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La pointe de production, où tout le monde est sur le pont presque 24/24, est passée. C’est un peu comme un soufflé qui retombe d’un coup ou une bougie que l’on souffle car en pleine pointe nous récoltons parfois plus de 600 tonnes par jour. Il y a quelques semaines à peine nous récoltions encore jusqu’à 300 tonnes de régimes par jour et maintenant nous avons des journées où il y a à peine 25 tonnes qui sont livrées à l’huilerie. En pointe notre huilerie fonctionne sans arrêt jour et nuit, y compris le dimanche, pour essayer de perdre le moins possible de production, tandis que maintenant en maximum deux petites journées toute la production est absorbée. Au lieu de 60-70 véhicules qui passent sur le pont bascule chaque journée de pointe, maintenant ce sont 4-5 chargements qui arrivent et, souvent même, à peine des charges complètes, plus besoin de suivre les opérations jusqu’aux petites heures. Les difficultés actuelles sont d’un autre ordre car, si en théorie nous n’avons besoin que d’un quart ou moins de nos véhicules pour réaliser les opérations, d’une part il semble toujours y avoir des excuses pour sortir un véhicule (aller déposer de la main d’œuvre, livrer des matériaux ou outils, etc.) peu importe, d’ailleurs, s’il est question d’une seule brouette ou d’une charge complète d’engrais : les véhicules semblent en permanence sollicités. D’autre part, le retour de la saison des pluies nécessite constamment d’aller faire des dépannages de véhicules embourbés ou autrement immobilisés. Cette utilisation moins intense des véhicules est aussi une opportunité pour une recrudescence des vols de carburant facilités par la présence de véhicules non-essentiels dans différents coins de la plantation. Nous avons évidemment des chauffeurs en surnombre compte tenu des besoins de la pointe et ceux-ci trouveront une multitude de prétextes pour faire quelque chose avec leur engin plutôt que de donner un coup de main dans les travaux des champs qu’ils trouvent désormais indignes de leur statut…
La situation est la même à l’huilerie où nous nous retrouvons tout d’un coup avec deux fois trop de main d’œuvre, une partie de celle-ci est utilisée pour des travaux “d’entretien” tels que nettoyer les zones vertes, planter des fleurs ou des arbres ou aider à la réparation des routes, ces travaux sont réalisés avec peu d’enthousiasme et nous n’avons donc malheureusement pas d’autre choix que de mettre fin (ou ne pas renouveler) le contrat de travail d’une partie de nos employés en espérant qu’ils accepteront de revenir lors de la prochaine pointe.
On observe toutefois un certain calme dans la plantation avec un trafic fortement réduit, moins de bruit émanant de l’huilerie et des journées de travail qui se terminent à des heures normales, même si le travail d’entretien en plantation (qui est généralement négligé pendant la pointe) ne diminue pas. C’est aussi la période où beaucoup de monde prend ses congés (bien mérités), y compris les expatriés ce qui a fait que pendant un mois nous n’étions que deux (trois avec Marie-Claude) expatriés en plantation et en décembre-janvier nous serons même les seuls Marie-Claude et moi.
Nous pensions profiter de cette période de calme pour, Marie-Claude et moi, aller passer quelques jours à Kinshasa afin de changer de biotope et nous changer les idées, mais nous avons décidé de renoncer à cette escapade car, d’une part, nous devons être présent ici en plantation pour la visite d’une consultante qui vient nous aider dans notre démarche de certification RSPO et ensuite nous devrons garder le fort pendant que les autres expatriés prennent leur vacances et, d’autre part, parce que même si le Covid ne semble pas faire de ravages à Kinshasa nous sommes un petit peu inquiets de nous retrouver exposés à un manifeste manque de rigueur dans les mesures de précautions prises et il serait bête de se retrouver bloqués dans un centre de quarantaine à Kinshasa en cas de test positif avant notre retour à Mapangu.
