Categories
Mapangu Uncategorised

Organisation

Please see below for English text

Pourquoi parler d’organisation alors que nous sommes sans conteste dans le pays le plus désorganisé que nous ayons jamais connu. C’est bien simple, rien ne fonctionne et quand il y a encore un peu d’espoir au mieux cela marche en retard ou à moitié. Ce n’est pas juste une question d’organisation, mais aussi de propension à utiliser les choses (machines, outils, accessoires), même flambants neufs, d’une manière qui fait que leur durée de vie en est réduite drastiquement malgré (ou à cause ?) des réparations “plan B”, à la locale. d’une façon ou d’une autre ils ne sont jamais plus pareils . . .
Les exemples ne manquent pas, ainsi nous avons équipé nos coupeurs avec des ciseaux en acier trempé qu’il suffit d’affûter de temps en temps avec une pierre à aiguiser pour pouvoir travailler le plus efficacement possible. Nous en avons distribué plusieurs centaines et pour faciliter la tâche des coupeurs nous avons même mis en place un système où les coupeurs ramènent leur ciseau en fin de travail pour qu’une personne formée à cela se charge d’affûter tous les outils. Toute une organisation, même si en principe c’est très simple, car chaque travailleur est responsable son ciseau propre, marqué, soit parce qu’il a une préférence pour le type de manche ou sa longueur, ou encore pour pouvoir s’assurer que les outils qui disparaissent sont facturés à la bonne personne.
Les travailleurs estiment que ce système n’est pas à leur convenance et emportent donc les ciseaux au village après le travail où ils vont chauffer les lames pour les marteler et ainsi “améliorer” leur performance. Seulement voilà, en chauffant la lame dans un brasier l’acier perd sa dureté et doit donc être aiguisé beaucoup plus fréquemment (ce qu’ils ne font pas). Le résultat est qu’avec les ciseaux “modifiés” le travailleur doit donner 4-5 coups de lames pour couper une palme alors qu’avec la lame d’origine un seul coup suffit… Malheureusement le constat est amer, car à l’appel plus de 90% des ciseaux montrent les caractéristiques de chauffage et de martellement, le mal est maintenant fait jusqu’au prochain arrivage d’outils, si les travailleurs ont compris, ce qui est loin d’être certain.
Mais l’organisation dont je souhaitais vous écrire concerne plutôt la façon dont certains travaux sont organisés et pour lesquels nous ne semblons pas arriver à former nos agents à des méthodes plus efficaces de travail. L’exemple que je cite le plus souvent, certains d’entre vous l’auront déjà certainement entendu, c’est lorsque nos fonds arrivent et qu’il faut ranger l’argent dans le coffre.
L’argent arrive dans des malles et avant de ranger celui-ci dans le coffre nous faisons un comptage. Les billets viennent en briques de 500 billets (ne vous emballez pas, les coupures principales font 1.000 francs ce qui est équivalent à un peu moins de 60 cents à l’heure actuelle et nous avons aussi beaucoup de coupures de 500, 200, 100 et même 50 francs (je vous laisse faire la conversion), donc une brique ne représente pas nécessairement un montant faramineux. Bref, pour faciliter le comptage des briques celles-ci sont disposées par paquet de 10, ce qui (par hasard) correspond aussi exactement à la hauteur des étagères dans le coffre et devrait (en théorie) faciliter le rangement.
Visualisez maintenant l’étagère du coffre avec une brique de billets qui reste de l’envoi précédent, logiquement nous la mettrions de côté pour mettre les paquets de 10 briques les uns à côté des autres sur l’étagère, mais pas ici… Comme il y a déjà une brique en place sur l’étagère, la seule solution est de recomposer un paquet de briques en prélevant une à une les briques d’un paquet se trouvant à côté du coffre, mais évidemment il reste alors une brique de trop qui nécessite de recommencer le même processus jusqu’à ce que le tout soit rangé dans le coffre. Si cette méthode était “justifiée” par le souhait de recompter chaque brique, je pourrais peut-être comprendre, mais non ici il s’agit seulement et uniquement de ranger l’argent dans le coffre.
Un exemple similaire est survenu au port hier matin où une barge est arrivée pour nous livrer des brouettes et du carburant. Le carburant se trouvant dans les cales de la barge tandis que les brouettes étaient entassées sur les écoutilles des mêmes cales. Pour vous donner une idée claire des opérations je dois rapidement vous décrire notre port où, d’une part nous avons un quai en béton permettant aux barges de ce mettre à fleur de terre (du moins en-dehors de la saison sèche quand le tirant d’eau est suffisant) et d’autre part nous avons des quais en terre où se trouvent les tuyaux permettant de pomper le carburant en-dehors des cales.
Hier matin quand je suis arrivé, le bateau était à quai (là où il y a le béton) et le capitaine a décidé de bouger la barge pour se positionner près du tuyau de dépotage de carburant. La barge reste accessible depuis la terre, mais cette fois avec une grosse planche (pas trop large quand même) qui permet de relier le bateau à la berge.
Une fois en place pour dépoter le carburant, le capitaine à réalisé qu’il fallait d’abord débarquer les brouettes (il y en avait quand même 300) pour accéder aux écoutilles abritant le carburant. Mais cette fois il ne suffisait pas de juste passer celle-ci du bateau au quai, mais de les transporter individuellement via la passerelle ( qui penchait quand même un peu), ce qui a évidemment pris au moins deux fois plus longtemps… De plus, il s’est révélé que les amarres qu’ils avaient ne permettaient pas de fixer le bateau à l’emplacement choisi, mais la solution a été vite trouvée avec un morceau de ficelle en nylon (en espérant que le courant ou les mouvements d’une autre barge ne viennent pas perturber la solution.
Les situations de ce genre ne manquent pas et sont parfois désespérantes. La semaine passée nous devions charger 5 tonnes de graviers dans un camion, mais le camion ne pouvait pas reculer jusqu’au tas de gravier à cause d’une poutre en bois que personne n’a pensé à déplacer. La solution, évidente me direz-vous, a consisté à prendre des brouettes, de charger celles-ci avec le gravier, contourner la poutre et venir déverser celles-ci au pied du camion pour ensuite les charger à la pelle dans le camion. Quand j’ai vu cela j’ai cru que j’allais pleurer, car en plus la poutre en question n’a pas nécessité plus de 3 personnes pour la déplacer et reculer le camion jusqu’au tas de graviers. Le commentaire du chef d’équipe était: “vous les blancs vous avez la technique!”, malheureusement je n’oserais pas garantir que la prochaine fois ils ne feront pas la même chose, mais nous ne perdons pas espoir.
Heureusement qu’à la maison c’est tout du contraire, Marie-Claude nous fabrique continuellement des choses qui embellissent ou rendent plus facile notre vie de brousse, beaucoup de couture pour le moment mais aussi des systèmes-D pour lutter contre les cafards qui semblent coloniser les lieux en force. Ces créatures nous amènent d’ailleurs à une observation des plus remarquables car, parmi les stratagèmes de Marie-Claude il y a la solution de mettre tous les rouleaux de papier alu, papier de cuisson, etc. dans un zip-lock pour que les cafards ne s’y installent pas. Grande était donc notre surprise de voir que le sachet était en fait occupé par un gros cafard. Plutôt que d’essayer de le pourchasser nous avons pensé être malin en mettant le tout pendant la nuit au congélateur et effectivement le lendemain matin la créature était raide et dure, en principe une fin assez douce. Toutefois à notre grande surprise, un quart d’heure après sa sortie du congélateur le cafard a décidé de se réveiller… il paraît qu’ils résistent aussi au micro-onde, mais ça nous ne l’avons pas testé.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Un peu d’érosion – Slight erosion
La Monusco se déplace – Monusco on the move
Accès aisé aux cales – Easy access to the holds
Bien attaché – Securely fastened
Promenade en forêt ce matin – Walk in the forest this morning

Why talk about organisation when we are unquestionably in the most disorganized country we have ever known. It is quite simple, nothing works and when there is still a little hope at best it works late or halfway. It’s not just a question of organization, but also of the propensity to use things (machines, tools, accessories), even brand new ones, in a way that drastically reduces their lifespan despite (or because of?) local “plan B” repairs. Somehow they are never the same again …
There is no lack of examples, one is that we have equipped our harvesters with hardened steel chisels that just need to be sharpened from time to time with a whetstone in order to work as efficiently as possible. We have distributed several hundred of them and to make the work of the harvesters easier, we have even set up a system where the harvesters bring their chisel back at the end of the work so that a person, trained in this work, can sharpen all the tools. A whole organisation, even if in principle it is very simple, because each worker is responsible for his own chisel, which is marked, either because he has a preference for the type of handle or its length, or to ensure that tools that disappear are charged to the right person.
The workers feel that this system is not to their liking and therefore take the chisel to the village after work where they will heat the blades to hammer them and thus “improve” their performance. However, by heating the blade in a fire, the steel loses its hardness and therefore has to be sharpened much more frequently (which they do not do). The result is that with the “modified” chisels the worker has to give 4-5 strokes of the blade to cut a palm, whereas with the original blade one stroke is enough… Unfortunately the perspective is not great, because at muster in the morning I notice that more than 90% of the chisels show the heating and hammering characteristics, the damage is now done until the next arrival of tools, if the workers have understood, which is far from certain.
But the “organisation” I wanted to write to you about is rather about the way in which some work is organised and for which we do not seem to be able to train our workers in more efficient working methods. The example I cite most often, as some of you will no doubt have already heard, is when our funds arrive and we have to put the money in the safe. The money comes in trunks, and before we put it in the safe we do a count. The notes come in bricks of 500 notes (don’t get excited, the main denominations are 1,000 francs which is equivalent to just under 60 euro cents at the moment and we also have a lot of 500, 200, 100 and even 50 franc notes (I’ll let you do the conversion), so a brick doesn’t necessarily represent a huge amount. In short, to make it easier to count the bricks, they are arranged in bundles of 10, which (by chance) also corresponds exactly to the height of the shelves in the safe and should (in theory) make storage easier.
Now visualize the shelf of the safe with a brick of bills left over from the previous shipment, logically we would put it aside to put the packs of 10 bricks next to each other on the shelf, but not here … As there is already a brick on the shelf, the only solution is to reconstitute a packet of bricks by removing one by one the bricks of a packet next to the safe, but obviously there is then one brick too many that needs to repeat the same process until the whole thing is stored in the safe. If this method was “justified” by the wish to recount each brick, I could perhaps understand, but not here, it is just and only a matter of putting the money in the safe.
A similar example occurred at the port yesterday morning where a barge arrived to deliver wheelbarrows and fuel. The fuel was in the barge’s holds while the wheelbarrows were piled up on the hatches of the same holds. To give you a clear idea of the operations I must quickly describe our harbour where, on the one hand we have a concrete dock allowing the barges to tie up flush with the ground (at least outside the dry season when the draught is sufficient) and on the other hand we have earthen wharves (slopes) where the hoses for pumping the fuel out of the holds are located.
Yesterday morning when I arrived, the boat was docked at the main wharf (where the concrete is) and the captain decided to move the barge to position himself near the fuel pumping hose. The barge is still accessible from the shore, but this time with a big board (not too wide though) that allows access from the barge to be river side.
