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La saison sèche est bien installée, mis à part la brume matinale qui donne une impression de fraîcheur humide et une petite pluie de 20mm au début du mois de juillet, l’absence de pluies commence à se marquer sur notre environnement avec une végétation qui jaunit, des régimes de palmes qui commencent à avorter et les routes de plus en plus difficiles à négocier de par le sable fin et sec qui s’accumule. Une des autres caractéristique de la saison sèche est, évidemment, les feux qui sont déclenchés soit pour préparer les champs, soit pour essayer d’attraper les quelques petits animaux qui survivent encore dans la nature avoisinant la plantation.
Suite à la maladie qui touche nos palmiers, nous avons dû abandonner certaines parties de la plantation qui n’étaient plus rentables à exploiter et se sont donc rapidement retrouvées envahies par des plantes diverses, dont la plante de couverture qui a même recouvert les quelques palmiers qui avaient survécu. Comme nous n’avons pas de programme pour replanter ces zones dans un future immédiat, notre intention était de morceler ces zones en petites parcelles de 0,5 à 1 ha et de les attribuer à nos travailleurs pour y faire leurs cultures vivrières, moyennant toutefois un contrat pour bien cadrer ces opérations. Peu ou pas de travailleurs ont manifesté leur intérêt et aucun n’a finalement signé de contrat (qui aurait juste limité les cultures autorisées et la durée d’utilisation du terrain, sans aucune charge financière). Cela n’a toutefois pas empêché certaines personnes de venir y mettre le feu (détruisant ainsi définitivement les quelques palmiers qui avaient survécu) pour planter du maïs ou d’autres cultures en catimini. Il faut savoir qu’ici, même si c’est fait sur le terrain d’autrui, la loi ne permet pas au propriétaire de détruire les plantes semées sous peine d’être condamné pour “destruction méchante” (texte littéral). Cette règle est d’autant plus applicable à une société comme Brabanta dont les moyens financiers permettront au juge d’infliger une grosse amende et au propriétaire des plantes d’être compensé pour la récolte perdue (évidemment estimée de manière très optimiste…). Ceci même si, au départ, l’utilisation du terrain étai illégale.
Nous sommes donc obligés de mettre des gardes forestiers un peu partout dans la plantation pour essayer d’empêcher les gens (y compris nos travailleurs) de venir défricher, brûler ou cultiver des zones de la plantation qui doivent être protégées ou préservées. Mais évidemment ils sont parfois partie prenante eux-même et n’interviennent donc pas toujours de manière aussi diligente que nous l’aurions souhaité. La protection des zones non-cultivées dans notre concession est d’autant plus importante du fait que c’est un critère important dans la certification RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil) que nous espérons obtenir cette année.
Même lorsque ce sont des villageois qui mettent le feu dans des zone extérieures à notre concession, nous ne sommes pas à l’abri car souvent les feux sont allumés en fin de journée puis laissés sans surveillance avec le résultat fréquent d’une propagation dans la plantation ce qui a des conséquences peu favorables pour les palmiers.
En général nous veillons à ce que les ronds autour des palmiers soient bien dégagés et propres, ainsi, même quand le feu “déborde” il ne fait que brûler les palmes extérieures sans atteindre le stipe du palmier. Lorsque le feu arrive jusqu’au cœur du palmier, les fruits riches en huile sont évidemment un combustible idéal qui brûle longtemps et provoque ainsi la destruction totale de celui-ci, tandis qu’autrement, nous observons, au pire, un ralentissement de la production pendant un an ou deux à cause des palmes qui ne sont plus en mesure de faire leur travail photosynthétique normal.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le danger ne diminue pas avec la taille des palmiers, sans doute parce que le tronc couvert de chicots de palmes secs permet plus facilement au feu d’avoir prise sur le palmier. Il n’est pas inhabituel de voir des palmiers (sauvages) brûler comme des torchères pendant plusieurs heures alors qu’aucune trace de feu n’est visible sur le tronc de palmiers qui font parfois 20 mètres de hauteur. Il va sans dire qu’après un tel traitement l’arbre ne survit pas, les palmes séchées finissent par tomber et il ne reste plus qu’un tronc, généralement bien droit, qui finit par tomber après quelques mois.
Depuis notre “perchoir” de la Cathédrale, nous avons une vue qui, lorsqu’il n’y a pas de brouillard, nous permet de voir la forêt au-delà de la plantation ou de l’autre côté de la rivière Kasaï et immanquablement en cette saison ce sont des colonnes de fumée ou de grandes flammes qui se dégagent tous azimuts.
Il n’y a pas que dans la plantation que le feu est un souci, mais aussi dans notre huilerie où en cette période de pointe nous sommes obligés d’accumuler des quantités de plus en plus grandes de fibres et de rafles issues du traitement des régimes et fruits de palme. Cette montagne de fibres et rafles bien sèche contient malgré tout encore un petit peu d’humidité ce qui favorise une décomposition exothermique un peu comme un tas de compost. Seulement ici il est question d’une montagne de fibres de plusieurs milliers de tonnes qu’il est impossible de remuer pour empêcher la température d’être excessive. Ma plus grande crainte est que la chaleur dégagée soit telle que les fibres finissent par prendre feu et, comme nous en avons déjà fait l’expérience il y a quelques années sur une autre zone de stockage, se mette à brûler pendant des mois d’affilée. J’ai beau expliquer que nous courrons un risque énorme à mes collègues (congolais en particulier), mon langage doit certainement être peu adapté à leur oreille car il y a deux jours j’ai découvert que, non-contents de ne pas comprendre le risque liée à l’auto-combustion de notre tas de fibres, ils n’avaient rien trouvé de mieux que de mettre feu à un tas de rafles à moins de deux mètres de sus-nommé stock de fibres “pour fabriquer de la cendre” me disent-ils en toute candeur… Je n’ai tué personne mais j’avoue que mes nerfs ont été sur le point de lâcher… Malheureusement le retour des pluies vers la fin de ce mois n’est pas nécessairement une bonne nouvelle, car l’apport d’humidité risque d’accélérer le processus de décomposition et par conséquence d’augmenter le risque de surchauffe sans que la quantité d’eau soit suffisante pour refroidir la montagne de fibres et/ou humidifier celle-ci suffisamment pour l’empêcher de brûler. La seule solution serait d’évacuer tout cela le plus rapidement possible, mais avec la panne de nos engins et de nos camions ce n’est malheureusement pas une option pour le moment. Bref, croisons les doigts…
Nous vous souhaitons une excellente semaine et n’hésitez pas à nous donner de vos nouvelles, cela nous fait plaisir de vous lire aussi.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude
The dry season is well established, apart from the morning fog that gives an impression of moist freshness and a small rain of 20mm at the beginning of July, the absence of rain is beginning to mark our environment with vegetation that is turning yellow, palm bunches that are beginning to abort and roads that are increasingly difficult to negotiate due to the fine dry sand that is accumulating. One of the other characteristics of the dry season is, of course, the fires that are set either to prepare the fields or to try to catch the few small animals that still survive in the wild around the plantation.
As a result of the disease that affects our palm trees, we had to abandon parts of the plantation that was no longer profitable to exploit and therefore quickly found ourselves invaded by various plants, including the cover plant, which eventually covered the few palm trees that survived. As we do not have a programme to replant these areas in the immediate future, our intention was to divide these areas into small plots of 0.5 to 1 ha and allocate these to our workers to grow food crops, albeit under contract to keep these operations under control. Few or no workers showed interest and none eventually signed a contract (which would have just limited the crops allowed and the length of time the land could be used, without any financial burden). However, this did not prevent some people from setting fire to the land (thus permanently destroying the few palm trees that had survived) to plant maize or other crops on the sly. It should be noted that here, even if it is done on someone else’s land, the law does not allow the owner to destroy the crops sown, under penalty of being condemned for “wicked destruction” (literal text). This rule is all the more applicable to a company like Brabanta whose financial means will allow the judge to impose a large fine and the owner of the plants to be compensated for the lost harvest (obviously estimated in a very optimistic way). This even if the use of the land was initially illegal.
We are therefore obliged to put rangers all over the plantation to try to prevent people (including our workers) from clearing, burn or cultivate areas of the plantation that need to be protected or preserved. But of course the rangers are sometimes themselves interested and therefore do not always intervene as diligently as we would have liked. The protection of the non-cultivated areas in our concession is all the more important because it is an important criterion in the RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil) certification that we hope to obtain this year.
Even when villagers set fires in areas outside of our concession, we are not safe because often fires are set at the end of the day and then left unattended with the frequent result of spreading into the plantation with unfavorable consequences for the palm trees.
In general we make sure that the rings around the palms are clear and clean, so that even when the fire “overflows” in the plantation, it only burns the outer palms without reaching the palm’s stem. When the fire reaches the heart of the palm tree, the oil-rich fruit is obviously an ideal fuel that burns for a long time and thus causes the total destruction of the palm tree, while otherwise we observe, at worst, a slowing down of production for a year or two because the palms are no longer able to do their normal photosynthetic work.
Contrary to what one might think, the danger does not diminish with the size of the palm trees, probably because the trunk covered with dry palm stubs makes it easier for the fire to take hold of the palm. It is not unusual to see (wild) palm trees burning like torches for several hours, while no trace of fire is visible on the trunk of the palm trees, which can be as much as 20 metres high. It goes without saying that after such a treatment the tree does not survive, the dried palms eventually fall off and only a trunk, usually straight, remains, which eventually falls down after a few months.
From our “perch” in the Cathedral we have a view which, when there is no fog, allows us to see the forest beyond the plantation or across the Kasai River and inevitably in this season there are columns of smoke or great flames coming out all around.
It is not only in the plantation that fire is a concern, but also in our oil mill where in this peak period we are obliged to accumulate increasing quantities of fibre and empty fruit bunches remaining after processing the palm crop. This mountain of dry fibres and empty fruit bunches still contains a little bit of moisture, which encourages a process of exothermic decomposition, a bit like a compost heap. Only here we are talking about a mountain of fibres of several thousand tons that cannot be stirred to prevent the temperature from being excessive. My greatest fear is that the heat released is such that the fibres will eventually catch fire and, as we already experienced a few years ago in another storage area, start to burn for months at a time. I may explain that we run a huge risk to my colleagues (Congolese in particular), but my language must certainly not be adapted to their ears because two days ago I discovered that, not content with not understanding the risk linked to the self-combustion of our pile of fibres, they had found nothing better than to set fire to a pile of empty fruit bunches less than two metres away from the above-mentioned stockpile of fibres “to produce ashes”, they tell me in all candour… I didn’t kill anyone, but I admit that my nerves were about to snap… Unfortunately, the return of the rains towards the end of this month is not necessarily good news, because the addition of humidity may accelerate the decomposition process and consequently increase the risk of overheating without the quantity of water being sufficient to cool the mountain of fibers and/or moisten it enough to prevent it from burning. The only solution would be to evacuate all this as quickly as possible, but with the breakdown of our machines and trucks this is unfortunately not an option at the moment. In short, fingers crossed…
We wish you an excellent week and don’t hesitate to give us your news, it’s a pleasure to read you too.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude