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Barrières – Barriers

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Une des réalités auxquelles nous devons faire face en permanence dans la plantation est représentée par les vols en général et ceux de régimes et fruits de palme en particulier. Grâce à leurs graines sélectionnées, les fruits de nos palmiers sont plus charnus et contiennent deux fois plus d’huile que les fruits de palmiers sauvages et/ou d’anciennes plantations. Ils sont donc particulièrement appréciés par les producteurs d’huile clandestins. Le meilleur moyen de freiner le vol de régimes et de fruits est évidemment d’éliminer les huileries clandestines ou “malaxeurs” comme ils les appellent ici. Malheureusement pour nous, ceux-ci peuvent être déplacés assez facilement et sont souvent cachés dans des endroits de la brousse extérieurs à la plantation, donc, difficiles à trouver. Nous faisons régulièrement appel aux autorités afin qu’elles effectuent des perquisitions dans les villages pour identifier les malaxeurs qui utilisent nos fruits (très faciles à reconnaître), seulement, comme les bruits circulent extrêmement vite, les malaxeurs sont généralement démontés avant que des autorités compétentes ne puissent les trouver.
Nous voyons ainsi passer des grandes quantités d’huile venant de villages où il n’y a quasi pas de palmiers, dans des bidons destinés aux marchés locaux, mais comme l’huile est la même quels que soient les fruits utilisés nous ne pouvons évidemment pas faire grand chose, si ce n’est pour constater, avec amertume, que des quantités non négligeables de notre production profitent à des personnes étrangères à la plantation. Faire intervenir les autorités ne nous donne pas non plus une très bonne presse car certains prétendent que nous essayons “d’éliminer la concurrence” et empêchons les villageois de mener leurs activités traditionnelles en détruisant leurs malaxeurs. Pour freiner les vols de régimes, surtout dans les parcelles plantées en bordure des villages, nous avons des équipes de gardiens qui patrouillent, en particulier au moment de la récolte car les voleurs préfèrent ramasser des régimes et fruits déjà coupés, plutôt que de faire le travail eux-mêmes…
Nous ne sommes pas les plus mal lotis: dans d’autres plantations du groupe le vol est tel que celles-ci doivent faire appel à l’armée pour se protéger de voleurs armés eux-aussi et dans l’une d’elles on a même été jusqu’à creuser des douves de plus de 3m de profondeur avec un andain extérieur faisant office de barrière sur tout le pourtour pour en rendre l’accès difficile (mais pas impossible). Il faut dire que dans ce cas particulier, des huileries ont été construites, par des particuliers, sans plantation propre et achètent leur matière première aux villageois. Cette activité est au départ très louable car elle offre un débouché aux planteurs villageois, mais les prix payés étant très attirants c’est évidemment un encouragement à “compléter” leur production avec les beaux régimes de la plantation voisine.
Nous ne sommes heureusement pas confrontés à un tel degré de vols car il n’y a pas d’autres huileries dans la région et les malaxeurs traditionnels restent limités dans leur capacité de transformation. Nous avons toutefois aussi mis des barrières en place, principalement aux entrées de notre concession, là où la route nationale se termine. Nous ne pouvons évidemment pas empêcher les gens de circuler avec des bidons d’huile sur la route nationale, même si celle-ci passe au milieu de la plantation, mais comme les seuls tronçons de route nationale à être entretenus sont ceux qui traversent la plantation, poursuivre son chemin en-dehors de celle-ci est très difficile. Obliger les transporteurs d’huile à éviter les barrières en contournant la plantation (via les vestiges de la route nationale) plutôt que de prendre un raccourci à travers notre concession, décourage la plupart car même avec un vélo une grande partie du réseau national est quasiment infranchissable. Évidemment en faisant cela nous avons créé une nouvelle source de revenus potentielle pour nos gardiens qui monnaient le passage de ces huiles aux barrières, mais nous espérons malgré tout rendre la vie des voleurs plus malaisée de cette manière.
Une autre solution que nous avons adopté, plus constructive celle-là, est d’acheter les fruits produits par les plantations villageoises et d’intégrer ceux-ci dans notre propre production. Ce sont des fruits moins riches en huile, mais malgré tout intéressants d’un point de vue production et comme ils sont faciles à reconnaître nous ne risquons pas d’acheter notre propre production aux villageois. L’avantage pour les villageois est qu’ils sont payés immédiatement, nous avons calculé le prix d’achat des fruits pour que les villageois gagnent plus en nous les vendant plutôt que de les transformer eux-mêmes et nous organisons leur ramassage plusieurs jours par semaine. Par mois nous achetons ainsi près de 200 tonnes de fruits de palme aux villageois ce qui représente des revenus non-négligeables pour une population sinon dépourvue de ressources régulières. Cela ne résout évidemment pas le problème des vols, mais aide au moins à éliminer des excuses et légitime notre demande d’intervention auprès des autorités.
Pour le moment nous ne sommes pas les seuls à ériger des barrières car, l’excuse de la pandémie aidant, les officiels de tous poils ont mis en place des barrières et points de contrôle tous azimuts jusqu’à bloquer le passage des barges et autres embarcations provenant de provinces voisines. Par décret provincial, tout convoi qui transporterait des passagers non-autorisés (il n’est pas toujours très clair qui a le pouvoir d’autoriser les passagers en question) voit son commandant immédiatement arrêté et pénalisé d’une amende de 400.000 francs (environ 200 euro) par passager clandestin. C’est évidemment une manne céleste pour tous les fonctionnaires (migration, police des frontières, commissariat fluvial, force navale, etc.) dont beaucoup n’ont plus touché de salaire depuis plusieurs mois et tout vaisseau ou véhicule qui pointe son nez est pris d’assaut pour être fouillé et inspecté sous toutes les coutures afin de justifier une amende. En réalité même les transporteurs qui respectent rigoureusement la réglementation se voient rançonnés pour pouvoir continuer leur chemin. Ainsi la barge qui doit nous approvisionner avec du carburant et qui était attendue ici il y a deux mois est retardée en route à chaque passage de “frontière” entre les provinces et territoires avec chaque fois la menace d’être renvoyée vers Kinshasa s’ils n’obtempèrent pas avec les “lois” de la province.
Les barrières qui avaient été mises en place à Kinshasa il y a près de trois semaines dans le cadre du confinement de la commune de la Gombe (où se trouvent nos bureaux) sont toujours en place, mais la circulation à l’intérieur de la commune est maintenant libre avec toutefois le port du masque obligatoire, celui-ci pouvant être fabriqué avec un morceau de pagne.
Nous vous souhaitons bon courage avec vos barrières à vous,
Marc & Marie-Claude

