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S comme Séries – S as in Series

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La loi des séries ou l’effet domino, d’autres diront simplement la fatalité, toujours est-il que non-contents d’avoir des problèmes avec nos tracteurs, comme expliqué longuement dans nos nouvelles précédentes, la série des surprises continue et évidemment cela tombe au moment le moins propice puisque nous sommes maintenant en pleine pointe de production.
Pour rafraîchir la mémoire de ceux qui seraient moins familiers avec le processus de fabrication d’huile de palme, tout commence par la réception des régimes provenant de la plantation sur le carreau de l’huilerie. Le carreau étant une grande surface bétonnée qui peut contenir près de 500 tonnes de régimes si ceux-ci sont entassés correctement et qui est adjacente aux stérilisateurs, des grandes cocotes minutes d’une capacité individuelle de 3 tonnes de régimes, dont le couvercle supérieur se trouve au niveau du dit carreau. Ces stérilisateurs se trouvent sur le côté du carreau et il est donc nécessaire de transporter ou de pousser les régimes jusque dans les stérilisateurs chaque fois qu’il y a lieu de les remplir. Les régimes sont cuits sous pression dans les stérilisateurs et ensuite extraits par une porte en bas de la machine pour être acheminés vers un grand tambour qui sépare les fruits des rafles et finalement les fruits sont acheminés vers des presses pour en extraire l’huile.
Le cœur de nos problèmes est toutefois au niveau du carreau car déplacer 500 tonnes de régimes vers l’entrée des stérilisateurs en moins de 24 heures n’est pas une mince affaire et pour cela nous utilisons une pelle chargeuse, une grosse machine avec un godet à l’avant qui sert à déplacer les régimes soit pour en faire des gros tas de stockage, soit pour les transporter ou pousser vers les stérilisateurs. Cette pelle chargeuse est un élément essentiel de l’huilerie car sans elle il devient très difficile de manipuler la grande quantité de régimes qui arrivent principalement pendant la journée et qui doit donc être stockés sur le carreau. En cas d’indisponibilité temporaire (pour faire des entretiens, petites réparations comme un flexible ou une roue crevée, etc.) nous disposons d’un tractopelle, beaucoup plus petit et moins puissant, mais qui permet quand même de faire une partie du travail que fait normalement la pelle chargeuse. Et puis, en cas de défaillance de notre plan B, nous avons un manitou, engins que nombreux d’entre vous auront aperçu dans les exploitations agricoles pour transporter des bottes de paille ou manipuler du fumier. Cet engin est encore moins puissant et de plus le nôtre est une récupération de la casse avec donc beaucoup de pièces vétustes ou fonctionnant de manière plus tout à fait optimale (imaginez la voiture de Gaston Lagaffe).
Bref, vous l’aurez deviné, notre pelle chargeuse est tombée en panne et, suite au diagnostic fait par nos mécaniciens, les pièces nécessaires à sa réparation doivent être importées or, même si celles-ci sont disponibles de stock chez notre fournisseur en Europe, il faut au minimum un mois avant que celles-ci ne puissent nous parvenir ici en plantation à cause du Covid-19 (eh oui, il y a beaucoup moins d’avions cargo entre l’Europe et la RDC pour le moment), les problèmes de dédouanement (comme il y a beaucoup moins de fret qui arrive dans le pays, les douaniers doivent gagner leur vie sur un plus petit nombre de victimes) et finalement l’acheminement de Kinshasa à Mapangu qui prend un mois par bateau si nous ne voulons pas affréter un avion rien que pour ces pièces.
Pas de problèmes, me direz-vous, il y a le tractopelle, si ce n’est que par malchance celui-ci aussi est tombé en panne et, tout comme la pelle chargeuse, le hasard fait que les pièces de rechange nécessaires doivent être importées avec les mêmes contraintes que décrites ci-dessus.
Finalement le Manitou, qui nous a aidé vaillamment pendant quelques jours a décidé que lui aussi était mûr pour la retraites et cassé quelques pièces maitresses. Notre tourneur devrait pouvoir fabriquer les pièces cassées, mais ce ne sera que partie remise car cette machine est tellement usée que ce n’est pas une question de savoir si elle va tomber en panne mais seulement quelle partie va lâcher en premier. Il est prévu de la remplacer, mais ce ne sera jamais un substitut pour la pelle chargeuse et de toutes les façons pour cela il y a aussi quelques mois de délai.
