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Mucuna, etc.

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Comme pour beaucoup de cultures agricoles et en particulier (mais pas seulement) sous les tropiques, la protection du sol est facteur important pour lutter contre l’érosion, la dégradation trop rapide de la matière organique et pour conserver l’humidité et les éléments nutritifs. C’est aussi le cas dans une plantation de palmiers à huile où, surtout lorsque celle-ci vient d’être plantée, il n’est pas bon d’avoir un sol dénudé. Chez nous c’est d’autant plus crucial que notre sol est principalement composé de sable et donc facilement emporté par l’eau de ruissellement et/ou lessivable si celui-ci reste dépourvu d’une couche protectrice de matière organique vivante ou non.
Pour protéger au mieux le sol exposé aux intempéries, nous avons opté pour l’utilisation de légumineuses comme plante de couverture, principalement le Mucuna bracteata et le Pueraria phaseoloides, plus des petits essais de Flemingia macrophylla. Le Mucuna est une liane originaire du nord-est de l’Inde qui a l’avantage de pousser très rapidement (en saison des pluies jusqu’à un mètre par jour), de résister à la saison sèche et de générer une quantité importante de matière organique riche en azote grâce aux nodules typiquement présentes sur les racines de la plupart des légumineuses. Le Mucuna n’est toutefois pas tout à fait adapté à notre climat de Mapangu, car ici il ne fleurit que très difficilement et ne produit donc pas de graines, par contre il est facile à multiplier par marcottage. Une fois installée, la plante se développe très/trop rapidement, y compris sur les palmiers si nous ne faisons pas attention. La vigueur de la plante est un bien et un mal en même temps car sur les jeunes palmiers nous sommes obligés de passer environ toutes les deux semaines pour retirer les lianes. Celles-ci, laissées sans contrôle, peuvent en très peu de temps recouvrir entièrement les palmiers. Malgré le fait que le Mucuna reste vert et continue de pousser en saison sèche (même si la croissance est moins vigoureuse en l’absence de pluies), la couche importante de matière sèche qui s’accumule en-dessous de la couverture verte peut facilement prendre feu et ne protège donc malheureusement pas la plantation contre les incendies. En fait même les parties vertes de la plante sont inflammables, heureusement dans une moindre mesure, et peuvent donc, malgré tout, favoriser l’incendie dans les plantations.
Cette couche de matière organique est aussi un refuge apprécié par une faune diverse: lézards, souris, oiseaux ainsi qu’évidemment de leurs prédateurs les serpents. Il vaut donc mieux être attentif lorsque l’on marche à travers les champs couverts de cette plante de couverture à travers laquelle il est difficile de voir. Heureusement ces animaux (y compris les serpents) sont généralement peureux et fuient à l’approche des bruits et vibrations produits par notre avancée.
Le Pueraria, comme le Mucuna, est originaire de l’Asie mais nous en observons également des espèces locales. C’est une liane qui couvre le sol assez rapidement bien que de manière un petit peu moins vigoureuse que la Mucuna et surtout qui se dessèche lorsque les pluies se font plus rares (sans toutefois disparaître complètement). Une autre grande différence est aussi que le Pueraria fleurit et produit d’abondantes graines sous notre climat. Sa repoussée après la saison sèche est donc probablement aussi partiellement due aux semences tombées au sol. Le Pueraria est aussi fort prisé par la population locale comme fourrage pour lapins et cochons d’inde et se trouve donc contrôlé de manière “automatique” par les enfants qui viennent en récolter de grosses brassées dans la plantation… Ce qui accélère probablement sa disparition pendant la saison sèche.
Le Flemingia, pour terminer, est une plante avec laquelle nous avons seulement fait quelques essais. C’est aussi une légumineuse, mais arbustive celle-ci, et qui reste donc beaucoup plus localisée même si tout comme le Pueraria cette plante fleurit et fructifie bien dans notre climat local. Nous avons fait quelques essais dans lesquels le Flemingia a été semé/planté entre les rangs des palmiers pour y apporter de la matière organique, mais dès qu’il se retrouve à l’ombre des palmiers sa croissance est fortement freinée et ne génère donc pas vraiment assez de matière organique pour couvrir le sol entre les palmiers.
