is necessary to drill up to 200m to find water… At home, just like in the camps, there is a tractor that comes with a tank to supply us with water every day. This water comes from a small river where the villagers also do their laundry, ablutions and more… It is filtered at the pump and strictly limited to showers, house cleaning and other maintenance activities. For our drinking water we have water carriers who fill cans at a small spring a few kilometers from the house, which we boil and filter twice before consuming.
But let’s get back to RSPO certification, of course, we face some difficulties, but there are other aspects that should be less difficult to implement, even here. Thus, for example, it is necessary to have detailed descriptions of all operations and to ensure the training of staff in the application of these procedures. In theory it is quite logical and simple to apply, except that here written or even verbal instructions are not understood and that it is therefore necessary to do all these trainings by practice. Demonstrating how to collect a fruit bunch or sort waste is not too difficult (although, for the second example, it is sometimes difficult to have all types of waste on hand to demonstrate), but when it comes to understanding the basic principles of RSPO (which are supposed to be known by all workers) I think all my hair will be white or gone before that happens…
Another important aspect of the certification is to ensure that all workers are adequately equipped for the work they are required to do, i.e. have boots, helmets, gloves, glasses, masks, etc. depending on the work they do. Distributing personal protective equipment is not the greatest difficulty because employees generally like to receive a wide range of equipment, some of which are even worn proudly on Sundays to go to church, but the use of this equipment at work is another matter because they complain when they are too hot, that protective equipment prevents them from doing their job properly, etc.
Another requirement of RSPO is to regularly have all equipment inspected to ensure that it complies with national standards. In Congo, the national standard is generally quite simple and almost universal, it is sufficient to pay the amount shown in the official grid (plus the “costs” of the mission) and not to ask for more because the inspection staff (1) are generally not aware of the standards they are supposed to apply, (2) do not have any measuring equipment or tools and (3) often do not even know the equipment to be inspected or its operation. Thus we pay religiously for the roadworthiness test of all our vehicles, the certificate of compliance of our dugout canoe and barge, or safety test of our industrial installations, for this latter one, apart from a few small hammer blows given to one of our tanks to see if the metal sheet is sound… since we’ve been here I’ve never seen a single check actually done, except for our fire extinguishers and we now know what that is worth (see our previous news: “Saturation”).
I’m not going to spoil the fun by reviewing all the requirements of the RSPO, but the list is still long, so it’s a process that takes a lot of time, energy and resources. This is all the more true since only two organizations are authorized to “audit” African plantations for their RSPO certification and each visit is therefore invoiced at a price that defies all competition…
At the moment we are the only occupants of the “Cathedral” compound because our neighbours are either on holiday or gone. Alone is maybe not the complete truth… as we are still surrounded by the troop of guards, gardeners and other cooks who haunt the place, in fact we counted there are 16 people working in the “compound” of the Cathedral, so we are not “really” alone.
Ah, one last little piece of news, Edwige our owl has regained her freedom. She was becoming more and more resistant to our manipulations, showing that she had regained strength and the means to defend herself and rather than risk injuring her when catching her to give her her dose of oil, meat and water we felt she would be more comfortable doing this on her own in nature. On a clear night we put her on the terrace from where she took off and disappeared into the night to discover her new territory.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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