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Les journées de travail sont généralement longues en plantation, debout à 4h30 et de retour à la maison généralement entre 18h30 et 19h, mais quand même avec une petite pause (généralement 1/2h voire 3/4h) pour prendre le déjeuner à la maison et quand le timing le permet une petite sieste de 10 minutes (juste ce qu’il faut pour un peu recharger les batteries pour l’après-midi). Mais en période de pointe c’est encore plus intense parce que les évacuations de production se prolongent souvent jusqu’en soirée, exceptionnellement même jusqu’aux petites heures du matin, car nous essayons de livrer tout ce que l’huilerie peut absorber et ainsi perdre le moins possible. Eh oui, malheureusement pour le moment la production de la plantation explose et dépasse largement la capacité de notre huilerie, même si celle-ci fonctionne à fond 24h sur 24 et 7 jours sur 7 avec toutes les contraintes liées aux machines défaillantes que nous avons décrit dans les nouvelles précédentes.
Le grand dilemme est de décider quoi faire avec l’excédent de production de la plantation car les régimes récoltés doivent être usinés dès que possible, de préférence dans les 24 heures et au maximum 48 heures après la récolte car sinon les fruits deviennent mous et difficiles à presser. Pour le moment nous avons un excès de plusieurs centaines de tonnes de régimes et de fruits tous les jours et comme il n’est pas possible de les usiner dans les environs, notre seule solution est d’en faire du compost, il est évidemment éminemment frustrant de devoir jeter une partie de la production alors que nous avons soigné, “engraissé”, entretenu, etc. les palmiers toute l’année dans le seul but de maximiser leur production.
La population voisine de la plantation, qui le reste de l’année n’hésite pas à venir voler des régimes et des fruits dans la plantation, car nos fruits sont beaucoup plus riches en huile que ceux récoltés dans les palmiers sauvages, voit dans ces montagnes de production délaissée une aubaine car ils estiment que si nous ne les utilisons pas ils sont évidemment à la disposition du public. Ils n’ont pas tout à fait tort, car pourquoi gaspiller une ressource abondante et immédiatement disponible, mais le problème est que les malaxeurs (presses traditionnelles) qui s’établissent pendant cette période de pointe prennent goût aux fruits juteux de la plantation et qu’après la pointe de production ils ne veulent pas suspendre leurs activités, donc les vols prennent des proportions ingérables… Une alternative est de mettre des gardiens à côté de nos tas de régimes et de fruits surnuméraires pour empêcher les gens de venir se servir, mais outre le gaspillage que cela représente, les gardiens voient rapidement une opportunité dans cette manne pour arrondir leur fin de mois et vont donc monnayer l’accès à ces régimes et fruits.
La solution que nous essayons de mettre en place est un compromis entre les deux alternatives ci-dessus, en mettant les régimes et fruits à la disposition de malaxeurs identifiés sur base d’un contrat où, d’une part, ils nous paient une participation symbolique au coût de récolte et d’évacuation des régimes vers un point de collecte agréé en périphérie de la plantation et, d’autre part, ils s’engagent à démonter le malaxeur dès la fin de la pointe de production. Cette “solution” permet de contrôler l’utilisation de notre production excédentaire, de récupérer une petite partie des coûts liés à leur production et de permettre à la population voisine de profiter de cette occasion pour avoir des revenus supplémentaires. Il faut savoir qu’en dehors de la période de pointe de production (soit environ 9 mois de l’année) nous achetons les fruits de palmes provenant des palmiers sauvages et anciennes palmeraies des alentours de la plantation pour justement permettre aux villageois d’avoir des revenus réguliers. Mais en période de pointe, lorsque notre huilerie est saturée, nous ne sommes évidemment pas en mesure d’acheter des fruits à l’extérieur vu que nous sommes dans l’incapacité de traiter l’entièreté de notre propre production.
