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Nous avons déjà évoqué le fait que nous avons un parc mécanique assez important en plantation, dont toute une flotte de “grosses machines” (engins jaunes), même si pour le moment une majorité de celles-ci sont en panne ou fonctionnant de manière suboptimale. Cela nécessite évidemment un support mécanique que nous devons fournir nous-mêmes puisqu’il n’y a pas de garages ou autres ateliers mécaniques à Mapangu, or depuis le début de l’année nous n’avons plus de chef de garage. En effet, d’abord à cause de problèmes de santé puis du Covid, notre chef de garage s’est retrouvé bloqué au Portugal et nous nous sommes débrouillés avec notre équipe de mécaniciens sous la supervision du directeur de l’huilerie (qui est aussi un ingénieur mécanicien). Mais toute chose a ses limites et s’occuper en même temps d’une huilerie en pleine pointe et d’un garage qui compte plus de quarante mécaniciens, aide mécaniciens, etc., n’est pas une solution optimale.
Lorsque la possibilité de voyager entre Kinshasa et la province du Kasaï s’est assouplie un petit peu, nous en avons profité pour faire venir un nouveau candidat chef de garage, le précédent n’étant pour finir plus en mesure de continuer son travail ici. Notre nouveau chef de garage, un congolais qui a fait ses armes en partie dans des entreprises minières et donc familier avec toutes sortes d’engins, est en place depuis quelques semaines et semble avoir pris les choses en main de manière efficace, car les pannes sont rapidement réparées de manière correcte et le personnel du garage bien organisé. Il est clair que son expertise est en grande partie dans les engins lourds, ce qui nous arrange très bien puisque c’est ceux-ci qui nous causent le plus de problèmes, mais, à mon grand désespoir, toutes ces machines fonctionnent avec des modules de commande électroniques et il est difficile de réparer autre chose qu’une roue crevée ou une pièce manifestement cassée sans avoir un ordinateur pour brancher la bête afin de faire un diagnostic du problème. Dans le passé j’ai fréquemment eu à valider la commande de nouveaux panels pour dépanner les engins (pas toujours avec succès) parce que nos mécaniciens n’étaient pas en mesure de déterminer le réel problème et assumaient donc que le boîtier de commande devait forcément être une partie du problème. La première étape dans la mise en place de la nouvelle organisation du garage a donc été d’acquérir un ordinateur et une licence nous permettant de faire le point et d’établir des diagnostiques sur nos engins. Ainsi il semblerait que quand une machine s’arrête, chauffe ou refuse d’avancer ce n’est pas nécessairement à cause d’une défaillance mécanique mais souvent par conséquence de l’effet de la poussière, de la pluie ou de rongeurs qui affectent le “cerveau” de la machine ou du moins sa communication avec les différents organes de celle-ci. Oh que je regrette le temps ou un moteur était un moteur et une boîte de vitesse un système mécanique, alors que maintenant tout dépend de sondes, circuits électroniques et programmes que nous sommes évidemment incapables de réparer ou corriger sur place.
Pour donner un simple exemple, l’un des générateurs de l’usine avait tendance à chauffer et puis finalement refusait de tourner au-delà d’une heure ou deux. Les techniciens Caterpilar venus à grands frais sur place (avec leur ordinateur) ont décrété que le panneau était défectueux et devait être reprogrammé. Nous avons donc envoyé le dit panneau à Kinshasa par avion pour le récupérer deux semaines plus tard, soit-disant “reprogrammé” mais donnant exactement les mêmes problèmes. Verdict c’est la pièce elle-même qui est défectueuse et qu’il faut remplacer, nous commandons donc un nouveau panneau, programmé par les “spécialistes” de Kinshasa et qui est, derechef, expédié par avion, mais celui-ci fonctionne encore moins bien que l’ancien défectueux… Une erreur de programmation nous dit-on, donc renvoi du “nouveau” panneau à Kinshasa pour une deuxième programmation (entre temps plus d’un mois s’est écoulé durant lequel nous n’avons pas eu l’usage du générateur). Le panneau nouvellement programmé qui nous est expédié après quelque temps ne fonctionne toujours pas, donc nous décidons de faire revenir le technicien Caterpilar pour une nouvelle expertise. Verdict du spécialiste (sur base de son diagnostic informatique) : il faut changer tous les injecteurs, la pompe d’injection et un régulateur dont j’ai oublié le nom, qui doivent évidemment être importés car non-disponible en RDC. Après le départ du spécialiste, qui a dû rester une semaine de plus que prévu car, outre le diagnostic ordinateur, il avait jugé bon de démonter toutes sortes d’éléments qu’il s’apprêtait à abandonner dans un coin et nous avons donc insisté à ce qu’il ré-assemble tout ce qu’il avait démonté avant de le laisser repartir. Dans l’attente des pièces (pour les importations il faut compter plusieurs mois entre le moment de la commande et l’arrivée en plantation), nous demandons à un mécanicien de nettoyer le générateur à fond (y compris le réservoir de carburant qui avait accumulé 5 années de dépôts) et ce faisant il découvre qu’un tout petit fil a dû être rongé par une souris ou un rat, que nous décidons donc de remplacer… Du coup le générateur remarche normalement, avec l’ancien panneau sans aucun problème de chauffe ou d’arrêt. Lorsque nous interrogeons le spécialiste Caterpilar à ce sujet, et surtout remettant en cause sa facture assez salée, il nous dira que malheureusement son ordinateur ne permet pas d’identifier si des fils sont endommagés… Toute cette histoire nous à pris pas loin de 3 mois et nous sommes maintenant les heureux propriétaires de tout un lot de pièces de rechange supplémentaires non-essentielles (mais qui finiront certainement par être utilisées).
Ce n’est pas la première fois que de petits mammifères sont la cause de problèmes de fonctionnement ce qui nous rappelle que la chasse aux rats et aux souris est au moins aussi importante que d’avoir un mécanicien capable de réparer les engins.
Il y a trois ans nous avons eu un problème similaire avec notre pont bascule qui nous donnait des pesées pour le moins fantasques. Le directeur technique de l’époque à commencé par refuser de reconnaître le problème, en partie parce que les pesées sous-estimaient les quantités de régimes et de fruits réceptionnées et lui donnait donc de très bons résultats d’extraction dans l’huilerie, un des critères d’évaluation de la performance de l’huilerie. Lorsque nous avons finalement réussi à convaincre le directeur technique que son pont bascule ne fonctionnait pas correctement (pour le convaincre j’ai fait peser ma voiture en la positionnant à trois endroits différents du pont et alors que normalement la pesée devrait être identique il y avait jusqu’à 500kg de différence entre les pesées) la conclusion était qu’il fallait changer les senseurs du pont bascule (il y en a six et c’est évidemment un système électronique). Nous avons donc passé commande pour six senseurs, qui devaient, bien entendu, être importés et n’arriveraient donc que dans x mois. Dans l’attente nous avons décidé de faire un nettoyage approfondi de tous les espaces et circuits du pont bascule et avons découvert que dans l’un des boîtiers une famille de souris s’était installée et avait grignoté tous les fils venant des senseurs. Sans surprise, après délogement des souris et remplacement des fils le pont bascule fonctionnait à nouveau tout à fait correctement et nous disposons donc de six senseurs de réserve en magasin, pour le cas où…
Morale de l’histoire, même pour les très gros engins, l’ennemi numéro un ici sont les souris et les rats.
Nous espérons bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
We have already mentioned the fact that we have a rather important machine collection on the plantation, including a whole fleet of “big engines” (yellow machines), even if for the moment a majority of them are broken down or working in a suboptimal way. This obviously requires mechanical support that we have to provide ourselves since there are no garages or other mechanical workshops in Mapangu. However, since the beginning of the year, we no longer had a garage manager. Indeed, first because of health problems and then because of Covid, our garage manager got stuck in Portugal and we managed to get by with our team of mechanics under the supervision of the oil mill manager (who is also a mechanical engineer). But everything has its limits, and taking care at the same time of an oil mill in full peak production and a garage with more than forty mechanics, helpers, etc., is not an optimal solution.
When the possibility of traveling between Kinshasa and the Kasai province became a little more flexible, we took advantage of the opportunity to bring in a new candidate to head of the garage, as the previous one was no longer able to continue his work here. Our new garage foreman, a Congolese who has worked partly in mining companies and is therefore familiar with all kinds of machinery, has been in place for a few weeks and seems to have taken things in hand effectively, as breakdowns are quickly and properly repaired and the garage staff is well organized. It is clear that his expertise is largely in heavy machinery, which suits us very well since these are the ones that cause us the most problems, but, to my great despair, all these machines work with electronic control modules and it is difficult to repair anything other than a punctured wheel or a clearly broken part without having a computer to plug in to diagnose the problem. In the past I have had to validate the purchase of control of new panels to repair the machines (not always successfully) because our mechanics were not able to determine the real problem and therefore assumed that the control panel had to be part of the problem. The first step in the implementation of the new garage organization was to acquire a computer and a license allowing us to take stock and establish diagnostics on our machines. Thus it would seem that when a machine stops, heats up or refuses to move forward it is not necessarily due to a mechanical failure but often as a consequence of the effect of dust, rain or rodents that affect the “brain” of the machine or at least its communication with the different organs of the machine. Oh, I regret the time when an engine was an engine and a gearbox a mechanical system, whereas now everything depends on sensors, electronic circuits and programs that we are obviously unable to repair or correct on the spot.
To give a simple example, one of the generators at the plant tended to heat up and then finally refused to run for more than an hour or two. The Caterpilar technicians who came at great expense on site (with their computer) determined that the panel was defective and needed to be reprogrammed. So we sent the panel to Kinshasa by plane to pick it up two weeks later, supposedly “reprogrammed” but with exactly the same problems. Verdict it is the part itself that is defective and needs to be replaced, so we order a new panel, programmed by the “specialists” in Kinshasa and which is, again, sent by plane, but this one is even less performant than the old defective one… We are told that there is a programming error, so we send the “new” panel back to Kinshasa for a second programming (in the meantime more than a month has passed during which we have not had the use of the generator). The newly programmed panel sent to us after some time still does not work, so we decide to send the Caterpilar technician back for a new expertise. Verdict of the specialist (based on his computer diagnosis): we have to change all the injectors, the injection pump and a regulator whose name I forgot, which obviously have to be imported because not available in DRC. After the departure of the specialist, who had to stay one week longer than planned because, in addition to the computer diagnosis, he had seen fit to dismantle all sorts of elements that he was about to leave in a corner and we therefore insisted that he reassembled everything he had dismantled before letting him go. While waiting for the parts (for imports it takes several months from the time of order to the arrival in the plantation), we assigned a mechanic to clean the generator thoroughly (including the fuel tank which had accumulated 5 years of deposits) and in doing so he discovers that a very small wire must have been gnawed by a mouse or a rat, so we decide to replace it … Since then the generator works normally, with the old panel and without any heating or shutdown problems. When we ask the Caterpilar specialist about this, and especially questioning his rather hefty bill, he tells us that unfortunately his computer does not enable him to identify if wires are damaged… This whole process took us not far from 3 months and we are now the happy owners of a whole lot of additional non-essential spare parts (but which will certainly end up being used).
This is not the first time that rodents are the cause of operating problems, which reminds us that hunting rats and mice is at least as important as having a mechanic capable of repairing them.
Three years ago we had a similar problem with our weighbridge that was giving us erratic weigh-ins, to say the least. The technical director at the time initially refused to acknowledge the problem, partly because the weights were underestimating the quantities of bunches and fruit received and therefore gave him very good extraction results in the oil mill, one of the criteria for evaluating the performance of the oil mill. When we finally managed to convince the technical director that his weighbridge was not working properly (to convince him I had my car weighed by positioning it in three different places on the bridge and while normally the weighing should be the same there was up to 500kg difference between the weighs) the conclusion was that the weighbridge sensors had to be changed (there are six of them and it is obviously an electronic system). So we placed an order for six sensors, which of course had to be imported and would only arrive in x months. In the meantime we decided to do a thorough cleaning of all the spaces and circuits of the weighbridge and discovered that in one of the boxes a family of mice had settled and nibbled all the wires coming from the sensors. Unsurprisingly, after dislodging the mice and replacing the wires, the weighbridge was working perfectly well again and we have six spare sensors in stock, in case we need them…
Moral of the story, even for very large machines, the number one enemy here are mice and rats.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude