Please scroll down for English text
Contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, nous n’allons (presque) pas parler du virus qui fait rage à travers le monde (mais heureusement pas encore ici) mais plutôt de choses propres à notre plantation qui souffre d’une maladie inconnue que nous appellerons “la maladie de Brabanta”. En effet, cette maladie qui malheureusement détruit petit à petit nos palmiers n’existe pas dans les autres plantations du groupe, ni dans d’autres plantations ici en RDC, même celles qui (certes abandonnées depuis de nombreuses années) ne sont pas trop éloignées de chez nous.
Nous avons remarqué la maladie pour la première fois il y a maintenant près de 4 ans. Nous avons d’abord pensé qu’il s’agissait de palmiers qui étaient attaqués par un insecte dont la piqûre favorisait le développement d’une pourriture qui finissait par tuer le palmier en détruisant le méristème de celui-ci. Pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas de férus de botanique, le palmier à huile fait partie de la classe des Monocotylédones qui se caractérise, entre autres, par le fait que ces plantes ne disposent que d’un seul point de croissance et ne sont pas en mesure de générer des branches ou des flèches secondaires. Donc, lorsque le méristème (ou point de croissance) du palmier est détruit, le palmier est voué à la mort puisqu’il ne peut plus former de nouvelles feuilles. Au début de ces observations, le nombre de palmiers affectés était relativement restreint et nous avons donc essayé d’appliquer toutes sortes de traitements insecticides et fongicides pour essayer de soigner et d’enrayer le développement de la maladie. En principe il faut éviter d’utiliser des insecticides dans les palmiers car la pollinisation de ceux-ci dépend en grande partie d’un petit insecte qu’il faut évidemment protéger, mais “aux grands maux les grands remèdes” et nous avons donc quand même essayé de soigner les palmiers, mais sans beaucoup de succès.
Peu de temps après cette découverte, nous avons eu la visite d’un chercheur qui est venu à Mapangu pour observer une malformation de certains palmiers qui n’avait rien à voir avec notre maladie, mais profitant de l’occasion il a observé nos palmiers pourrissants et conclu qu’il s’agissait d’une “pourriture du cœur”, maladie qui a dévasté des plantations en Amérique centrale et donc potentiellement très sérieuse.
Forts de ces informations, nous avons commencé à faire des recherches et découvert que ce problème n’avait rien de nouveau à Mapangu car il avait déjà été observé et étudié de manière approfondie à l’époque de la PLZ (Plantations Lever du Zaïre) sans arriver à de réelles conclusions, si ce n’est que ce problème était principalement observé à Brabanta déjà à cette époque.
La seule autre plantation du groupe où une maladie plus ou moins comparable avait été observé était en Indonésie, et dans cette plantation il semblerait que nos collègues aient trouvé une méthode de lutte efficace contre cette affection. Nous avons donc envoyé un de nos agronomes en mission pour y observer les méthodes de lutte et appliquer la même chose chez nous, ce que nous avons fait dès son retour avec de gros moyens car nous y avons mis près de 500 personnes tous les jours. C’était sans compter sur le fait que la maladie présente sur nos terres était finalement différente de celle affectant les palmiers indonésiens et que le traitement était malheureusement inefficace chez nous. Suite à cela nous avons eu la visite de trois experts différents venant d’Amérique latine, de Grande Bretagne et du Cameroun, qui ont chacun fait des observations, dissections, analyses et préconisé toute une batterie d’essais pour essayer de déterminer la cause et éventuellement le vecteur de la maladie, mais sans arriver à une réelle conclusion.
En pratique, nous en sommes arrivé à extirper au fur et à mesure tous les palmiers malades en espérant ainsi réduire la contamination, mais surtout parce que nous avons observé qu’ils finissent malgré tout par mourir. L’hypothèse la plus probable est que la contamination trouve son origine dans le sol de la pépinière principale d’où sont issus quasi tous les palmiers de la plantation, car les deux sections qui ont été plantées avec des plants issus d’une autre pépinière sont indemnes de la maladie. La mauvaise nouvelle est que la quasi entièreté de la plantation est maintenant infectée et qu’il sera donc risqué d’y replanter des palmiers. Mais la bonne nouvelle (si notre hypothèse est correcte) est que si un jour il était décidé de planter des palmiers dans l’immense savane qui entoure la plantation (qui malheureusement n’abrite plus aucune faune ou flore intéressante et qui brûle plusieurs fois par an dans le vain espoir d’attraper les quelques rongeurs et petits oiseaux qui y auraient encore trouvé refuge), pour peu que la pépinière soit implantée dans un terrain vierge et non-infecté il serait possible d’éviter de répéter le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui.
Evidemment l’option de planter du palmier dans la savane ouvre tout un autre débat concernant l’environnement. D’un côté certains diront que, même dépourvu de faune et de flore, il y a lieu de préserver la savane en l’état car c’est un biotope naturel qu’il ne faut pas perturber. D’un autre côté, l’expérience nous a montré que d’un point de vue environnemental les palmiers plantés en savane créent un biotope beaucoup plus favorable au développement de certains animaux (reptiles, petits rongeurs et grands oiseaux), que la végétation qui se développe en-dessous des palmiers est beaucoup plus variée que la savane herbeuse et finalement représente une grande réserve de carbone. Mais aussi d’un point de vue économique, les villages riverains qui vivotent sinon principalement de chasse (?) et de cueillette (?), gagnent un accès à du travail permanent, des structures médicales et scolaires améliorées et donc un potentiel de développement accru. Ce n’est évidemment pas que positif car l’explosion démographique qui en découle (comme nous l’avons observé à Mapangu où la population a quintuplé en quelques années) perturbe évidemment le tissu social traditionnel de manière très brusque.
Désolé pour nos lecteurs un peu moins friands de la chose agronomique pour ces nouvelles moins personnelles, mais comme c’est une facette importante de notre vie de planteur nous avons pensé qu’il était intéressant d’en parler.
Nous profitons de cette lettre hebdomadaire pour vous souhaiter à tous de très joyeuses fêtes de Noël, même si cette année (maladie aidant) beaucoup d’entre-vous auront (comme nous) des rencontres virtuelles plutôt que physiques avec vos proches.
Joyeux Noël quand même et à très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Contrary to what the title might suggest, we are not (really) going to talk about the virus that rages around the world (but fortunately not here yet) but rather about things specific to our plantation, which is suffering from an unknown illness that we will call “Brabanta disease”. Indeed, this disease, which unfortunately is gradually destroying our palm trees, does not exist in the other plantations of the group, nor in other plantations here in the DRC, even those (admittedly abandoned for many years) which are not too far from us.
We first noticed the illness almost 4 years ago now. At first we thought it was the consequence of palm trees being attacked by an insect whose bite encouraged the development of a rot that eventually killed the palm tree by destroying its meristem. For those of you who are not versed in botanics, the oil palm belongs to the class of Monocotyledons, which is characterised, among other things, by the fact that these plants only have a single growing point and are not capable of generating secondary branches or growths. Therefore, when the meristem (or growing point) of the palm tree is destroyed, the palm tree is doomed to death since it can no longer form new leaves. At the beginning of these observations, the number of affected palms was relatively small, so we tried to apply all kinds of insecticide and fungicide treatments to try to cure and stop the development of the disease. In principle we should avoid using insecticides on palm trees because their pollination depends to a large extent on a small insect that obviously needs to be protected, but “great ills require great remedies” and so we tried to treat the palm trees anyway, but without much success.
Shortly after this discovery we had a visit from a researcher who came to Mapangu to observe a malformation of some palm trees that had nothing to do with our illness, but taking advantage of the opportunity he observed our rotting palm trees and concluded that it was “heart rot”, a disease that has devastated plantations in Central America and therefore potentially very serious.
Based on this information we started to do more research and discovered that this problem was nothing new in Mapangu as it had already been observed and studied in depth at the time of the PLZ (Plantations Lever du Zaire) without reaching any real conclusions, except that this problem was mainly observed in Brabanta already at that time.
The only other plantation of the group where a more or less comparable disease was observed was in Indonesia, and in this plantation our colleagues seem to have found an effective control method against the illness. So we sent one of our agronomists on a mission to observe the control methods there and to apply the same thing at home, which we did as soon as he returned with great means, as we put nearly 500 people on the task every day. This was without taking into account the fact that the disease present in our plantation was actually different from the one affecting Indonesian palm trees and that the treatment was unfortunately ineffective in our environment. Following this we had the visit of three different experts from Latin America, Great Britain and Cameroon, who each made observations, dissections, analyses and recommended a whole battery of tests to try to determine the cause and possibly the vector of the illness, but without reaching a real conclusion.
In practice, we have gradually managed to eradicate all the sick palm trees in the hope of reducing contamination, but above all because we have observed that they end up dying anyway. The most probable hypothesis is that the contamination originated in the soil of the main nursery from which almost all the palm trees in the plantation came. This idea is supported by the fact that two areas that were planted with trees from another nursery are free of the disease. The bad news is that almost the entire plantation is now infected and it will therefore be risky to replant palms there when the time comes. But the good news (if our hypothesis is correct) is that if one day it were decided to plant palm trees in the immense savannah surrounding the plantation (which unfortunately no longer harbours any interesting fauna or flora and which burns several times a year in the vain hope of catching the few rodents and small birds that would still have found refuge there), as long as the nursery is located in virgin and uninfected land it would be possible to avoid repeating the problem we are facing today.
Obviously the option of planting palm trees in the savannah opens up a whole new debate about the environment. On the one hand, some would say that even if there is no fauna and flora, the savannah should be preserved as it is, because it is a natural biotope that should not be disturbed. On the other hand, experience has shown us that, from an environmental point of view, palm trees planted in savannah create a biotope much more favourable to the development of certain animals (reptiles, small rodents and large birds), that the vegetation that develops under the palm trees is much more varied than grassy savannah and finally represents a large carbon reserve. But also from an economic point of view, the surrounding villages, which mainly live from hunting (?) and gathering (?), gain access to permanent work, improved medical and educational facilities and thus an increased potential for development. This is obviously not all positive, because the resulting population explosion (as we have seen in Mapangu, where the population has increased fivefold in a few years) is obviously disrupting the traditional social fabric in a very abrupt way.
Sorry for our readers who are a little less fond of the agronomic aspect of this less personal newsletter, but as it is an important facet of our life as planters we thought it was interesting to talk about it.
We would like to take advantage of this weekly letter to wish you all a very happy Christmas, even if this year (with the help of illness) many of you will (like us) have virtual rather than physical meetings with your loved ones.
Merry Christmas all the same and we look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude