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Malgré le fait que nous sommes au milieu de nulle part entourés de kilomètres de forêts et de savanes, il n’y a malheureusement pas ou peu de vie sauvage encore visible. Il y a certes toutes sortes d’oiseaux qui échappent encore un petit peu à la chasse continuelle menée contre tout ce qui bouge, ainsi nous voyons ou entendons régulièrement des perroquets gris, des calaos, des perdrix, des pintades et toutes sortes de passereaux, mais les créatures à quatre pattes se font très rares.
Il y a des exceptions et récemment il y a au moins un hippopotame qui est venu s’établir dans le Kasaï devant la plantation, je n’ai pas encore eu l’occasion de l’apercevoir car il faut aller se positionner sur les bords de la rivière en fin d’après-midi pour espérer voir cette imposante créature faire des apparitions dans l’eau, mais mes collègues confirment qu’il est bien là et aurait même renversé une pirogue qui s’était approchée de trop près de son territoire.
Sinon les animaux que nous avons l’occasion de voir sont malheureusement les créatures (rarement vivantes) que l’on voit passer sur la route comme des singes, crocodiles, tortues, etc. où celles que l’on nous propose d’acheter (généralement des perroquets). Dernièrement toutefois on est venu nous déposer deux jeunes rapaces nocturnes qui avaient été abandonnés après que des enfants aient tué la mère dans la savane. Après enquête (de Marie-Claude) il s’avère que les deux jeunes en question sont des Hiboux Moyen-Ducs (Asio otus), arrivés en très mauvais état, au point où Marie-Claude se demandait s’il ne serait pas plus humain des les euthanasier. Mais nous (Marie-Claude surtout) avons décidé d’essayer de les sauver et pour le moment le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont repris du poil (de la plume dans ce cas-ci) de la bête. N’étant pas des spécialistes nous ne saurions dire s’il s’agit de mâles ou de femelles et nous avons donc décidé que le plus petit des deux était un mâle, que nous avons surnommé “Sarkozy” tandis que l’autre un peu plus grand serait une femelle qui a été baptisée “Dame Ginette”. Nos deux volatiles ont incroyablement récupérés pendant les quelques jours de soins intensifs prodigués par Marie-Claude et mangent maintenant avec appétit leur ration individuelle de plus de 100 grammes de viande rouge par jour. Nous bénéficions évidemment de l’expérience acquise avec le sauvetage de notre chouette “Hedwige” qui semble continuer à hanter les environs de la Cathédrale avec une préférence pour la terrasse de notre collègue directeur agronomique.
Dans un premier temps les jeunes rapaces avaient été apportés chez notre cusinier Guy qui a la réputation de bien aimer et soigner les animaux, mais c’était sans compter sur la superstition qu’il y a ici concernant tout ce qui est oiseaux de nuit et il a donc poliment décliné de s’en occuper. Les deux hiboux sont encore juvéniles avec une grande partie du corps couvert de duvet plutôt que de plumes, mais les plumes sont en train de sortir et je ne serais pas surpris si d’ici une semaine ou deux ils soient capable de faire leurs premiers décollages, étape que nous ne savons pas encore comment gérer car nous avons quand même un félin qui rode aussi dans la maison et que nous n’allons pas bannir pour autant.
Hormis les activités d’élevage à la maison, les défis en plantation ne manquent pas car nous sommes dans la dernière ligne droite pour obtenir notre certification de production durable d’huile de palme, ce qui nécessite la mise en ordre de beaucoup de choses, certaines plus faciles que d’autres. Par exemple toutes nos activités doivent être décrites dans des procédures, mais doivent aussi faire l’objet de formations et autant la rédaction des procédures ne présente pas un obstacle insurmontable, faire comprendre les raisons derrière les étapes à suivre à notre personnel relève du quasi-impossible. Il y a aussi des réalisations physiques à faire telles que mettre en place des bacs de rétention pour éviter le déversement (accidentel) de lubrifiants et autres produits chimiques, la construction de logements, la construction d’écoles, l’amélioration de notre hôpital, l’équipement d’une ambulance, l’équipement des travailleurs, etc. qui sont toutes plus ou moins sous contrôle. Le seul défi majeur qui nous reste à résoudre concerne l’amélioration du traitement des effluents de l’huilerie pour éviter de rejeter des restes d’huile dans la nature. Pour cela nous avons une série de bassins (appelés lagunes), mais qui ont été mal conçus et se révèlent être trop petits et donc incapables de traiter les effluents comme prévu. Pour résoudre cela nous avons décidé, entre-autres, d’aménager un grand bassin supplémentaire en contre-bas des lagunes existantes, travail confié à un sous-traitant local qui semble faire du bon boulot. Pour aller plus vite dans son travail, le sous-traitant nous a demandé de pouvoir louer notre seul bulldozer encore opérationnel. Trop confiants (peut-être) nous avons mis le bulldozer à la disposition de l’ingénieur en charge du chantier et il n’a pas fallu un jour pour que le bulldozer se retrouve totalement enlisé dans de la boue après avoir essayé de passer par un “raccourci” pour accéder au chantier. Comme il s’agit d’une bête qui pèse plus de 25 tonnes, bien enfoncée dans de la boue de surcroit, ce n’est pas une mince affaire de le sortir de cette situation, d’autant plus que l’opérateur ne trouve rien de mieux que de démarrer l’engin de temps en temps pour essayer de sortir (et de s’enfoncer d’avantage) et qu’en parallèle les pluies sont revenues avec “gusto”.
Si ce n’était que ça, mais en plus tous nos véhicules semblent s’être donné le mot et tombent en panne les uns après les autres, ainsi nous n’avons que deux camions sur sept qui sont opérationnels, nous avons une petite dizaine de tracteurs immobilisés pour des raisons diverses et même les véhicules légers nous font des caprices en série (à l’exception de ma voiture qui, malgré le fait qu’elle est la doyenne de notre flotte, démarre fidèlement tous les jours – je touche du bois).
Le fait que notre directeur technique part en congé à la fin de la semaine ne me réjouit pas énormément, mais heureusement nous avons maintenant un chef de garage qui semble bien se débrouiller et la pointe de production devrait tout doucement diminuer et donc soulager un petit peu la pression sur le charroi de la plantation.
Comme vous pouvez le lire, nous ne manquons pas de quoi nous occuper, mais nous aurons quand même le temps de lire de vos nouvelles, donc n’hésitez-pas à nous écrire.
A très bientôt,
Marie-Claude et Marc
Despite the fact that we are in the middle of nowhere surrounded by miles of forest and savannah, there is unfortunately little or no wildlife still visible. There are certainly all kinds of birds that still escape the constant hunt against everything that moves, so we regularly see or hear grey parrots, hornbills, partridges, guinea fowls and all kinds of passerines, but four-legged creatures are very rare.
There are exceptions and recently there is at least one hippopotamus that has come to settle in the Kasaï in front of the plantation, I haven’t had the opportunity to see it yet because one has to go and stand on the river banks at the end of the afternoon to hope to see this imposing creature making an appearances in the water, but my colleagues confirm that it is indeed there and would even have knocked over a dugout canoe that came too close to its territory.
Otherwise the animals that we have the opportunity to see are unfortunately the creatures (rarely alive) that we see passing by on the road like monkeys, crocodiles, turtles, etc. or those that we are offered to buy (usually parrots). Recently, however, two young nocturnal birds of prey were brought to us, which had been abandoned after children had killed the mother in the savannah. After investigation (by Marie-Claude) it turns out that the two youngsters in question are Long-eared Owls (Asio otus), which had arrived in very bad condition, to the point where Marie-Claude wondered if it would not be more humane to euthanise them. But we (Marie-Claude especially) decided to try to save them and for the moment the least we can say is that they have regained some strength. Not being specialists we couldn’t tell if they were males or females so we decided that the smaller of the two would be a male, whom we nicknamed “Sarkozy” while the slightly larger one would be a female who was named “Dame Ginette”. Our two birds have recovered incredibly well during the few days of intensive care provided by Marie-Claude and are now eating their individual ration of over 100 grams of red meat per day with appetite. We obviously benefit from the experience gained with the rescue of our Barn Owl “Hedwige” which seems to continue to haunt the area around the Cathedral with a preference for the terrace of our agronomical director colleague.
Initially the young birds of prey had been brought to our cook Guy, who has a reputation for loving and caring for animals, but there given the local superstition about anything to do with night birds he politely declines and redirected the creatures to us. The two owls are still juveniles with a big part of their body covered with down rather than feathers, but the feathers are coming out and I wouldn’t be surprised if within a week or two they will be able to make their first take-offs, a step we don’t know how to handle yet because we still have a feline that is also roaming around the house and that we are not willing banish.
Aside from the breeding activities at home, there is no shortage of challenges in the plantation as we are in the final stretch of getting our certification for sustainable palm oil production, which requires putting many things in order, some easier than others. For example, all of our activities must be described in procedures, but they also require training, and while writing procedures is not an insurmountable obstacle, getting our staff to understand the reasons behind the steps to be taken is almost impossible. There are also physical things to be done such as setting up retention bins to prevent (accidental) spills of lubricants and other chemicals, building houses, building schools, improving our hospital, equipping an ambulance, equipping workers, etc., all of which are more or less under control. The only major challenge we still have to solve is to improve the treatment of oil mill effluent in order to avoid discharging oil residues into the environment. To do this we have a series of ponds, but they have been poorly designed and have proved to be too small and therefore unable to treat the effluents as planned. To solve this we decided, among other things, to build a large additional pond below the existing ones, a job that was entrusted to a local sub-contractor who seems to be doing a good job. In order to get the job done faster, the subcontractor asked us to rent our only bulldozer that is still operational. Overconfident (perhaps) we put the bulldozer at the disposal of the engineer in charge of the site and it didn’t take a day for the bulldozer to get totally stuck in mud after trying to take a “shortcut” to the site. As the bulldozer weighs more than 25 tons, and is well embedded in mud, it is no easy task to get it out of this situation, especially as the operator finds nothing better than to start the machine from time to time to try to get it out (and actually digs it deeper into the mud) and at the same time the rains have come back with “gusto”.
If it was only that, but on top of that all our vehicles seem to have been given the word and break down one after the other, so we only have two trucks out of seven that are operational, we have about ten tractors immobilised for various reasons and even the light vehicles are giving us a series of whims (with the exception of my car which, despite the fact that it is the oldest in our fleet, starts faithfully every day – I’m touching wood).
The fact that our technical director is going on leave at the end of the week doesn’t make me very happy, but fortunately we now have a garage manager who seems to be doing well and the peak production should slowly decrease and thus relieve a little bit of the pressure on the plantation’s fleet.
As you can read, we have plenty to keep us busy, but we will still have time to read your news, so don’t hesitate to write to us.
We look forward to hearing from you soon,
Marie-Claude and Marc