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Par les temps qui courent la contamination est un sujet chaud et même si le fameux virus n’est pas arrivé jusque chez nous jusqu’à présent il n’en reste pas moins que nous prenons des mesures préventives, qui ne sont pas toujours faciles à faire accepter et encore moins à faire respecter ou simplement à faire comprendre, ce n’est pas avec cette contamination virale potentielle (ici à Mapangu) que je voulais commencer ces nouvelles, mais nous y reviendrons.
Comme vous le savez, dans notre coin il n’y a pas de réseau d’électricité et nous sommes donc totalement dépendant de l’électricité produite par nos générateurs et/ou quelques installations solaires. L’usine en particulier, grosse consommatrice de courant, est alimentée par trois générateurs de 810 kVA chacun qui consomment un “petit” 3.000 litres de gasoil par jour. Ajoutez à cela une flotte de tracteurs, camions, voitures et engins lourds (bulldozer, pelle à chenille, niveleuse, etc.) et vous comprendrez que nos besoins en carburant sont… conséquents, probablement l’aspect le moins “écologique” de la plantation, mais ça, c’est un sujet pour une autre lettre de nouvelles. Il va sans dire que nous n’avons pas de fournisseur de carburant (ou de lubrifiants car ceux-là aussi sont en demande de façon non négligeable) sur place, le dépôt le plus proche étant à Ilebo où nous pouvons faire remplir des fûts, mais à raison d’une consommation de 15-20 fûts par jour je vous laisse deviner les problèmes logistiques sans compter qu’il est nécessaire de faire plusieurs transbordements avant d’arriver jusque chez nous. En effet, les fûts sont remplis au dépôt de carburant et chargés sur un camion (à la main parce qu’il n’y a pas de chariot élévateur en état de marche), le camion transporte ensuite les fûts jusqu’à la rivière où ceux-ci sont transbordés du camion (ils sont déchargés en les faisant tomber sur un pneu pour éviter de trop les endommager) sur une pirogue. La pirogue amène ensuite les fûts (une demi-douzaine à la fois) jusqu’à notre baleinière qui doit rester en attente à l’embouchure de la rivière, là encore une fois les fûts sont débarqués sur la rive pour être ensuite chargés dans la baleinière. La baleinière peut charger jusqu’à 80 fûts, je vous laisse donc évaluer le nombre d’allées et de venues que doit faire la pirogue. La baleinière descend ensuite jusqu’à Mapangu où, une fois de plus, les fûts sont déchargés pour être enfin chargés (avec une grue cette fois) sur un camion qui achemine les fûts jusqu’à la zone de remplissage de nos tanks de carburant. Ajoutons qu’entre voyages et manutentions il n’est pas possible de faire plus de deux approvisionnement par semaine et qu’il suffit d’un petit couac pour que le flux tendu se rompe et rende notre bon fonctionnement stressant. De plus à chaque voyage il faut déclasser près de 10% des fûts qui, suite aux “manipulations” sont trop cabossés et ou troués, il y a toujours des “matières étrangères” qui se mêlent au carburant et c’est une opération où (tout à fait par hasard) il y a toujours des manquants à l’arrivée.
Pour éviter les sus-nommées manipulations, nous préférons nous approvisionner avec du carburant en vrac qui est pompé directement dans les cales d’une barge à Kinshasa et que nous transférons par pompe depuis la barge dans nos tanks une fois arrivé à Mapangu, évitant ainsi en principe les risques de contamination et de pertes, je dis bien en principe. Nous recevons ainsi des lots de 200.000 litres de gasoil par bateau toutes les 5-6 semaines (quand le transporteur ne prend pas trop de retard) ce qui nous permet de ne pas trop stresser pour nos besoins de fonctionnement. Le dernier lot de carburant ainsi venu par barge la semaine passée n’a, cependant, pas répondu à nos attentes car nous avons découvert à l’ouverture des cales qu’il était mélangé avec de grandes quantités d’eau et contenait aussi beaucoup de boue, pas idéal pour être utilisé dans des machines. Après contrôle de la barge il n’y a pas de raison de croire que celle-ci ait des fuites et comme nous sommes en saison sèche ce n’est pas non-plus l’eau des pluies qui aurait pu s’infiltrer dans les cales de la barge, donc malheureusement il semblerait que le pétrolier qui a chargé le carburant nous a servi un fond de cuve avec de l’eau et de la boue qui se sont retrouvés dans notre barge. Vu les délais de livraison d’un mois ou plus pour en réceptionner une autre et la nécessité pour nous de continuer à fonctionner, nous n’avons pas d’autre choix que d’utiliser tant bien que mal ce carburant “sale” en essayant de le nettoyer au mieux pour ne pas trop endommager nos machines. Heureusement nous disposons d’une centrifugeuse qui permet de nettoyer assez bien le carburant et nous avons un lot de filtres qui devrait nous permettre d’éviter des catastrophes avant l’arrivée de carburant propre (attendu dans trois semaines). Le lubrifiant est, lui, livré dans des fûts scéllés et (touchons du bois) jusqu’à présent n’a pas été la source de problèmes similaires au carburant.
Revenons à la contamination “coronavirus”, une bonne nouvelle est, qu’à partir d’aujourd’hui, les frontières du pays sont à nouveau ouvertes et il en va de même pour les frontières provinciales. Les conséquences pratiques de ces nouvelles mesures restent toutefois à être déterminées et vérifiées car, selon le ministère des affaires étrangère belge, les voyages non-essentiels vers la RDC restent interdits et les personnes arrivant de la RDC en Belgique doivent obligatoirement faire un test de dépistage et en principe observer deux semaines de quarantaine. Les règles appliquées par d’autres pays Européens ne sont pas les mêmes, rien de surprenant dans cette approche à vitesse variable de l’union européenne. Pour les voyages entre les provinces du Congo, qui sont maintenant autorisés, la seule contrainte (aussi valable pour quitter le territoire national) est que les passagers doivent être munis d’un test Covid-19 négatif datant de moins de 3 jours. Au départ de Kinshasa c’est compliqué mais pas impossible puisqu’il existe des centres de dépistage, mais nous ne savons pas trop comment cela sera géré pour nos voyages au départ de Mapangu et/ou Ilebo car ici (dans la province) il n’y a aucune capacité de dépistage, ce qui nécessiterait donc d’envoyer les échantillons à Kinshasa, mais comme il n’y a qu’un seul vol par semaine il est difficile de voir comment la règle des 3 jours peut être respectée… il y aura certainement une solution à la congolaise (probablement moyennant le paiement de l’une ou l’autre “contribution” pour aider à contenir la contamination).
Nous espérons que les mesures imposées chez vous ne sont pas trop contraignantes et espérons comme d’habitude vous lire bientôt.
A très bientôt ici ou ailleurs,
Marc & Marie-Claude
In these times, contamination is a hot topic and even if the famous virus has not reached us here in the Congolese Tuscany so far, the fact remains that we are taking preventive measures, which are not always easy to get accepted and even less to have respected or simply to make them understood, however it is not with this potential viral contamination (here at least) that I wanted to start this news, but we will come back to it further on.
As you know, in our area there is no electricity grid and therefore we are totally dependent on the electricity produced by our generators and/or some solar installations. The mill in particular, which consumes a lot of electricity, is powered by three generators of 810 kVA each that consume a “modest” 3,000 litres of diesel per day. Add to this a fleet of tractors, trucks, cars and heavy machinery (bulldozer, crawler excavator, grader, etc.) and you will understand that our fuel needs are … substantial, probably the least “ecological” aspect of the plantation, but that is a subject for another newsletter. It goes without saying that we do not have a local fuel (or lubricant supplier, as these too are in considerable demand) on site, the nearest depot being in Ilebo where we can have drums filled, but at a consumption rate of 15-20 drums per day, you can guess the kind of logistical issues to have sufficient stock on hand, not to mention the fact that we have to make several transhipments before reaching our premises. Indeed, the drums are filled at the fuel depot and loaded onto a truck (by hand because there is no working forklift truck), the lorry then transports the drums to the river where they are transferred from the truck (they are unloaded by dropping them onto a tyre to avoid damaging them too much) onto a dugout canoe. The dugout canoe then takes the drums (half a dozen at a time) to our larger wooden vessel, which must remain on standby at the mouth of the river. Once again, the drums are unloaded on the shore and then loaded into the boat. Our boat can load up to 80 barrels, so I’ll leave you to estimate the number of trips the canoe must make. The vessel then travels down to Mapangu where, once again, the drums are unloaded and finally loaded (this time with a crane) onto a truck that takes the drums to the area where we fill our fuel tanks. It should be added that between trips and handling it is not possible to make more than two supply trips per week and therefore it only takes a small hiccup for the tight flow to break and make our smooth operation stressful. Moreover, after each trip we have to downgrade about 10% of the barrels which, due to “handling”, are too dented and/or punctured, there are always “foreign materials” mixed in with the fuel and it is an operation where (quite by chance) there are always shortages on arrival.
In order to avoid the aforementioned manipulations, we prefer to have fuel shipped in bulk, pumped directly into the holds of a barge in Kinshasa and which we transfer by pump from the barge into our tanks once it arrives in Mapangu, thus avoiding in principle the risks of contamination and loss, I say in principle. We thus receive batches of 200,000 litres of diesel per boat every 5-6 weeks (when the transporter is not delayed for some reason or other, which seems to be the rule rather than the exception), which in theory allows us not to be too stressed for our operating needs. The last batch of fuel that came by barge last week, however, did not meet our expectations as we discovered when we opened the holds that it was mixed with large amounts of water and also contained a lot of mud, not ideal for use in machinery. After checking the barge there is no reason to believe that the barge is leaking and as we are in the dry season it is not the rainwater that could have leaked into the holds of the barge either, so unfortunately it seems that the supplier that loaded the fuel must have pumped the remnants of a tank with water and mud that ended up in our barge. Given the delivery time of a month or more to receive another load and the need for us to continue to operate, we have no choice but to use this “dirty” fuel as best we can, trying to clean it as well as possible so as not to damage our machines too much… Luckily we have a centrifugal separator that cleans the fuel fairly well and we have a set of filters that should allow us to avoid disasters before the arrival of clean fuel (expected in three weeks). The lubricants, on the other hand, are delivered in sealed drums and (touching wood) so far has not been the source of problems similar to fuel.
Coming back to the “coronavirus” contamination, the good news is that, as of today, the country’s borders are open again and so are the provincial borders. However, the practical consequences of these new measures have yet to be determined and verified because, according to the Belgian Ministry of Foreign Affairs, non-essential travel to the DRC is still prohibited and people arriving from the DRC in Belgium must undergo a screening test and, in principle, observe two weeks of quarantine. The rules applied by other European countries are not the same, which is not surprising in this variable-speed approach of the European Union. For travel between the provinces of Congo, which are now allowed, the only constraint (also valid for leaving the national territory) is that passengers must have a negative Covid-19 test that is less than 3 days old. From Kinshasa it is complicated but not impossible as there are testing centres, but we are not sure how this will be managed for our trips from Mapangu and/or Ilebo as here (in the province) there is no testing capacity, so samples would have to be sent to Kinshasa, but as there is only one flight per week it is difficult to see how the 3 day rule can be respected. … there will certainly be a Congolese-style solution (probably with payment of some kind of “contribution” to help contain the contamination).
We hope that the measures imposed on you are not too restrictive and hope as usual to read you soon.
See you soon here or elsewhere,
Marc & Marie-Claude