Il est vrai que nous attendons la visite d’une consultante ce mois-ci, mais, en fait, les visites ont été fort limitées cette année comparé aux années précédentes (coronavirus oblige) et les choses ont donc été particulièrement calmes pour nos maisons de passage et les studios/chambre d’amis à la Cathédrale. Je présume que lorsque les choses vont se normaliser un petit peu il y aura tout d’un coup une vague de visiteurs/consultants qui vont essayer de rattraper le temps perdu.
En plantation et à Mapangu les choses sont aussi plutôt calmes, les travailleurs semblent relativement satisfaits de leur sort et nous essayons d’améliorer les choses tant que possible avec des actions sociales telles que fourniture de produits alimentaires de première nécessité, des matelas, des lampes solaires, des vélos, etc. à des prix subsidiés. Tous ces articles disparaissent en un clin d’œil malgré le fait qu’ils représentent parfois tout un mois de salaire . . . Il est vrai que les alternatives localement disponibles sont significativement plus onéreuses et que la société permet aux agents d’acheter ces articles à crédit (sans intérêt) les rendant ainsi accessibles à presque tout le monde.
A Kinshasa les choses sont un peu moins calmes car il semble que le modus vivendi conclu entre le Président et le clan de son prédécesseur ne soit plus aussi cordial qu’au début et les escarmouches politiques qui s’ensuivent ne rendent malheureusement pas la vie plus facile ni au point de vue social, ni au point de vue de décisions politiques et financières au niveau national et international. Ainsi l’obtention d’un passeport pour les congolais est devenu quasi impossible, toutes les demandes d’exonérations fiscales sont en stand-by et obtenir des visas pour les étrangers relève également du parcours des combattants (avec évidemment les motivations nécessaires à la clef). Pour cela Marie-Claude et moi bénissons le fait que nous avons réussi à obtenir un visa permanent il y a quelques années et donc échapper à toutes ces tracasseries. Ces troubles au sommet du pouvoir n’empêchent pas les autorités locales de continuer leurs pratiques, comme la récente demande de paiement de frais techniques de maintenance des voies fluviales avec évidemment des pénalités pour les arriérés, alors qu’il n’y a aucune loi ou texte réglementaire qui valide un telle taxe, mais qui n’essaye pas n’a pas… Les édiles locaux essayent également de détrôner l’actuel gouverneur de la province du Kasaï en prétextant que celui-ci aurait utilisé des deniers publiques pour son propre intérêt. Surprenante démarche compte tenu du fait que la corruption et les détournements de fonds sont un sport national ici en RDC à tous les niveaux, tous les officiels qui nous rendent visite s’attendent à recevoir un petit quelque chose (parfois pas si petit que cela) en-dessous de la table… Il paraît qu’ils ont appris cela des belges, mais ils sont certainement passés maîtres dans le développement de cet art qui ne connait manifestement pas de limites ici.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et nous serons heureux de recevoir des vôtres,
Marie-Claude et Marc
The peak of production, where everyone is on deck almost 24 hours a day, has passed. It’s a bit like a soufflé coming down or a candle being blown out, because at peak time we sometimes harvest more than 600 tonnes a day. Only a few weeks ago we were still harvesting up to 300 tons per day and now we have days when only 25 tons are delivered to the oil mill. At peak our oil mill is working non-stop day and night, including Sundays, to try to lose as little production as possible, while now in a maximum of two short days all the production is absorbed. Instead of 60-70 vehicles passing on the weighbridge every peak day, now 4-5 loads arrive and often only a few full loads, so there is no need to follow the operations until the early hours into the night. The current difficulties are of a different order because, although in theory we only need a quarter or less of our vehicles to carry out the operations, on the one hand there always seem to be excuses to take a vehicle out (to go and drop off labour, deliver materials or tools, etc.) no matter, moreover, whether it’s a single wheelbarrow or a full load of fertiliser: the vehicles seem to be under constant strain. On the other hand, the return of the rainy season means that vehicles that are stuck in the mud or otherwise immobilised have to be constantly towed. This less intense use of vehicles is also an opportunity for a resurgence in fuel theft, facilitated by the presence of non-essential vehicles in different corners of the plantation. We obviously have a surplus of drivers given the needs during the peak and they will find a multitude of pretexts to do something with their vehicles rather than helping out in the fields which they now find unworthy of their status…
The situation is the same at the oil mill where we suddenly find ourselves with twice too much labour, part of it is used for “maintenance” work such as cleaning green areas, planting flowers or trees or helping to repair roads, this work is carried out with little enthusiasm and we therefore unfortunately have no choice but to terminate (or not renew) the employment contracts of some of our employees in the hope that they will agree to come back at the next peak.
