See below for English text
Comme tous, je présume, nous sommes inquiets de voir que les autorités décident les unes après les autres de réimposer des formes de confinement de plus en plus sévères alors que beaucoup ne se sont même pas remis des conséquences de la première vague de ce redoutable virus qui a paralysé le monde. Ce qui est inquiétant est de voir que personne ne sait réellement comment venir à bout de la pandémie, à moins d’être sur une île comme la Nouvelle Zélande, l’Ile Maurice ou Taïwan où il est possible de contrôler strictement les entrées et sorties du territoire. C’est un petit peu notre cas à Mapangu, même si les allées et venues ne sont pas réellement contrôlées, car peu de monde s’aventure sur les routes délabrées pour venir jusqu’ici et ceux qui voyagent par barge ont largement le temps de “virer leur cuti” compte tenu d’un périple qui dure au minimum trois semaines. Avec un maximum de quinze passagers arrivant chaque mois par avion et l’obligation d’avoir un test covid négatif à l’embarquement, les risques venant de ces passagers est également relativement bénin.
Il y a toutefois des aspects qui sont difficiles à comprendre, voire, qui relèvent du mystère: comment expliquer que, dans une ville comme Kinshasa où 14,5 millions de personnes vivent les unes sur les autres souvent avec 30 personnes logeant dans une maison de 50m², les consignes de prudence ne sont pas respectées (le port du masque est tout sauf appliqué, les gens s’embrassent et se saluent normalement et les possibilités de se laver les mains ou de désinfecter les objets sont quasi nulles dans la cité) et où les mouvements de masse sont énormes, le taux de progression des infections est minime et les décès (un peu plus de 300 à ce jour) dérisoires par rapport aux autres causes (malaria, accidents de la route, criminalité). Une grande partie des victimes sont du reste des personnes qui ont été en vacance ou mission en Europe où plus généralement en dehors de l’Afrique.
Plusieurs théories sont avancées, la première étant que le climat chaud est défavorable au développement du virus, mais que dire alors des pays comme le Brésil, la Floride et même l’Australie qui ne sont pas exactement des contrées froides. La deuxième est une soi-disant résistance des africains au virus, mais cela ne semble pas être le cas pour les africains vivant en Europe qui, selon les dires de leur famille restée ici en RDC, ont également attrapé le coronavirus et certains n’y ont pas survécu. La troisième hypothèse est de remettre en question les chiffres avancés par les autorités congolaises, mais les hôpitaux ne semblent pas plus sollicités qu’auparavant et nos travailleurs qui ont de la famille à Kinshasa ne font pas état d’un problème sanitaire apparent dans la mégapole.
Une collègue qui est revenue d’Europe il y a moins d’une semaine nous à fait part de son inquiétude concernant l’envolée du virus en Europe, mais paradoxalement était consternée par le contraste entre les mesures prises dans les aéroport européens comparé aux mesures mises en place ici à Kinshasa. A Paris, tant à l’arrivée qu’au départ, hormis le port du masque obligatoire, il n’y a aucune forme de contrôle et il est difficile de trouver un endroit ou se laver/désinfecter les mains en-dehors des installations sanitaires habituelles. A l’arrivée à Kinshasa, il est d’abord interdit de débarquer de l’avion si l’on ne peut pas démontrer un résultat de test covid négatif, ensuite chaque passager doit passer dans un tunnel désinfectant et doit subir une prise de température. A tous les points d’entrée où de contrôle il y a des stations de désinfection des mains avec du gel et des essuies jetables et depuis cette semaine tout les passager doivent subir un test covid rapide dans l’aéroport avant de pouvoir poursuivre leur voyage. Toute personne testée positive est immédiatement prise en charge par l’INRB et mise en quarantaine dans un centre dédié à cet effet. Ces mesures contrastent très fort avec l’image d’un pays d’ordinaire considéré comme très désorganisé, mais il faut se souvenir que la RDC a dû faire face à des épidémies bien plus redoutables telle Ebola et qui ont été contrôlées de manière efficace avec relativement peu d’assistance extérieure.
Toutes ces mesures sont certes impressionnantes, mais cela n’explique par pourquoi le virus, qui est malgré tout présent dans le pays, ne se répand pas d’avantage en particulier dans une ville comme Kinshasa où la distanciation sociale est impossible. La réponse serait-elle à chercher dans la malaria, ou plutôt le fait que la très vaste proportion de la population est régulièrement sujette à des crises de malaria qui sont traitées avec des produits divers (quinine, artémisine, chloroquine, etc.) qui pourrait avoir un effet modérateur sur le virus ? Si cette théorie était vérifiée, notre traitement au thé d’Artemisia qui semble particulièrement efficace contre la malaria pourrait également nous protéger, au moins en partie, contre les méfaits du coronavirus. C’est une théorie avancée par le chef d’état malgache qui en a fait son arme de protection sanitaire nationale en distribuant des boissons et des gélules à base d’Artemisia. Mais les conséquences positives (le pays n’a plus beaucoup de cas de covid) pourraient également être dues au fait qu’il est plus facile de contrôler les allées et venues de personnes extérieures compte tenu du caractère insulaire du pays.
