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Intimité – Privacy

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Un des paradoxes de notre vie ici à Mapangu est le fait que nous sommes isolés, notre voisine la plus proche (actuellement en vacances) est la directrice agronomique vivant dans une maison tout juste visible depuis la nôtre, mais que notre vie n’a de secret pour personne. Tant que nous restons à l’intérieur de la maison, compte tenu du fait que les gardiens ont généralement compris qu’il ne fallait pas venir trop près pendant leurs rondes pour éviter d’agacer Makala (notre chienne), nous avons la douce illusion de penser que nos voisins et en particulier les agents de sécurité qui nous gardent, ne savent pas trop ce que nous faisons. Cela, bien sûr sans compter sur le fait que le cuisinier/homme de maison a tendance à trouver quelque chose à faire dans les environs de l’endroit où vous avez une conversation au téléphone, ou que vous êtes devant l’ordinateur ou visionnez un film.
Mais il suffit de mettre le nez dehors, surtout nuitamment, pour observer la féérie de la voie lactée ou les éclairs d’un orage lointain (pas question d’envisager un petit pipi au clair de lune sans courir le risque d’être surpris en pleine action par un faisceau de lampe de poche) pour que nos mouvements soient notés et d’une manière ou d’une autre connu de tous ou presque. Heureusement tous ont plus ou moins compris que nous apprécions une certaine intimité et qu’il n’est pas indispensable de se manifester dès qu’ils nous voient sortir, mais cela n’empêche pas de nous savoir sous étroite surveillance.
Il en va de même pour mes sorties professionnelles, pas besoin d’informer mes collègues de ma destination le matin pour que tous sachent quasi instantanément où le DG a fait l’appel. Il n’y a pas vraiment de mystères à cela car, d’une part les gardiens de la Cathédrale ont une radio et je les ai déjà entendus signaler à leurs collègues que “le DG est en route” et, d’autre part, il en va de même des responsables en plantation qui sont tous munis d’une radio et peuvent donc communiquer aussi la position de l’un ou de l’autre. Généralement tout le monde sait que je ne circule pas avec une radio, encore que ma voiture est équipée d’un poste qui me permet (de temps en temps) d’écouter les échanges et de savoir quels sont les petits problèmes du moment (véhicule embourbé, effectifs présents à l’appel, ou position de l’un ou de l’autre), et cela me permet donc parfois d’avoir un échantillon des échanges qui me concernent (jusqu’à présent jamais “mauvais”).
Tout le monde sait aussi que j’ai du mal à refuser de recevoir des visiteurs au bureau, que ce soit un travailleur qui vient avec une doléance ou une personne extérieure qui vient présenter ses civilités, et comme par hasard il ne se passe pas beaucoup de temps après mon arrivée au bureau pour qu’une file d’attente se forme. Si je dois réellement me concentrer sur un travail, la seule solution est de travailler depuis la maison.
Si nous avons l’impression de ne pas vraiment avoir beaucoup d’intimité dans notre vie, sauf quand nous fermons les portes de notre maison, c’est probablement parce qu’ici cette notion est très différente. Je reçois régulièrement des travailleurs ou personnes extérieures qui viennent m’expliquer avec moult détails leurs problèmes personnels, que ce soit à propos d’évènements qui se sont passés à la maison ou pour exposer des plaies ou autres affections aux endroits les plus variés. Heureusement il y a malgré tout des limites aux descriptions ou expositions corporelles auxquelles j’ai droit, qui sont probablement dictées par la pudeur (très importante ici) et me permettent donc d’éviter des situations trop embarrassantes. Cela n’empêche que parfois les visiteurs viennent parce qu’ils estiment que d’une manière ou une autre je puis les aider à résoudre l’infidélité de leur épouse, les vagabondages de leurs progéniture, des complaintes par rapport à leur curiosité “vers une petite cousine”, plaider en leur faveur auprès de la justice ou donner une avis sur une affection médicale qu’ils estiment mal comprise par le médecin et se sentent obligés de me relater en détail avec un choix de termes parfois très imagés. Il y a évidemment aussi ceux qui viennent me voir pour un problème lié au travail, mais ça c’est normal.
A la maison il est difficile d’imaginer que nos collègues congolais puisse avoir la moindre intimité selon nos critères. Par exemple, il est normal de partager son logement avec parents, neveux, nièces, frères, sœurs, etc. au point ou il est fréquent d’avoir plus de douze personnes (enfants compris) vivant dans une petite maison de 30m². Un des cadres dont la famille vit à Kinshasa m’a expliqué qu’il avait la chance d’avoir une grande maison (50 m²) dans laquelle il y a 30 (oui je dis bien trente) personnes qui habitent. Un lit que nous considérons simple (pour une personne) en Europe est parfois partagé par trois personnes pour y dormir en même temps dans une petite pièce surchauffée car les volets doivent être fermés pour la “sécurité”. Il est plus que probable que notre besoin de ce que nous appelons “vie privée” soit un concept absolument incompréhensible et semble très solitaire ici.
Il n’y a pas que pour le logement que les gens sont serrés, alors que nous ne trouvons pas anormal de voyager seul dans une grande voiture ou préférons généralement trouver un siège isolé dans les transports en commun, ici une moto taxi transporte parfois quatre ou cinq personnes, le record dont j’ai été témoin est de six personnes, mais la sixième personne était un bébé attaché dans le dos de la maman assise à l’arrière de la moto.
Tout cela pour dire que notre sentiment de manque vie privée est tout relatif par rapport à nos collègues qui vivent en permanence entourés et parfois en contact physique constant.
Ce qui ne manque pas de surprendre est que malgré la promiscuité et la grande pudeur qui est de mise ici, les rumeurs de relations amoureuses, leurs résultats et les débats extra-matrimoniaux sont légions et abondamment commentés dans les villages et au bureau.
Pour conclure, comme beaucoup d’entre vous certainement, nous célébrons les fêtes de fin d’année en toute intimité, mais grâce à la technologie actuelle nous avons malgré tout l’opportunité de parler et de voir nos proches et nos amis presque comme si nous étions ensemble.
Nous espérons que vous passerez une excellent “bout d’an” et nous vous souhaitons santé et bonheur pour l’année nouvelle en espérant que nous aurons l’occasion de nous revoir dans un avenir pas trop lointain.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

One of the paradoxes of our life here in Mapangu is the fact that we are isolated, our closest neighbour (currently on holiday) is the agricultural director living in a house just visible from ours, but that our life has no secrets for anyone. As long as we stay inside the house, given that the guards have generally understood that thet should not come too close during their rounds to avoid annoying Makala (our dog), we have the sweet illusion that our neighbours, and especially the security guards guarding us, don’t really know what we are doing. This, of course, without counting on the fact that the cook/housekeeper tends to find something to do around the place where you have a conversation on the phone, or are in front of the computer or watching a film.
But just by sticking your nose out, especially at night, to watch the fairy tale of the Milky Way or the lightning of a distant storm (no way to contemplate a little pee in the moonlight without running the risk of being caught in the middle of the action by a flashlight beam) our movements are noted and somehow known to almost everyone. Luckily everyone has more or less understood that we appreciate a certain intimacy and that it is not essential to show up as soon as they see us going out, but this does not prevent us from knowing that we are under close surveillance.
The same goes for my professional outings, there is no need to inform my colleagues of my destination in the morning as everyone knows almost instantly where the GM is attending muster. There are no real mysteries about this because, on the one hand, the Cathedral guards have a radio and I have already overheard them informing their colleagues that “the GM is on his way” and, on the other hand, the same goes for the plantation managers who all have a radio and can therefore also communicate the position of one or the other. Generally everyone knows that I don’t drive around with a radio, although my car is equipped with a radio that allows me (from time to time) to listen to the exchanges and to know what the small problems of the moment are (muddy vehicle, number of staff present on call, or position of one or the other), and this sometimes allows me to have a sample of the exchanges that concern me (so far never “bad”).
Everyone also knows that I find it difficult to refuse visitors to the office, whether it is a worker who comes with a grievance or an outsider who comes to present his or her civilities, and as luck would have it, it does not take long after my arrival at the office for a queue to form. If I really need to concentrate on a job, the only solution is to work from home.
If we feel that we don’t really have much privacy in our lives, except when we close the doors of our house, it is probably because here this notion is very different. I regularly receive workers or outsiders who come to explain to me in great detail their personal problems, be it about events that have happened at home or to expose wounds or other ailments in the most varied places. Fortunately, there are nevertheless limits to the descriptions or bodily exposures to which I am entitled, which are probably dictated by modesty (very important here) and therefore allow me to avoid situations that are too embarrassing. This does not prevent visitors from sometimes coming because they feel that I can somehow help them to resolve their wife’s infidelity, the vagrancy of their offspring, complain about their curiosity “towards a little cousin”, plead in their favour with the courts or give an opinion on a medical condition which they feel is misunderstood by the doctor and feel obliged to relate to me in detail with a choice of sometimes in very graphic terms. Of course, there are also those who come to me with a work-related problem, but that is normal.
At home it is hard to imagine that our Congolese colleagues could have the slightest privacy according to our criteria. For example, it is normal to share accommodation with parents, nephews, nieces, brothers, sisters, etc. to the extent that it is common to have more than twelve people (including children) living in a small house of 30m². One of the executives whose family lives in Kinshasa explained to me that he was lucky enough to have a large house (50m²) in which there are 30 (yes I say thirty) people living. A bed that we consider single (for one person) in Europe is sometimes shared by three people to sleep at the same time in a small overheated room because the shutters have to be closed for “security”. It is more than likely that our need for what we call “privacy” is an absolutely incomprehensible concept and seems very lonely here.
It’s not just for accommodation that people are tight, while we do not find it abnormal to travel alone in a large car or generally prefer to find a single seat on public transport, here a motorbike taxi sometimes carries four or five people, the record I have witnessed is six people, but the sixth person was a baby strapped to the back of the mum sitting on the back of the motorbike.
All this to say that our feeling of lack of privacy is all relative to our colleagues who live permanently surrounded and sometimes in constant physical contact.
What does not fail to surprise us is that despite the promiscuity and great modesty that is the order of the day here, rumours of love relationships, their results and extra-matrimonial debates are legion and abundantly commented on in the villages and in the office.
To conclude, as many of you certainly do, we celebrate the end of the year celebrations in all intimacy, but thanks to today’s technology we still have the opportunity to talk and see our relatives and friends almost as if we were together.
We hope that you will have an excellent “end of the year” and we wish you health and happiness for the New Year and hope that we will have the opportunity to see each other again in the not too distant future.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Maladie – Illness

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Contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, nous n’allons (presque) pas parler du virus qui fait rage à travers le monde (mais heureusement pas encore ici) mais plutôt de choses propres à notre plantation qui souffre d’une maladie inconnue que nous appellerons “la maladie de Brabanta”. En effet, cette maladie qui malheureusement détruit petit à petit nos palmiers n’existe pas dans les autres plantations du groupe, ni dans d’autres plantations ici en RDC, même celles qui (certes abandonnées depuis de nombreuses années) ne sont pas trop éloignées de chez nous.