There is, however, a certain calm in the plantation with much reduced traffic, less noise from the oil mill and working days that end at normal hours, even if the maintenance work on the plantation (which is generally neglected during the peak period) does not diminish. This is also the period when many people take their (well-deserved) leave, including expatriates, which meant that for a month we were only two (three with Marie-Claude) expatriates on the plantation and in December-January we will even be the only ones with Marie-Claude and me.
We thought we would take advantage of this period of calm, Marie-Claude and I, to go and spend a few days in Kinshasa for a change of scenery and take our minds off things, but we decided to give up this escapade because, on the one hand, we have to be here at the plantation for the visit of a consultant who is coming to help us with our RSPO certification process and then we will have to hold down the fort while the other expatriates take their holidays, on the other hand, because even if the Covid does not seem to be wreaking havoc in Kinshasa we are a little worried that we are exposed to a manifest lack of rigour in the precautionary measures taken and it would be silly to find ourselves stuck in a quarantine centre in Kinshasa in case we test positive before we return to Mapangu.
It is true that we are expecting a visit from a consultant this month but, in fact, visits have been very limited this year compared to previous years (due to coronavirus) so things have been particularly quiet for our guest houses and the studios/friends’ room at the Cathedral. I assume that when things normalise a little bit there will suddenly be a wave of visitors/consultants trying to make up for lost time.
On the plantation and in Mapangu things are also rather calm, the workers seem relatively satisfied with their lot and we try to improve things as much as possible with social actions such as providing basic food items, mattresses, solar lamps, bicycles, etc. at subsidised prices. All these items disappear in the blink of an eye despite the fact that they sometimes represent a whole month’s wages … It is true that locally available alternatives are significantly more expensive and that the company allows agents to buy these items on credit (without interest) making them accessible to almost everyone.
In Kinshasa things are a little less calm because it seems that the modus vivendi concluded between the President and his predecessor’s clan is no longer as cordial as it was at the beginning, and the political skirmishes that follow unfortunately do not make life any easier either from a social point of view or for political and financial decisions at national and international level. Obtaining a passport for Congolese citizens has become almost impossible, all applications for tax exemptions are on stand-by, and obtaining visas for foreigners is also part of the combatants’ journey (with the necessary motivation to do so, of course). For this Marie-Claude and I bless the fact that we managed to obtain a permanent visa a few years ago and thus escape all this hassle. These troubles at the top of power do not prevent the local authorities from continuing their practices, such as the recent request for payment of technical fees for the maintenance of the waterways with obviously penalties for arrears, whereas there is no law or regulatory text that validates such a tax, but who doesn’t try has no chance of getting something. Local councillors are also trying to dethrone the current governor of the Kasai province on the pretext that he used public money for his own interest. Surprisingly, given that corruption and embezzlement are a national sport here in the DRC at all levels, all the officials who visit us expect to receive a little something (sometimes not so little) under the table? It seems that they learned this from the Belgians, but they are certainly masters in the development of this art which obviously knows no limits here.
We hope this news finds you well and we look forward to hearing from you,
Marie-Claude and Marc