Sorry, pas de photos pour le moment car nous sommes en panne d’internet…

One of the realities we are constantly facing on the plantation is theft in general and that of palm fruit and bunches in particular. Thanks to their selected seeds, the fruits of our palms are fleshier and contain twice as much oil as the fruits of wild palms and/or old plantations. These are therefore particularly appreciated by clandestine oil producers. The best way to stop the theft of fruits bunches is obviously to have clandestine oil mills, or “mixers” as they call them here, dismantled. Unfortunately for us, these can be moved quite easily and are often hidden in remote places in the bush outside the plantation, so they are difficult to find. We regularly call on the authorities to carry out searches in the villages to identify the mixers using our fruit (very easy to recognize), only, as information travels extremely fast, the mixers are usually dismantled before the relevant authorities can find them.
So we see large quantities of oil in jerrycans from villages where there are almost no palm trees, passing on the road for the local markets, but as the oil is the same regardless of the fruit used we obviously cannot do much, except to bitterly note that significant quantities of our production are benefiting people outside the plantation. Getting the authorities to intervene does not give us very good press either, because some people claim that we are trying to “eliminate competition” and prevent the villagers from carrying out their traditional activities by destroying their mixers. To curb the theft of our fruit, especially in the plots planted on the outskirts of the villages, we have teams of security guards on patrol, especially at harvest time because thieves prefer to pick up bunches and fruit that have already been cut, rather than do the work themselves .
We are not the worst off: in other plantations of the group the theft is such that they have to call the army to protect themselves from armed thieves too and in one of them the plantation even went as far as digging a moat more than 3m deep with an outside windrow acting as a barrier all around the plantation to make access difficult (but not impossible). It should be said that in this particular case, oil mills were built by private individuals without their own plantation and buy their raw material from the villagers. This activity is initially very commendable because it offers an outlet for village planters, but the prices paid being very attractive it is obviously an incentive to “complement” their production with the beautiful regimes of the neighbouring plantation.
Fortunately, we are not confronted with such a degree of theft because there are no other oil mills in the region and the traditional mixers remain limited in their processing capacity. However, we have also put barriers in place, mainly at the entrances to our concession where the national road ends. Of course, we can’t stop people from walking with oil cans on the national road, even if it passes through the middle of the plantation, but as only the sections of the national road that are maintained are those that cross the plantation, it is very difficult to continue on the national road outside the plantation. Forcing oil transporters to avoid barriers by bypassing the plantation (via the remains of the national road) rather than taking a shortcut through our concession, discourages most, because even with a bicycle a large part of the national network is almost impassable. Obviously by doing this we have created a potential new source of income for our guards who try to monetize the passage of these oils at the gates, but we still hope to make the lives of thieves more difficult in this way.
Another solution we have adopted, a more constructive one, is to buy the fruit produced by the village plantations and integrate it into our own production. They are less rich in oil, but nevertheless interesting from a production point of view and as they are easy to recognize we do not risk buying our own production from the villagers. The advantage for the villagers is that they are paid immediately and we have calculated the purchase price of the fruits so that the villagers earn more by selling them to us rather than processing them themselves, and we organize their collection several days a week. Every month we buy nearly 200 tons of palm fruit from the villagers, which represents a significant income for a population that has little or no income. This does not, of course, solve the problem of theft, but at least it helps to eliminate excuses and legitimises our request for intervention by the authorities.
At the moment we are not the only ones erecting barriers because, with the excuse of the pandemic, officials of all kinds have set up barriers and checkpoints all over the place, even blocking the passage of barges and other boats from neighbouring provinces. By provincial decree, any convoy carrying unauthorized passengers (it is not always clear who has the power to authorize the passengers in question) sees its commander immediately arrested and fined 400,000 francs (about 200 euros) per stowaway. This is obviously a heaven-sent windfall for all officials (migration, border police, river police, naval force, etc.) many of whom have not received a salary for several months and any vessel or vehicle that shows up is stormed upon to be searched and inspected from every angle in order to justify a fine. In fact, even carriers who strictly adhere to the regulations are being held to ransom before they can continue on their way. For example, the barge that is supposed to supply us with fuel and that was expected here two months ago has been delayed en route at every “border” crossing between the provinces and territories with the threat of being sent back to Kinshasa each time if they do not comply with the “laws” of the province.
The barriers that were put in place in Kinshasa almost three weeks ago as part of the confinement of the commune of La Gombe (where our offices are located) are still in place, but traffic within the commune is now free, although the wearing of masks is now compulsory, which can be made with a piece of traditional fabric.
We wish you good luck with your own barriers,
Marc & Marie-Claude

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