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La production de notre plantation est l’exemple même des montagnes russes et après avoir atteint le sommet de la production en juillet-septembre nous sommes à présent dans le creux de la vague. A la différence toutefois que dans les montagnes russes c’est le sommet que l’on passe au quasi ralenti tandis que l’on dévale à toute vitesse pour passer à toute allure dans le creux, alors que notre période de vaches maigres dure plus longtemps que la pointe. Mais il est vrai que même si la production est actuellement au ralenti, nous n’en sommes pas moins occupés à fond dans beaucoup d’autres activités allant de la réparation des routes en passant par les constructions et la remise en état des engins pour continuer par les derniers préparatifs pour essayer d’obtenir notre certification RSPO (production durable).
Il est vrai qu’après la pointe tout le monde essaye de souffler un peu et c’est la période où beaucoup de personnes partent en congé, y compris les expatriés, mais pour le reste le titre de ces nouvelles est trompeur car même si nos besoins en transport sont fortement réduits et que l’huilerie ne tourne plus qu’un jour par semaine, les journées de travail restent longues et bien remplies, surtout pour ceux qui restent en plantation. C’est aussi la période où il faut commencer à faire les inventaires, les évaluations du personnel et les rapports de fin d’année qui prennent de plus en plus de temps à cause de toutes les exigences de durabilité qui doivent être chiffrées et documentées. Dans un contexte comme la RDC, même si notre coin du monde est très aptement surnommé “Toscane congolaise” par certains humoristes, ce pas une mince affaire les personnes capables de faire des rapports fiables n’étant pas nombreuses. Dès lors, une grande partie du travail doit être accompli personnellement ou, au minimum, vérifié en détail ce qui prend presque autant de temps.
La fin d’année est aussi le moment privilégié des autorités pour essayer de trouver des moyens de percevoir, officiellement ou officieusement, des ressources pour financer la dite période de fin d’année. Nous sommes ainsi gratifiés d’une variété de contrôles avec redressements à la clé, dont certains sont basés sur une interprétation tout à fait personnelle de la réglementation quand celle-ci n’est pas inventée de toutes pièces. La dernière initiative en la matière concerne tout d’abord la RVF (Régie des Voies Fluviales) qui a voulu nous taxer pour le travail de balisage et d’entretien des voies fluviales. Mis à part le fait qu’il n’y a ni entretien ni balisage des voies fluviales effectivement réalisés, il se fait qu’aucune taxe de cette nature n’a jamais été mise en place par les autorités et, qui plus est, on est droit de se demander pourquoi l’appliquer à une société qui ne fait pas de transport fluvial. Mais ça c’est sans penser que nous avons une pirogue motorisée et une baleinière qui nous place, “de fait, dans la catégorie des transporteurs fluviaux”. Mis à part le fait que cette taxe n’existe pas, les autorités n’ont pas peur de tenter de nous intimider et même de nous faire payer des pénalités pour ne pas avoir payé cette taxe les années précédentes… Une autre tentative émane, elle aussi du côté des transports, de l’inspecteur du ministère des transports et communication qui nous a annoncé une descente sur le terrain pour faire une inspection technique de notre piste d’aviation. Il est vrai que ce travail doit être fait chaque année pour obtenir une homologation de notre piste, mais la loi donne cette prérogative à l’autorité de l’aviation civile (AAC) qui est seule compétente en la matière. Notre inspecteur a essayé de faire valoir que le gouvernement avait mandaté son service pour vérifier que les opérateurs de l’AAC faisaient un travail correct en faisant un suivi des travaux de l’AAC, malgré le fait que l’instruction ministérielle leur donne uniquement la mission de vérifier si nous avons bien payé nos taxes et redevances pour 2019. Je vous passe toutes autres tentatives d’obtention (extortion ?) de fonds qui vont de la DGI (Direction Générale des Impôts) aux agents de l’ANR (Agence Nationale des Renseignements) qui sollicitent des motivations d’ordres de grandeur variables.
Il est un fait que la pandémie a provoqué un fort ralentissement des activités, y compris concernant les opportunités pour les différents services de l’état de faire leur collecte habituelle et comme en plus les robinets de l’état sont fermés ou au moins réduits à de maigres filets suite aux différents entre les factions politiques, il n’est pas surprenant qu’à l’approche des fêtes de fin d’année ils soient tous plein d’enthousiasme pour essayer de se mettre quelque chose en poche.
Sinon, pour le moment nous avons le plaisir d’avoir une visite à la maison pendant deux semaines, il s’agissait, au départ, d’une consultante qui venant nous aider à améliorer nos procédures en vue d’obtenir notre certification. Au fur et à mesure de ses visites, c’est développée une amitié réciproque et elle loge donc pendant deux semaines à la maison. C’est bien agréable d’avoir un petit changement dans notre routine habituelle et surtout de pouvoir parler avec quelqu’un qui n’est pas un collègue de travail permanent, en plus, elle est vraiment super sympathique, donc cela nous fait une coupure agréable dans nos derniers mois de Toscane congolaise avant les vacances.
Pour le moment la saison des pluies bat son plein, ce qui ralentit très fort les transports car certaines routes ne sont plus passables et j’ai même failli renverser ma voiture dans une côte où le terrain était tellement glissant que la voiture s’est mise en travers, mais heureusement à très faible vitesse et elle s’est arrêtée sans heurts. Comme nos engins de terrassement (pelles à chenille, bulldozer, etc.) sont tous en panne, nous essayons de remédier au plus pressé avec de la main d’œuvre manuelle, mais le travail du jour est généralement emporté et aggravé dès le lendemain avec la pluie suivante. Quand il pleut la main d’œuvre a aussi tendance à s’absenter, même quand “la pluie menace” comme ils disent ici, ce qui ne nous aide pas à faire tous les travaux à faire hors pointe. Par contre, ce qui marche réellement au ralenti pour le moment c’est notre connexion internet, en fait cela fait quelques jours qu’elle ne fonctionne plus et que pour mon travail ou pour écrire ces nouvelles nous utilisons un petit boîtier wifi portable qui fonctionne avec le réseau de téléphonie mobile, dont le réseau semble heureusement fonctionner plus où moins correctement. Il est possible que nous ne parvenions pas à charger de photos cette fois-ci.
En conclusion, nous vivons donc un ralenti de production avec mille et un trucs à faire et ne manquons certainement pas d’occupations.
Nous espérons vous lire très bientôt,
Marc & Marie-Claude
The production of our plantation is like a rollercoaster ride and after reaching the peak of production in July-September we are now at the bottom of the wave. The difference however is that in roller coasters it is the peak that we pass at slower speed while we hurtle down to the trough, while our lean period lasts longer than the peak. But even though production is currently idling, we are no less busy with many other activities ranging from road repairs, construction and machinery refurbishment to final preparations to try and achieve our RSPO (sustainable production) certification.
It is also notable that after the peak everyone tries to take a breather and this is the period when many people go on leave, including expatriates, but for the rest the title of this news is misleading because even though our transport needs are greatly reduced and the oil mill only runs one day a week, the working days are still long and busy, especially for those who stay on the plantation. This is also the time when we have to start making inventories, staff assessments and year-end reports, which are taking more and more time because of all the sustainability requirements that have to be quantified and documented. In a context like the DRC, even if our area is the so-called Congolese Tuscany, all this is no small matter because there are not many people capable of making reliable reports. This means that a lot of the work has to be done by ourselves or in any case checked in detail, which takes almost as much time.
The end-of-year period is also the time when the authorities try to find ways of collecting, officially or unofficially, resources to finance the end-of-year period. We are thus gratified by a variety of checks and adjustments, some of which are based on a very personal interpretation of the regulations when they are not invented out of thin air. The latest initiatives in this area concern first and foremost the RVF (Régie des Voies Fluviales), which wanted to charge us for the work of signposting and maintenance of waterways. Apart from the fact that there is neither maintenance nor marking of the waterways actually carried out, it so happens that no such tax has ever been introduced by the authorities and, what is more, one is entitled to wonder why it should be applied to a company that does not carry out river transport. But this is without thinking that we have a motorised dugout canoe and a small wooden barge which in fact puts us in the category of river transporters. Apart from the fact that this tax does not exist, the authorities are not afraid to intimidate us and even to make us pay penalties for not having paid this tax in previous years? Another attempt, also from the transport side, came from the inspector of the Ministry of Transport and Communication who announced a descent in Mapangu to make a technical inspection of our runway. It is true that this work must be done every year to obtain an approval of our runway, but the law gives this prerogative to the Civil Aviation Authority (CAA) which is the only competent authority in this matter. Our inspector tried to argue that the government had mandated his department to check that the CAA operators were doing a correct job by monitoring the CAA’s work, despite the fact that the ministerial instruction only gives them the mission to check whether we have paid our taxes and charges for 2019. I will pass on all the other attempts to obtain funds that go from the DGI (General Tax Directorate) to the ANR (National Intelligence Agency) agents who are asking for motivations of varying orders of magnitude.
It is true that the pandemic has provoked a strong slowdown in activities, including opportunities for the various state services to make their usual collections, and since the state taps are closed or at least reduced to few droplets as a result of the differences between the political factions, it is not surprising that as the end of year festivities approach they are all full of enthusiasm to try to put something in their pockets.
At the moment we have the pleasure of having a visitor who comes to help us improve our procedures in order to obtain our certification, but who has become a good friend and therefore stays at home for a fortnight. It’s nice to have a little change in our usual routine and especially to be able to talk to someone who is not a permanent work colleague, plus she’s really super friendly, so it makes a nice break in our last months in Congolese Tuscany before the holidays.
At the moment the rainy season is in full swing which slows down transport very badly as some roads are no longer passable and I even almost turned my car over in a slope where the ground was so slippery that the car slid sideways, but fortunately at very low speed and it stopped smoothly. As our earthmoving equipment (crawler excavators, bulldozers, etc.) are all broken down, we try to remedy the most pressing problems with manual labour, but the day’s work is usually washed away and made worse the next day with the next rain. When it rains the labour also tends to be absent, even when “the rain only threatens” as they say here, which does not help us to do all the work to be done off-peak. On the other hand, what is really idling at the moment is our internet connection, in fact it hasn’t been working for a few days now and for my work or to write this newsletter we use a small portable wifi box that works with the mobile phone network, which fortunately seems to work more or less correctly.
In conclusion, we are experiencing a slowdown in production with a thousand things to do and we certainly don’t lack of things to do.
We hope to read you soon,
Marc & Marie-Claude