Nous avons remarqué la maladie pour la première fois il y a maintenant près de 4 ans. Nous avons d’abord pensé qu’il s’agissait de palmiers qui étaient attaqués par un insecte dont la piqûre favorisait le développement d’une pourriture qui finissait par tuer le palmier en détruisant le méristème de celui-ci. Pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas de férus de botanique, le palmier à huile fait partie de la classe des Monocotylédones qui se caractérise, entre autres, par le fait que ces plantes ne disposent que d’un seul point de croissance et ne sont pas en mesure de générer des branches ou des flèches secondaires. Donc, lorsque le méristème (ou point de croissance) du palmier est détruit, le palmier est voué à la mort puisqu’il ne peut plus former de nouvelles feuilles. Au début de ces observations, le nombre de palmiers affectés était relativement restreint et nous avons donc essayé d’appliquer toutes sortes de traitements insecticides et fongicides pour essayer de soigner et d’enrayer le développement de la maladie. En principe il faut éviter d’utiliser des insecticides dans les palmiers car la pollinisation de ceux-ci dépend en grande partie d’un petit insecte qu’il faut évidemment protéger, mais “aux grands maux les grands remèdes” et nous avons donc quand même essayé de soigner les palmiers, mais sans beaucoup de succès.
Peu de temps après cette découverte, nous avons eu la visite d’un chercheur qui est venu à Mapangu pour observer une malformation de certains palmiers qui n’avait rien à voir avec notre maladie, mais profitant de l’occasion il a observé nos palmiers pourrissants et conclu qu’il s’agissait d’une “pourriture du cœur”, maladie qui a dévasté des plantations en Amérique centrale et donc potentiellement très sérieuse.
Forts de ces informations, nous avons commencé à faire des recherches et découvert que ce problème n’avait rien de nouveau à Mapangu car il avait déjà été observé et étudié de manière approfondie à l’époque de la PLZ (Plantations Lever du Zaïre) sans arriver à de réelles conclusions, si ce n’est que ce problème était principalement observé à Brabanta déjà à cette époque.
La seule autre plantation du groupe où une maladie plus ou moins comparable avait été observé était en Indonésie, et dans cette plantation il semblerait que nos collègues aient trouvé une méthode de lutte efficace contre cette affection. Nous avons donc envoyé un de nos agronomes en mission pour y observer les méthodes de lutte et appliquer la même chose chez nous, ce que nous avons fait dès son retour avec de gros moyens car nous y avons mis près de 500 personnes tous les jours. C’était sans compter sur le fait que la maladie présente sur nos terres était finalement différente de celle affectant les palmiers indonésiens et que le traitement était malheureusement inefficace chez nous. Suite à cela nous avons eu la visite de trois experts différents venant d’Amérique latine, de Grande Bretagne et du Cameroun, qui ont chacun fait des observations, dissections, analyses et préconisé toute une batterie d’essais pour essayer de déterminer la cause et éventuellement le vecteur de la maladie, mais sans arriver à une réelle conclusion.
En pratique, nous en sommes arrivé à extirper au fur et à mesure tous les palmiers malades en espérant ainsi réduire la contamination, mais surtout parce que nous avons observé qu’ils finissent malgré tout par mourir. L’hypothèse la plus probable est que la contamination trouve son origine dans le sol de la pépinière principale d’où sont issus quasi tous les palmiers de la plantation, car les deux sections qui ont été plantées avec des plants issus d’une autre pépinière sont indemnes de la maladie. La mauvaise nouvelle est que la quasi entièreté de la plantation est maintenant infectée et qu’il sera donc risqué d’y replanter des palmiers. Mais la bonne nouvelle (si notre hypothèse est correcte) est que si un jour il était décidé de planter des palmiers dans l’immense savane qui entoure la plantation (qui malheureusement n’abrite plus aucune faune ou flore intéressante et qui brûle plusieurs fois par an dans le vain espoir d’attraper les quelques rongeurs et petits oiseaux qui y auraient encore trouvé refuge), pour peu que la pépinière soit implantée dans un terrain vierge et non-infecté il serait possible d’éviter de répéter le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui.
Evidemment l’option de planter du palmier dans la savane ouvre tout un autre débat concernant l’environnement. D’un côté certains diront que, même dépourvu de faune et de flore, il y a lieu de préserver la savane en l’état car c’est un biotope naturel qu’il ne faut pas perturber. D’un autre côté, l’expérience nous a montré que d’un point de vue environnemental les palmiers plantés en savane créent un biotope beaucoup plus favorable au développement de certains animaux (reptiles, petits rongeurs et grands oiseaux), que la végétation qui se développe en-dessous des palmiers est beaucoup plus variée que la savane herbeuse et finalement représente une grande réserve de carbone. Mais aussi d’un point de vue économique, les villages riverains qui vivotent sinon principalement de chasse (?) et de cueillette (?), gagnent un accès à du travail permanent, des structures médicales et scolaires améliorées et donc un potentiel de développement accru. Ce n’est évidemment pas que positif car l’explosion démographique qui en découle (comme nous l’avons observé à Mapangu où la population a quintuplé en quelques années) perturbe évidemment le tissu social traditionnel de manière très brusque.
Désolé pour nos lecteurs un peu moins friands de la chose agronomique pour ces nouvelles moins personnelles, mais comme c’est une facette importante de notre vie de planteur nous avons pensé qu’il était intéressant d’en parler.
Nous profitons de cette lettre hebdomadaire pour vous souhaiter à tous de très joyeuses fêtes de Noël, même si cette année (maladie aidant) beaucoup d’entre-vous auront (comme nous) des rencontres virtuelles plutôt que physiques avec vos proches.
Joyeux Noël quand même et à très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Plantation en savane – Plantation in the savannah

Contrary to what the title might suggest, we are not (really) going to talk about the virus that rages around the world (but fortunately not here yet) but rather about things specific to our plantation, which is suffering from an unknown illness that we will call “Brabanta disease”. Indeed, this disease, which unfortunately is gradually destroying our palm trees, does not exist in the other plantations of the group, nor in other plantations here in the DRC, even those (admittedly abandoned for many years) which are not too far from us.
We first noticed the illness almost 4 years ago now. At first we thought it was the consequence of palm trees being attacked by an insect whose bite encouraged the development of a rot that eventually killed the palm tree by destroying its meristem. For those of you who are not versed in botanics, the oil palm belongs to the class of Monocotyledons, which is characterised, among other things, by the fact that these plants only have a single growing point and are not capable of generating secondary branches or growths. Therefore, when the meristem (or growing point) of the palm tree is destroyed, the palm tree is doomed to death since it can no longer form new leaves. At the beginning of these observations, the number of affected palms was relatively small, so we tried to apply all kinds of insecticide and fungicide treatments to try to cure and stop the development of the disease. In principle we should avoid using insecticides on palm trees because their pollination depends to a large extent on a small insect that obviously needs to be protected, but “great ills require great remedies” and so we tried to treat the palm trees anyway, but without much success.
Shortly after this discovery we had a visit from a researcher who came to Mapangu to observe a malformation of some palm trees that had nothing to do with our illness, but taking advantage of the opportunity he observed our rotting palm trees and concluded that it was “heart rot”, a disease that has devastated plantations in Central America and therefore potentially very serious.
Based on this information we started to do more research and discovered that this problem was nothing new in Mapangu as it had already been observed and studied in depth at the time of the PLZ (Plantations Lever du Zaire) without reaching any real conclusions, except that this problem was mainly observed in Brabanta already at that time.
The only other plantation of the group where a more or less comparable disease was observed was in Indonesia, and in this plantation our colleagues seem to have found an effective control method against the illness. So we sent one of our agronomists on a mission to observe the control methods there and to apply the same thing at home, which we did as soon as he returned with great means, as we put nearly 500 people on the task every day. This was without taking into account the fact that the disease present in our plantation was actually different from the one affecting Indonesian palm trees and that the treatment was unfortunately ineffective in our environment. Following this we had the visit of three different experts from Latin America, Great Britain and Cameroon, who each made observations, dissections, analyses and recommended a whole battery of tests to try to determine the cause and possibly the vector of the illness, but without reaching a real conclusion.
In practice, we have gradually managed to eradicate all the sick palm trees in the hope of reducing contamination, but above all because we have observed that they end up dying anyway. The most probable hypothesis is that the contamination originated in the soil of the main nursery from which almost all the palm trees in the plantation came. This idea is supported by the fact that two areas that were planted with trees from another nursery are free of the disease. The bad news is that almost the entire plantation is now infected and it will therefore be risky to replant palms there when the time comes. But the good news (if our hypothesis is correct) is that if one day it were decided to plant palm trees in the immense savannah surrounding the plantation (which unfortunately no longer harbours any interesting fauna or flora and which burns several times a year in the vain hope of catching the few rodents and small birds that would still have found refuge there), as long as the nursery is located in virgin and uninfected land it would be possible to avoid repeating the problem we are facing today.
Obviously the option of planting palm trees in the savannah opens up a whole new debate about the environment. On the one hand, some would say that even if there is no fauna and flora, the savannah should be preserved as it is, because it is a natural biotope that should not be disturbed. On the other hand, experience has shown us that, from an environmental point of view, palm trees planted in savannah create a biotope much more favourable to the development of certain animals (reptiles, small rodents and large birds), that the vegetation that develops under the palm trees is much more varied than grassy savannah and finally represents a large carbon reserve. But also from an economic point of view, the surrounding villages, which mainly live from hunting (?) and gathering (?), gain access to permanent work, improved medical and educational facilities and thus an increased potential for development. This is obviously not all positive, because the resulting population explosion (as we have seen in Mapangu, where the population has increased fivefold in a few years) is obviously disrupting the traditional social fabric in a very abrupt way.
Sorry for our readers who are a little less fond of the agronomic aspect of this less personal newsletter, but as it is an important facet of our life as planters we thought it was interesting to talk about it.
We would like to take advantage of this weekly letter to wish you all a very happy Christmas, even if this year (with the help of illness) many of you will (like us) have virtual rather than physical meetings with your loved ones.
Merry Christmas all the same and we look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Déjà – Already

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Malgré le fait d’avoir passé plusieurs années à Mapangu, nous restons encore régulièrement surpris par le choix des mots et surtout leur signification car même si la langue française est couramment utilisée l’interprétation de certains mots ou expressions est manifestement différente de la nôtre.
Pour mettre les choses dans leur contexte, il faut savoir que certaines notions sont inexistantes en Lingala, ainsi le mot “lobi” veut aussi bien dire hier que demain et la seule façon de savoir si l’on parle du passé ou du futur est de voir le contexte dans lequel le mot est utilisé, mais cela n’empêche que cela crée parfois des confusions, surtout quand le concept est traduit en français. De même, il n’y a pas d’article de genre comme en français, en lingala on ne parle pas de l’homme mais simplement “homme” et de même pas la femme mais “femme”. Il est donc assez généralisé nos collègues congolais de référer indifféremment à un objet masculin ou féminin par le même article “il” ou “lui”, même si l’on parle de sa fille.
C’est ainsi que le terme “déjà” est lui utilisé de manière différente de la nôtre car il se rapporte à une moment proche dans le temps mais qui peut être aussi bien dans le passé que l’avenir. Ainsi quand je demande à notre chef de transport quelle est la position du transport des travailleurs et qu’il me répond que le camion est déjà en route cela ne veut pas nécessairement dire que le véhicule a quitté le lieu de départ et qu’il roule, cela peut tout aussi bien signaler que le véhicule est en préparation et pourra quitter dans un avenir proche. Il en va de même quand un travailleur nous dit que le travail est déjà fait, ce qu’il ne faut donc pas prendre pour argent comptant.
Quand je demande au garage si l’entretien de ma voiture est terminé et que l’on me dit que c’est déjà fait, il n’est pas rare que quand je signale que je viens la chercher je suis informé qu’il faut encore attendre un tout petit peu pour qu’elle soit effectivement prête. La seule instance ou l’expression est généralement utilisée de la même manière que la nôtre est quand nous recevons l’information que quelque chose est déjà cassé. Il est quasi certain que dans ce cas il n’est pas question d’une casse imminente, mais cela ne veut pas dire pour autant que la casse soit prématurée, seulement qu’elle est arrivée de manière récente quel que soit l’age de l’outil ou du matériel en question.
Une autre expression qui n’existe pas en Lingala est d’exprimer une demande avec une formule de politesse, ainsi il ne faut pas s’offusquer si quelqu’un vous dit “donne-moi ceci ou cela”, l’ajout d’un “s’il-vous-plait” ou “auriez-vous l’amabilité de” n’existe pas dans l’idiome local, par contre quand une personne reçoit quelque chose les mercis ne manquent généralement pas et parfois même (de manière assez embarrassante) ils sont accompagnés de courbettes, génuflexions ou même genou à terre. Mais le “merci” peut tout aussi bien venir après une réprimande sévère, donc peut-être que là aussi notre interprétation n’est pas tou à fait la même.
Depuis le début de notre séjour ici je suis assailli presque tous les jours par des enfants en bordure de route qui disent “donne-moi l’argent”. Cela fait bientôt cinq ans qu’ils n’ont jamais reçu même un Kopeck et pourtant cela ne change rien à leur entrain pour répéter la même chose tous les jours. Ce qui nous sidère le plus est que parfois les enfants demandeurs ne peuvent guère avoir plus de trois ans et la seule parole qu’ils ont à la bouche est “donne-moi l’argent” à se demander où ils ont appris cela et s’ils savent même ce qu’ils disent.
Ici la forme de respect est de s’adresser à une autre personne en utilisant le terme “papa” ou “maman”, même si la personne est manifestement (beaucoup) plus jeune, même certains enfants se voient affublés du titre de papa ou maman en général plus fréquemment pour les filles que pour les garçons. Nous n’échappons évidemment pas à cet égard, encore que dans le cas de Marie-Claude ou moi-même quand quelqu’un s’adresse à nous en parlant de maman ou papa c’est généralement parce qu’il y a une demande d’une sorte ou d’une autre qui suit ou une bourde à se faire pardonner. Quand c’est une demande spéciale ou pressante nous devenons même “notre maman ou notre papa à tous”. Quand il s’agit de quelqu’un qui a été sanctionné pour une faute, j’ai généralement droit à une séance où l’agent ou l’agente sanctionnée vient me trouver et plaide pour l’indulgence du papa à tous qui doit être compréhensif vis-à-vis de son enfant qui a fait une bêtise. Parfois ces demandes s’accompagnent de tout un cinéma digne d’une comédie dramatique avec agenouillement, larmes et promesses de sacrifice qui ne sont pas toujours aisé à gérer. Après tout, n’est-il pas normal que le papa pardonne ses enfants pour avoir fait une faute…
Ici il n’y a pas de honte, nous avons plusieurs de nos travailleurs qui sont partis après avoir volé des sommes parfois importantes et qui n’hésitent pas, après avoir épuisé leur butin, à venir plaider pour une réintégration. Ainsi nous avons un de nos chefs comptables qui a fui il y a quelques années avec une bonne partie de la caisse et est aller se réfugier en Angola. Il est ensuite revenu à Kinshasa et comme, malgré notre plainte, les autorités ne semblent pas trouver utile de l’arrêter il s’est senti assez confiant pour postuler pour un poste de comptable dans une des plantations africaines de la Socfin en faisant valoir qu’il avait déjà une bonne expérience des mécanismes de la société (sic). Un autre ex-collègue qui est parti plus récemment avec une partie de la caisse (il était caissier à Kinshasa) m’a récemment contacté personnellement en proposant ses services de transitaire et de gestionnaire des achats… Il y en a bien d’autres de la même trempe qui profitent d’un changement dans l’équipe des expatriés espérant que leur histoire soit partie avec l’expatrié concerné, mais les deux cas cités ci-dessus étaient des personnes que j’ai moi-même dû licencier (le terme n’est peut-être pas exact puisqu’elles ont fui avant d’avoir pu être notifiées de leur renvoi).
Oh, aujourd’hui “papa” et “maman” fêtent leur noces d’émeraude, eh oui déjà quarante ans de vie commune par monts et par vaux.
Le papa et la maman de tous espèrent avoir déja de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Lever du jour – Sunrise
Bassin en construction – Pond in construction

In spite of having spent several years in Mapangu, we are still regularly surprised by the choice of words and especially their meaning because even if the French language is commonly used, the interpretation of some words or expressions is obviously different from ours.
To put things in context, it is important to know that certain notions are non-existent in Lingala, so the word “lobi” means yesterday as well as tomorrow and the only way to know whether we are talking about the past or the future is to see the context in which the word is used, but this does not prevent it from sometimes creating confusion, especially when the concept is translated into French. Similarly, there is no gender article as in French, in Lingala it is therefore quite generalised among our Congolese colleagues to refer indifferently to a masculine or feminine object by the same article “he” or “him”, even if one is talking about one’s daughter.
This probably explains why the term “already” is used differently from ours because it refers to a moment in time that is close in time but which can be in the past as well as the future. So when I ask our head of transport what the position of the workers’ transport is and he answers that the truck is already on its way, this does not necessarily mean that the vehicle has left the place of departure and that it is moving, it may just as well indicate that the vehicle is in preparation and will be able to leave in the near future. The same is true when a worker tells us that the work has already been done, which is not to be taken at face value.
When I ask the garage if the maintenance of my car is finished and they tell me that it is already done, it is not uncommon that when I report that I am coming to pick it up I am informed that I still have to wait a little while for it to be ready. The only instance or expression is usually used in the same way as ours is when we receive the information that something is already broken. It is almost certain that in this case there is no question of imminent breakage, but this does not mean that the breakage is premature, only that it is recent, regardless of the age of the tool or material in question.
Another expression that does not exist in Lingala is to express a request with a polite formula, so you should not be offended if someone says “give me this or that”, the addition of a “please” or “would you be so kind as to” does not exist in the local idiom, but when a person receives something there is no lack of thanks and sometimes (rather embarrassingly) they are accompanied by bowing, genuflecting or even kneeling on the ground. However a “thank you” is also the answer we get after a severe reprimand, therefore it might well be that our interpretation of it is also different.
Since the beginning of our stay here I have been assaulted almost every day by roadside children saying “give me the money”. It’s been almost five years since they have not even received a Kopeck and yet it doesn’t change their enthusiasm to repeat the same thing every day. What amazes us the most is that sometimes the children asking for the money can hardly be more than three years old and the only word they have in their mouths is “give me the money” wondering where they learned this and whether they even know what they are saying.
Here the form of respect is to address another person using the term “father” or “mother” (papa or maman), even if the person is obviously (much) younger, even some children are given the title “papa” or “maman” more frequently for girls than for boys though. We are obviously not exempt from this, although in the case of Marie-Claude or myself, when someone speaks to us with the term “papa” or “maman” it is usually because there is some kind of request that follows or some kind of blunder to be forgiven. When it’s a special or urgent request we even become “father or mother of us all”. When it is someone who has been sanctioned for a mistake, I frequently have a moment where the sanctioned worker comes to me and pleads for the indulgence of the father to all of us who must be indulgent towards his child who has made a mistake. Sometimes these requests are accompanied by a whole act worthy of a dramatic comedy with kneeling, tears and promises of sacrifice that are not always easy to handle. After all, isn’t it normal for fathers to forgive their children for making a mistake?
Here there is no shame, we have several of our workers who have fled after stealing sometimes large sums of money and who do not hesitate, after having exhausted their loot, to come and plead for reinstatement. Thus we have one of our chief accountants who fled a few years ago with a good part of the cash he was keeping and took refuge in Angola. He then returned to Kinshasa and, since despite our complaint the authorities do not seem to find it useful to arrest him, he felt confident enough to apply for a position as accountant in one of Socfin’s African plantations, arguing that he already had good experience of the company’s mechanisms (sic). Another ex-colleague who left more recently with part of the cash (he was a cashier in Kinshasa) recently contacted me personally offering his services as a forwarding agent and purchasing manager… There are many others of the same kind who try to use a change in the expatriate team hoping that their history has gone with the expatriate concerned, but the two cases cited above were people I myself had to dismiss (the term may not be accurate as they fled before they could be notified of their dismissal).
Oh, today “father” and “mother” celebrate their emerald wedding anniversary, indeed 40 years of wandering around the world together.
The father and mother of all hope to already hear from you,
Marc & Marie-Claude

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Histoire – History

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Beaucoup d’informations circulent, parfois à tort, sur le fait que les plantations de palmiers à huile sont responsables de déboisements massifs, de déplacements de populations et de nuisances environnementales. Il est indéniable que dans certains cas les palmiers ont été plantés sur des terres qui étaient autrefois boisées et qu’il est probable que dans certaines plantations des occupants des terres ont été déplacés ou relocalisés, mais même si les exceptions font la règle il est important de remettre les choses dans leur contexte.
Dans le livre “La palme des controverses” sur base de recherches d’Alain Rival et Patrice Levang, il apparaît que la vaste majorité des terres déboisées (environ 75%), en Asie du sud-est en général et Indonésie en particulier, l’ont été pour de l’exploitation forestière, de l’élevage ou des cultures telles que le soja et le riz et il est probable qu’en Afrique en général et en RDC en particulier cette proportion soit largement plus importante et que le palmier n’est pas la cause première de déboisement.
L’histoire de la plantation de Brabanta remonte à 1911 lorsqu’elle a été établie par William Lever en même temps que quatre autres plantations créées sous le nom d’Huileries du Congo dans ce qui était alors le Congo Belge. A cette époque il n’était pas encore vraiment question de plantations, mais plutôt de forêts de palmiers sauvages qui étaient exploitées pour être graduellement replantées avec des palmiers issus de graines “sélectionnées”. Ces activités ont été poursuivies sous cette forme jusqu’à l’indépendance pour ensuite être rebaptisées Plantations Lever au Zaïre (“PLZ”) sous le règne du Maréchal Mobutu et finalement être abandonnées dans les années 90 à cause des guerres et de l’effondrement des structures du pays.
Divers investisseurs tels que Socfin, Feronia, Blatner et Miluna ont repris une partie des plantations de PLZ au début des années 2000, mais il resterait encore près de 100.000 hectares de plantations de palmiers à huile abandonnées dans le pays et même à Brabanta des milliers d’hectares d’anciennes plantations n’ont pas été replantées à cause de leur accessibilité difficile ou d’autres problèmes logistiques pour leur exploitation. Il n’a donc généralement pas été nécessaire de détruire des forêts pour la revitalisation de ces plantations, même si certaines extensions expérimentales ont été faites sur des zones qui n’avaient pas été exploitées précédemment par PLZ, mais situées dans des zones de savane où la seule végétation est limitée à de l’herbe et quelques buissons épars et où la faune a totalement disparu des suites de brûlages “traditionnels” répétés plusieurs fois par an et une chasse sans merci pour toute chose vivante.
Après l’acquisition de la plantation de Brabanta par Socfin en 2007, il a été nécessaire de réhabiliter la plantation, ce qui a nécessité la replantation de palmiers, les palmiers existants étant devenus trop clairsemés, trop grands et de variétés peu productives, mais aussi de remettre en état les routes qui étaient tout juste accessibles en moto (et encore), de restaurer les maisons et en construire de nouvelles (encore que là le choix fait est bizarre, voir plus loin) et installer une huilerie. Plus de 6.000 hectares de palmiers ont été plantés après arrachage des anciens palmiers durant la période de 2009 à 2013, une partie de cette plantation a été faite sur des terrains en pente où il a été jugé préférable d’aménager des terrasses, lequel travail (terrasses) a été réalisé par des opérateur indonésiens qui savent faire ce genre d’opération les yeux fermés. Les vestiges de l’huilerie de la PLZ n’étant plus du tout utilisables, une nouvelle usine moderne a été commandée en Indonésie et aurait du être érigée au centre de la plantation. Mais c’était sans compter sur les initiatives politiques des dirigeants congolais qui fin 2011 ont promulgué une nouvelle loi (la loi sur les principes fondamentaux de l’agriculture) qui prévoit que toute entreprise agro-pastorale doit être détenue à 51% par un citoyen congolais. Les travaux étant lancés pour la plantation des palmiers, ceux-ci ont été poursuivis, mais les investisseurs ont préféré ne pas investir plusieurs dizaines de millions de dollars dans une huilerie dont ils auraient potentiellement donné la moitié à un partenaire local (probablement sans le sou). Pour ne pas perdre la production de la plantation récemment régénérée, il a été décidé de réhabiliter (de fait reconstruire) l’ancienne huilerie de PLZ dont la capacité est nettement moindre et surtout qui se trouve décentrée par rapport à la plantation. Il faut savoir que la plantation est traversée par une rivière, la Lumbundji, qui sépare la plantation en deux avec d’un côté les 3/4 de la plantation et de l’autre 1/4 de la plantation et l’huilerie, et qui ne peut être traversée que par un seul pont. Le pont (de type Bailey) en question date certainement de la période PLZ et, outre une usure normale, a souffert de nombreuses années de manque d’entretien ce qui a, peu à peu, rongé certains éléments essentiels de sa structure. Il est situé sur un tronçon de la route nationale qui traverse la plantation et dépend donc de l’autorité de l’Office des Routes de la RDC, mais ne reçoit aucune attention des autorités. Comme ce pont est un point critique pour l’exploitation de notre plantation, après une mission de contrôle d’un expert de Bailey il a été décidé d’acheter un nouveau pont afin de remplacer celui actuellement en place qui est susceptible de lâcher d’un jour à l’autre. Ici encore, c’est sans compter sur l’approche particulière des autorités compétentes qui ont décidé que tout travaux effectués sur des ouvrages du réseau national doivent être fait sous la supervision des experts de l’OR et qu’il était nécessaire de faire une mission de contrôle préalable (payable d’avance par le demandeur qui est Brabanta). Sur le principe il n’y a pas de problème fondamental, si ce n’est que les frais de cette mission d’exploration s’élèvent à un minimum de 125.000 dollars sans les “frais”, non-négociables. Nous avons donc opté, pour le moment, de garder toutes les pièces du nouveau pont dans des conteneurs scellés et de prier pour que le pont existant ne nous lâche pas trop vite. Nous faisons un entretien hebdomadaire du pont (structure et tablier), y compris le remplacement des pièces qui sont régulièrement volées, et grâce à cela il semble que la structure résiste au passage des camions qui font l’aller-retour presque jour et nuit pendant la période de pointe. Heureusement pour le moment nous sommes quasi les seuls à l’utiliser car la route qui sort de la plantation vers Idiofa (Kinshasa) est coupée (pas de bac) et les camions de commerçants (généralement surchargés) ne sont donc pas en mesure de passer par là.
Comme indiqué plus haut, il a été nécessaire de construire des nouvelles maisons en plus de celles, vestiges de la PLZ, qui avaient été restaurées. Ainsi quatre nouvelles habitations ont été construites, mais bizarrement il a été décidé de construire des maisons jumelées alors que d’une part l’espace ne manque pas et qu’en plus le seul élément commun des maisons jointives est un mur commun qui ne monte même pas jusqu’à la toiture laissant ainsi passer tous les bruits d’une habitation à l’autre. Comme nous avons maintenant besoin de moins d’expatriés pour la gestion de la plantation, l’une des constructions a été transformée en une seule maison ce qui permet à l’occupant (actuellement notre directrice agronomique) de pouvoir profiter pleinement du fait qu’elle vit en pleine nature sans devoir vivre avec les bruits d’un voisin tout proche.
Aujourd’hui la totalité de la plantation replantée est en production et malgré le fait que l’huilerie a une capacité inférieure à celle qui avait été prévue initialement, nos excédents de production non-usinables sont limités en quantité.
La plantation devrait pouvoir continuer à produire pendant encore près de vingt ans compte tenu du choix de matériel végétal à croissance réduite et ne nécessite donc plus de gros investissements, excepté ceux nécessaires pour le maintient de l’huilerie et du parc de véhicules et de générateurs. D’ici là il y aura probablement encore beaucoup de choses qui pourront se passer tant dans le développement de nouvelles sélections variétales pour la plantation que l’amélioration des techniques pour diminuer la dépendance de la plantation en énergies fossiles. Bien avant cela les populations riveraines auront complètement anéanti les quelques forêts restantes, sauf si des initiatives sont prises pour initier et encadrer les agriculteurs à faire des cultures sédentaires et enrichir le sol plutôt que brûler le tout pour y produire les aliments de base pendant un ou deux ans seulement. Si pas plantés avec des palmiers ou d’autres arbres, les milliers d’hectares de savane qui entourent la plantation pourraient être mis à profit pour faire des cultures alimentaires et/ou de l’élevage, mais cela ne semble pas encore être inscrit dans les objectifs de la population locale et ne le sera probablement jamais sans un encadrement et une vulgarisation qui ne pourra venir que de l’extérieur.
Comme chaque fois, nous vous invitons à nous faire part de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Much information is circulating, sometimes wrongly, about the fact that oil palm plantations are responsible for massive deforestation, population displacement and environmental damage. It is undeniable that in some cases the palms have been planted on land that was once forested and that in some plantations land occupants have probably been displaced or relocated, but even if exceptions are the rule it is important to put things in context.
In the book “La palme des controverses”, based on research by Alain Rival and Patrice Levang, it appears that the vast majority of deforested land (around 75%), in South-East Asia in general and Indonesia in particular, has been deforested for logging, animal husbandry or crops such as soya and rice, and it is likely that in Africa in general and the DRC in particular this proportion is much higher and that oil palms are not the prime cause of deforestation.
The history of the Brabanta plantation goes back to 1911 when it was established by William Lever together with four other plantations set up under the name of Huileries du Congo in what was then Belgian Congo. At that time they were not really plantations as we know them today, but rather about forests of wild palm trees that were being exploited to be gradually replanted with palms from “selected” seeds. These activities were continued in this form until independence and were then renamed Plantations Lever au Zaïre (“PLZ”) under the reign of Marshal Mobutu and finally abandoned in the 1990s due to the wars and the collapse of the country’s structures.
Various investors such as Socfin, Feronia, Blatner and Miluna took over part of the PLZ plantations in the early 2000s, but there are still an estimated 100,000 hectares of abandoned oil palm plantations in the country and even in the case of Brabanta thousands of hectares of old plantations have not been replanted because of difficult accessibility or other logistical problems for their exploitation. It has therefore generally not been necessary to destroy forests for the revitalisation of these plantations, although some experimental extensions have been made on areas not previously exploited by PLZ, but located in savannah areas where the only vegetation is limited to grass and a few scattered bushes, and where the fauna has totally disappeared as a result of “traditional” burns repeated several times a year as well as unrelented hunting of all creatures that happen to be spotted in the area.
After the acquisition of the Brabanta plantation by Socfin in 2007, it was necessary to rehabilitate the plantation, which required the replanting of palm trees, as the existing palm trees had become too sparse, too large and of poorly productive varieties, but also to rehabilitate the roads which were barely accessible by motorbike (and that is even an exageration), to restore the houses and build new ones (although here the choice made is odd, see below) and to install an oil mill. More than 6,000 hectares of palm trees were planted after uprooting the old palm trees during the period 2009 to 2013, part of this planting was done on sloping land where it was considered preferable to create terraces, which work (terraces) was carried out by Indonesian operators who know how to do this kind of work with their eyes closed. As the remains of the PLZ oil mill were no longer usable at all, a new, modern factory was ordered in Indonesia and should have been erected in the centre of the plantation. But this was without counting on the political initiatives of the Congolese leaders, who in late 2011 promulgated a new law (the Law on the Fundamental Principles of Agriculture) which stipulates that any agro-pastoral enterprise must be 51% owned by a Congolese citizen. As work began on the planting of palm trees, these were continued, but investors preferred not to invest several tens of millions of dollars in an oil mill, half of which they would have potentially given to a local partner (probably penniless). In order not to lose the production of the recently regenerated plantation, it was decided to rehabilitate (in fact rebuild) the old PLZ oil mill, which has a much smaller capacity and, above all, is off-centre to the plantation. It should be noted that the plantation is crossed by a river, the Lumbundji, which divides the plantation in two with 3/4 of the plantation on one side and 1/4 of the plantation and the oil mill on the other, and which can only be crossed by a single bridge. The bridge (Bailey type) in question certainly dates from the PLZ period and, apart from normal wear and tear, has suffered from many years of lack of maintenance, which has gradually eaten away at some essential elements of the structure. It is located on a section of the national road that runs through the plantation and therefore falls under the authority of the DRC Roads Office, but receives no attention from the authorities. As this bridge is a critical point for the exploitation of our plantation, after a control mission by an expert from Bailey it was decided to buy a new bridge to replace the one currently in place, which is likely to collapse any time. Here again, this was without relying on the particular approach of the competent authorities, who decided that any work carried out on works on the national network must be done under the supervision of the Roads Office experts and that it was necessary to carry out a prior control mission (payable in advance by the applicant who is Brabanta). In principle there is no fundamental problem with this requirement, except that the costs of this exploratory mission amount to a minimum of $125,000 non-negotiable and excluding “costs”. We have therefore opted, for the time being, to keep all the parts of the new bridge in sealed containers and to pray that the existing bridge will not give way too quickly. We do a weekly maintenance of the bridge (structure and deck) including the replacement of parts that are regularly stolen and thanks to this it seems that the structure resists the passage of trucks that make the round trip almost day and night during the peak period. Luckily at the moment we are almost the only ones using it because the road out of the plantation to Idiofa (Kinshasa) is out of use (no ferry) and the traders’ trucks (usually overloaded) are therefore unable to pass.
As mentioned above, it was necessary to build new houses in addition to the PLZ remnants which had been restored. Thus four new houses were built, but strangely enough it was decided to build semi-detached houses when on the one hand there is no lack of space and on the other hand the only common element of the attached houses is a common wall which does not even reach the roof, thus allowing all the noise to pass from one house to the other. As we now need fewer expatriates for the management of the plantation, one of the buildings has been transformed into a single house so that the occupant (currently our agronomy director) can take full advantage of the fact that she lives in the middle of nature without having to live with the noises of a close neighbour.
Today the entire replanted plantation is in production and despite the fact that the oil mill has a lower capacity than originally planned, our non-usable production surpluses are limited in quantity.
The plantation should be able to continue producing for another twenty years, given the choice of low-growth plant material and therefore no longer requires major investments, except for those necessary to maintain the oil mill and the fleet of vehicles and generators. In the meantime there is likely to be much more that can be done both in the development of new varietal selections for planting and in the improvement of techniques to reduce the plantation’s dependence on fossil fuels. Long before then the people living around the plantation will have completely destroyed the few remaining forests, unless initiatives are taken to initiate and mentor farmers to grow sedentary crops and enrich rather than burn the soil to produce staple foods. If not planted with palms or other trees, the thousands of hectares of savannah surrounding the plantation could be used for food crops and/or livestock, but this does not yet seem to be part of the local population’s objectives and will probably never be achieved without supervision and extension work that can only come from outside.
As always, we invite you to share your news with us,
Marc & Marie-Claude