Certains diront, “pourquoi ne pas augmenter la capacité de transformation propre ?” pour éviter le problème à la base. C’est une question qui revient sur le tapis à chaque conseil d’administration et qui malheureusement n’est pas simple. En effet il faut savoir que même si sur papier ce serait théoriquement envisageable avec un budget assez conséquent, en pratique, il est peu faisable d’agrandir notre huilerie actuelle, qui se trouve entourée de la cité de Mapangu d’un côté et de la rivière Kasaï de l’autre. Pour augmenter notre capacité d’usinage il faudrait idéalement construire une deuxième huilerie sur un autre site, mais cela ne se limite pas à l’huilerie à proprement parler car celle-ci doit être alimentée en électricité, en eau et stockage d’huile. De plus il faut mettre en place un système pour l’évacuation des huiles vers le port (si pas aménager un nouveau port), des lagunes pour le traitement des effluents et toutes les infrastructures de maintenance (stockage de pièces, consommables, bureaux, etc.). In fino, même petite, une huilerie doit être gérée et nécessite donc une équipe technique de production, de maintenance et de laboratoire qui n’auront théoriquement du travail que pendant quelques mois de l’année.
Vous aurez deviné qu’un tel investissement est plus que conséquent et ne se justifie que si la production est suffisante pour optimiser son utilisation, or nos excédents se chiffrent en quelques milliers de tonnes par an, ce qui n’est pas suffisant pour valoriser la construction d’une huilerie d’une taille économique. Il faudrait donc également augmenter la taille de la plantation, qui ne portera ses fruits que 4-5 ans plus tard et qui représente aussi un investissement considérable… Le contexte politique et économique du Congo restant malgré tout fortement instable et le futur pour le moins opaque, le moment n’est probablement pas opportun pour envisager de gros investissements dans le pays, sauf peut-être pour les téméraires et courageux…
Dans cette dernière catégorie, nous avons cette semaine eu la visite d’un couple de suisses qui sont au Congo depuis presque 10 ans et qui envisagent d’établir une plantation de palmiers à huile dans la région. Ils ont déjà mis en place un projet de maraîchage qui semble fonctionner de manière satisfaisante et connaissent donc bien les rouages des affaires congolaises. Leur projet vise la mise en place d’une petite plantation de palmier à huile, essentiellement orientée vers la production d’huile pour le marché local (dans les environs immédiats de la plantation) ce qui intéresse évidemment fortement les autorités locales, mais reste néanmoins une aventure courageuse.
Finalement, pour revenir à notre plantation, la semaine dernière nous vous faisions part du fait que notre production approchait la saturation de nos cuves de stockage et qu’il était urgent d’avoir des barges pour pouvoir évacuer l’huile, sans quoi nous serions dans l’obligation d’arrêter nos opérations. Eh bien, maintenant c’est l’inverse, car en quelques jours nous avons réceptionné plusieurs convois de barges dont la capacité de chargement excède la quantité d’huile dont nous disposons, encore une fois le pendule est passé d’un excès à un autre en quelques jours, une caractéristique du Congo?
Espérant recevoir de vos nouvelles, aussi anodines soient-elles,
Marc & Marie-Claude
Working days are generally long on the plantation, up at 4:30am and back home usually between 6:30pm and 7pm, but still with a short break (usually 1/2h or even 3/4h) to have lunch at home and when the timing allows it a short power nap of 10 minutes (just enough to recharge the batteries for the afternoon). But in peak periods it is even more intense because production evacuations often extend into the evening, exceptionally even into the early hours of the morning, as we try to deliver everything the oil mill can absorb and thus lose as little as possible. Yes, unfortunately at the moment the production of the plantation is exploding and significantly exceeds the capacity of our oil mill, even though it is working at full capacity 24/7 with all the constraints linked to the faulty machinery that we described in the previous postings.
The big dilemma is to decide what to do with the plantation’s surplus production, because the harvested bunches must be processed as soon as possible, preferably within 24 hours and at most 48 hours after harvest, otherwise the fruit becomes soft and difficult to press. At the moment we have an excess of several hundred tons of bunches and fruit every day and as it is not possible to process them in the surrounding area, our only solution is to compost them, it is obviously very frustrating to have to throw away part of the production when we have cared for, fertilised, maintained, etc. the palm trees all year round with the sole aim of maximising their production.
The people living around the plantation, who the rest of the year do not hesitate to come and steal bunches and fruit from the plantation (because our fruit is much richer in oil than that harvested from wild palm trees), see these mountains of neglected production as a godsend because they feel that if we do not use them they are obviously available to the public. They are not entirely wrong, because why waste an abundant and immediately available resource, but the problem is that the traditional presses set up during this peak period get a taste for the juicy fruits of the plantation, and after the peak of production they do not want to stop their activities, so the thefts take on unmanageable proportions. An alternative is to put guards next to our heaps of surplus bunches and fruits to prevent people from coming to help themselves, but apart from the waste this represents, the guards quickly see an opportunity in this manna to round off their end of the month and will end up monetising the access to these discarede bunches and fruits.
The solution we are trying to implement is a compromise between the two alternatives above, by making the bunches and fruit available to identified traditional presses on the basis of a contract where, on the one hand, they pay us a symbolic contribution to cover the cost of harvesting and evacuating the bunches to an approved collection point on the outskirts of the plantation and, on the other hand, they undertake to dismantle the presses at the end of the production peak. This “solution” makes it possible to control the use of our surplus production, to recover a small part of the costs linked to their production and to allow the neighbouring population to take advantage of this opportunity to obtains some additional income. It is important to know that outside the peak production period (i.e. about 9 months of the year) we buy the palm fruits from the wild and old palm groves around the plantation precisely to allow the villagers to have regular incomes. But in peak periods, when our oil mill is saturated, we are obviously not able to buy fruit from outside since we are unable to process all of our own production.
Some will say, “why not increase our own processing capacity?” to avoid the problem in the first place. This is a question that comes up at every board meeting and is unfortunately not a simple one. In fact, even if on paper it would be theoretically possible, with a fairly significant budget, in practice it is not really feasible to expand our current oil mill, which is surrounded by the city of Mapangu on one side and the Kasai River on the other. In order to increase our processing capacity we would ideally have to build a second oil mill on another site, but this is not limited to the oil mill itself, as it needs to be supplied with electricity, water and oil storage. In addition, a system must be put in place for the evacuation of oil to the port (if not to develop a new port), ponds for the treatment of effluents and all maintenance infrastructures (storage of parts, consumables, offices, etc.). Finally, even a small oil mill has to be managed and therefore requires a technical team for production, maintenance and laboratory that will theoretically only have work for a few months of the year.
You will have guessed that such an investment is more than consequent and is justified only if the production is sufficient to optimize its use, but our surpluses amount to a few thousand tons per year, which is not enough to valorize the construction of an oil mill of an economic size. It would therefore also be necessary to increase the size of the plantation, which will only bear fruit 4-5 years later and which also represents a considerable investment. The political and economic context of the Congo remains highly unstable and the future is opaque to say the least, so this is probably not the right time to consider major investments in the country, except perhaps for the bold and courageous ones .
In the latter category, this week we had the visit of a Swiss couple who have been in Congo for almost 10 years and who are considering establishing an oil palm plantation in the region. They have already set up a market gardening project that seems to be working satisfactorily and are therefore familiar with the workings of Congolese business. Their project aims to set up a small oil palm plantation, mainly oriented towards the production of oil for the local market (in the immediate vicinity of the plantation) which is obviously of great interest to the local authorities, but nevertheless remains a courageous adventure.
Finally, to come back to our plantation, last week we informed you that our production was approaching saturation of our storage tanks and that it was urgent to have barges to evacuate the oil, otherwise we would have to stop our operations. Well, now it is the opposite, because in a few days we have received several convoys of barges whose loading capacity exceeds the amount of oil we have, once again the pendulum has swung from one excess to another in a few days, a characteristic of the Congo?
Hoping to hear from you, no matter how significant your adventures may be,
Marc & Marie-Claude