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Ce n’est pas la première fois que nous évoquons l’isolation qui caractérise Mapangu, qui est un peu comme une île difficilement accessible, mais aujourd’hui le terme d’isolation prend une autre dimension que la plupart de ceux qui lisent ces lignes doivent expérimenter aujourd’hui eux aussi, à savoir une isolation à domicile.
En effet, alors que beaucoup d’entre vous sont coincés à la maison avec des sorties fortement contrôlées et une interaction sociale réduite à des échanges à distance, ici la vie continue quasi normalement, si ce n’est que nous avons été amené à réorganiser les appels et autres formes de rassemblements pour éviter les risques de propager le fameux virus Covid-19, dont la présence à Mapangu n’est pas encore détectée ou confirmée, vu que nous ne sommes pas équipés pour identifier le virus spécifiquement. Aujourd’hui notre plus grand risque est probablement celui de personnes venant de l’extérieur, de Kinshasa en particulier, qui pourraient l’introduire ici en ignorant être porteuses. Heureusement les déplacements à l’intérieur du pays sont découragés par les autorités et certaines mesures de contrôle ont été mises en place aux frontières provinciales. Il est à remarquer que beaucoup ici pensent que si le continent africain a été relativement préservé jusqu’à présent, c’est dû au fait que les africains sont plus résistants ou que le climat plus chaud ne convient pas au méchant virus qui dévaste l’Europe...
Il est vrai qu’ici les gens ont leur lot d’épidémies, depuis que nous sommes à Mapangu il y a déjà eu plusieurs épidémies de choléra, il y a encore toujours une épidémie de rougeole en cours et jusqu’à récemment il y avait une épidémie d’Ebola dans l’est du pays. Cette dernière semble sous contrôle car il n’y aurait plus eu de nouveaux cas depuis plus de trois semaines et dans ce cas particulier il faut reconnaître que les autorités sanitaires congolaises ont fait preuve d’une efficacité assez impressionnante sachant que les centres de santé ou les malades étaient traités ont fait l’objet d’attaques régulières de bandes armées et autres agressions. En plus de cela, dans plusieurs zones contaminées la population refusait de faire soigner ses malades par manque de confiance dans les “officiels” du pays.
Mettre en place des mesures de distanciation sociale ici au niveau du travail n’est pas trop compliqué, nous avons réduit le nombre de personnes pouvant se rassembler dans un même lieu, réduit le nombre de travailleurs dans un même transport et mis en place des stations de lavage de mains un peu partout dans la plantation. Mais après le travail les gens se retrouvent regroupés dans la cité de Mapangu qui compte actuellement plus de 35.000 personnes avec des installations sanitaires précaires voire inexistantes et une promiscuité énorme vu que les maisons (qui ne sont pas très grandes et ne comptent généralement que deux chambres) sont en moyenne occupées par dix personnes. Que dire aussi des barges qui remontent depuis Kinshasa avec des villages entiers sur les ponts où les personnes vivent les unes contre les autres pendant plusieurs semaines d’affilée dans des conditions que je ne saurais essayer de décrire. A côté de cela nos mesures préventives semblent pour le moins ridicules, mais ce n’est pas que pour leur efficacité nous sommes obligés de respecter à la lettre les instructions émanant de l’état et du bon sens mais aussi pour éviter toute accusation de négligence et pénalités résultantes.
Pour le moment tous les expatriés passent leur temps libre en relative isolation: hormis les rencontres “professionnelles” nous évitons pour le moment les rencontres sociales. En plus de rester cloîtrés chez nous encore plus que d’habitude, deux de nos expatriés n’ont pas pu rejoindre la RDC après leurs congés car les vols entre l’Europe et la RDC ont été interdits parmi les mesures de sécurité édictées par les autorités congolaises. Nous sommes donc en effectif (expatrié) réduit pour le moment et avons dû nous organiser en conséquence pour que les activités continuent le plus souplement possible.
Tous les visiteurs qui étaient supposés venir en plantation dans les prochaines semaines ont, soit (sagement) décidé que le moment n’était pas le meilleur pour faire des voyages inter-continentaux, soit été contraints de changer leurs plans parce qu’il n’est plus possible d’entrer dans le pays sans se soumettre à une quarantaine obligatoire.
L’énorme avantage que nous avons ici, tout comme ceux qui ont la chance d’habiter à la campagne ou de disposer d’un grand jardin, est de pouvoir sortir à notre guise. Nous imaginons que les conditions de vie doivent être plus difficiles si vous êtes confinés en famille dans un appartement ou une petite maison de ville sans jardin.
