See below for English text
A l’exception de certains pays comme le Rwanda et plus récemment le Kenya et l’Ouganda qui ont eu le courage de bannir tous les plastiques et de pénaliser sévèrement les contrevenants, beaucoup de pays africains souffrent du fléau des déchets en plastique sous toutes ses formes et malheureusement même dans notre coin reculé de Mapangu nous n’y échappons pas. Compte tenu des moyens financiers limités de la majorité de la population, quand il s’agit de se doter ustensiles pour la maison la solution la plus économique est d’opter pour des seaux, bassines, passoires et autres objets en plastique, généralement de qualité très médiocre et qui doivent donc être remplacés trop régulièrement et dont les débris sont abandonnés dans la nature aux environs des habitations. Malheureusement, ici il n’y a quasi pas d’artisanat local telle que de la poterie, vannerie ou travail du bois qui permettrait de remplacer ces objets en plastique et les alternatives et métal (émaillé ou non) sont beaucoup plus coûteuses et donc quasi absentes dans nos marchés et rares boutiques locales.
Outre les objets utilitaires en plastique, ici tout objet (généralement importé de Chine) est vendu dans un emballage en plastique et il en va de même pour beaucoup de produits locaux comme les arachides, sucre ou féculents qui sont vendus dans des sachets en plastique évidemment pas réutilisables. Tous ces plastiques se retrouvent par terre, dans les champs aux alentours des habitations ou concentrés dans les zones de ruissellement des eaux des pluies. Nous avons notre part de responsabilité dans la présence de plastiques dans la nature car, lors de la plantation des palmiers, les sachets de pépinière ont généralement été abandonnés sur place et dix ans plus tard ils sont toujours là à nous narguer. Afin d’essayer de résoudre ce problème, nous avons offert de payer une prime pour chaque sachet récolté et livré dans un centre de collecte, ce qui nous a permis de récolter près d’un demi million de sachets en quelques mois, comme quoi rien de tel qu’une motivation financière pour faire bouger les choses. Nous envisageons d’essayer de faire la même chose pour tous les autres plastiques qui traînent dans la plantation tels que sachets, flacons vides, morceaux de seaux et bassines, etc. et ainsi nettoyer un petit peu les alentours des camps, abords des routes et zones de concentration.
Tout cela représente évidemment des gros volumes que nous ne pouvons pas stocker indéfiniment et ce serait malheureux de mettre tout cela dans un grand trou avec le risque qu’un jour le tout se retrouve à nouveau dans la nature à cause des effets de l’érosion ou autre modification de topographie du terrain. Il n’y a pas d’entreprise qui est en mesure de reprendre nos déchets et nous ne souhaitons pas non plus les brûler car, même si relativement limitée, cela provoquerait une pollution atmosphérique dont nous ne voulons pas être responsables. Pour le moment la meilleure solution que nous avons trouvée est de faire fondre le plastique et de le mélanger à du sable pour ensuite couler le mélange dans des moules pour en faire des dalles. Nous fabriquons ainsi tous les jours un lot de dalles (octogonales ou carrées) qui semblent assez résistantes et que nous pouvons utiliser comme revêtement de sol dans les douches et/ou parking de motos. Outre les sachets, nous utilisons les ustensiles en plastique déclassés (pulvérisateurs, seaux, etc.) dont le résultat est invariablement de la même couleur noire.
Pour certains des autres déchets comme le papier ou le carton nous avons moins de problèmes car ceux-ci sont mélangés à d’autres matières organiques pour être compostés, même si pour le moment nous avons beaucoup de mal à faire comprendre que le compost peut par la suite être utilisé pour améliorer la croissance des plantes.
Pour certains de nos “déchets” comme les batteries déclassées et le métal nous n’avons pas de problèmes de recyclage car il y a plutôt plus de demandes (même payantes) que de stock. Le métal est généralement envoyé à Kinshasa pour être vendu à des prix qui peuvent aller jusqu’à 350 USD par tonne, tandis que les batteries sont utilisées pour en tirer le tout petit peu de courant qu’elles peuvent encore fournir pour l’éclairage domestique. Par contre une fois que les batteries sont tout à fait mortes nous ne savons pas ce qu’il en advient, si ce n’est que l’acide est probablement récupéré pour des usages divers et le plomb utilisé pour lester les filets de pêche (et empoisonner les poissons par la même occasion).
Les articles de notre déchetterie qui nous posent le plus gros problèmes sont les filtres moteurs usagés qui commencent tout doucement à occuper un volume assez impressionnant et que nous sommes obligés de stocker dans des bacs étanches pour éviter une contamination du sol avec des fuites éventuelles d’huile. Pour les filtres contenus dans des enveloppes en métal nous pouvons parfois encore trouver des usages tels que fabrication de petits récipients pour mesurer le carburant ou le lubrifiant ou des chapeaux pour les piquets, mais la matière filtrante elle-même imbibée d’huile ou de carburant sale est inutilisable et ici aussi la destruction par le feu n’est pas une solution compatible avec les règles environnementales.
Il n’y a pas qu’au niveau de la plantation que les déchets posent problème car à la maison aussi, contrairement à ce que l’on pourrait croire pour un coin reculé comme le nôtre, nous accumulons une quantité surprenante de déchets en plastique avec les quelques produits achetés à Kinshasa. Dans notre usage quotidien, Marie-Claude à remplacé, lorsque c’est possible, les contenants en plastique avec des contenants en verre et/ou des sachets en papier que nous avons ramené en grande quantité de Belgique. Ce serait toutefois mentir de dire que nous n’utilisons pas de plastique car pour certains produits, surtout ceux qui doivent aller au congélateur, nous utilisons des sachets en plastique étanches, mais ceux-ci sont réutilisés le plus longtemps possible et seulement éliminés lorsqu’ils sont réellement au bout du rouleau. Il va sans dire que tout ce qui est biodégradable va au compost (qui dans notre cas est utilisé intégralement dans le potager), mais il reste néanmoins des déchets comme les boîtes de conserve, emballages plastique et autre objets non dégradables qu’il faut éliminer d’une manière ou d’une autre et pour le moment la seule alternative est de les enfouir dans un grand trou… un peu comme faisaient mes grands-parents avant qu’un système de ramassage des ordures soit mis en place par les autorités communales (probablement initialement pour aller les mettre dans un autre plus grand trou).
Même si toutes ces matières finissent par trouver leur chemin dans la nature et probablement dans les cours d’eau pour finalement aboutir dans l’océan, le seul avantage local est que tout est utilisé et réutilisé jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de la faire. Ainsi que ce soit une bouteille en plastique vide, un vieux bidon d’huile ou une boîte en frigolite, tant que cet objet peut vaguement servir à quelque chose il sera précieusement gardé et utilisé et, à juger des la couleur de certaines bouteilles utilisées pour amener de l’eau en plantation par nos travailleurs, cette vie est parfois surprenamment longue.
Finalement sachez que, mis à part les problèmes de déchets, notre province du Kasaï est officiellement toujours indemne du coronavirus. Les autorités locales semblent même penser que le risque est passé car plus aucune mesure préventive n’est prise à l’encontre de voyageurs venant de l’extérieur. Nous continuons toutefois à prendre toutes les précautions possibles comme port de masques, lavage des mains et contrôle de température à l’entrée des installations.
Prenez soins de vous et à bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
With the exception of some countries like Rwanda and more recently Kenya and Uganda who have had the courage to ban all plastics and severely penalise offenders, many African countries suffer from the scourge of plastic waste in all its forms and unfortunately even in our remote corner of Mapangu we are not immune to it. Given the limited financial means of the majority of the population, when it comes to acquiring utensils for the home the most economical solution is to opt for buckets, basins, sieves and other plastic objects, which are generally of very poor quality and therefore need to be replaced too regularly and whose debris are left in the wild in the vicinity of the homes. Unfortunately, here there is almost no local handicraft such as pottery, basketry or woodwork that would allow to replace these plastic objects and the metal alternatives (enamelled or not) are much more expensive and therefore almost absent in our markets and rare local stores.
In addition to the utilitarian plastic objects, here any object (usually imported from China) is sold in plastic packaging and the same is true for many local products such as peanuts, sugar or starchy foods which are sold in plastic bags obviously not reusable. All these plastics end up on the ground, in the fields around houses or concentrated in rainwater run-off areas. We have our share of responsibility for the presence of plastics in nature because, when the palm trees were planted, the nursery bags were generally left on the spot and ten years later they are still there taunting us. To try to solve this problem, we offered to pay a premium for each bag collected and delivered to a collection center, which allowed us to collect almost half a million bags in a few months, hence there is nothing like a financial incentive to make things happen. We plan to try to do the same for all the other plastics that are lying around the plantation such as bags, empty bottles, pieces of buckets and basins, etc. and thus clean up a little bit the surroundings of the camps, roadsides and areas of concentration.
All this obviously represents large volumes that we cannot store indefinitely and it would be unfortunate to put all this in a big hole with the risk that one day it will all end up back in nature because of the effects of erosion or other changes in the topography of the land. There is no company that is able to take back our waste, nor do we want to burn it because, even if relatively small, it would cause air pollution for which we do not want to be responsible. At the moment the best solution we have found is to melt the plastic and mix it with sand and then pour the mixture into moulds to make tiles. This way we make every day a batch of slabs (octagonal or square) that look strong enough and that we can use as flooring for example in showers and/or motorcycle parking lots. In addition to the bags, we also use downgraded plastic utensils (sprays, buckets, etc.), with the resulting tiles coming invariably come in the same black color.
For some of the other waste such as paper or cardboard we have fewer problems because these are mixed with other organic materials to be composted, although at the moment we have a lot of trouble getting people to understand that the compost can later be used to improve plant growth.
For some of our “waste” such as old batteries and metal we do not have problems with recycling because there is more demand (even paying for it) than stock. The metal is usually sent to Kinshasa to be sold at prices as high as US$350 per ton, while the batteries are used to draw the very little power they can still provide for household lighting. However, once the batteries are completely dead we do not know what happens to them, except that the acid is probably recovered for various uses and the lead used to ballast the fishing nets (and poison the fish at the same time).
The items in our recycling center that we have the biggest problems with are the used engine filters that are slowly starting to take up quite a lot of space and that we have to store in leak-proof bins to avoid soil contamination with possible oil leaks. For filters contained in metal envelopes we can sometimes still find uses such as making small containers for measuring fuel or lubricant or caps for stakes, but the filter material itself soaked with oil or dirty fuel is unusable and here too destruction by fire is not an environmentally compatible solution.
It is not only at the plantation level that waste is a problem because at home too, contrary to what one might think for a remote corner like ours, we accumulate a surprising amount of plastic waste with the few products we buy in Kinshasa. In our daily use, Marie-Claude has replaced, when possible, the plastic containers with glass containers and/or paper bags that we brought back in large quantities from Belgium. However, it would be a lie to say that we don’t use plastic because for some products, especially those that have to go to the freezer, we use waterproof plastic bags, but these are reused as long as possible and only disposed of when they are really at the end of their roll. It goes without saying that everything that is biodegradable goes to compost (which in our case is used entirely in the vegetable garden), but there is still waste such as cans, plastic packaging and other non-degradable objects that must be disposed of in one way or another and for the moment the only alternative is to bury them in a big hole… a bit like my grandparents used to do before a garbage collection system was set up by the communal authorities (probably initially to go and put them in another bigger hole).
Even if all this material eventually finds its way into nature and probably into the streams that end up into the ocean, the only local advantage is that everything is used and reused until it is no longer possible to do so. So whether it is an empty plastic bottle, an old oil can or a polystyrene box, as long as that object can serve some purpose it will be preciously kept and used and, judging by the color of some of the bottles used to bring water to the plantation by our workers, this life is sometimes surprisingly long.
Finally, you should know that, apart from the waste problems, our province of Kasai is officially still free of coronavirus. The local authorities even seem to think that the risk is over because no more preventive measures are taken against travelers coming from outside. However, we continue to take all possible precautions such as wearing masks, hand washing and temperature control at the entrance of the facilities.
Take care and see you soon,
Marc & Marie-Claude