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Tout le monde ne semble avoir que le fameux Coronavirus en tête, enfin ici (en plantation) pas trop, car beaucoup n’ont pas accès à la presse internationale et officiellement il n’y a qu’un seul cas détecté dans le pays.
Il n’en reste pas moins que les autorités ont pris des mesures de précaution pour les personnes qui arrivent (par voie aérienne) dans le pays. Ainsi à la descente de l’avion il y avait une équipe de contrôle sanitaire qui prenait la température de tous les passagers débarquant et qui distribuait des formulaires dans lesquels il fallait indiquer où le passager avait séjourné durant les deux semaines précédentes, s’il avait souffert de fièvre, toux ou autres symptômes assimilés au Coronavirus et comment il pouvait être contacté en cas de nécessité par les autorités. Dans l’aérogare tous les employés étaient munis de masques gants, etc. et tous les passagers étaient tenus de se désinfecter les mains avant de pénétrer sur le sol congolais. Le formulaire soigneusement complété était versé dans un grand carton, je présume spécifique à l’avion dont nous débarquions, encore que les autorités sanitaires n’ont posé aucune question à ce sujet et n’ont pas non-plus vérifié si j’avais indiqué avoir eu une fièvre, toux ou être passé par l’Italie récemment. Je présume que tous ces formulaires allaient être consultés calmement par la suite par un personnel spécialement affecté à cela.
Un contraste énorme avec l’aéroport de Bruxelles où il n’y avait aucun contrôle ou mesures de précautions (visibles).
A Kinshasa, les passagers en provenance de Bruxelles, comme moi, ne sont soumis à aucune autre procédure, par-contre ceux en provenance de France, Allemagne, Italie, Chine, Iran et Iraq doivent obligatoirement être mis en quarantaine, à la maison pour ceux qui n’ont pas de fièvre à l’arrivée et dans les installations sanitaires de l’état pour ceux qui ont 37,5°C de température ou plus. Ces mesures sont susceptibles d’évoluer rapidement et il est donc déconseillé de visiter la RDC ces jours-ci si on ne veut pas courir le risque de passer deux semaines dans un centre médical congolais.
Cela dit, malgré les difficultés qui prévalent dans le pays, les autorités sanitaires ont réussi à contrôler l’épidémie d’Ebola qui sévissait dans l’est du pays, sans oublier que ce travail a dû être réalisé dans un contexte sécuritaire particulièrement difficile avec de fréquentes attaques terroristes contre les centres de santé. Il y a donc lieu d’espérer que sur base de cette expérience le Congo est plutôt bien équipé pour contenir des épidémies bien plus meurtrières que celle du Coronavirus.
L’effet du Coronavirus est par contre beaucoup plus marqué ici sur le marché et en particulier sur le marché de l’huile de palme qui s’est littéralement effondré en perdant près de 30% depuis le début de l’épidémie du virus. Cela n’est pas sans conséquences pour notre plantation qui perd ainsi potentiellement 30% de sa seule source de revenus. Cette approche n’est toutefois pas tout à fait exacte car s’il est vrai que le marché mondial de l’huile affecte les prix en RDC, le contexte logistique et économique local fait que nous n’aurions probablement pas pu bénéficier entièrement des prix élevés du marché il y a quelques mois, principalement à cause du faible pouvoir d’achat de la population, et de même nous bénéficions d’une certaine protection à cause du coût élevé qui prévaut pour acheminer l’huile qui serait éventuellement importée depuis le port de Matadi jusqu’à Kinshasa. Tout n’est pas nécessairement négatif, peut-être pourrons-nous bénéficier de meilleurs prix pour notre approvisionnement en carburant (ce qui n’est pas bon écologiquement mais nous aidera éventuellement à compenser les pertes de revenus), dans la mesure où les recettes d’exportations principalement minières de l’état ne sont pas affectées au point de devoir limiter les importations de carburant.
Toujours est-il que nos clients profitent à fond de la situation pour négocier des prix à la baisse et comme il n’y a que deux clients potentiels ici en RDC pour l’huile que nous produisons, nous ne sommes pas exactement dans une position de force.
En attendant tous les autres fournisseurs profitent évidemment de la situation pour augmenter leurs prix, que ce soit justifié ou pas, qui ne seront probablement pas revus à la baisse lorsque la situation des marchés se normalisera. Ce que nous devons avant-tout espérer est que les fournisseurs tels que les transporteurs aériens internationaux qui desservent la RDC arriveront à tenir le coup malgré les restrictions imposées aux voyageurs. C’est un luxe énorme d’avoir un vol quotidien entre Kinshasa et Bruxelles sur lequel nous pouvons compter, plutôt que devoir voyager via Paris (ce qui n’est pas encore trop grave), Rabat, Istanbul ou Addis-Abeba, mais à en juger sur base du nombre de passagers qu’il y avait dans l’avion qui m’a ramené à Kinshasa la semaine dernière (le vol était tout à fait plein), ce n’est pas encore un problème immédiat.
Ici en plantation les choses continuent normalement, même si nous évitons de nous serrer la main et que des dispositifs ont été mis en place partout dans la plantation pour se laver les mains, mais même cela certains de nos collègues semblent trouver superflu et exagéré. Car, disent-ils, le virus n’est pas présent au Congo et ne résiste probablement pas au climat local, alors pourquoi se tracasser. Aujourd’hui les problèmes de santé sont plutôt ceux liés à la malaria (600.000 morts par an dans le monde), la rougeole (qui a probablement fait des dizaines de milliers de morts dans le pays) et autres maladies déjà bien présentes dans nos contrées.
Comme ici il n’y a pas de restaurants (dignes de ce nom), cinémas et autres événements qui attirent des foules, nous vivons, de fait, déjà une espèce de quarantaine à domicile (certainement pour Marie-Claude qui ne bouge pas de la maison, sauf pour faire des balades avec Makala en plantation) et donc toutes les précautions sont prises de fait.
Nous espérons que vous aussi resterez indemnes du fameux virus, ne prenez pas de risques et écrivez-nous,
Marc & Marie-Claude
Everybody seems to have only the famous Coronavirus in mind, well here (in our plantation) not too much so, because many have no access to the international press and officially there is only one case detected in the country so far.
Nevertheless, the Congolese authorities have taken precautionary measures for people arriving (by air) in the country. For example, on disembarking from the plane, a health control team took the temperature of all passengers disembarking and distributed forms in which passenger need to indicate where they had been for the previous two weeks, whether they had suffered from fever, cough or other symptoms similar to the Coronavirus and how they could be contacted if necessary by the authorities. In the terminal all employees were equipped with glove masks, etc. and all passengers were required to disinfect their hands before entering the Congolese territory. The carefully completed form was placed in a large cardboard box, I presume specific to the aircraft we were disembarking from, although the health authorities did not ask any questions about this, nor did they check whether I had indicated that I had a fever, cough or had recently passed through Italy. I assume that all these forms are going to be carefully read afterwards by specially assigned personnel…
A huge contrast with Brussels airport where there were no (visible) checks or precautionary measures.
In Kinshasa, passengers coming from Brussels, like me, are not subject to any other procedure, while those coming from France, Germany, Italy, China, Iran and Iraq have to undergo a compulsorily quarantine, at home for those without a fever on arrival and in the state’s sanitary facilities for those with a temperature of 37.5°C or more. These measures are likely to change rapidly, so it is not advisable to visit the DRC these days if you do not want to run the risk of spending two weeks in a Congolese medical centre.
That said, despite the difficulties prevailing in the country, the health authorities have managed to control the Ebola epidemic in the east of the country, not forgetting that this work had to be carried out in a particularly difficult security context with frequent terrorist attacks on health centres. It is therefore to be hoped that, on the basis of this experience, that Congo is rather well equipped to contain epidemics far more deadly than that of Coronavirus.
The effect of the Coronavirus is, on the other hand, much more pronounced here on the market and in particular on the palm oil market, which has literally collapsed, losing nearly 30% since the beginning of the virus epidemic. This is not without consequences for our plantation, which is potentially losing 30% of its only source of income. However, this approach is not entirely accurate because, while it is true that the world oil market affects prices in the DRC, the local logistical and economic context means that we would probably not have been able to benefit fully from the high market prices a few months ago, mainly due to the low purchasing power of the population, and we also benefit from some protection due to the high cost of transporting oil that would eventually be imported from the port of Matadi to Kinshasa. Not everything is necessarily negative, perhaps we will be able to benefit from better prices for our fuel supply (which is not good ecologically but will eventually help us to compensate for the loss of income), provided the state’s, mainly mining, export revenues are not affected to the extent that we will have to limit fuel imports.
Still, our customers are taking full advantage of the situation to negotiate lower prices and as there are only two potential customers here in the DRC for the oil we produce, we are not exactly in a strong position.
In the meantime, all the other suppliers are obviously taking advantage of the situation to increase their prices, whether justified or not, which will probably not be revised downwards when the market situation normalises. What we have to hope above all is that suppliers such as the international air carriers serving the DRC will be able to hold their own despite the restrictions imposed on travellers. It is a huge luxury to have a daily flight between Kinshasa and Brussels that we can rely on, rather than having to travel via Paris (which is not yet too serious), Rabat, Istanbul or Addis Ababa, but judging by the number of passengers on the plane that took me back to Kinshasa last week (the flight was fully booked), this is not yet a problem.
Here on the plantation things continue normally, although we avoid shaking hands and hand washing facilities have been set up all over the plantation, but some of our colleagues seem to find these measures superfluous and exaggerated. Because, they say, the virus is not present in the Congo and probably does not withstand the local climate, so why bother. Today’s health problems in Mapangu are rather those linked to malaria (600,000 deaths per year worldwide), measles (which has probably caused tens of thousands of deaths in the country) and other diseases already well present in our regions.
As here there are no restaurants (worthy of the name), cinemas and other events that attract crowds, we already live, in fact, a kind of home quarantine (certainly for Marie-Claude who does not move from the house, except to go for solitary walks with Makala on the plantation) and therefore all precautions are in fact already taken.
We hope that you too will remain unharmed by the famous virus, don’t take any risks and write to us,
Marc & Marie-Claude