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La Vie Continue – Life Goes On

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La presse sous toutes ses formes ne semble avoir qu’un seul sujet à présenter : le Coronavirus et son impact dans le monde, et pourtant la vie continue avec beaucoup d’autres choses d’actualité.
Pour le moment nous nous sentons plutôt privilégiés car les choses ont peu ou pas changé dans notre vie quotidienne et les activités de la plantation continuent comme avant avec seuls quelques changements qui s’avèrent être pour un mieux même, probablement, à l’avenir.
La production de la plantation est meilleure que prévue et comme la population à besoin de continuer à manger quoi qu’il advienne, nous ne constatons pas non-plus d’impact défavorable sur les débouchés pour notre huile, si ce n’est quelques difficultés logistiques pour évacuer celle-ci vers Kinshasa, mais ça n’est pas nouveau. Dire que le foutu virus n’a pas d’impact ici serait toutefois mentir car, par prudence, nous avons supprimé les rencontres sociales entre expatriés, pas par crainte de se contaminer les uns et les autres mais parce que nous estimons devoir montrer l’exemple vis-à-vis de nos collègues congolais à qui il est temporairement interdit de se retrouver à l’église, de se rassembler sur la voie publique, d’envoyer leurs enfants à l’école ou de voyager. Mais certains changements sont probablement également pour un mieux, ainsi un peu partout dans la plantation, à l’entrée des bureaux, des magasins, des dépôts, etc. nous avons placé des stations de lavages pour les mains avec de l’eau et du savon, qui sont de plus en plus utilisés par tout le monde. Si l’on peut se référer à l’expérience du Sierra Leone ou de telles mesures avaient été prises lors de l’épidémie d’Ebola, outre le fait que cela a permis d’éviter une contagion de la maladie dans la plantation, ce lavage des mains a drastiquement réduit beaucoup d’autres problèmes médicaux telles que des dysenteries et autres problèmes gastriques.
Pour éviter les grands attroupements, nous avons également décidé d’organiser la paie des travailleurs sur un plus grand nombre de sites. Cela nécessite, certes, de mettre en place des moyens plus importants en branle : voitures, policiers, agents payeurs, etc. mais les résultat en est que les travailleurs peuvent généralement se rendre à pied vers leur lieu de paie, que nous ne devons pas organiser des transports pour les travailleurs, parmi lesquels il y a souvent des personnes en état d’ébriété et des passagers externes en plus d’une quantité incontrôlable de marchandises, avec tous les risques que cela comporte.
Un peu plus compliquée est l’organisation des appels matinaux, que nous ne maîtrisons pas encore tout à fait avec la nouvelle formule de mini groupes dispersés sur un grand périmètre pour permettre une meilleure “distance sociale”. Vu que tout se monde se retrouve joyeusement entassé dans la cité après les journée de travail nous sommes évidemment en droit de nous demander si nos mesures de distanciation sont vraiment utiles et nécessaires, mais, de nouveau, l’exemple doit venir d’en haut même si il ne s’applique que sur le lieu du travail…
Les plus grandes difficultés que nous rencontrons sont liées aux décisions du chef de l’état qui, à l’instar d’autres pays affectés par la pandémie, a décidé d’isoler le pays mais aussi la capitale. Cet isolement n’affecte que les personnes, ce qui veut dire que théoriquement nos approvisionnements en intrants, matériels, fournitures et nourriture n’est pas affecté. Ainsi ce vendredi nous avions l’autorisation de faire venir notre avion mensuel avec les fonds pour payer nos travailleurs, des pièces de rechange urgentes et des vivres pour les expatriés et cadres, mais aucun passager n’était autorisé à voyager dans un sens ou dans l’autre. Nos agents qui avaient choisi de passer leurs congés à Kinshasa s’y trouvent à présent bloqués pour une période indéterminée.
Le départ de l’avion depuis Kinshasa a toutefois été problématique car, alors que le Président avait clairement indiqué que le transport de marchandises était autorisé et qu’il n’y avait pas de passagers à bord, les autorités de l’aéroport de Kinshasa ont estimé qu’il fallait une autorisation spéciale du Président pour autoriser notre vol, autorisation que nous avons réussi à obtenir en dernière minute.
