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Education

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Malgré le fait que les écoles aient été fermées pendant six mois et qu’ici les alternatives pour l’éducation à distance sont, disons-le, quasi nulles, les autorités ont décidé de procéder malgré tout à l’organisation des examens d’état et les dissertations pour les étudiants de sixième année, examens qui ont pris fin cette semaine. L’organisation des examens d’état n’est pas une mince affaire ici car pour cette opération il y a toute une escouade d’inspecteurs qui sont envoyés dans les centres d’examens à travers le pays et le tout est encadré par les autorités politico-administratives comme s’il était question d’élections nationales. Tout le monde est mobilisé, allant des encadreurs du ministère de l’éducation à l’ANR (agence de renseignements) et la police, pendant toute la durée des épreuves. Il faut dire que cette opération n’est pas gratuite car outre les “frais” auxquels je reviendrai plus tard, l’état a fixé le montant à payer pour la participation à la dissertation et l’examen d’état à la modique somme de 80.000 francs, soit l’équivalent de presque tout un mois de salaire pour l’ouvrier ordinaire. Comme ici il n’est pas rare que deux enfants de la même famille soient en classe terminale en même temps, vous imaginez la charge financière que cela représente pour un travailleur, sans compter les frais scolaires qu’il a fallu payer pour en arriver là.
Peu importe si les cours ont été suspendus depuis le mois de mars, ce qui a quand même représenté un manque à gagner pour le corps enseignant qui n’a souvent que les participations des parents d’élèves pour vivre, la plupart des établissements scolaires n’ont rien trouvé de mieux que d’exiger également le paiement des frais scolaires de l’année passée, sachant que les parents ne voudront pas prendre le risque de voir leur progéniture refusée aux examens d’état. Ces “frais” supplémentaires sont parfois l’équivalent de 150% du coût officiel des examens d’état et finissent dans la poche des enseignants, inspecteurs et évidemment aussi l’ANR et la police, voire parfois même l’armée qui estime sa présence nécessaire.
Le “pompon” dans tout cela reste ce qui est pudiquement appelé frais de “labo” qui est, soit payé à un “professeur” pour qu’il remplisse lui-même les questions d’examen que l’élève pourra ensuite copier, soit pour payer une autre personne qui passera l’examen en lieu et place de l’élève. Ce qui est inquiétant est que même lorsque l’épreuve a été faite par un professeur, le résultat des examens est souvent à peine au-dessus du minimum de 51% pour la réussite.
Tout le monde sait que la qualité de l’enseignement dans le pays va du médiocre à l’exécrable, surtout dans une zone reculée comme la nôtre, et que le “diplôme” est donc une farce que Brabanta, par exemple, ne prendra jamais en compte comme critère de sélection lors du recrutement. Pour tous nos recrutements, quel que soit le niveau, nous faisons passer des tests aux candidats afin d’établir au minimum s’il sont capables de lire, écrire et compter. C’est édifiant, ainsi nous avons eu un professeur de sciences qui a postulé pour un poste au laboratoire de notre huilerie et quelle surprise de découvrir qu’il était totalement incapable de faire une règle de trois et nous avons eu un professeur d’anglais qui a postulé pour un poste au secrétariat qui était incapable d’écrire une simple lettre de remerciements en anglais… pauvres élèves.
Malgré le fait que le diplôme n’a aucune valeur comme preuve de connaissances et que sont coût est exorbitant, aucun parent ne peut se résoudre à ce que ses enfants n’obtiennent pas un diplôme pour des études qui leur ont coûté sang et eau. Nos travailleurs sont donc tous prêts à s’endetter pour payer les frais officiels, les frais “supplémentaires” et même le “labo” si nécessaire pour avoir le fameux bout de papier. Cela va tellement loin qu’une de nos employées, dont la fille s’est récemment mariée et est partie (enceinte) vivre avec son mari dans une autre province, a payé une fille pour faire la dissertation et l’examen d’état en lieu et place de sa fille. Comble de malchance, la fille en question est tombée malade (après avoir payé les frais de dissertation et d’examen évidemment) et n’a pas pu passer les épreuves, mais elle à quand même exigé que notre employée lui paie le montant convenu pour son “service” ainsi que les frais médicaux, puisqu’elle travaillait pour son compte.
Outre les déficiences du système d’éducation, les capacités intellectuelles de la majorité de la population locale sont aussi le résultat d’une alimentation carencée (basée principalement sur la farine et les feuilles de manioc) qui d’une part est déficiente en un certain nombre d’acides aminés essentiels pour le développement cérébral et d’autre part probablement toxique à cause des restes de cyanure qui ne sont pas toujours bien éliminés lors du rouissage. Non contents d’avoir une alimentation qui est loin d’être optimale, la prévalence de la malaria est aussi un facteur connu pour son effet néfaste sur le développement neurologique et donc des capacités intellectuelles de la population en général et des enfants en particulier.
Une solution idéale est difficile à concevoir car celle-ci devrait tenir compte de ces facteurs interdépendants et être appuyée par un gouvernement fort et investi. Ce qui n’est pas encore le cas à l’heure actuelle.
J’ai eu l’occasion de rencontrer le ministre norvégien de l’environnement lors de l’une de ses visites à Kinshasa et, même si son mandat concerne principalement l’environnement, son analyse concernant les moyens à mettre en œuvre pour arriver à protéger l’environnement n’était pas seulement de créer des parcs ou des zones protégées :
– Pour protéger l’environnement il faut diminuer la pression démographique
– Pour protéger l’environnement il faut améliorer l’éducation de la population, ce qui est plus facile à faire si les familles sont moins nombreuses
– Pour protéger l’environnement il faut passer d’un mode de chasse, de cueillette et de culture itinérante vers un système de production agricole intégré, qui permet d’assurer une alimentation plus équilibrée et régulière.
Ici à Mapangu il n’y a pas d’agent du ministère de l’agriculture pour promouvoir ou encadrer la production alimentaire, excepté dans le but de perception de taxes diverses, et les agents de la zone de santé ne sont pas équipés pour faire de la sensibilisation sur le planning familial. De plus, le nombre de femmes et d’enfants est encore considéré comme preuve de richesse dans la mentalité autochtone et la mortalité infantile très élevée fait que la tendance est de faire beaucoup d’enfants afin que quelques uns au moins survivent et puissent aider les parents aux champs ou pour des tâches ménagères, à défaut d’aller à l’école qui n’est financièrement pas accessibles à tous.
Désolé pour ce tableau pas très réjouissant, espérons que les choses puissent un jour évoluer vers une situation plus positive qui permettrait au pays de réaliser son potentiel, qui est, d’autre part, gigantesque.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Jacaranda
Pourquoi pousser quand on peut porter? – Why push when you can carry?
Piscine – Swimming pool
Visiteurs de la semaine – Visitors of the week

Despite the fact that schools have been closed for six months and that here the alternatives for distance education are, it must be said, almost nil, the authorities have decided to proceed nevertheless with the organisation of state examinations and essays for sixth grade students, examinations that ended this week. The organisation of the state examinations is no small matter here because for this operation there is a whole squad of inspectors who are sent to examination centres throughout the country and the whole thing is supervised by the political-administrative authorities as if it were a question of national elections. Everyone is mobilised, from the Ministry of Education’s supervisors to the ANR (intelligence agency) and the police, for the duration of the exams. It has to be said that this operation is not free of charge because, in addition to the “costs” to which I will return later, the state has set the amount to be paid for taking part in the dissertation and the state examination at the modest sum of 80,000 francs, the equivalent of almost a whole month’s salary for an ordinary worker. As here it is not uncommon for two children from the same family to be in the final year of secondary school at the same time, you can imagine the financial burden this represents for a worker, not to mention the school fees that had to be paid to get to this point.
Regardless of whether classes have been suspended since March, which has meant a loss of income for the teaching staff (who often have only the parents’ contributions to live on), most schools have found nothing better than to demand payment of last year’s school fees as well, knowing that the parents will not want to take the risk of having their offspring refused state examinations. These additional “fees” are sometimes equivalent to 150% of the official cost of the state exams and end up in the pockets of teachers, inspectors, and of course also the ANR and the police, and sometimes even the army, which considers its presence necessary.
The “culmination” in all this remains, what is modestly called “lab” fees, which are either paid to a “teacher” to fill in the examination form himself, which the student can then copy, or to another person to take the examination in place of the student. What is worrying is that even when the test has been taken by a teacher, the exam result is often barely above the minimum 51% pass mark.
Everyone knows that the quality of education in the country ranges from mediocre to abysmal, especially in a remote area like ours, and that the “diploma” is therefore a farce that Brabanta, for example, will never take into account as a selection criterion when recruiting. For all our recruitments, whatever the level, we test candidates to establish at least whether they are able to read, write and count. It is edifying, so we had a science teacher who applied for a job in the laboratory of our oil mill and what a surprise to discover that he was totally unable to make a rule of three and we had an English teacher who applied for a job in the secretariat who was unable to write a simple thank you letter in English – poor students.
Despite the fact that the diploma has no value as proof of knowledge and its cost is exorbitant, no parent can bring himself to the point where his children do not get a document to prove that they have gone through studies that have cost them a pound of flesh. Our workers are therefore all too ready to accumulate significant debts to pay the official fees, the “extra” costs and even the “lab” if necessary to get the famous piece of paper. This has gone so far that one of our workers, whose daughter recently got married and left (pregnant) to live with her husband in another province, paid another girl to do the dissertation and the state exam in place of her daughter. To make matters worse, the girl in question became ill (after paying the essay and exam fees, of course) and was unable to take the exams, but she still demanded that our employee pay her the agreed amount for her “service” as well as the medical expenses, since she was working on her account.
In addition to the deficiencies of the education system, the intellectual capacities of the majority of the local population are also the result of a deficient diet (based mainly on casava flour and leaves) which on the one hand is deficient in a number of amino acids essential for brain development and on the other hand is probably toxic because of the cyanide residues which are not always well eliminated during retting. In addition to a diet that is far from optimal, the prevalence of malaria is also a factor known for its harmful effect on the neurological development and therefore the intellectual capacities of the population in general and of children in particular.
An ideal solution is difficult to conceive as it should take into account these interrelated factors and be supported by a strong and invested government. This is not yet the case at present.
I had the opportunity to meet the Norwegian Minister of Environment during one of his visits to Kinshasa and although his mandate is mainly about the environment, his analysis on how to achieve environmental protection was not only about creating parks or protected areas:
– In order to protect the environment, demographic pressure must be reduced.
– In order to protect the environment it is necessary to improve the education of the population, which is easier to do with smaller families.
– In order to protect the environment, it is necessary to move from hunting, gathering and shifting cultivation to an integrated agricultural production system that ensures a more balanced and regular diet.
Here in Mapangu there is no extension service from the Ministry of Agriculture to promote or supervise food production, except for the purpose of collecting various taxes, and health zone agents are not equipped to raise awareness about family planning. Moreover, the number of women and children is still considered proof of wealth in the indigenous mentality and the very high infant mortality rate means that the tendency is to have many children so that at least some survive and can help parents in the fields or with household chores, failing to go to school, which is not financially accessible to all.
Sorry for this not very happy picture, let’s hope that one day things can evolve towards a more positive situation that would allow the country to realise its potential, which is, on the other hand, gigantic.
Read you soon,
Marc & Marie-Claude

One reply on “Education”

(English below) La RDC est un des rares pays au monde où les écoles paient le gouvernement pour pouvoir enseigner. Au plus elles ont des élèves au plus elles paient. L’aide britannique – DFID – qui consacre tout son budget à l’éducation a proposé au Ministre de l’éducation de couvrir ces frais. Madame Kabila aurait été ravie et a exigé que cela passe par son compte. Se non e vers e ben trovato.
IDAY-Kivu a établi des comités d’élèves dans lesquels les élus et la police locaux sont représentés pour éviter les abus des profs qui soumettent la délivrance des diplômes à des conditions spéciales. Quelques-uns sont aujourd’hui en prison pour abus. Pour augmenter la capacité cognitive des enfants, IDAY installe des jardins scolaires avec des plantes à haute valeur nutritive et médicinales dont l’Artemisia. De plus, en intégrant le jardin dans la pédagogie, on améliore aussi l’assimilation des connaissances et sensibilise aux questions d’environnement. Si le ministre norvégien daignait nous accorder quelqu’intérêt. Malheureusement, comme la plupart des pays européens, il faut être norvégien pour bénéficier de leur aide.
Si Marc et Marie-Claude veulent une aide d’IDAY, il faut contacter soit Antoine Illunga à Kin ( ilungaantoine2015@gmail.com) soit Jimmy à Uvira (secretaireidaykivu.rdc@gmail.com). Courage. JJ
The DRC is one of the few countries in the world where schools pay the government to teach. The more students they have, the more they pay. The British aid – DFID – which devotes its entire budget to education has proposed to the Minister of Education to cover these costs. Mrs. Kabila would have been delighted and demanded that this be done through her account. Se non e vers e ben trovato.
IDAY-Kivu has established student committees in which elected officials and the local police are represented in order to avoid abuses by teachers who subject the issuance of diplomas to special conditions. Some of them are now in prison for abuse. To increase the cognitive capacity of the children, IDAY installs school gardens with plants of high nutritional and medicinal value including Artemisia. Moreover, by integrating the garden in the pedagogy, we also improve the assimilation of knowledge and raise awareness on environmental issues. If the Norwegian minister would deign to grant us any interest. Unfortunately, like most European countries, you have to be Norwegian to benefit from their help.
If Marc and Marie-Claude want help from IDAY, you have to contact either Antoine Illunga in Kin ( ilungaantoine2015@gmail.com ) or Jimmy in Uvira (secretaireidaykivu.rdc@gmail.com). Courage. JJ

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