Once in place to pump the fuel, the shipmaster realised that the wheelbarrows (of which there were 300) had to be unloaded first to gain access to the fuel hatches. This time, however, it wasn’t enough to simply pass the whelbarrows from the boat to the quay, but it required to transport them individually via the gangway (which was tilted a little), which obviously took at least twice as long… Moreover, it turned out that the mooring lines they had didn’t allow the boat to be fixed in the chosen location, but the solution was quickly found with a piece of nylon string (hoping that the current or the movements of another barge wouldn’t disrupt the solution.
There is no shortage of such situations and they can be desperate at times. Last week we had to load 5 tons of gravel into a truck, but the truck couldn’t back up to the gravel pile because of a wooden beam that no one thought to move. The obvious solution, you might say, was to take wheelbarrows, load them with the gravel, go around the beam and come and dump them at the bottom of the truck and then shovel them into the truck. When I saw that, I thought I was going to cry, because not only that, but the beam in question required no more than three people to move out of the way and allow the truck to back up to the gravel pile. The comment of the team leader was: “you white guys have the technique”, unfortunately I wouldn’t dare to guarantee that next time they won’t do the same thing, but we don’t give up hope.
Luckily at home it’s quite the opposite, Marie-Claude is constantly making things that make our bush life more beautiful or easier, a lot of sewing for the moment but also D-systems to fight against the cockroaches that seem to colonize the place in force. These creatures bring us to a most remarkable observation. Among Marie-Claude’s solutions is to put all the rolls of aluminum foil, baking paper, etc. in a zip-lock so that the cockroaches cannot get access to them. Great was our surprise to see that the bag was in fact occupied by a big cockroach. Rather than trying to chase it we thought we were being clever by putting the whole thing overnight in the freezer and actually the next morning the creature was stiff and lifeless, in principle a fairly soft end. However to our great surprise, a quarter of an hour after it had come out of the freezer the cockroach decided to wake up… it seems that they are also resistant to the microwave, but that we have not tested.
See you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Coutumes – Customs

See below for English language text

Comme partout, ici aussi il y a des coutumes, certaines prétendument ancestrales et d’autres manifestement motivées par l’aspect pécuniaire des choses. En général quand le point de vue coutumier est invoqué il est invariablement motivé par un bénéfice d’une forme ou d’une autre pour la personne qui invoque la dite coutume.
Ainsi, depuis que nous sommes arrivés ici on m’explique invariablement que lorsque quelqu’un vient me rendre visite au bureau, parfois mais très rarement pour me saluer et le plus souvent pour me présenter une liste de doléances plus ou moins sérieuses, il serait “coutumier” de donner un peu d’argent pour le voyage ou le “café” du visiteur, et s’il m’arrivait d’oublier la “coutume” le plus souvent le visiteur (quel que soit son niveau du simple travailleur au chef de secteur) ne manquera pas de me rappeler à l’ordre. Ces demandes sont néanmoins devenues moins fréquentes dernièrement, peut-être parce qu’il est de notoriété publique que sauf besoin avéré les visiteurs ressortent le plus souvent sans leur “café”.
Curieusement, lorsque c’est moi qui vais rendre visite aux chefs de village ou autorités locales, la coutume veut que je leur apporte quelque chose (un peu d’argent) pour une bière ou un café, donc logiquement la définition de la coutume devrait être revue car c’est plutôt “lors d’une rencontre entre un blanc et un ou plusieurs congolais, le blanc donne de l’argent”.
Certains droits coutumiers sont plus logiques et ne posent pas problème (enfin presque), ainsi les communautés locales de Mapangu reçoivent chaque année quelques centaines de litres d’huile de palme de Brabanta en reconnaissance des terres qui ont jadis été achetées pour y établir la plantation, aménager une route ou construire des infrastructures. Le problème est que depuis la centaine d’années que la plantation est établie à Mapangu la population a plus que décuplé et le quota d’huile n’a pas évolué de la même manière. De plus certains villages se sont fractionnés suite à des conflits entre chefs et se pose évidemment la question de savoir qui peut prétendre au colis de fin d’année ou comment le départager. Curieusement pour ces choses-là la coutume est très vague et donne invariablement lieu à des disputes qui se règlent parfois à coups de machettes et fatalités, tout cela pour quelques litres d’huile. Il faut dire que l’attraction que représente une plantation comme celle de Brabanta qui, rappelons-le est la seule entreprise de taille à plus de 400km à la ronde, fait que beaucoup de personnes sont venues des contrées voisines pour chercher fortune et que les traditions et coutumes locales se sont trouvées quelque peu diluées. Ainsi Sa Majesté le Grand Chef Félix, un chef coutumier qui règne en principe sur toute la région du grand Mapangu, a de plus en plus de difficultés pour asseoir son autorité et se tourne de plus en plus vers Brabanta pour chercher un appui physique et financier et garder la tête hors de l’eau.
L’une des coutumes ou pratiques qui reste le plus difficile à comprendre pour nous européens, mais qui n’est pas propre à Mapangu même si elle semble plus exacerbée par ici, est la façon dont les femmes sont traitées. Ainsi même l’un de nos cadres, fils de diplomate ayant vécu de nombreuses années à l’étranger, m’a expliqué que dans le cas ou son frère venait à décéder, c’est lui qui hériterait des biens et des responsabilités de son défunt frère. Il hériterait des biens matériels, de la responsabilité de ses neveux et nièces (en particulier de leur éducation) et de la ou des femme(s) de son frère. En pratique cela ne veut pas dire qu’il doit seulement subvenir aux besoins matériaux de sa ou de ses belles-sœurs mais que celle(s)-ci devien(nen)t effectivement sa ou ses femmes à lui sans autre forme de procès. Il faut dire qu’ici le concept de polygamie est plutôt complexe car en principe l’église (les gens sont majoritairement chrétiens dans la région) n’autorise pas le fait qu’un homme ait plusieurs femmes, mais compte tenu des aspects coutumiers cette pratique est de fait tolérée voir considérée comme normale. En-dehors de ces aspects traditionnels, il y a évidemment l’élément monétaire et la femme est tout comme la plus grande partie des biens juste une question de prix. Un de mes employés m’a un jour raconté que pour préparer sa retraite il souhaitait encore construire une maison, mais qu’il avait quand même déjà 4 femmes et 70 têtes de bétail pour assurer ses vieux jours. Les filles n’ont généralement peu ou pas droit à la parole quand il s’agit de décider à qui elles seront “vendues” et il n’est pas envisageable de fréquenter une fille sans s’acquitter d’une dot qui se chiffre souvent en milliers de dollars (énorme quand on sait que certains travailleurs n’ont pas plus de 50 dollars par mois). Les conséquences ne sont pas anodines pour ceux qui essayent de goûter à la marchandise sans payer car si par hasard la fille se trouve être enceinte la dot est payable immédiatement et il y a beaucoup moins de marge de négociation. Celui qui ne paie pas se retrouve généralement au cachot pour dette impayée. Nombre de travailleurs viennent me demander de l’aide pour s’acquitter de leurs dettes vis-à-vis de la famille d’une fille qui aurait été accidentellement engrossée par eux-même ou l’un de leurs enfants (sans moyens) pour évider d’être arrêtés (et payer des amendes aux autorités en plus).
Mais, tout comme dans nos magasins, il n’est pas interdit de retourner la “marchandise” et d’exiger un remboursement si la dame se révèle infertile ou autrement incapable de fournir les services normalement attendus d’une épouse (travaux au champs, ménage, collecte de combustible et d’eau, soin des enfants, etc.). Le remboursement n’intervient généralement que lorsque la famille de la fille arrive à “revendre” celle-ci à un autre parti, mais le processus inverse de plaintes et arrestations fonctionne également. En fait ici ils adorent porter plainte pour un oui ou pour un non, même si généralement cela ne bénéficie qu’aux autorités en termes d’argent.
Une autre coutume, nettement plus inquiétante, est de considérer que tout événement inattendu (en particulier maladie ou accident entraînant un décès, une fausse-couche, une perte d’animaux) est forcément le résultat de sorcellerie. Le sorcier ou la sorcière est généralement une personne et/ou la famille de celle-ci avec qui il y aurait eu un désaccord dans le passé et qui avait donc forcément une mauvaise intention à l’égard de la victime. La solution plutôt radicale est d’éliminer la personne et les membres de la famille (sauf s’ils arrivent à fuir en forêt avant de se faire attraper) et de prendre et/ou détruire leurs biens, ce qui implique généralement de brûler leur maison (un peu comme les bûchers chez nous dans le temps). Les responsables de ces homicides ne sont le plus souvent peu ou pas inquiétés par les autorités qui semblent penser que la sorcellerie est une chose bien réelle et qu’il est donc légitime que les villageois cherchent à se protéger, même si de temps en temps il peut y avoir des erreurs…
Finalement une coutume que nous apprécions beaucoup plus, même si nous n’en maîtrisons pas toujours toute l’histoire, est celle de l’artisanat traditionnel et en particulier les tapis du Kasaï et les masques traditionnels. Pour ces derniers nous commençons à avoir une collection assez variée de masques de toutes origines, dont certains sont tout à fait spectaculaires.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

As everywhere, here too there are customs, some supposedly ancestral and others clearly motivated by the pecuniary aspect of things. In general, when the customary point of view is invoked it is invariably motivated by a benefit of one form or another for the person invoking the said custom.
Thus, since we arrived here it has invariably been explained to me that when someone comes to visit me in the office, sometimes but very rarely only to greet me and most often to present me with a list of more or less serious grievances, it would be “customary” to give some money for the visitor’s trip or “coffee”, and if I forget the “custom” most often the visitor (whatever his level from simple worker to head of sector) will not fail to remind me that some token of appreciation is expected. These requests have nevertheless become less frequent lately, perhaps because it is common knowledge that, unless there is a real need, visitors usually go out without their “coffee” when they come for a visit to the GM’s office.
Curiously, when it is me who goes visiting the village chiefs or local authorities, the custom is that I bring them something (a little money) for a beer or a coffee, so logically the definition of the custom should be reviewed because it is rather “during a meeting between a white man and one or more Congolese, the white man gives money”.
Some customary rights are more logical and do not pose a problem (at least most of the time), for example the local communities of Mapangu receive a few hundred litres of palm oil from Brabanta every year in recognition of the land that was once bought to establish the plantation, build a road or construct infrastructure. The problem is that in the 100 years that the plantation has been established in Mapangu the population has increased more than tenfold and the oil quota has not evolved in the same way. Moreover, some villages have split up due to conflicts between chiefs and there is obviously the question of who is entitled to the end-of-year package or how to divide it up. Curiously for these things the custom is very vague and invariably gives rise to disputes that are sometimes settled with machetes and fatalities, all for a few litres of oil. It must be said that the attraction of a plantation such as the one in Brabanta, which is the only one of its kind within a radius of more than 400 km, means that many people have come from neighbouring regions in search of fortune and that local traditions and customs have been somewhat diluted. Thus His Majesty Grand Chief Felix, a customary chief who in principle reigns over the entire Great Mapangu region, is finding it increasingly difficult to assert his authority and is turning more and more to Brabanta to seek physical and financial support to keep his head above water.
One of the customs or practices that remains the most difficult for us Europeans to understand, but which is not unique to Mapangu, although it seems more exacerbated here, is the way women are treated. For example, even one of our officials, the son of a diplomat who had lived abroad for many years, explained to me that in the event of his brother’s death, he would inherit the property and responsibilities of his late brother. He would inherit the material goods, the responsibility for his nephews and nieces (in particular their education) and his brother’s wife(s). In practice this does not mean that he should only provide for the material needs of his sister(s) in law, but that the sister(s) in law actually become his wife(s) without any further proceedings. It must be said that here the concept of polygamy is rather complex because in principle the church (the people are mostly Christians in the region) does not allow a man to have several wives, but given the customary aspects this practice is in fact tolerated or even considered normal. Apart from these traditional aspects, there is of course the monetary element, and women, like most goods, are just a question of price. One of my employees once told me that to prepare for his retirement he still wanted to build a house, but that he already had 4 wives and 70 head of cattle to ensure his old age… Girls generally have little or no say in deciding who they will be “sold” to, and it is not possible to date a girl without paying a dowry that often runs into thousands of dollars (huge when you consider that some workers have no more than $50 a month). The consequences are not insignificant for those who try to taste the merchandise without paying because if by chance the girl happens to be pregnant the dowry is payable immediately and there is much less room for negotiation. Those who do not pay usually end up in prison for unpaid debts. Many workers come to me for help to pay their debts to the family of a girl who has accidentally been knocked up by themselves or one of their children (without the means) and risk being arrested (and pay fines to the authorities in addition).
But, just as in some of our western stores, it is not forbidden to return the “merchandise” and demand a refund if the lady proves to be infertile or otherwise unable to provide the services normally expected of a wife (field work, housework, fuel and water collection, child care, etc.). Reimbursement usually only occurs when the girl’s family manages to “resell” the girl to another party, but the reverse process of complaints and arrests also works. In fact here they love to file a complaint for whatever reason, even if it usually only benefits the authorities in terms of money.
Another custom, much more worrying, is the fact that any unexpected event (in particular illness or accident leading to death, miscarriage, loss of animals) is necessarily the result of witchcraft. The witch is usually a person and/or the family of the witch with whom there has been a disagreement in the past and who therefore necessarily had a bad intention towards the victim. The rather radical solution is to eliminate the person and family members (unless they manage to flee into the forest before being caught) and to take and/or destroy their property, which usually involves burning down their house (a bit like the pyres at home in the old days). Those responsible for these homicides are most often little or not worried by the authorities who seem to think that witchcraft is a very real thing and that it is therefore legitimate for the villagers to seek protection, even if from time to time there may be mistakes?
Finally a custom that we appreciate much more, even if we do not always master the whole story, is that of traditional crafts, and in particular the Kasai carpets and traditional masks. For the latter we are beginning to have a rather varied collection of masks of all origins, some of which are quite spectacular.
We hope that these news will find you well.
See you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Sport

See below for English text version

Nous vivons en pleine nature avec peu ou pas de routes dignes de ce nom et où tout le monde se déplace principalement à pied ou avec des vélos plus ou moins opérationnels, mais très peu de véhicules motorisés à l’exception de motos taxi et de nos transports de personnel en camion. Donc théoriquement nous vivons dans un environnement qui est sain (il n’y a quasi pas de pollution atmosphérique si l’on s’abstient de rester à coté de l’un de camions russes qui démarre et qui semble être conçu plus pour la fumigation des moustiques que pour répondre aux normes d’émissions européennes), n’ayant pas d’électricité le soir le ciel est d’une clarté comme elle n’existe plus dans la plus grande partie de nos contrées et sur les routes il n’y a que du sable donc pas d’asphalte nauséabond ou autre surface dure qui esquinte les rotules des coureurs.
Et pourtant, nous les expatriés bénéficiant de véhicules 4×4 pour nous déplacer partout, nous finissons par réaliser que malgré l’environnement des plus favorables nous ne faisons pas ou peu d’exercice au quotidien. Nous allons en voiture à l’appel le matin, puis en voiture jusqu’au bureau, etc. Ce, pour revenir à la maison épuisé et heureux de se mettre dans un fauteuil pour souffler un peu. Certes lors des visites de la plantation il faut marcher assez bien, surtout dans les terrasses où il est souvent difficile de se déplacer en voiture et donc une occasion de faire un peu d’exercice, mais cela reste limité aux agronomes (et une fois par semaine pour moi). Chacun doit donc trouver un moyen pour garder la forme d’une manière ou d’une autre et le sport est donc un des moyens pour y arriver.
Nous essayons d’organiser des activités physiques pour tous, ainsi dans les camps nous avons aménagé des terrains de football où des tournois sont régulièrement organisés, mais n’étant au départ pas un grand fan de foot quand en plus je vois la violence avec laquelle nos amis congolais se lancent dans chaque échange de balle je préfère rester à distance et au mieux encourager les joueurs à distance. Nous avons aménagé un terrain de volleyball où des rencontres amicales sont organisées presque tous les dimanches et, outre le fait que ces rencontres sont beaucoup plus civilisées, où tant les expatriés que les autochtones participent sans qu’il soit nécessaire d’être un champion. Le terrain de volley est en voie d’être amélioré pour y inclure également des paniers de basketball qui ont la préférence d’autres collègues et permettent ainsi de varier les plaisirs.
A la Cathédrale nous avons évidemment un terrain de tennis, mais le nombre de joueurs semble nettement plus limité avec le résultat que son utilisation est assez sporadique. Afin de permettre aux uns ou aux autres d’utiliser le terrain sans avoir un partenaire, nous avons décidé d’agrémenter le terrain d’un mur. Sinon le sport le plus populaire à la Cathédrale semble être la pétanque, surtout quand nous jouons avec l’un de nos collègues français qui considère cette discipline comme digne des jeux olympiques dont il est le principal défenseur, donc pas question de prendre cela trop à la rigolade.
A la maison nous avons décidé d’installer une petite piscine qui devrait nous permettre de nous rafraîchir en fin de journée, mais les moyens étant limités celle-ci est juste un bassin hors-sol dont la profondeur n’excède pas 1,35m. En fait tous les accessoires du bassin sont sur place depuis un bon moment, reste à trouver le temps d’assembler le tout et de commencer à en profiter.
A titre individuel chacun essaye de trouver une solution (ou pas) pour garder la forme, ainsi notre directeur huilerie fait de la corde à sauter, du vélo elliptique et de la moto (qui même si motorisée est très physique dans le sable), notre directrice agro fait du jogging et de la boxe, notre directeur financier fait du yoga et de la marche et moi j’essaye de faire régulièrement du vélo. En réalité je n’ai plus fait de vélo ici depuis quelques temps, d’abord parce qu’il était en panne et puis parce que les conditions sécuritaires faisaient qu’il était préférable de circuler en voiture et accompagné et il n’est ni justifiable ni agréable de faire du vélo suivi d’une voiture de sécurité, même si dans d’autres pays comme le Nigeria c’est la seule manière pour le DG de profiter de son vélo. Les choses semblent toutefois se calmer et j’espère donc pouvoir reprendre la petite reine pour aller au bureau très bientôt.
Pour la maison nous avons également acquis un rameur qui sert plus pour Marie-Claude que pour moi, car je n’ai pas la discipline de me mettre sur la machine pour la simple raison de se faire des muscles, mais peut-être devrais-je revoir ma copie car dernièrement mes vertèbres semblent indiquer qu’il serait bon de compenser les secousses de la voiture sur les pistes avec des exercices plus ciblés pour renforcer les muscles du dos principalement.
Voilà, ainsi vous avez une petite idée de nos activités physiques et sportives, même si elles sont limitées.
Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

We live in the middle of nature with few or no roads worthy of the name and where everyone moves around mainly on foot or with more or less operational bicycles, but very few motorised vehicles except for motorcycle taxis and our staff transport by truck. So theoretically we live in an environment that is healthy (there is almost no air pollution if one refrains from standing next to one of the Russian trucks that are starting up and which seems to be designed more for fumigating mosquitoes than for meeting European emission standards), With no electricity in the evening, the sky is so clear that the full milky way is clearly visible, something no longer possible in most of our western european countries and on the roads there is only sand so there is no smelly asphalt or other hard surface that destroys the joints of the joggers.
And yet, we expatriates benefiting from 4×4 vehicles to move everywhere, we end up realizing that despite the most favorable environment we do not or do little exercise daily. We drive to muster in the morning, then drive to the office, etc., only to come home exhausted and happy to sit in a chair to take a breather. Certainly during visits to the plantation we have to walk more extensively, especially on the terraces where it is often difficult to get around by car and therefore an opportunity to get some exercise, but this is limited to the agronomists (and once a week for me). So everyone has to find a way to keep in shape in one way or another and sport is one of the ways to do this.
We try to organise physical activities for everyone, so in the camps we have set up football pitches where tournaments are regularly organised, but not being at first a big football fan when I see the violence with which our Congolese friends throw themselves into every ball exchange I prefer to stay at a distance and at best encourage the players from the sidelines. We have set up a volleyball court where friendly matches are organised almost every Sunday and, apart from the fact that these matches are much more civilised, where both expatriates and locals participate without the need to be a champion. The volleyball court is being upgraded to also include basketball boards that seem to be preferred by other colleagues and thus allow for a variety of pleasures.
At the Cathedral we obviously have a tennis court, but the number of players seems much more limited with the result that its use is rather sporadic. In order to allow everyone to use the court without having a partner, we decided to build a wall that will enable whoever feels like it to exercice. Otherwise the most popular sport at the Cathedral seems to be pétanque, especially when we play with one of our French colleagues who considers this discipline worthy of the Olympic Games of which he is the main defender, so there is no question of taking it too lightly when a game is on.
At home we have decided to install a small swimming pool which should allow us to cool down at the end of the day, but as the means are limited, this one is just an above-ground pool with a depth not exceeding 1.35m. In fact all the accessories for the pool have been on site for quite a while, but we still have to find the time to put it all together and start enjoying it.
Individually each one tries to find a solution (or not) to keep in shape, so our oil manager does skipping rope, elliptical bike and motorbike (which even if motorized is very physical in the sand), our agro manager does jogging and boxing, our financial manager does yoga and walking and I try to bike regularly in addition to walking everywhere from my office when visiting the mill, the garage or any other industrial facility. In fact I haven’t been cycling here for some time, first because my mountaibike broke down and then because the safety conditions made it preferable to travel by car and being accompanied. It is neither justifiable nor pleasant to cycle followed by a safety car, even if in other countries like Nigeria it is the only way for the GM to enjoy his bike. Things seem to be calming down though, so I hope to be able to take the two wheeler back to the office very soon.
For home we have also acquired a rowing machine which is more useful for Marie-Claude than for me, as I don’t have the discipline to get on the machine for the simple reason of building up muscles, but maybe I should review my copy as lately my vertebrae seem to indicate that it would be good to compensate for the jerking of the car on the tracks with more targeted exercises to strengthen the back muscles.
There you have it, so you have a little idea of our physical and sports activities, even if they are limited.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

A Nouveau en Ligne – Back on Line

See below for English version.

Après près de deux mois d’absence de Mapangu, nous voici de retour à la maison où nous avons retrouvé nos poilues en grande forme, la maison bien en ordre (si ce n’est pour une invasion de cafards qui apparaissent dans tous les coins) et un accueil généralement enthousiaste de nos collègues.
Nous sommes évidemment passés par Kinshasa comme étape obligée et y avons passé deux jours dans notre oasis de l’hôtel Elaïs. Même si nous n’y sommes pas très souvent, l’hôtel connaît maintenant nos préférences et petites habitudes et ainsi nous avons presque chaque fois un petit studio au rez-de-chaussée dans le fond du parc qui est relativement plus calme et surtout très facile d’accès. Malgré la situation économique difficile du pays, le propriétaire de l’Elaïs a décidé de construire un nouveau bâtiment avec des chambres et studios de grand luxe, mais pour lesquels ils ont réussi à maintenir le caractère de l’hôtel. J’ai logé une fois dans une de ces nouvelles chambres toute moderne et de grand confort, mais pour une raison que j’aurais du mal à expliquer nous préférons les studios un peu vieillots où nous logeons d’habitude, même si parfois la douche ne marche plus tout à fait comme elle devrait ou la climatisation est un peu poussive.
Durant nos quelques jours à Kinshasa les divers partenaires et autorités n’ont évidemment pas manqué de solliciter des rencontres, l’un pour essayer d’obtenir ma clémence vis-à-vis des délégués syndicaux licenciés il y a 3 mois, l’autre pour présenter ses produits ou d’autres enfin pour simplement essayer de nous faire payer une “motivation” d’une sorte ou d’une autre. J’ai également été visiter un client potentiel pour notre huile de palme et ce fut, pour dire le moins, édifiant… Le client en question possède une minoteries dans laquelle à côté de la farine de blé ils produisent également des aliments pour animaux dont une des composantes est l’huile de palme. Cette même société possède également une des plus grandes boulangeries d’Afrique qui produit industriellement des baguettes et des pains de mie qui se retrouvent partout dans Kinshasa et même dans certaines villes voisines. Les bureaux du dit-client se trouvent en fait dans l’enceinte de la boulangerie plutôt que la minoterie (qui se trouve à plusieurs kilomètres de là et surtout de longues heures de bouchons, je sais parce que par erreur nous avons d’abord été à la minoterie…). A la boulangerie, quand j’y suis finalement arrivé, dans le périmètre de l’usine (qui est gigantesque) il y a un espèce de marché permanent avec des centaines voire des milliers de personnes occupant tous les espaces vides qui vendent ou achètent du pain dans des bacs, des sacs ou simplement à la main. Régulièrement des camions de toutes tailles se frayent un chemin à travers la foule pour aller charger des quantités plus importantes de pains. Tout cela dans un espace qui était tout sauf propre car de temps en temps des pains tombent à terre, se font piétiner et absorbent l’eau de la dernière pluie pour créer une sorte de magma que personne ne semble vouloir nettoyer. Mais ce spectacle n’était rien comparé à ce qui m’attendait pour ma réunion avec le responsable des achats qui m’a invité à le suivre vers son “bureau”. Le responsable des achats, tout comme le reste de l’équipe de management de la société est membre de la communauté libanaise installée de longue date en RDC et donc probablement un petit peu influencé par la culture locale. Pour arriver au “bureau” de mon interlocuteur il fut nécessaire d’enjamber des caniveaux, se faufiler entre des carcasses de conteneurs et de camions en état de démantèlement plus ou moins avancés, marcher entre des flaques d’huile de vidange et autre vestiges d’intervention mécaniques diverses en passant à côté d’un nombre impressionnant de personnes (membre du personnel ou visiteurs?) l’un assis sur un carton au pied d’un mur, l’autre installé sur la carcasse d’une moto sans roues, bref un peu l’image de la rue des miracles. Nous sommes finalement arrivés dans le “bureau”, un local dont la porte ne ferme plus tout à fait qui nécessite de passer au-dessus de ce qui devrait être un poste à souder avec une multitude de câbles à moité dénudés. Le “bureau” était occupé par 4 ou 5 tables dont émergeait ici et là l’écran d’un ordinateur entre les piles de papiers, de cartons éventrés et d’autres objets dont la présence dans un bureau était difficile à expliquer. On m’a proposé une chaise pour prendre place, mais avant de pouvoir m’y installer elle s’est affaissée et pour finir j’ai pris place dans un des fauteuils de bureau qui se balançait dangereusement mais qui a tenu bon durant les 5 minutes où je suis resté assis. L’équipe responsable des achats de matières premières pour le groupe m’a brièvement expliqué qu’il souhaitaient acheter de l’huile de palme et que pour cela ils pourraient nous fournir des récipients, de vieux cubitainers de 1.000 litres qui ont manifestement déjà servi à contenir une grande variété de produits et dont il est difficile de définir la couleur d’origine. Ils m’ont toutefois rassuré en disant que comme l’huile ne servirait “officiellement” que pour la production d’aliments pour animaux, il n’était pas nécessaire de se tracasser de trop sur la qualité du contenant… je ne suis pas certain que mon chien apprécierait d’avoir des restes d’huile de vidange dans ses croquettes!
L’entrevue n’a pas duré très longtemps et pour repartir ils m’ont simplement suggéré de suivre le même itinéraire que celui par lequel nous étions arrivé en recommandant de faire attention où je mettais les pieds. ( 😉 )
En retournant au bureau, au milieu du délabrement dans lequel sont les rues et bâtiments de Kinshasa nous sommes tout à coup passés à côté d’un complexe dans les murs d’enceinte et surtout les bas-côtés bordant la rue étaient immaculés, avec des petites frises sur les murs, pas un point ou la peinture s’écaille, une pelouse digne des meilleurs gazons anglais le long du trottoir, bref un miracle. Outre les fortunes qui ont sans doute été investies dans la réalisation de ce travail, c’est surtout le fait que cela ait été réalisé et maintenu dans une ville comme Kinshasa qui m’a réellement surpris. Quand nous sommes finalement passés devant un énorme portail en fer forgé, une plaque informait le visiteur qu’il s’agissait non pas de l’ambassade des Etats-Unis mais de “L’Eglise du dernier jour du Christ” avec en effet un imposant édifice religieux tout blanc visible dans la distance d’un parc lui aussi manucuré. Comme quoi, tout est possible au Congo!