Quelles que soient les explications, Marie-Claude et moi continuons de prendre religieusement notre tisane d’Artemisia pendant une semaine tous les mois et, même si ce n’est que pour la malaria, nous sommes convaincus que ce traitement nous a permis d’éviter pas mal de problèmes sanitaires que tous nos autres collègues, y compris les expatriés, ont connu pendant le temps où nous avons été ici. Pour ceux que cela intéresse nous vous conseillons de regarder le fim “malaria business“, probablement un peu biaisé mais néanmoins très intéressant.
Il y a évidemment beaucoup d’autres mystères dans ce vaste pays comme la maladie qui affecte les palmiers de Brabanta (dont il était déjà fait rapport dans des documents de la PLZ datant de la première moitié du vingtième siècle) et qui ne se retrouve nulle part ailleurs, y compris dans les plantations voisines de notre plantation. Mais ce mystère là nous en parlerons dans une autre missive.
Nous espérons recevoir de vos nouvelles et éventuellement vos idées sur ce mystère du covid.
A très bientôt,
Marie-Claude et Marc
Like all of us, I presume, you are concerned that one after another the authorities are deciding to reimpose increasingly severe forms of containment when many have not even recovered from the consequences of the first wave of this dreadful virus. What is worrying is that no one really knows how to overcome the pandemic, unless they are on an island like New Zealand, Mauritius or Taiwan, where it is possible to strictly control entry and exit from the territory. This is somewhat our case, even if the comings and goings are not really controlled, because few people venture on the dilapidated roads to get here and those who travel by barge have plenty of time to witness the effects of the disease given a journey that lasts at least three weeks. With a maximum of fifteen passengers arriving by air each month and the requirement to have a negative covid test before being able to board, the risks from these passengers is also relatively benign.
There are, however, aspects that are difficult to understand, if not mysterious: how to explain that, in a city like Kinshasa where 14.5 million people live one on top of the other, often with 30 people living in a 50m² house, precautionary instructions are not respected (the wearing of masks is anything but enforced, the city is a place where people do not refrains from kissing and hugging each other and a place where there is almost no opportunity to wash hands or disinfect objects) and where mass movement are enormous. Despite all that, the rate of progression of infections is minimal and deaths (a little over 300 to-date) derisory compared to other causes (malaria, road accidents, crime). A large proportion of the victims are people who have been on a trip or mission in Europe or, more generally, outside Africa.
Several theories have been put forward, the first being that the hot climate is unfavourable to the development of the virus, but what can be said about countries such as Brazil, Florida and even Australia, which are not exactly cold countries. The second is that Africans are supposedly resistant to the virus, but this does not seem to be the case for Africans living in Europe who, according to their families who stayed here in the DRC, have also caught the coronavirus and some have not survived. The third hypothesis is to question the figures put forward by the Congolese authorities, but the hospitals do not seem to be in greater demand than before and our workers with families in Kinshasa do not report any apparent exceptional health problem in the megalopolis.
A colleague who returned from Europe less than a week ago told us of her concern about the surge of the virus in Europe, but paradoxically was dismayed by the contrast between the measures taken at European airports compared to those put in place here in Kinshasa. In Paris, both on arrival and departure, apart from the compulsory wearing of masks, there is no form of control and it is difficult to find a place to wash/disinfect hands outside the usual toilet facilities. On arrival in Kinshasa however, it is first forbidden to disembark from the plane if a negative covid test result cannot be demonstrated, then each passenger must pass through a disinfectant tunnel and have their temperature taken. At all checkpoints there are hand disinfection stations with gel and disposable wipes and since this week all passengers must undergo a rapid covid test in the airport before they can continue their journey. Any person who tests positive is immediately taken care of by the INRB and quarantined in a dedicated centre. These measures are in stark contrast to the image of a country usually considered very disorganised, but it should be remembered that the DRC has had to deal with much more dreadful epidemics such as Ebola, which have been effectively controlled with relatively little outside assistance.
All these measures are certainly impressive, but this does not explain why the virus, which is nevertheless present in the country, does not spread further, especially in a city like Kinshasa where social distancing is impossible. Is the answer to be found in malaria, or rather the fact that the very large proportion of the population is regularly subject to malaria attacks which are treated with various products (quinine, artemisinin, chloroquine, etc.) which could have a moderating effect on the virus? If this idea were to be verified, our treatment with Artemisia tea, which seems to be particularly effective against malaria, could also protect us, at least in part, against the harmful effects of the coronavirus. It is a theory put forward by the Malagasy head of state who has made it his national health protection weapon by distributing Artemisia-based drinks and capsules. But the positive consequences (the country no longer has many cases of covid) could also be due to the fact that it is easier to control the comings and goings of outsiders given the insular nature of the country.
Whatever the explanations, Marie-Claude and I continue to take our Artemisia tea religiously for a week every month and, even if only against malaria, we are convinced that this treatment has enabled us to avoid many of the health problems that all our other colleagues, including expatriates, have experienced during our time here. By the way, for those interested, please watch the film “Malaria Business“, which is probably biaised but yet interesting to have a better understanding of what is at stake with this devastatting ailment.
There are of course many other mysteries in this vast country, such as the disease affecting the Brabanta palms (already reported in PLZ documents dating back to the first half of the twentieth century), which is found nowhere else, including in the neighbouring plantations. But we will discuss this mystery in another letter.
We look forward to hearing from you and possibly receiving your ideas about this covid mystery.
Until soon,
Marie-Claude and Marc