La seule solution immédiate est de mettre du monde muni de pics et de brouettes pour essayer de déplacer les montagnes de fruits et de régimes d’un côté à l’autre du carreau, c’est possible mais évidemment pas au même rythme qu’un engin et cela retarde donc le déchargement des camions, ce qui retarde le chargement en plantation, etc.
Avec les moyens du bord, autre que la main d’œuvre, nous avons essayé de trouver des solutions. Dans un premier temps nous avons utilisé une pelle à chenilles pour essayer de faire un peu de place, mais les chenilles ont tendance à fortement dégrader la dalle en béton, malgré les longerons en bois que nous mettons en-dessous de la machine pour essayer de protéger le dit carreau. A court terme cela nous dépanne, mais c’est loin d’être idéal. Une autre solution que nous sommes en train de tester est avec une lame que nous avons monté devant un tracteur, façon chasse-neige. Nos tracteurs n’ayant pas de système de levage hydraulique à l’avant, la lame a été fixée à une hauteur telle qu’elle ne touche tout juste pas le béton, mais cela veut dire que tous les fruits qui se trouvent en-dessous des régimes sont laissés en fine couche sur le carreau et donc écrasés (pressés) par les roues du tracteur, huile que nous ne pouvons évidemment pas récupérer.
La meilleure solution serait évidemment une pelle chargeuse et nous pensons en avoir trouvé une dans une exploitation minière en faillite à 350 km de piste de Mapangu, pour laquelle nous avons dépêché un mécanicien pour vérifier si elle est en état de marche et nous la ramener ici à Mapangu (si tout va bien elle pourrait être ici en fin de semaine prochaine)…
Il n’y a pas que pour les machines que la loi des séries s’applique, nous avons les mêmes problèmes avec notre matériel de récolte. L’année dernière nous avions groupé nos commandes d’importation de matériel de récolte avec une autre plantation congolaise pour minimiser les coûts d’importation et obtenir des meilleurs prix auprès de nos fournisseurs. Nous avions reçu la moitié de notre commande avec des délais de livraison largement au-delà de ce qui était prévu, mais l’essentiel est arrivé, le prix était intéressant et il faut tenir compte du facteur congolais… Nous avons décidé (il est possible que, vu les délais de la première expérience, ce n’était peut-être pas une bonne idée) de refaire une commande groupée, bien à l’avance, en prenant la précaution de bien préciser nos besoins et surtout parce que la personne qui s’occupait de cela chez nos partenaires était un ancien collègue de Socfin, familier avec nos besoins et les contraintes de la plantation. Cette commande aurait dû nous parvenir au plus tard au mois de janvier 2020, largement dans les temps pour nous préparer pour la pointe qui commence ce mois-ci.
En février nous recevons enfin ce que nous croyons être notre commande pour découvrir qu’il s’agit en fait de cartouches d’encre pour imprimantes, serpettes et houes destinées aux entretiens des jardins, et toute une série d’autres fournitures pour bureaux, mais pas de matériel de récolte. Plates excuses de nos collègues de l’autre plantation qui nous expliquent que leur magasinier n’est pas une flèche et qu’il a dû confondre les commandes… Une nouvelle expédition est faite promptement avec quelques photos pour montrer que le matériel expédié est maintenant le bon, nous reconnaissons effectivement une partie du matériel commandé et assumons que le reste est contenu dans les cartons et caisses dont nous avons vu les photos. A notre grande surprise, au déballage des caisses nous découvrons une collection importante (500 pièces) de poignards (très beaux et dans des belles housses en cuir, mais totalement inutiles en plantation), des paires ciseaux (idéaux pour un atelier de couture) et des accessoires en plastique dont nous n’avons aucune idée de l’utilité, mais pas notre matériel de récolte essentiel. Re-plates excuses de nos collègues de l’autre plantation qui nous assurent que les bons outils nous seront envoyés dans les plus brefs délais, qu’ils ont été trouvés (re-photos à l’appui, etc.).
Nous sommes alors vers la mi-mars et les barrières anti-corona se mettent en place à travers le monde, y compris en RDC. Par souci de prudence, je décide de commander en urgence par avion depuis la Malaisie ces outils essentiels dont nous avons besoin en me disant que dans le pire des cas nous aurons quelques outils de réserve. L’expédition depuis la Malaisie est un peu difficile à cause de toutes les mesures de confinement en place, mais finalement nos outils sont envoyés, réceptionnés à Kinshasa et envoyés en plantation juste à temps pour le début de la pointe de production. Des outils qui arrivent depuis la plantation de nos concurrents, nous n’avons plus de nouvelles depuis plus de deux mois, je présume qu’ils sont soit volés, soit perdus, toujours est-il que même s’ils devaient arriver à Kinshasa ils arriveraient en plantation après la bataille, comme les carabiniers d’Offenbach…
Vous voyez que nous continuons à être stimulés par le quotidien en RDC et ne manquons pas de choses à faire.
A part cela, le paysage continue à disparaître progressivement dans les brumes d’hivernage. Chien et félin sont en mode hivernage aussi et se reposent beaucoup, les gardiens et indigènes divers ont ressorti les bonnets de laine, manteaux de fourrure et moon-boots quand ils en ont car les nuits sont fraîches durant cette période de l’année. Beaucoup plus de poussières qui volent aussi avec une conséquence positive, c’est plus facile d’imposer les masques covid-19 fabriqués par des brigades de couturières locales selon un modèle trouvé sur internet et prêts à être distribués aux travailleurs acheminés sur leurs lieux de travail en camions.
Ce dimanche nous avons reçu les expatriés présents pour un lunch et l’occasion de se séparer, avec libations et petit cadeau d’adieu, du comptable qui a démissionné pour incompatibilité avec la vie de brousse (encore un) qui rentre avec un vol spécial de Ethiopian via Addis Abeba.
Voilà, nos nouvelles pour le moment en espérant qu’elles vous trouveront en bonne forme et que vous jetterez bientôt quelques pensées écrites vers nous.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

Pelle chargeuse en panne – Front loader out of order

The law of series or the domino effect, others will simply say fatality, is striking again. Not content with having problems with our tractors, as explained at length in our previous news, the series of surprises continues and obviously it comes at the least propitious moment since we are now in full production peak.
To refresh the memory of those who are less familiar with the palm oil manufacturing process, it all starts with the reception of the bunches coming from the plantation on the reception area of the oil mill. The reception area is a large concrete surface that can hold almost 500 tonnes of fruit bunches if piled correctly and is adjacent to the sterilizers, large pressure cookers with an individual capacity of 3 tonnes, the top cover of which is at the same level as the reception area. These sterilizers are located on the side of the reception surface and it is therefore necessary to transport or push the fruit and bunches into the sterilizers each time it is necessary to fill them. The bunches are cooked under pressure in the sterilizers and then extracted through a door at the bottom of the cookers to be conveyed to a large drum that separates the fruit from the stalks and finally the fruit is conveyed to presses to extract the oil.
However, the heart of our problems is at the reception level because moving 500 tons of bunches to the entrance of the sterilizers in less than 24 hours is no easy task and for this we use a front loader, a big machine with a bucket at the front, which is used to move the bunches either to make large storage piles or to transport or push them to the sterilizers. This front loader is an essential part of the oil mill because without it it becomes very difficult to handle the large quantity of bunches that arrive mainly during the day and which must therefore be stored on the reception area. In case of temporary unavailability (for maintenance, small repairs such as a hose or a punctured wheel, etc.) we have a tractor with backhoe and front loader, which is much smaller and less powerful, but which still allows us to do some of the work that the front loader normally does. And then, in case our plan B fails, we have a Manitou, which many of you will have seen on farms to haul bales of straw or handle manure. This machine is even less powerful and moreover, ours is a scrap salvage machine with a lot of obsolete parts which makes it unreliable at best (imagine Gaston Lagaffe’s car).
In short, you will have guessed, our front-loader broke down and, according to the diagnostics made by our mechanics, the parts needed to repair it must be imported and, even if they are available in stock from our supplier in Europe, it takes at least a month before they can reach us here in the plantation. This delay is due to Covid-19 (yes, there are far fewer cargo planes between Europe and the DRC at the moment), customs clearance problems (as there is far less cargo coming into the country, customs officers have to make a living from fewer victims) and finally the journey from Kinshasa to Mapangu which takes a month by boat if we don’t want to charter a plane just for these parts.
No problem, you will tell me, there is the backhoe tractor, however Murphy’s las has it that this one too has broken down and, just like the front-loader, chance has it that the necessary spare parts have to be imported with the same constraints as described above.
Finally the Manitou, who valiantly helped us for a few days, decided that he too was ripe for retirement and broke a few master parts. Our workshop should be able to re-manufacture the broken parts, but it will only be short-lived because this machine is so worn that it is not a question of whether it will break down but only which part will fail first. There are plans to replace it, but it will never be a substitute for the front-loader and in any case there are also a few months delay in getting such a machine delivered.
The only immediate solution is to put people with picks and wheelbarrows to try to move the mountains of fruit and bunches from one side of the reception area to the other, this is possible but obviously not at the same rate as a machine and therefore it delays the unloading of the trucks, which delays the loading from the plantation, etc.
With the available means, other than manpower, we tried to find solutions. At first we used a digger to try to make some space, but the tracks tend to seriously degrade the concrete slab of the reception area, despite the wooden beams that we put under the machine to try to protect the said concrete. In the short term it helps us, but it’s far from ideal. Another solution that we are testing is with a blade that we have mounted in front of a tractor, like a snowplow. As our tractors do not have a hydraulic lifting system at the front, the blade has been fixed at such a height that it barely touches the concrete, but this means that all the fruits that are below the bunches are left in a thin layer on the floor and therefore crushed (pressed) by the tractor wheels, oil that we obviously cannot recover.
The best solution would obviously be a front-loader and we think we have found one lying idle at a bankrupt mining operation 350 km from Mapangu. As we may be able to rent it, we sent a mechanic to check if it is in working order and bring it back here to Mapangu (hopefully it could be here next weekend) .
It’s not only for the machines that the law of series applies, we have the same problems with our harvesting equipment. Last year we grouped our import orders for harvesting equipment with another Congolese plantation to minimize import costs and get better prices from our suppliers. We had received half of our order with delivery times well beyond what was expected, but most of it arrived, the price was interesting and all that is taking into account the Congolese factor . We decided (it is possible that, given the delays of the first experience, it might not have been a good idea) to redo a grouped order, well in advance, taking the precaution of clearly specifying our needs. Especially given that the person who was in charge of this order on our partner’s side was a former colleague of Socfin, familiar with our needs and the constraints of the plantation. This order should have reached us by January 2020 at the latest, well in time to prepare for the spike that starts this month.
In February we finally received what we thought was our order only to discover that it was actually ink cartridges for printers, mops and hoes for garden maintenance, and a range of other office supplies, but not harvesting equipment. Apologies from our colleagues at the other plantation who explain that their stock keeper is not the brightest of the litter and that he must have confused the orders. A new shipment was promptly made from our partner’s plantation with a few photos to show that the material shipped is now the right one, we do indeed recognize some of the material ordered and assume that the rest is contained in the boxes and crates whose photos we saw. To our great surprise, on unpacking the crates we discover a large collection (500 pieces) of daggers (very beautiful and in beautiful leather covers, but totally useless in a plantation), pairs of scissors (ideal for a sewing workshop) and plastic accessories of which we have no idea how they should be used, but not our essential harvesting equipment. Apologies again from our colleagues at the other plantation who assure us that the right tools will be sent to us as soon as possible, that they have been found (re-photographs, etc.).
We are then around mid-March and the corona barriers are being put in place all over the world, including in DRC. As a precautionary measure, I decide to order urgently by plane from Malaysia these essential tools that we need, thinking that in the worst case we will have a few spare tools. Shipping from Malaysia is a bit difficult because of all the containment measures in place, but in the end our tools are sent, received in Kinshasa and sent to the plantation just in time for the start of the production peak. Of the tools that arrive from our competitors’ plantation, we have not heard for more than two months, I presume they are either stolen or lost, still, even if they were to arrive in Kinshasa they would arrive at the plantation after the battle, like Offenbach’s carabinieri…
You can see that we continue to be stimulated by the daily life in the DRC and we have no shortage of things to do.
Apart from that, the landscape continues to gradually disappear in the “winter” mists. Dogs and felines are in wintering mode too and rest a lot, the security guards and various natives have brought out woolen hats, fur coats and moon boots when they have them because the nights are cool during this time of the year (down to 19°C). There is also much more dust flying around, with a positive consequence as it is easier to impose the covid-19 masks made by local brigades of seamstresses according to a model found on the internet and ready to be distributed to the workers who travel to their workplaces by truck.
This Sunday we had lunch with the other few expatriates still present on the plantation and the opportunity to part, with libations and a small farewell gift, from the accountant who resigned for incompatibility with bush life (another one). He is going home with a special flight from Ethiopian via Addis Ababa.
That’s our news for the moment, hoping that it will find you in good health and that you will share some of your experiences with us.
Read you soon,
Marc & Marie-Claude

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