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Quel titre bizarre direz-vous, à raison. En fait (sans pour autant expliquer l’étrangeté du titre) c’est la représentation binaire du chiffre 170. Parfois, comme c’est le cas cette semaine, c’est un peu plus difficile de trouver un sujet intéressant à relater et alors, est-ce le coup de bambou, les effets de la chaleur congolaise ou autre chose, on commence à penser à des choses plus biscornues. En fait la réponse est très simple et pour ceux qui ont suivi nos histoires depuis le début réaliserons peut-être que ceci est l’épisode numéro 170 (ou CLXX en chiffres romains, 10101010 en binaire ou AA en numérotation hexadécimale). A peu de choses près nous avons écris quelque chose chaque semaine de notre présence au Congo, ce qui laisse donc à penser que nous avons passé environ 170 semaines ici durant les quatre dernières années, période durant lesquelles beaucoup de choses se sont passées et l’aventure continue.
Pourquoi la numérotation binaire? Comme vous le savez, notre coin reculé ne compte quasi aucune autre entreprise ou activité commerciale digne de ce nom, ce qui veut dire qu’il n’y a pas non plus de banque, de distributeur de billets ou d’agence financière et que tout l’argent que nous payons à nos employés, fournisseurs et autres prestataires de services doit venir en avion de Kinshasa, donc rien de digital. Outre le risque sécuritaire qui existe lorsque l’on transporte des centaines de millions de francs d’un côté du pays à l’autre, comme il faut veiller à disposer des coupures adaptées cela représente chaque fois des centaines de kilos de petites coupures à transporter, compter, etc. Nous avons donc décidé d’essayer de faire passer Brabanta graduellement dans l’ère du digital et des paiements électroniques (ou binaires), par petites étapes pour ne pas créer de révolution. Pour nos fournisseurs, en particuliers ceux qui sont basés à Kinshasa, cela n’a pas été trop difficile de leur demander de nous communiquer un numéro de compte en banque sur lesquels nous pourrions payer nos dûs au lieu de distribuer des liasses de billets dans nos bureaux. Certains ont été plus résistants que d’autres, mais dans l’ensemble cet objectif là a été atteint. La deuxième étape a été de transférer toute notre comptabilité à Mapangu et de s’organiser pour pouvoir faire les paiements par voie électronique directement depuis ici. Heureusement nous avons notre propre connexion internet via satellite ce qui permet à tout moment de se connecter sur les sites des banques, mais les plate-formes des banques congolaises elles-même ne sont pas encore toujours à la pointe et certains systèmes de paiement nécessitent presque un doctorat pour arriver à valider un paiement.
L’étape suivante est de payer nos employés par voie électronique également, cette étape est nettement plus complexe car d’une part la majorité de nos employés sont illettrés et ne disposent pas d’un téléphone portable même basique, encore moins d’une tablette ou d’un ordinateur et généralement pas de courant. D’autre part il faut que ces travailleurs puissent retirer leur argent, car localement les paiements électroniques ne sont pas encore possibles à quelques rares exceptions près. Il existe différentes plate-formes de paiement électroniques, certaines établies par les opérateurs téléphoniques qui utilisent la carte sim du téléphone comme porte-monnaie et permet d’envoyer de l’argent à un autre téléphone ou un agent qui remettra la somme correspondante en cash (moins une commission). Le système est assez populaire et déjà très étendu dans les pays voisins de la RDC, tandis qu’ici son utilisation est plus modeste. Le grand risque lié à ce système est que l’argent se trouve sur la carte sim et si celle-ci est perdue ou détruite l’argent qu’elle contient est également perdu, et comme ici les pertes, casses et vols sont très fréquents, personne n’ose réellement utiliser le système excepté pour l’envoi ponctuel d’argent d’un coin à l’autre du pays. Nous avons opté pour un autre système qui est également basé sur l’utilisation d’un téléphone, mais à la différence des systèmes décrits ci-dessus c’est une plate-forme qui utilise un compte en banque virtuel accessible avec un code depuis un numéro de téléphone donné. Donc si le téléphone est perdu, détruit ou volé, il suffit de demander une nouvelle carte sim avec le même numéro pour accéder à son compte. Ce système a également l’avantage de permettre de faire des virements sur des comptes en banque réels, d’obtenir des prêts et de toucher des intérêts sur les montants gardés en épargne. La banque, qui fait la promotion de ce système, s’engage à mettre en place un réseau d’agents chez qui les travailleurs peuvent se présenter pour retirer de l’argent (ou en verser), de mettre à disposition des téléphones bon marchés (10 euro) aux travailleurs qui le souhaitent et de faire la formation et vulgarisation du système. C’est un système peut-être fort élaboré pour la moyenne de nos employés, mais autant nous donner les moyens de faire plus que simplement transférer de l’argent pour ceux qui le veulent. Ainsi nous avons pour la première fois ce mois-ci fait un paiement électronique pour une partie de nos employés, il ne s’agit que de 10% de nos salariés, mais cela nous a permis de tester le système et de nous assurer qu’il n’y avait pas de couacs. Tout s’est très bien passé et nous espérons que le mois prochain nous pourrons monter à 25 ou 30% des employés avec l’objectif d’arriver à 100% d’ici la fin de l’année. Ce système nous permettra théoriquement de réduire voire éliminer les besoins d’acheminer des quantités de billets de banque de Kinshasa à Mapangu, même si nous devrons continuer de maintenir une certaine réserve de trésorerie pour palier aux défaillances des agents supposer fournir du cash à nos travailleurs (qui ne manqueront pas). Nous devrons en tout cas maintenir les vols pour permettre un approvisionnement en vivres frais des expatriés, car sinon je crois que peu d’entre eux (y compris nous-même) accepteraient de rester très longtemps à Mapangu.
Côté “social”, nous (enfin l’équipe de construction) avons commencé le montage de notre petite piscine hors-sol qui devrait nous donner un peu d’agrément lorsqu’il fait chaud ou simplement pour faire un semblant d’exercices. Cela intéressera peut-être aussi les autres expatriés, pour “faire autre chose”, se changer les idées, raison pour laquelle nous l’avons stratégiquement placée pour être près mais suffisamment loin de la maison pour permettre à d’autres d’en profiter sans nous sentir envahis. Mais ça c’est une autre histoire. Il faut d’abord terminer de monter la chose et la remplir d’eau (avec des citernes qui sont remplies à une petite rivière en-dessous de la Cathédrale). Pour ceux qui ont connu les 23 Palmiers à Altea, cette technique d’approvisionnement en eau est bien connue et à l’époque les conditions de la route qui montait à la maison était probablement comparable à celle qui arrive jusque chez nous.
A part cela, nous avons reçu tous les expatriés présents pour déjeuner les dimanches et continuons à avoir toute l’équipe agro à table tous les mercredis midi.
Marc a aussi “coiffé” Makala qui a une coupe toute fraîche ce qui comme d’habitude, traumatise complètement le chat pendant quelques jours! On n’en est plus à la queue en brosse de cabinet mais elle a boudé le salon et fait de grands détours pour ne pas passer trop près…
Nous n’avons plus revu Hedwige la chouette mais n’avons, comme vous le savez, pas vraiment les mêmes horaires et, maintenant qu’elle a sa propre entrée, il n’y a plus vraiment d’occasion de la voir.
La saison des pluies est bien avancée ce qui me fait mentionner un sport dont Marc n’a pas parlé dans le blog intitulé “SPORTS” : l’aquagym, que nous pratiquons régulièrement au saut du lit si la tempête souffle dans une certaine direction, armés de raclette et serpillière car il y a un ou deux cm d’eau dans une partie de la chambre et sur le chemin menant à la salle de bains. Un de ces dimanches, c’était dans la salle à manger devant son bureau, il a décidé de commencer sa séance sans moi puis est revenu au lit un peu sonné car un salto arrière l’a projeté contre le mur… Nous étions un peu inquiet mais il a été très prudent , a travaillé depuis la maison le lendemain et mis une minerve fabrication système D pendant quelques jours et tout est renté dans l’ordre. Comme quoi, le sport, ce n’est pas toujours sain !
D’autre part, le conseil d’administration ayant lieu en Belgique dans deux semaines, nous quitterons ensemble Mapangu vendredi prochain pour y revenir le vendredi suivant ce qui permettra à Marc de voir des clients avant et après son séjour éclair en Belgique (qui lui donnera quand même l’occasion de voir ses parents et Emilie et sa famille) et de régler l’une ou l’autre chose au bureau à Kinshasa. Et à Marie-Claude de se changer les idées en partageant le séjour de Marc à Kinshasa tout en échappant à sa résidence surveillée quelques jours ! Comme disent les Valaisans: “C’est tout’d’bon”.
Nous espérons de vos nouvelles aussi, merci à ceux qui se manifestent !
Marc & Marie-Claude
What an odd title, you might say, and rightly so. In fact (without explaining the strangeness of the title) it is the binary representation of the number 170. Sometimes, as is the case this week, it’s a bit harder to find an interesting subject to relate and then, is it the excess of bush, the effects of the Congolese heat or something else, you start thinking of more biscornuous things to write about. In fact the answer is very simple and for those who have followed our stories from the beginning will perhaps realize that this is episode number 170 (or CLXX in Roman numerals, 10101010 in binary or AA in hexadecimal numbering). Roughly every week of our presence in the Congo we wrote something, which suggests that we have spent about 170 weeks here over the last four years, during which time much has happened and the adventure continues.
Why binary numbering? As you know, there are almost no other businesses or commercial activities worthy of the name in our remote area, which means that there are no banks, ATMs or financial agencies either, and that all the money we pay to our employees, suppliers and other service providers has to be flown in from Kinshasa, so nothing digital. In addition to the security risk that exists when transporting hundreds of millions of francs from one side of the country to the other, as we have to make sure that we have the right denominations, this means hundreds of kilos of small notes to be transported, counted, etc. every time. We therefore decided to try to bring Brabanta gradually into the digital era and electronic (or binary) payments, in small steps so as not to create a revolution. For our suppliers, especially those based in Kinshasa, it wasn’t too difficult to ask them to give us a bank account number on which we could pay our dues instead of distributing bundles of banknotes in our offices. Some were more resistant than others, but on the whole this objective was achieved. The second step was to transfer all of our accounting to Mapangu and arrange to be able to make payments electronically directly from here. Fortunately we have our own satellite internet connection which allows us to connect to the banks’ websites at any time, but the platforms of the Congolese banks themselves are not always up to date and some payment systems require almost a PhD to validate them.
The next step is to pay our employees electronically as well, this step is much more complex because on the one hand the majority of our employees are illiterate and do not have even a basic mobile phone, much less a tablet or a computer and generally no electricity. And, on the other hand, these workers need to be able to withdraw their money in cash, because locally electronic payments are not yet possible with a few rare exceptions. There are different electronic payment platforms, some established by telephone operators, which use the phone’s sim card as a wallet and allow you to send money to another phone or an agent who will remit the corresponding amount in cash (minus a commission). The system is quite popular and already very widespread in the countries neighbouring the DRC, while here its use is more modest. The great risk associated with this system is that the money is on the sim card and if it is lost or destroyed the money it contains is also lost, and as here losses, breakages and thefts are very frequent, nobody really dares to use the system except for the occasional sending of money from one corner of the country to another. We have opted for another system that is also based on the use of a telephone, but unlike the systems described above it is a platform that uses a virtual bank account accessible with a code from a given telephone number. So if the phone is lost, destroyed or stolen, all you have to do is request a new sim card with the same number to access your account. This system also has the advantage of making transfers to real bank accounts possible, obtaining loans and earning interest on amounts kept in savings. The bank, which promotes this system, undertakes to set up a network of agents to whom workers can go to withdraw (or pay) money, to provide cheap telephones (10 euros) to workers who wish to do so, and to provide training and popularisation of the system. It may be a very elaborate system for the average employee, but the purpose goes beyond the simple transfer money, at least for those who want and understand it. This month, for the first time, we made an electronic payment for some of our employees, only 10% to start with, but it allowed us to test the system and make sure there were no problems. Everything went smoothly and we hope that next month we will be able to increase to 25 or 30% of the employees with the objective of reaching 100% by the end of the year. This system will theoretically allow us to reduce or even eliminate the need to transport quantities of banknotes from Kinshasa to Mapangu, even though we will have to continue to maintain a certain cash reserve to compensate for the failures of the agents who are supposed to provide cash to our workers (failures which will not be lacking). In any case, we will have to maintain flights to allow fresh food supplies to the expatriates, as otherwise I believe that few of them (including ourselves) would agree to stay in Mapangu for very long periods of time.
On the “social” side, we (that is mainly the construction team) have started the assembly of our small above ground swimming pool which should give us a bit of fun when it’s hot or just to do some semblance of exercise. It may also be of interest to other expatriates, to “do something else”, to change their ideas, which is why we have strategically placed it to be close but far enough away from the house to allow others to enjoy it without feeling invaded. But that’s another story. First we have to finish putting the thing up and fill it with water (with cisterns that are filled at a small river below the Cathedral). For those who have known Las 23 Palmeras in Altea, this technique of water supply is well known and at the time the conditions of the road that went up to the house at the time was probably comparable to the one that reaches us.
Apart from that, we received all the expatriates for lunch on Sundays and continue to have the whole agric team at our table every Wednesday lunchtime.
Marc has also “hairdressed” Makala who has a very fresh haircut which, as usual, completely traumatises the cat for a few days! It is not quite the reaction of straight tail, but she’s been avoiding the living room and taking long detours so as not to get too close…
We haven’t seen Hedwige the owl anymore but, as you know, we don’t really have the same hours and, now that she has her own entrance, there’s not much chance to see her anymore.
The rainy season is well advanced which makes me think of a sport that Marc didn’t mention in the blog called “SPORTS”: that is aquagym, which we regularly practice jumping out of bed if the storm is blowing in a certain direction, armed with a towels and mops because there is one or two cm of water in part of the room and on the way to the bathroom. One of these Sundays, it was in the dining room in front of his desk, Marc decided to start his “aquagym” session without me and then came back to bed a bit stunned because of a back salto which threw him head first against the wall… We were a bit worried but he was very careful, worked from home the next day and put on a D system neck brace for a few days and everything was back to normal. So, sport is not always healthy!
As the next board meeting is taking place in Belgium in two weeks time, we’ll leave Mapangu together next Friday and come back the following Friday, which will allow Marc to see a few clients in Kinshasa before and after his short stay in Belgium (which will still give him the opportunity to see his parents, daughter, etc. ) and to settle one or the other thing at the office in Kinshasa. And for Marie-Claude to take her mind off things by joining Marc going to Kinshasa while escaping her Mapangu house arrest for a few days! As the Valaisans say: “It’s all good”.
We hope to hear from you too, thanks to those who show up!
Marc & Marie-Claude