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L’ennemi numéro un des bâtiments en Afrique tropicale, surtout les constructions en bois, est la termite ou plutôt la colonie de termites car individuellement elles ne présentent pas réellement un problème, mais comme elles sont des dizaines de milliers voire des millions dans une colonie les conséquences sont loin d’être anodines.
En principe les termites se nourrissent de matières organiques, bois, matière végétale en décomposition ou champignons qu’elles cultivent dans la termitière, mais pour arriver à leur source nutritive elles élaborent parfois des tunnels de terre (fermés, car les termites vivent dans l’obscurité) sur des longues distances pour relier leur nid aux sources potentielles de nourriture.
Les maisons construites en bois et torchis résistent généralement au mieux deux années avant de s’écrouler suite à l’assaut de ces petits insectes qui rongent l’intérieur des structures en bois pour n’en laisser qu’une fine couche à peine plus épaisse que du papier à l’extérieur. Parfois on trouve des morceaux de bois qui en apparence sont intacts mais se pulvérisent au toucher parce que totalement creux à l’intérieur.
Notre maison, qui pourtant est construite avec des briques et du mortier, n’est pas épargnée par les termites qui l’attaquent de tous les côtés et malgré les efforts que nous faisons pour régulièrement détruire les tunnels de terre qui parsèment les murs, elles reviennent à l’assaut sans relâche en faisant un nouveau parcours. Cela finit par laisser tout un réseau de traces brunes sur les murs qu’il est pratiquement impossible d’éliminer sans remettre une couche de peinture, et même repeint, le tracé des chemins transparait après peu de temps.
Nous avons essayé de diminuer leur ardeur en mettant du biokill, du gasoil et d’autres crasses plus ou moins toxiques, qui ne fait que ralentir un petit peu leur enthousiasme mais ne les arrêtent certainement pas. Vous vous souvenez d’une de nos nouvelles où nous vous avions décris comment nous avons dû remplacer le plancher d’une des chambres de la Cathédrale parce que les termites avaient mangé la poutre maîtresse, eh bien nous craignons qu’insidieusement elles aient trouvé un moyen de revenir à la charge et nous surveillons cela de près.
Dans la nature les termitières et surtout les “champignonnières” sont plutôt impressionnantes par leur taille mais aussi par le fait que ces structures résistent aux assauts des fortes pluies alors qu’elles sont élaborées avec du sable. La résistance de ces termitières est probablement le résultat d’un mélange sable et “sucs” de termites. Il est donc d’autant plus incroyable que ces petites créatures de moins d’un demi cm arrivent à construire des édifices de plusieurs tonnes et de 2-3 mètres de hauteur. Nous avons une de ces “termitières cathédrales” qui se trouve justement pas loin de la Cathédrale (chez nous) et que nous essayons de préserver. En effet, ici, la population est friande de ces insectes et n’hésite pas à détruire une colonie entière pour piller les larves et enrichir leur ordinaire par ces protéines supplémentaires.
Le début de ces termitières est tout à fait anodin, un petit monticule de terre brune ressemblant à une taupinière en Europe, mais qui est nettement plus solide et dans laquelle il est fortement déconseillé de donner un coup de pied, aussi tentant que ce soit, les conséquences pour le dit appendice pouvant être désastreuses. C’est, d’ailleurs, un souci constant pour les pistes d’aviation, la rencontre d’un de ces débuts de termitière à l’atterrissage n’étant pas vraiment auspicieux.
Certains bois noirs, extrêmement durs, sont paraît-t-il plus résistants aux assauts des termites, mais ne les empêche pas d’y aménager leurs “tunnels” de terre pour accéder à d’autres parties plus tendres d’une construction. Pour ralentir la progression des termites dans nos constructions nous essayons toutes sortes de techniques avec plus ou moins de succès. Ainsi au lieu d’enterrer un poteau, même traité avec de l’huile de vidange et/ou encastré dans un bloc de ciment, nous avons choisi de poser toutes nos constructions sur des socles en béton dans lequel est coulé une attache en acier permettant de fixer la pièce de bois. Cela marche relativement bien, toutefois, guidées pas un sens très développé sans doute, les termites ne tardent pas à construire des tunnels sur le socle pour arriver jusqu’au bois et y commencer leur travail de sape. Nous en faisons l’expérience sur le ponton de la piscine où, à plusieurs endroits, les termites ont déjà lancé leurs offensives d’approche et où nous devons régulièrement détruire les voies d’accès, petits tunnels, aménagés sur les blocs en ciment pour atteindre les parties en bois.
Il semblerait que l’ennemi principal des termites, hormis les fourmiliers, pangolins et autres insectivores qui n’existent pas ou plus ici, sont les fourmis, qui, elles, ne manquent pas non plus dans notre coin. C’est d’ailleurs également avec les fourmis que nous avons le plus de problèmes dans nos ruches car il suffit d’une attaque organisée d’une colonne de fourmis pour dépouiller une ruche en une seule nuit.
De cela aussi nous vous avions déjà parlé, ces colonnes de fourmis qui prennent d’assaut la Cathédrale, mais réflexion faite peut-être aurions-nous du laisser les fourmis faire leur travail et de nous débarrasser de nos termites. Cela étant, hormis leur travail de sape des bâtiments les termites ne sont pas agressives (du moins les ouvrières qui se retrouvent dans la maison), tandis que les fourmis elles sont vicieuses et nous savons tous de quoi nous parlons, y compris Makala qui évitera pendant des semaines un endroit où elle a été molestée par une ou des fourmis.
En plantation les fourmis fabriquent parfois leur nids dans les palmiers, où elles tissent les folioles ensemble pour créer une grosse boule qu’elles protègent avec ardeur et malheur à celui qui passe en-dessous sans faire attention. Ce sont généralement de grosses fourmis rouges qui font 1-2cm de longueur et qui sournoisement se dispersent un peu partout sur le corps et à l’intérieur des vêtements avant de signaler leur présence en lâchant une goutte d’acide qui donne une impression de morsure fort désagréable mais heureusement passagère.
Lorsque plusieurs de ces créatures arrivent à trouver leur chemin jusque dans les coins les plus intimes de notre vêture, il ne suffit malheureusement pas de frotter ou de taper pour essayer de les écraser car ce sont des petites bêtes fort coriaces et la seule solution est de les enlever une par une avec la pointe des doigts. Parfois la cela nécessite de baisser son pantalon, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on est avec toute une équipe au champs et qu’ici la pudeur a été ancrée très fortement dans les mœurs par les successions de missionnaires. Enlever une pièce de vêtement, même pour cause de fourmis, peut être considéré comme un outrage à la pudeur et opportunité pour une plainte à la justice dont ils sont si friands ici. Donc, avant de pouvoir supprimer l’assaut des petites bêtes rouges qui se seraient immiscées dans un endroit qui devrait rester caché, il faut commencer par trouver un lieu un peu isolé où il est possible de se dévêtir partiellement sans par la suite se retrouver “au poste” avec la police pour les raisons évoquées ci-dessus.
Pour clore ces nouvelles sur le sujet des insectes, cette semaine nous avons également eu la visite d’un scolopendre, dont il existe apparemment plusieurs sortes ici dont une qui tout comme les lucioles serait fluorescente mais fortement toxique. Celui qui s’est retrouvé à la maison ne semblait pas être du type luminescent, mais par prudence Marie-Claude l’a quand même évincé de la maison.
Nous espérons que vous allez bien et que vous pourrez graduellement sortir de votre confinement.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
The number one enemy of buildings in tropical Africa, especially wooden constructions, is the termite, or rather the termite colony, because individually they do not really present a problem, but as there are tens of thousands or even millions of them in a colony the consequences are far from insignificant.
In principle termites feed on organic matter, wood, decaying plant matter or fungi that they grow in the termite mound, but to reach their nutrient source they sometimes build earth tunnels (closed, as termites live in the dark) over long distances to connect their nests to potential food sources.
Houses made of wood and cob usually last at best two years before collapsing under the onslaught of these small insects, which gnaw at the inside of wooden structures to leave a thin layer only slightly thicker than paper on the outside. Sometimes we find pieces of wood that appear intact but are pulverized to the touch because they are completely hollow inside.
Our house, which is built with bricks and mortar, is not spared by termites that attack it from all sides and despite our efforts to regularly destroy the earth tunnels that dot the walls, they keep coming back relentlessly on a new route. This ends up leaving a whole network of brown marks on the walls that it are practically impossible to remove without a coat of paint, and even repainted, the paths become again visible after a short time.
We tried to reduce their enthusiasm by putting biokill, diesel and other more or less toxic stuf on the various entry points, but to no avail as it only slows down their enthusiasm a little but certainly does not stop them. You remember one of our previous stories where we described how we had to replace the floor of one of the rooms in the Cathedral because termites had eaten the main beam, well we’re afraid that insidiously they’ve found a way to get back at it and we’re watching that closely.
In nature termite mounds and especially the “mushroom houses” are rather impressive by their size but also by the fact that these structures resist the assaults of heavy rains whereas they are made of sand. The resistance of these termite mounds is probably the result of a mixture of sand and termite “juices”. It is therefore all the more incredible that these small creatures of less than half a centimetre in size manage to build structures weighing several tons and 2-3 metres high. We have one of these “cathedral termite mounds”, which is not far from the Cathedral (home) and which we are trying to preserve. Indeed, here, the population is fond of these insects and does not hesitate to destroy an entire colony in order to plunder the larvae and enrich their ordinary with these extra proteins.
The beginning of these termite mounds is quite harmless, a small brown mound of earth resembling a molehill in Europe, but which is much more solid and in which it is strongly advised not to kick, however tempting it may be, as the consequences for can be disastrous. It is, moreover, a constant concern for the aircraft runways, as the encounter of one of these early termite mounds on landing is not really auspicious.
Some extremely hard black woods are said to be more resistant to termite attacks, but this does not prevent them from building their earth “tunnels” on them to access other softer parts of a construction. To slow down the progression of termites in our constructions we try all sorts of techniques with varying degrees of success. So instead of burying a wooden post, even if it has been treated with used engine oil and/or embedded in a cement block, we have chosen to put all our constructions on top of concrete bases, in which a piece of steel is fastened to fix the piece of wood. This works relatively well, however, guided by highly developed senses, termites soon build tunnels on the concrete base to reach the wood and begin their mining work. We experience this on the pool pontoon where, in several places, termites have already launched their offensive and where we regularly have to destroy the access roads, small tunnels, built on the cement blocks to reach the wooden parts.
It would seem that the main enemy of termites, apart from anteaters, pangolins and other insectivores which do not or no longer exist here, are ants, which are not lacking in our area either. It is also with the ants that we have the most problems in our beehives because it only takes one organized attack of a column of ants to strip a hive in a single night.
We already wrote about our dealings with ants, such as the columns of ants invading the Cathedral, but on reflection perhaps we should have let the ants do their work and get rid of our termites. That being said, apart from the fact that they are undermining buildings, termites are not aggressive (at least the workers who end up in the house), while ants are vicious and we all know what we are talking about, including Makala who will avoid for weeks a place where she has been molested by one or more ants.
In the plantation, ants sometimes make their nests in the palm trees, where they weave the leaflets together to create a big ball that they protect with ardour and misfortune to whoever passes underneath without paying attention. They are usually large red ants that are 1-2cm long and sneakily scatter all over the body and inside clothing before signalling their presence by releasing a drop of acid that gives the impression of a very unpleasant but fortunately temporary bite.
When several of these creatures manage to find their way into the most intimate corners of our clothing, it is unfortunately not enough to rub or tap to try to crush them because they are very tough little beasts and the only solution is to remove them one by one with the tips of your fingers. Sometimes this requires lowering one’s trousers, which is not always easy when one is with a whole team in the field, especially given that here modesty has been anchored very strongly in morals by the succession of missionaries. Taking off a piece of clothing, even because of ants, can be considered an outrage to modesty and an opportunity for a complaint to the police, which they are so fond of here. Therefore, before being able to suppress the assault of the little red beasts that would have intruded in a place that should remain hidden, one must first find a slightly isolated place where it is possible to partially undress without subsequently finding oneself “at the station” with the police for the reasons mentioned above.
To close this news on the subject of insects, this week we also had the visit of a centipede, of which there are apparently several kinds here, one of which, like fireflies, is fluorescent but highly toxic. The one that ended up in the house did not seem to be the luminescent type, but out of caution Marie-Claude still evicted it from the house.
We hope that you are well and that you can gradually come out of your confinement.
Read you soon,
Marc & Marie-Claude