Suite à la maladie qui a atteint certaines parties de la plantation, nous avons dû abandonner certaines parcelles où la densité des palmiers affectés et la production des quelques palmiers survivant n’était plus rentable. Ces parcelles avaient été plantées avec du Mucuna comme plante de couverture. Mucuna qui n’a pas tardé à se développer de manière spectaculaire à la faveur d’une lumière soudain fort abondante et surtout l’arrêt des opérations de “délianage”. Le résultat est impressionnant car ces zones abandonnées ont maintenant une allure de paysage fantastique constitué d’un tapis vert continu parsemé ça et là de “bosses” où se trouvaient les palmiers. Il n’a évidemment pas fallu longtemps avant que quelqu’un, comme décrit lors d’une de nos nouvelles précédentes, décide d’y mettre le feu pour probablement y planter du maïs ou du manioc, en ignorant que, même si le Mucuna brûle bien, le feu ne le détruit pas. Il ne faudra donc pas longtemps pour que celui-ci repousse avec encore plus de vigueur ne laissant pas beaucoup de chance aux cultures qui y seraient installées à moins d’arracher les racines de la liane (mais, ça, c’est du travail…).
Il arrive même parfois que cette liane traverse les routes (eh oui, malgré le fait que des véhicules roulent dessus de temps en temps) et s’installe dans la savane ou dans les (résidus de) forêts situées en périphérie de la plantation. Peu importe si les anciens palmiers qui s’y trouvent ont vingt mètres de haut ou plus, le Mucuna aura tôt fait de monter jusqu’au sommet. Nous en avons d’ailleurs fait l’expérience avec les quelques Hévéas plantés à côté de la Cathédrale. Par contre, c’est assez facile à contrôler: il suffit de couper les tiges et de dégager la base de l’arbre pour que les lianes se dessèchent et disparaissent rapidement.
Dernier petit commentaire concernant ce Mucuna qui, comme mentionné plus haut, ne fleurit que difficilement dans nos contrées. De temps en temps, des fleurs apparaissent malgré tout : un panicule de petites fleurs violettes, qui se sent plus que ne se voit (les fleurs sont généralement cachées sous le feuillage). Il s’agit, malheureusement, d’une odeur peu agréable qui ressemblerait un peu à celle d’une soupe aux légumes. C’est peut-être à cause de cette fragrance particulière que la plante ne fructifie pas car les insectes d’ici ne semblent pas attirés par cette odeur.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et espérons de vous lire très bientôt,
Marc & Marie-Claude

Le Mucuna reprend déjà – Mucuna already grows back
Mucuna à l’assaut de Héveas – Mucuna assaulting the Rubber trees
Point du jour – Dawn
Fleurs sauvages à la Cathédrale – Wild flowers at the Cathedral
Port de Mapangu – Mapangu port

As with many agricultural crops, particularly (but not only) in the tropics, soil protection is important to control erosion, the rapid degradation of organic matter and to conserve moisture and nutrients. This is also the case in an oil palm plantation where, especially when the oil palm has just been planted, it is not good to have bare soil. For us, this is all the more crucial since our soil is mainly composed of sand and therefore easily washed away by runoff water and/or leachable if it remains devoid of a protective layer of living or non-living organic matter.
To best protect the soil exposed to the weather, we have opted for the use of legumes as cover plants, mainly Mucuna bracteata and Pueraria phaseoloides, plus small trials of Flemingia macrophylla.
Mucuna is a creeper native to northeast India that has the advantage of growing very quickly (in the rainy season up to one meter per day), staying green during the dry season and generating a significant amount of nitrogen-rich organic matter thanks to the nodules typically present on the roots of most legumes. However, Mucuna is not entirely adapted to our climate in Mapangu, as here it flowers only with great difficulty and therefore does not produce seeds, but it is easy to multiply by layering. Once installed, the plant grows very/too fast, even on palm trees if we are not careful. The vigour of the plant is good and bad at the same time because on young palms we have to remove the vines about every two weeks. If left unchecked, the vines can completely cover the palm trees in a very short period of time. Despite the fact that the Mucuna remains green and continues to grow in the dry season (even though growth is less vigorous in the absence of rain), the large layer of dry matter that accumulates under the green cover can easily catch fire and therefore unfortunately does not protect the plantation from fire. In fact, even the green parts of the plant are flammable, fortunately to a lesser extent, and can therefore still promote fire in plantations.
This layer of organic matter is also a refuge appreciated by a diverse fauna: lizards, mice, birds and of course their predators, snakes. It is therefore best to be careful when walking through the fields covered with this cover plant through which it is difficult to see. Fortunately these animals (including snakes) are generally shy and flee when hearing the approaching noises and vibrations produced by our advance.
Pueraria, like Mucuna, is native to Asia, but we also observe local species. It is a creeper that covers the ground quite quickly, although a little less vigorously than Mucuna, and especially dries out when the rains become scarcer (without disappearing completely). Another big difference is also that Pueraria flowers and produces abundant seeds in our climate. Its regrowth after the dry season is therefore probably also partly due to the seeds that have fallen to the ground. Pueraria is also highly valued by the local population as fodder for rabbits and guinea pigs and is therefore “automatically” controlled by the children who come to the plantation to collect large quantities of the vines… while this probably also accelerates its disappearance during the dry season.
Finally, Flemingia is a plant with which we have only done a few tests. It is also a leguminous, but shrubby one, and therefore remains much more localized, even though like Pueraria it flowers and bears fruit well in our local climate. We have done a few trials in which Flemingia was sown/planted between the rows of palm trees to provide organic matter, but as soon as it is in the shade of the palm trees its growth is severely stunted and therefore does not really generate enough organic matter to cover the soil between the palms.
As a result of the disease that affected parts of the plantation, we had to abandon some plots where the density of affected palms and the production of the few surviving palms was no longer profitable. These plots had been planted with Mucuna as a cover crop. Mucuna, which soon grew spectacularly under the sudden abundant light and, above all, the suspension of clearing operations. The result is impressive because these abandoned areas now look like a fantastic landscape consisting of a continuous green carpet dotted here and there with “bumps” where the palm trees used to be. It was obviously not long before someone, as described in one of our previous news stories, decided to set fire to it, probably to plant maize or cassava, ignoring the fact that, even if the Mucuna burns well, fire does not destroy it. So it won’t take long for it to grow back with even more vigour, leaving little chance for the crops that would be planted there unless the roots of the creeper are pulled out (but that’s a lot of work…).
Sometimes this vine even crosses roads (yes, despite the fact that vehicles drive over it from time to time) and settles in the savannah or in the (remnants of) forests located on the periphery of the plantation. It doesn’t matter if the old palm trees there are twenty meters or more high, the Mucuna vines will soon have climbed to the top. We have experienced this with the few rubber trees planted next to the Cathedral. On the other hand, it’s quite easy to control: just cut the stems and clear the base of the tree so that the vines dry out and disappear quickly.
Last little comment about Mucuna which, as mentioned above, flowers with difficulty in our region. From time to time, flowers appear in spite of everything: a panicle of small purple flowers, which can be smelt more than seen (the flowers are usually hidden under the foliage). Unfortunately, they have a rather unpleasant odour that smells somewhat like a vegetable soup. It is perhaps because of this particular fragrance that the plant does not bear fruit because the insects here do not seem to be attracted to this smell.
We hope this news finds you well and hope to read you soon,
Marc & Marie-Claude

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