Ici à Mapangu il y a encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à un tel niveau de perfection, mais probablement que les moyens mis en œuvre ne sont pas comparables et contrairement aux églises qui généralement demandent une contribution mensuelle de 10% du salaire à tous leurs membres, nous sommes la source de revenus de tous nos visiteurs, même ceux qui ne travaillent pas pour nous…
Comme d’habitude nous espérons avoir de vos nouvelles aussi, donc n’hésitez pas à nous écrire.
Bien à vous,
Marc & Marie-Claude

After almost two months of absence from Mapangu, we are back home where we found our hairy guys in great shape, the house in good order (except for an invasion of cockroaches that appear in every corner) and a generally enthusiastic welcome from our colleagues.
Of course, we passed through Kinshasa as a compulsory stopover and spent two days there in our oasis at the Hotel Elaïs. Even if we are not there very often, the hotel now knows our preferences and little habits and so we almost always have a small studio on the ground floor at the back of the park which is relatively quieter and above all very easy to access. In spite of the difficult economic situation of the country, the owner of Elaïs decided to build a new building with rooms and studios of great luxury, but in which they managed to maintain the character of the hotel. I once stayed in one of these new rooms, which are very modern and comfortable, but for some reason I would find it difficult to explain, we prefer the old studios where we usually stay, even if sometimes the shower doesn’t work as it should or the air conditioning is a bit cranky.
During our few days in Kinshasa the various partners and authorities obviously did not fail to ask for meetings, one to try to obtain my leniency towards the union delegates who were fired 3 months ago, the other to present its products or others to simply try to make us pay for a “motivation” of one kind or another. I also went to visit a potential customer for our palm oil and it was, to say the least, edifying… The client in question owns a flour mill where, in addition to wheat flour, they also produce animal feed, one of the components of which is palm oil. The same company also owns one of the largest bakeries in Africa that industrially produces baguettes and bread loaves that can be found everywhere in Kinshasa and even in some neighbouring cities. The offices of the said customer are actually located in the bakery rather than the flour mill (which is several kilometres away and especially long hours of traffic jams, I know because by mistake we went to the flour mill first). At the bakery, when I finally got there, within the perimeter of the factory (which is gigantic) there is a sort of permanent market with hundreds or even thousands of people occupying all the empty spaces selling or buying bread in bins, bags or simply by hand. Regularly trucks of all sizes make their way through the crowd to load larger quantities of bread. All of this in a space that was anything but clean because every once in a while bread fall on the ground, gets trampled on and absorbs the water from the last rainfall to create a kind of magma that nobody seems to want to clean up. But this spectacle was nothing compared to what I was expecting for my meeting with the purchasing manager who invited me to follow him to his “office”. The purchasing manager, just like the rest of the company’s management team, is a member of the Lebanese community that has been living in the DRC for a long time and therefore probably a little bit influenced by the local culture. To get to my interlocutor’s “office” it was necessary to climb over gutters, to slip between the carcasses of containers and trucks in a more or less advanced state of dismantling, to walk between puddles of used oil and other remnants of various mechanical interventions while passing by an impressive number of people (staff members or visitors?) one sitting on a cardboard box at the foot of a wall, the other installed on the carcass of a motorcycle without wheels, in short a little bit the image of the slums in the middle ages. We finally arrived in the “office”, a room with a door that doesn’t quite close anymore, which required to step over what should be a welding machine with a multitude of half stripped cables. The “office” was occupied by 4 or 5 tables from which emerged here and there the screen of a computer between piles of paper, torn cardboard and other objects whose presence in an office was difficult to explain. I was offered a chair to sit, but before I could make use of it, it collapsed and I finally sat down in one of the office chairs that swayed dangerously but held on for the 5 minutes I sat there. The team in charge of purchasing raw materials for the group briefly explained to me that they wanted to buy palm oil and that to do so they could provide us with containers, old 1,000-litre cubitainers that had obviously been used to hold a wide variety of products in the past and of which it would be difficult to establish the original colour.
However, they reassured me that since the oil would only be used “officially” for the production of animal feed, there was no need to worry too much about the quality of the container… I’m not sure my dog would appreciate having leftover engine oil in his food!
The interview did not last very long and to leave, they simply suggested that I follow the same route as the one we had arrived by recommending to be careful where I put my feet. ( 😉 )
On our way back to the office (by car), in the midst of the dilapidated streets and buildings of Kinshasa we suddenly passed a complex with the perimeter walls and especially the sides of the street which were immaculate, with small designs on the walls, not a spot where the paint was peeling, a lawn worthy of the best English lawns along the pavement, in short a miracle. Apart from the fortunes that were undoubtedly invested in this work, it was above all the fact that it was done and maintained in a city like Kinshasa that really surprised me. When we finally passed in front of a huge wrought iron gate, a plaque informed the visitor that it was not the US Embassy but “L’Eglise du dernier jour du Christ” (Church of the Last Day of Christ) with an imposing white religious building visible in the distance of a manicured park. Everything is possible in the Congo!
Here in Mapangu there is still a long way to go before reaching such a level of perfection, but probably the means used are not comparable, and unlike the churches which generally ask a monthly contribution of 10% of the salary from all their members, we are the source of income for all our visitors, even those who do not work for us…
As usual we hope to hear from you too, so do not hesitate to write to us.
Kind regards,
Marc & Marie-Claude