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Nous avons une flotte de véhicules et d’engins assez conséquente, composée de 20 véhicules légers, 17 camions, 43 tracteurs, 10 engins légers, 8 engins lourds et 12 générateurs. Cela n’inclut pas les générateurs, pompes et postes à souder portables, les motos et véhicules assimilés comme les motoculteurs et quads, qui eux aussi passent par le garage pour des entretiens et réparations. Pour gérer tout cela nous avons une équipe de plus de 40 mécaniciens, électriciens, quados (réparateurs de pneus), machinistes et autres fonctions liées à l’entretien et réparation de notre matériel. Dire que nous avons des spécialistes en mécanique serait une grande exagération, mais nous avons quand même des personnes capables d’ouvrir et de remettre en “état” des moteurs de toutes sortes de véhicules, remettre la chenille d’éraillée d’un bulldozer ou simplement trouver un système-D pour solutionner un problème pour lequel nous n’avons pas toujours les pièces d’origine. Le système-D a toutefois ses limites et la conséquence en est que beaucoup de véhicules et engins sont à l’arrêt en attente de pièces ou d’une autre intervention (divine?) pour être remis sur pied. Ainsi nous avons 5 véhicules légers à l’arrêt depuis des mois, 7 camions en réparation, 5 tracteurs dans des stades divers de démantèlement, 5 sur les 10 engins légers sont immobilisés pour des raisons diverses et seulement 3 des 7 engins lourds fonctionnent plus ou moins. Malheureusement nous ne pouvons même pas prétendre que le reste du matériel est en état car beaucoup de véhicules qui circulent n’ont soit plus de démarreur (et doivent être tirés pour la mise en marche), n’ont plus de pompes hydrauliques pour benner ou, plus grave, n’ont pas des freins qui marchent correctement.
Les solutions, qui ont le mérite de dépanner certains véhicules, doivent faire faire des cauchemars aux mécaniciens sérieux et ça c’est sans avoir connaissance tous les trucs utilisés par nos mécaniciens. Ainsi j’ai découvert un matin à l’appel que le mécanicien venait dépanner un tracteur avec un démarreur. Naïvement je pensais que c’était pour réparer le tracteur, mais non, c’est juste pour le démarrer pour ensuite enlever le démarreur et fermer le trou avec un bout de papier pour “empêcher” des crasses d’entrer dans le carter du moteur. Je n’ai pas besoin de vous expliquer qu’il ne faut pas longtemps pour que le “papier” devienne humide ou imbibé d’huile et se déforme pour permettre à toute impureté de se retrouver dans le moteur. A côté de cela les mécaniciens vont religieusement nettoyer (souffler comme ils disent) le filtre à huile pour préserver le moteur lors de l’entretien hebdomadaire. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi nous devons changer les segments, chemises de cylindres ou coussinets de bielles à une fréquence aussi élevée, mais maintenant je sais… En principe cette pratique est maintenant interdite et en cas de situation extrême la fermeture doit se faire avec une plaque métallique et un joint, nous verrons si le message est passé.
Dernièrement, le seul de nos bulldozer qui était encore en état de marche est tombé en panne tandis qu’il essayait de réparer une route fortement dégradée par les fortes pluies que nous avons eu récemment. Le mécanicien a ouvert le moteur pour découvrir que l’une des têtes de soupapes s’était cassée et avait tout à fait creusé la tête de cylindre, mais cela n’empêchait pas le moteur de tourner. Ce qui a bloqué le moteur est une clef de 7 que l’on a retrouvé dans le moteur, oubliée lors d’une intervention précédente. Heureusement l’outil abandonné dans le moteur ne semble pas avoir trop endommagé celui-ci et nous espérons pouvoir au moins le redémarrer assez longtemps pour pouvoir le charger sur notre porte-chars et le ramener au garage.
Les casses et pannes ne sont pas toujours dues aux mécaniciens, nos chauffeurs ont leur part de responsabilité dans les problèmes mécaniques. A leur décharge, nombre de nos chauffeurs, issus de villages voisins, n’avaient jamais vu de véhicule dans leur vie et encore moins eu l’occasion de s’asseoir derrière le volant de ceux-ci. Ils ont été formés sur le terrain par les meilleurs chauffeurs que nous avons, mais eux-même pas toujours des experts en la matière. Les problèmes émanent souvent du fait que les chauffeurs (et cela inclut certains de nos expatriés) ne font pas attention aux bruits inhabituels que font leur véhicule et ne font appel au garage que lorsque le moteur s’arrête, qu’ils perdent une roue ou ont une autre panne ou casse qui rend la conduite trop difficile ou impossible. Parfois je croise des véhicules qui font des bruits tout à fait anormaux voire même inquiétants et lorsque je pose la question au chauffeur pour savoir ce qui se passe il semble tomber de la lune en disant que tout va bien.
La situation la plus grave dont je me souvienne est l’arrivée de l’un de mes collègues avec sa Land Cruiser (qui, il faut l’avouer, aurait probablement du être mise à la retraite depuis longtemps) avec une des roues avant faisant de longues trainées dans le sable parce qu’elle ne tournait presque plus. Demandant à mon collègue s’il était en route pour le garage, il a eu l’air étonné et me répondit que non, même s’il était vrai qu’il avait du mal à garder une trajectoire correcte car le volant avait tendance à tirer très fort d’un côté… Sincèrement je n’arrive toujours pas à comprendre comment il arrivait à rouler et je n’ose même pas imaginer l’état du pneu et les conséquences sur la direction de la voiture.
Il est inévitable d’avoir des accidents de conduite,et, avec autant de véhicules et des routes particulièrement difficiles ce serait un miracle si de temps en temps il n’y avait pas un couac. J’en ai fait les frais avec ma voiture que j’avais confié à un chauffeur pour aller la laver, elle est revenue avec la porte arrière défoncée parce qu’il a reculé contre une remorque de tracteur qu’il n’avait pas vu. Je ne vais pas trop m’étendre sur ce genre de casse car j’ai fait exactement la même chose avec notre camionnette lorsque nous étions à Londres où j’ai joyeusement reculé contre un poteau qui a totalement détruit la porte arrière.
Certains des accidents sont parfois un peu moins justifiables, ainsi récemment un de nos chauffeur s’est fait défoncer le capot par une remorque de tracteur qui lui a reculé dessus. Lorsque nous lui avons demandé d’expliquer les circonstances de l’accident, il nous a dit que le tracteur était en train de faire des manœuvres et qu’il a voulu passer rapidement derrière celui-ci alors que le chauffeur du tracteur ne pouvait pas savoir qu’une voiture se trouvait derrière lui. L’excuse du chauffeur était qu’il n’avait pas de klaxon et que le chauffeur n’a pas entendu son appel. Nous lui avons demandé pourquoi ne pas avoir reculé et il nous a dit qu’il n’y a pas pensé car il pensait que le chauffeur du tracteur réagirait à ses cris… Heureusement la voiture en question est l’une de celles que nous avons l’intention de déclasser et ici, comme expliqué plus haut, du moment que le moteur tourne le reste n’a pas beaucoup d’importance, donc nous devrions malgré tout pouvoir revendre la voiture pour un “prix raisonnable”.
Un autre incident récent concerne le camion de l’un de nos sous-traitants dont le chauffeur (probablement sous l’influence d’alcool ou de chanvre) s’est trompé dans les manœuvres et s’est retrouvé sur le flanc. La bonne chose ici est qu’il y a toujours une solution pour remédier aux situations les plus critiques et, ne voulant pas attendre la disponibilité d’un engin, ils ont réussi à redresser le camion (qui pèse quand même 15 tonnes à vide) avec les moyens du bord. N’étant pas là, je n’ai pas pu voir comment ils ont fait, mais le lendemain le camion était à nouveau opérationnel avec un autre chauffeur.
Certaines “pannes” ne sont pas nécessairement dues au chauffeur ou mécanicien. Nous vous avons raconté dans nos nouvelles précédentes que suite aux fortes pluies l’une des routes de la plantation est inondée avec près d’un mètre d’eau pas endroits. Pour que les camions et tracteurs puissent malgré tout passer avec leur cargaison de régimes de fruits, nous avons versé et dispersé des moellons sur la route submergée pour éviter que les véhicules ne s’embourbent à cet endroit. Cela était toutefois sans compter sur le fait que les villageois voisins viennent nuitamment récupérer les moellons sous l’eau, probablement pour nous les revendre une deuxième fois… Le résultat est que, sans surprise, l’un de nos camions s’est retrouvé bloqué dans un trou au milieu de l’eau et qu’il a fallu le décharger pour permettre ensuite à un autre camion de le tirer de là.
Comme vous pouvez le constater par ces quelques anecdotes, tous les jours il y a de nouvelles surprises et nous sommes loin de nous ennuyer dans le département mécanique non plus…
Nous espérons toujours très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude
We have a fairly large fleet of vehicles and machinery, consisting of 20 light vehicles, 17 trucks, 43 tractors, 10 light machines, 8 heavy machines and 12 generators. This does not include portable generators, pumps and welding sets, motorcycles and similar vehicles such as tillers and quads, which also come through the garage for maintenance and repairs. To manage all this we have a team of more than 40 mechanics, electricians, quados (tire repairers), operators and other functions related to the maintenance and repair of our equipment. To say that we have mechanical specialists would be somewhat of an overstatement, but we still have people who can open and “fix” engines of all kinds of vehicles, put back the track of a bulldozer that has come off or resourcefulness to solve a problem for which we don’t always have the correct spare parts. However, resourcefulness has its limits and the consequence is that many vehicles and machines are at a standstill waiting for parts or some other (divine?) intervention to get back on their feet. Thus we have 5 light vehicles that have been out of use for months, 7 trucks in repair, 5 tractors in various stages of dismantling, 5 of the 10 light engines are immobilized for various reasons and only 3 of the 7 heavy machines are working more or less. Unfortunately we cannot even pretend that the rest of the equipment is in good working order because many of the vehicles on the road either have no starter (and have to be pulled for starting), no hydraulic pumps for tipping or, more seriously, do not have brakes that work properly.
The solutions, which have the merit of putting some of the vehicles on the road, must give serious mechanics nightmares and that is without knowing all the tricks used by our mechanics. Thus I discovered one morning, when I attended muster, that the mechanic came to repair a tractor with a starter. Naively I thought it was to replace it on the tractor, but no, it was just to start it and then remove the starter and close the hole with a piece of paper to “prevent” dirt from entering the engine crankcase. I don’t need to explain to you that it doesn’t take long for the “paper” to get wet or soaked in oil and deform to allow any dirt to get into the engine. Ironically, on the other hand the mechanics will religiously clean (blow as they say) the oil filter to preserve the engine during the weekly maintenance. I couldn’t understand why we have to change the rings, cylinder liners or connecting rod bearings so often, but now I know… In principle this practice is now forbidden and in extreme situations the closing must be done with a metal plate and a gasket, we’ll see if the message is well understood and applied.
Recently, the single bulldozer that was still in working order broke down while trying to repair a road that had been badly damaged by the heavy rains we had recently. The mechanic opened the engine to find that one of the valve heads had broken off and had completely dug into the cylinder head, but that didn’t stop the engine from running. What stopped the engine was a 7-key that was found in the engine, forgotten during a previous intervention. Luckily the tool left in the engine does not seem to have damaged it too much and we hope to at least be able to restart it long enough to load it on our carrier and bring it back to the garage.
Breakdowns are not always due to the mechanics, our drivers have their share of responsibility for mechanical problems. As an excuse, many of our drivers, from neighbouring villages, had never seen a vehicle in their lives, let alone had the opportunity to sit behind the wheel of one. They have been trained on the job by the better drivers we have, who themselves are not always experts in the field. Problems often arise because the drivers (and this includes some of our expatriates) do not pay attention to the unusual noises their vehicle makes and only call the garage when the engine stops, they lose a wheel or have another breakdown or breakage that makes driving too difficult or impossible. Sometimes I come across vehicles that make completely abnormal or even worrying noises and when I ask the driver what is going on, he would seem surprised and say that everything is fine.
The most serious situation I can remember is the arrival of one of my colleagues with his Land Cruiser (which, it must be said, probably should have been retired long ago) with one of the front wheels making long drags in the sand because it was not turning properly anymore. Asking my colleague if he was on his way to the garage, he looked astonished and replied that he wasn’t, although it was true that he was having trouble keeping a correct trajectory because the steering wheel tended to pull very hard to one side? Honestly I still can’t understand how he managed to drive and I don’t even dare to imagine the state of the tire and the consequences on the car’s steering.
Driving accidents are inevitable, and with so many vehicles and particularly difficult roads it would be a miracle if from time to time there wasn’t a crash. I experienced it with my car, which I had given to a driver to go and wash it, it came back with the back door smashed because he backed up against a tractor trailer that he hadn’t seen. I’m not going to go into too much detail about this kind of breakage because I did exactly the same thing with our van when we were in London, where I happily reversed into a pole, which totally destroyed the back door.
Some of the accidents are a little less justifiable, so recently one of our drivers got his bonnet crushed by a tractor trailer that literally climbed on top of the car. When we asked him to explain the circumstances of the accident, he told us that the tractor was manoeuvring and that he wanted to pass quickly behind it when the tractor driver could not know that a car was behind him. The driver’s excuse was that he did not have a horn and the driver did not hear his call. We asked him why he didn’t back up and he told us that he didn’t think about it because he thought the tractor driver would react to his screams. Luckily the driver is unscathed and the car in question is one of those we intend to downgrade and sell and since here, as explained above, as long as the engine is running the rest doesn’t matter much, we should still be able to get a “reasonable price” for the car.
Another recent incident concerns the truck of one of our subcontractors whose driver (probably under the influence of alcohol or hemp) made a mistake during manoeuvring and ended up on the side. The good thing here is that there is always a solution to remedy the most critical situations and, not wanting to wait for a machine to be available, they managed to straighten the truck (which weighs about 15 tons when empty) with the means at hand. Not being there, I couldn’t see how they managed it, but the next day the truck was operational again with another driver.
Some “breakdowns” are not necessarily due to the driver or mechanic. We told you in our previous news that due to the heavy rains one of the plantation’s roads was flooded with almost a meter of water in some places. In order to allow trucks and tractors to pass with their load of fruit bunches, we poured and scattered stones on the submerged road to prevent vehicles from getting stuck there. However, this did not take into account the fact that the neighbouring villagers come at night to collect the stones under water, probably to sell these to us a second time… The result is that, unsurprisingly, one of our trucks got stuck in a hole in the middle of the water and had to be unloaded to allow another truck to pull it out.
As you can see from these few anecdotes, every day there are new surprises and we are far from being bored in the mechanical department either…
We always hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude