Categories
Mapangu Uncategorised

Peu – Little

See below for English text

Le palmier à huile est une plante tropicale qui produit des régimes de fruits riches en huile toute l’année, c’est ce qui fait son grand intérêt pour les populations locales car outre la disponibilité permanente d’une source de matière grasse alimentaire (quasi la seule produite dans ces contrées) elle permet aussi aux planteurs d’avoir des revenus toute l’année, ce qui n’est pas le cas pour des cultures saisonnières comme le café, cacao, maïs, etc.
La seule autre culture commune de la région qui est récoltée toute l’année est le manioc, qui avec l’huile de palme constitue la base alimentaire d’une grande partie de la population. En effet le manioc produit des grosses racines riches en amidon qui peuvent être récoltées à tout moment, la seule contrainte étant que plus elles sont vieilles plus elles deviennent fibreuses, mais sinon toujours comestibles. Le manioc est consommé sous forme de fufu (foufou) qui est une pâte plus ou moins ferme fabriquée avec de la farine de racines séchées et moulues et agrémenté d’une sauce de poisson séché, tomate ou autre selon les goûts et disponibilités. Une fois cuit ce n’est pas trop mauvais si ce n’est un peu insipide, mais avant d’être moulue les racines dégagent une odeur franchement peu appétissante. En effet les racines de manioc (excepté les variétés dites “douces”) contiennent du cyanure qu’il faut éliminer par rouissage. Le rouissage est réalisé en faisant tremper les racines pelées dans de l’eau (souvent un marigot dont la qualité de l’eau est douteuse) pendant un ou deux jours et ce processus dégage une odeur de vomi qui a tendance à rester sur les racines séchées après avoir été débarrassées de leurs toxines, d’où notre enthousiasme limité à en avoir dans la cuisine. Pour être tout à fait honnêtes, à la maison ce n’est même pas que nous mangeons peu de manioc, nous n’en mangeons pas!
Mais revenons au palmier à huile, qui théoriquement lui aussi produit toute l’année. Je dis théoriquement car Mapangu se trouve en zone limitrophe pour la production optimale du palmier et en plus nous sommes sur des sols sableux qui sont relativement plus pauvres que les sols généralement trouvés dans les zones équatoriales. Le résultat est que la production est beaucoup plus saisonnière et au lieu d’avoir des régimes à récolter de manière régulière toute l’année nous avons une période de pointe de production (de juin à septembre) et puis cela retombe comme un soufflé et nous passons de 600 tonnes par jour (en pointe) à 350 tonnes par semaine ou moins de régimes. Cette variabilité a toutes sortes de conséquences sur l’organisation de la plantation car quand il y a peu de production, comme maintenant, les coupeurs vont parcourir des grandes surfaces de plantation pour parfois récolter moins de 5 régimes ce qui n’est évidemment pas économique, mais si nous espaçons les cycles de récolte de trop le peu de régimes récoltés seront en partie pourris et ne pourront pas être usinés. Pour l’huilerie c’est aussi un problème car il n’est pas économique de démarrer l’usine (il faut 2-3 heures pour faire monter les chaudières en pression et mettre toute la machine en route) s’il n’y a pas un minimum de 250-300 tonnes de régimes à traiter, mais il ne faut pas non plus laisser traîner trop longtemps les régimes coupés car leur qualité se détériore très rapidement et l’huile produite risque à son tour d’être trop acide.
L’année passée, compte tenu de la faible production de cette période de l’année, nous avions fait l’essai d’arrêter toutes les opérations pendant 4 semaines en se disant que le peu de production perdue serait largement compensée par les économies de carburant (générateurs de l’huilerie, camions et tracteurs pour l’évacuation des régimes et transport du personnel) et de main d’œuvre, mais ce n’est en fait pas le cas car non seulement les économies de carburant réalisées n’étaient pas aussi intéressantes qu’anticipé, mais en plus le travail qui a été nécessaire pour nettoyer la plantation de tous les fruits pourris a annulé le peu d’économie que nous avions réalisé. Alors cette année nous avons décidé de mordre sur notre chique et de continuer à récolter et usiner notre production, même si les palmiers nous donnent peu de régimes à récolter. Nous avons quand même décidé de concentrer la récolte sur trois jours par semaine avec un passage chaque deux semaines, au lieu de tous les jours avec un cycle d’une semaine en temps normal, et l’huilerie ne fonctionne qu’un jour par semaine absorbant ainsi des régimes qui n’ont pas été récoltés plus de deux jours plus tôt. Espérons que cette approche nous permettra d’optimiser le peu de production que nous avons en cette période de creux.
Paradoxalement, maintenant que nous n’avons que peu d’huile produite et donc des besoins d’évacuation réduits, le retour des pluies depuis le mois de septembre fait que le Kasaï est à nouveau pleinement navigable et que les barges peuvent prendre des pleines charges… Mais ne rêvons pas trop: le trafic de barges sur le Kasaï reste limité par le déchargement compliqué au port d’Ilebo à cause du trafic restreint de trains et donc la disponibilité de wagons. Contrairement à l’Europe où le retard de quelques minutes d’un train fait tout un plat, ici les retards se comptent plutôt en jours voir semaines.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Forage – Borehole

Rucher – Beehives
Mini-Jacaranda

Oil palm is a tropical plant that produces oil-rich fruit bunches all year round, which is of great interest to local populations because in addition to the permanent availability of a source of dietary fat (almost the only one produced in these regions) it also allows farmers to have an income all year round, which is not the case for seasonal crops such as coffee, cocoa, corn, etc.
The only other common crop in the region that is harvested all year round is cassava, which, together with palm oil, forms the food base for a large part of the population. Indeed, cassava produces large starchy roots that can be harvested at any time, the only constraint being that the older they are, the more fibrous they become, but otherwise always edible. Cassava is consumed in the form of fufu (foufou), which is a more or less firm paste made from dried and ground root meal and topped with a dried fish sauce, tomato or other according to taste and availability. Once cooked it is not too bad if not a little tasteless, but before being ground the roots give off a frankly unpleasant smell. Indeed, cassava roots (except for the so-called “sweet” varieties) contain cyanide, which must be removed by retting. Retting is done by soaking the peeled roots in water (often a marigot of questionable water quality) for one or two days and this process gives off a smell of vomit that tends to stay on the dried roots after being rid of their toxins, hence our limited enthusiasm to have them in the kitchen. To be completely honest, at home it’s not even that we don’t eat much cassava, we don’t eat it!
But let us return to the oil palm tree, which theoretically also produces all year round. I say theoretically because Mapangu is in a borderline area for the optimal production of palm trees and in addition we are on sandy soils that are relatively poorer than the soils generally found in equatorial areas. The result is that production is much more seasonal and instead of having fruit bunches to harvest regularly all year round we have a peak period of production (from June to September) and then it drops very much like a soufflé and we go from 600 tonnes per day (peak) to 350 tonnes per week or less of fruit bunches. This variability has all kinds of consequences on the organization of the plantation because when there is little production, as there is now, cutters will go through large areas of plantation to sometimes harvest less than 5 fruit bunches which is obviously not economic, but if we space the harvest cycles too much the few harvested fruit bunches will partly rot and cannot be milled. For the oil mill it is also a problem because it is not economical to start the plant (it takes 2-3 hours to pressurize the boilers and start the whole machine) if there is not a minimum of 250-300 tons of fruit bunches to process, but neither should these be left too long before they are milled, because their quality deteriorates very quickly and the oil produced may in turn be too acidic.
Last year, given the low production at this time of year, we tried to stop all operations for 4 weeks, thinking that the little production lost would be largely offset by fuel (oil mill generators, trucks and tractors for produce evacuation and personnel transport) and labour savings, but this is not in fact the case because not only were the fuel savings achieved not as interesting as expected, but also the work that was required afterwards to clean the plantation of all the rotten fruits cancelled out what little savings we had made. So this year we decided to hold tight and continue to harvest and mill our production, even if the palm trees give us few fruit bunches to harvest. We did however decide to concentrate the harvest on three days a week with a bi-weekly passage, instead of every day with a normal one-week cycle, and the oil mill only operates one day a week, thus absorbing fruit bunches that were not harvested more than two days earlier. Let’s hope that this approach will allow us to optimize the limited production we have in this period of lows.
Paradoxically, now that we have only small amounts of oil produced and therefore reduced evacuation needs, the return of the rains since September means that the Kasai is once again fully navigable and that the barges can take full loads… But let’s not dream too much: barge traffic on the Kasai remains limited by the complicated unloading at the port of Ilebo due to the rare train traffic and therefore unavailability of wagons. Unlike Europe, where a delay of a few minutes in a train makes a big difference, here delays are more likely to be counted in days or even weeks.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

One reply on “Peu – Little”

Salut Marc & Marie-Claude,
C’est toujours avec beaucoup d’intéret que je lis vos narratives! Merci aussi de nous avoir éclairé sur ces plantations d’huile de palme pour lesquelles je n’avais pas de connaissance…
Ici à Anvers tout va bien, nous nous préparons pour l’hiver…
Je vous embrasse bien fort, Jake

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.