Le trafic des barges sur le Kasaï reste fort limité, même si le virus n’est pas la cause primaire de cette situation car ce n’est pas nouveau, mais cela nous affecte quand même car les transports de marchandises depuis Kinshasa sont encore plus difficile (y compris notre approvisionnement en carburant qui est pour le moins critique). De plus, les restrictions imposées à Kinshasa font que nombre de nos fournisseurs sont, soit ouverts de manière limitée, soit fermés et il n’est donc pas toujours possible de trouver les pièces et/ou fournitures dont nous avons besoin pour fonctionner.
Le trafic réduit sur le Kasaï nous impose aussi d’utiliser chaque opportunité de barge à la descente pour charger de l’huile dont les besoins à Kinshasa sont de plus en plus critiques, mais ces mêmes barges sont aussi sollicitées pour transporter d’autres marchandises essentielles comme du maïs, du charbon de bois, farine de manioc, etc. et les conséquences sont évidemment une augmentation des prix qu’il est difficile de ne pas comprendre.
Nous sommes donc privilégiés là aussi car nous sommes à la source de nombreux produits de première nécessité, qui restent accessibles à des prix abordables alors qu’à Kinshasa on parle de prix ayant triplé pour des produits comme de la farine.
Parlant de Kinshasa, il faut que l’on vous fasse part d’une situation qui fait sourire ou pleurer selon le cas et qui n’était possible qu’ici au Congo. Ainsi jeudi soir, outre l’isolement de la ville qui avait été décidé par le Président, le Gouverneur de la province de Kinshasa a pris la décision d’imposer un confinement total intermittent à la population de la ville. En pratique ce confinement intermittent devait se dérouler sur une période de 30 jours durant lesquels alternativement la population serait confinée chez elle pendant 4 jours à partir de ce samedi, puis autorisée à sortir librement pendant 2 jours pour acheter des aliments, puis à nouveau un confinement de 4 jours et ainsi de suite. Ce n’est pas une blague!
Il faut savoir qu’à Kinshasa (qui compte environ 12 millions d’habitants) la majorité de la population vit au jour le jour car ils gagnet un peu d’argent en faisant des petites tâches, un peu de commerce ou d’autres activités informelles et n’ont généralement pas de réfrigérateur et souvent pas de courant, donc rester 4 jours à la maison aurait impliqué un jeune forcé. Qui plus est, la police (qui n’est payée que très sporadiquement) vit elle aussi au jour le jour avec le résultat de leur racket sur les taxis, motos et passants et le confinement de la population ne leur aurait pas permis de manger tous les jours eux non-plus. Cela étant, et compte tenu de premières émeutes vendredi soir quand tout le monde à voulu se jeter sur le peu de pain et de farine encore disponible sur le marché de Kinshasa, les autorités ont sagement décidé de reporter la mesure de confinement à une date ultérieure… à suivre donc.
Nous espérons que votre confinement à vous n’est pas trop dur à vivre et que ces nouvelles vous trouveront en bonne santé.
A bientôt vous lire ou vous parler,
Marc & Marie-Claude

Le matin – In the morning
Un des quelques barges – One of the few barges
Fleurs dans le jardin… – Flowers in the garden…
… et dans la maison – … and in the house
Vue depuis “l’isolation” du bureau – View from “isolation” in the office
Il ne manque plus que l’eau – Only water missing
Gardien au travail – Security at work
Le soir – In the evening

The press in all its forms seems to have only one subject to present: the Coronavirus and its impact in the world, yet life goes on with many other things of current interest.
For the moment we feel rather privileged because things have changed little or not at all in our daily life and the activities of the plantation continue as before with only a few changes that might prove to be even for the better in the future.
The production of the plantation is better than expected and as the population needs to eat no matter what happens, we also do not see any adverse impact on the demand for our oil, apart from some logistical difficulties to transport it to Kinshasa, but this is nothing new. To say that the damn virus has no impact here, however, would be a lie, because we have, as a precaution, abolished social meetings between expatriates, not for fear of infecting each other, but because we feel we have to set an example to our Congolese colleagues, who are temporarily forbidden to go to church, to gather on the public highway, to send their children to school or to travel. But some changes are probably also for the better, so throughout the plantation, at the entrance to offices, workshops, warehouses, etc. we have placed hand washing stations with soap and water, which are increasingly used by everyone. If we can refer to the experience of a sister plantation in Sierra Leone where such measures were taken during the Ebola epidemic, apart from the fact that it prevented the disease from spreading to the plantation, this hand washing has drastically reduced many other medical problems such as dysentery and other gastric problems.
In order to avoid large crowds, we also decided to organize the workers’ pay on a larger number of sites. This does, of course, require more resources to be set in motion: cars, policemen, paying agents, etc., but the result is that workers can generally walk to their place of pay, that we do not have to organise transport for workers, among whom there are often drunk people and external passengers in addition to an uncontrollable quantity of goods, with all the risks that this entails.
A little more complicated is the organisation of morning calls or muster, which we have not yet fully mastered with the new formula of mini groups spread over a large area to allow for greater social distancing. Given that everyone is happily crammed into the city after the working day, we are obviously entitled to ask ourselves whether our distancing measures are really useful and necessary, but, once again, the example must come from above, even if it only applies in the workplace…
The greatest difficulties we face are linked to the decisions of the Head of State who, like other countries affected by the pandemic, has decided to isolate not only the country but also the capital. This isolation only affects people, which means that theoretically our supplies of inputs, materials, consumables and food are not affected. So this Friday we were allowed to operate our monthly plane with the funds to pay our workers, urgent spare parts and food for expatriates and executives, but no passengers were allowed to travel one way or the other. Our workers who had chosen to spend their leave in Kinshasa are now stranded there for an indefinite period of time.
The departure of the aircraft from Kinshasa was somewhat problematic, because although the President had clearly indicated that the transport of goods was authorized and that there were no passengers on board our plane, the authorities at Kinshasa airport considered that a special authorization from the President was needed to authorize our flight, which we managed to obtain at the last minute.
The barge traffic on the Kasai remains very limited, even if the virus is not the primary cause of this situation as it is not new, but it still affects us because the transport of goods from Kinshasa is even more difficult (including our fuel supply which is critical to say the least). In addition, the restrictions imposed in Kinshasa mean that many of our suppliers are either open on a limited basis or closed and it is therefore not always possible to find the parts and/or supplies we need to operate.
The reduced traffic on the Kasai also means that we have to use every opportunity to load barges with our oil, which is increasingly critically needed in Kinshasa, but these same barges are also used to transport other essential goods such as maize, charcoal, cassava flour, etc. and the consequences are obviously an increase in prices that would be difficult not to understand.
We are therefore privileged here too, because we are the source of many basic necessities, which remain accessible at relatively affordable prices, whereas in Kinshasa we are talking about prices that have tripled for some basic products such as flour.
Speaking of Kinshasa, we must tell you about a situation that will make you smile or cry, as the case may be, and which was only possible here in the Congo. Thus, on last Thursday evening, in addition to the isolation of the city which had been decided by the President, the Governor of the province of Kinshasa took the decision to impose an intermittent total confinement on the population of the city. In practice, this intermittent confinement was to take place over a period of 30 days, during which the population would alternately be confined to their homes for four days starting this Saturday, then allowed to go out freely for two days to buy food, followed by another four-day confinement and so on. This is no joke!
It is important to know that in Kinshasa (which has about 12 million inhabitants) the majority of the population lives from day to day because they generally earn some money on a daily basis, do not have a refrigerator and often no electricity, so staying 4 days at home would have meant obligatory fasting. Moreover, the police (who are paid only very sporadically) also live from day to day with the result of their racketeering on taxis, motorcycles and passers-by and the confinement of the population would not have allowed them to eat every day either. This being the case, and considering the first riots on Friday evening when everyone wanted to throw themselves on the little bread and flour still available on the Kinshasa market, the authorities wisely decided to postpone the measure of confinement to a later date… to be followed.
We hope that your confinement is not too hard to live with and that this news will find you in good health.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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