Question approvisionnement, nous espérons que les magasins d’alimentation de Kinshasa seront en mesure de continuer de répondre à nos commandes de vivres mensuelles, mais, de toutes façons, nous exploitons au maximum les ressources de notre jardin et ne manquons certainement pas de nourriture saine à nous mettre sous la dent.
Nous remarquons l’impact du “confinement” dans les plantations d’une certaine manière car la bande passante pour internet que nous partageons avec les autres plantations du groupe est soudainement beaucoup plus sollicitée et nos connexions beaucoup plus lentes. Il est donc probable qu’un plus grand nombre parmi les expatriés utilisent les moyens de communication électroniques plutôt que les réunions en personne. Mais le principal est que cette connexion électronique continue de fonctionner et nous permet d’échanger par mail, whatsapp et autres systèmes avec notre famille et nos amis. N’hésitez-donc pas à nous contacter!
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
This is not the first time that we have mentioned the isolation that characterizes Mapangu, which is a bit like an island that is difficult to access, but today the term isolation takes on another dimension that most of those who read these lines have to experience today as well, namely home insulation.
Indeed, while many of you are stuck at home with tightly controlled outings and social interaction reduced to remote exchanges, here life goes on almost normally, except that we have had to reorganize musters and other forms of gatherings to avoid the risks of spreading the famous Covid-19 virus, whose presence in Mapangu has not yet been detected or confirmed, since we are not equipped to identify the virus specifically. Today our greatest risk is probably that of people from outside the country, from Kinshasa in particular, who could introduce it here, unaware that they are carriers. Fortunately, movement within the country is discouraged by the authorities and some control measures have been put in place at the provincial borders. It should be noted that many here believe that if the African continent has been relatively unspoilt so far, it is because Africans are more resistant or the warmer climate is not suited to the nasty virus that is devastating Europe…
It is true that here people have their share of epidemics, since we are in Mapangu there have already been several cholera epidemics, there is still an ongoing measles epidemic and until recently there was an Ebola epidemic in the east of the country. The latter seems to be under control, as there have been no new cases for more than three weeks, and in this particular case it must be acknowledged that the Congolese health authorities have shown quite impressive efficiency, given that the health centres where the sick were being treated have been regularly attacked by armed gangs and other assaults. In addition, in several contaminated areas the population refused to have their patients treated because of a lack of confidence in the country’s “officials”.
Setting up social distancing measures here at the work level is not too complicated, we have reduced the number of people who can gather in the same place, reduced the number of workers in the same transport and set up hand washing stations all over the plantation. But after work, people gather together in the township of Mapangu, which currently has more than 35,000 people with poor or non-existent sanitary facilities and enormous promiscuity, since the houses (which are not very large and generally have only two bedrooms) are on average occupied by ten people. Even worse are the barges that travel up from Kinshasa with entire villages on the bridge, where people live against each other for several weeks at a time in conditions that I cannot try to describe. Besides that, our preventive measures seem ridiculous to say the least, but it is not only for their effectiveness that we are obliged to follow the instructions of the state and common sense to the letter, but also to avoid all accusations of negligence and resulting penalties.
At the moment all expatriates spend their free time in relative isolation: apart from “professional” meetings, we avoid social gatherings for the time being. In addition to remaining cloistered at home even more than usual, two of our expatriates were not able to reach the DRC after their holidays because flights between Europe and the DRC have been banned as part of the security measures decreed by the Congolese authorities. We are therefore downsized (expatriate-wise) for the moment and have had to organize ourselves accordingly so that activities continue as smoothly as possible.
All visitors who were supposed to come to the plantation in the coming weeks have either (wisely) decided that this was not the best time to make intercontinental trips or have been forced to change their plans because it is no longer possible to enter the country without undergoing a mandatory quarantine.
The huge advantage we have here, as well as those of you who are lucky enough to live in the country or have a large garden, is that we can go out as we please. We imagine that living conditions must be more difficult if you are confined as a family in an apartment or a small town house without a garden.
As far as supplies are concerned, we hope that the food stores in Kinshasa will be able to continue to meet our monthly food orders, but, in any case, we are making the most of our garden resources and certainly don’t lack healthy food to put on our plates.
We are noticing the impact of “containment” in the plantations in a way because the internet bandwidth we share with the other plantations in the group is suddenly much more stretched and our connections are much slower. Because of the confinement, it is likely that more expatriates are using electronic means of communication rather than face-to-face meetings. But the main thing is that this electronic connection continues to work and allows us to exchange via email, whatsapp and other systems with our family and friends. So don’t hesitate to contact us!
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude